On a regardé Mathurin cette année comme nous le demandait Benoit Lelièvre ici : tout a été renforcé, le positif, les questions et les projections.

Bennedict Richard Felder Mathurin est canadien, né à Montréal le 19 juin 2002 et d’origine haïtienne. Issu d’un milieu très modeste, il a vécu des évènements durs très tôt dans sa vie et il s’est forgé un caractère bien trempé. Au Québec, il pratique plusieurs sports : le hockey, le football américain et bien sûr le basketball comme sa sœur Jennifer ex-étudiante basketteuse à North Carolina State et maintenant assistant-coach à Bishop U. Mathurin est recruté par la NBA Academy Latin America à Mexico City, il participe au Basketball Without Borders Global à Chicago pendant le NBA All-Star de 2020. International U19 avec le Canada, il est titulaire à Riga en 2021 pour le championnat du monde (voir ici et ici). Recrue 4 étoiles, il s’engage avec Arizona en conférence PAC12 en 2020 où il sera alternativement remplaçant ou starter (12 fois dans le cinq sur 26 matchs). Joueur dynamique au fort tempérament lors de sa première année, il se fait un nom comme un ailier shooter costaud jusqu’à apparaître dans la plupart des Mocks autour de la 20ème place pour la draft 2021. Mais, à là surprise générale, il retire son nom et rempile avec les Wildcats. Cette année, starter indiscutable d’un des programmes en vue, il a raflé plusieurs distinctions, comme par exemple une place dans la First Team de la PAC12 et dans la liste des meilleurs joueurs NCAA 2022 (All American). Le nouveau coach d’Arizona, coach Floyd, venu de Gonzaga, fait reposer une grande partie du scoring de l’équipe sur ses épaules.

Mathurin est un arrière très costaud listé à 2m01 pour 95kg avec une envergure proche de 2m06, mature physiquement, puissant horizontalement, avec du hang-time mais un manque de verticalité au contact. Quand il est motivé, son physique le transforme en un roc défensif et sa puissance lui permet d’éliminer ses adversaires en 1vs1. Des outils physique faits pour la NBA.

Oui, il est costaud, mais sa porte d’entrée en NBA est sa capacité à mettre le ballon dans le panier avec une répartition de tirs NBA-compatible dès la première année : shoots extérieurs et finitions au panier.

Au shoot, il est plus porté sur le 3 (presque la moitié de ses shoots) que sur les longs deux : 37 % à 3 points pour 225 shoots contre 29 % pour un volume de 85 tirs à 2 points. Il faut noter l’évolution du type de shoot à 3 en année Sophomore : 92 % de ses tirs étaient issus d’une passe en Freshman, en deuxieme année ce n’est plus que 3/4 en Catch & Shoot. Cela montre l’évolution de son rôle et une progression dans la diversité du tir. Capable de créer de l’espace pour shooter, il a ajouté une autre dimension à son jeu mais sur vidéo il reste plus efficace en réception-shoot. Son geste est vraiment fluide, ses jambes puissantes et son gainage lui permettent de se lever sur ses adversaires pour shooter ou d’être efficace en sortie d’écran. Intéressant aussi, il a pris ses responsabilités durant toute la saison dans les moments importants avec de la réussite.

Avec un taux d’usage de 25 %, il n’a pas eu besoin de mobiliser énormément le ballon pour être le 2ème scoreur de la PAC12 avec 17,7 points par match : il est capable de se démarquer pour shooter extérieur ou finir au cercle. Mais il ne se prive pas de driver, son explosivité est et sera utile pour attaquer les close-out en dribblant main doite ou main gauche. Même s’il a claqué d’énormes dunks (voir ici!), surtout en contre-attaque, le scoring au contact est plus problématique. Il monte vite mais manque de hauteur. Il reste efficace au cercle grâce à des finitions assez techniques (63 % de réussite pour 174 tirs).

Souvent sur la ligne des lancers-francs, il en converti 76 % pour un volume de 178 tentatives (2nd volume en PAC12). Dans ce domaine il faut noter qu’il a un excellent historique (en Freshman et U19) et ses 6 derniers matchs, tournoi de conférence et March Madness en rajoute une couche : 80 % sur 41 shoots (soit presque 7 par matchs). C’est un fort joueur en création pour lui même capable d’amener de la menace extérieur qui trouvera un moyen de scorer en professionnel. Il en a les qualités et la mentalité.

On peut l’imaginer vivre les premières années avec ces capacités offensives mais si on en attend plus, par exemple en création dans un rôle secondaire, Mathurin devra développer plusieurs aspects qu’on a seulement entrevue à l’université et au U19. D’abord il sait passer, il est capable de lire les déplacements et de poser la balle avec une passe à terre ou directe, à deux ou une main. On l’a vu aussi mettre et maintenir son adversaire dans son dos pour choisir la suite de l’attaque, plusieurs détails qui montre sa capacité à assumer un rôle plus complet. Cependant il doit renforcer son maniement de balles. C’est à mon avis ce qui le pénalise le plus dans la création et l’empêche de se projeter dans la suite des actions. Les progrès en Pick&Roll sont visibles mais il pourra apporter plus rapidement du Drive-&-Kick grâce à son premier pas explosif qui force l’aide. Le développement à la création dépendra du rôle que lui donnera l’équipe qui le draftera au vu du travail à accomplir.

Du shoot, un physique, de la marge de progression, et la défense ? Mathurin DEVRAIT être un fort défenseur vu son physique. Que ce soit au U19 ou à Arizona, il ne l’est que par intermittence. Capable d’éteindre son adversaire en 1vs1 ou offball, il manque de constance et se déconcentre parfois en fixant trop la balle ou en se relâchant trop. Des flashs donc, parfois spectaculaires, souvent en fin de match ou dans les rencontres de niveau élevé. Collectivement, il joue bien les rotations, les anticipe aussi et participe activement à la défense agressive imposée par Arizona. On peut donc penser que Mathurin a besoin d’être challengé pour être performant.

Beaucoup de qualités, de certitudes et de perspectives d’évolution, Bennedict Mathurin est un des 5 meilleurs prospects sur les ailes à la daft 2022. Il pourrait obtenir un pick dès la 6ème place et ne descendra probablement pas sous la 20ème.