Chaque année, plusieurs joueurs sont draftés mais ne vont pas immédiatement en NBA : c'est ce qu'on appelle le "draft & stash". Les jeunes prospects peuvent aller s'aguerrir en G-League mais aussi rester en Europe. Cela permet à la franchise de ne pas avoir à payer les charges sur ce joueur en question, tout en lui donnant du temps de jeu, c'est l'équivalent des prêts dans le football. Parmi ces joueurs qui "attendent" avant de faire le grand saut, Yam Madar (Israël - 20 ans), a été drafté en 2020 par les Celtics en 47e position. Une saison en Israël plus tard, il évolue maintenant au Partizan Belgrade. Deux membres d'Envergure ont pu le voir en "live" ces dernières semaines, Julien puis Alan. Alors, il en est où Yam ?

 

Julien

Le 19 octobre, le Partizan de Belgrade jouait son premier match d’Eurocup à Hambourg (l’équipe des Towers) et Envergure était dans les tribunes pour assister au match. À vrai dire j’étais seul mais plusieurs membre de l’équipe étaient présents à travers moi tant il y a d’admirateur de Madar chez nous (dans le top 30 de plusieurs membres de l'équipe). La communauté serbe hambourgeoise était aussi au rendez-vous, debout pendant 40 minutes, même à + 25. Une partie monochrome, les deux équipes jouent en noir et blanc, dans une salle feutrée, avec comme tâche de couleur le visage cramoisi d’Obradovic qui recadrait ses joueurs en permanence. Un match à sens unique pendant trois quarts-temps, tant le talent offensif du Partizan était supérieur, avant une remontada des Towers. Emmenés par 3 joueurs, Homesley, Kotsar et Zachary Brown, le push de fin de match des allemands n’a pas suffit mais on a pu observer Madar dans deux situations très différentes : l’éclat et le charbon.

Il est intéressant de comparer ce qu’on a vu ce jour là et ce qu’avaient noté Alan et Alexandre dans leur article et scouting report (ici et ici). La 1ere MT a été une orgie offensive pour le Partizan. Et Madar n’y a pas été étranger. Entré en cour de 1er QT, il ne baisse pas la pression offensive du Partizan, au contraire. À l’aise pour remonter le ballon en tant que premier porteur de balle, il va faciliter la mise en place du jeu offensif. Et puis il va scorer 3 fois à 3 points (3/3 au shoot en 1ere MT) pour permettre à son équipe de se détacher, laissant l’équipe allemande KO durant cette période. Il a semblé sûr balle en main et au dribble, prenant des décisions positives pour son équipe et il a montré son adresse. Donc si on reprend deux axes de progression soulignés dans le SR d’Alexandre, sur ce match, il semble avoir progressé au handle et au shoot. Il faut pondérer cela puisque c’était dans un contexte européen moyen. Voilà pour l’éclat tant Madar a semblé à l’aise et a fait le show.

C’est la mi-temps et Madar ne rate aucun shoot à 3 pendant l’échauffement.

Arrive la seconde mi temps, pendant laquelle, Hambourg sort la boite à baffes et une défense tout terrain agressive et physique. Les deux quarts-temps seront perdus par Belgrade et du coup on observe Madar dans le dur. Pour casser la presse, le Partizan utilise trois porteurs de balle et celui qui traverse la ligne médiane se fait boiter par un arrière et un intérieur. Sur ces phases de jeu Madar a su résister à la pression et aux coups (!) portés par les défenseurs. Ses passes étaient plutôt correctes, un peu molles mais trouvant leur destination. Notons que Madar en a même réussi une très jolie au-dessus de la tête et dans son dos en fin de drive pour un 3 dans le coin. Bravo, surtout quand ton coach est Obradovic et que le match ne prend pas la bonne tournure. Parlons des pertes de balles, il y en a eu (5), c’est beaucoup mais elles arrivent plus par inattention (comme celle perdue lors d’une remise en jeu hasardeuse) que sur des tentatives risquées. Donc, comme le souligne Alan, ce point (les pertes de balles) est toujours un axe de progression s’il veut intégrer une rotation NBA.

Toujours motivé, soutenu et recadré par ses coéquipiers et son coach, Madar est pleinement intégré dans l’équipe. Il a la chance d’évoluer dans un collectif qui possède de bons intérieurs, des arrières de métier et des shooters. Il est utilisé comme premier ou second porteur de balle et joue en créateur ou offball. Puisqu’il a des minutes, c’est un environnement parfait pour qu’il puisse progresser et pourquoi pas intégrer Boston qui l’a drafté et fait jouer en Europe pour au moins un an.

Ses stats sur le match : 13 points (4/5 dont 3/4 à 3 points) ; 2 rebonds ; 5 passes ; 5 ballons perdus en 20 minutes

 

Alan

Présent à Belgrade pour le match vs Turk Telekom, Madar sortait là aussi du banc. Obradovic l'a associé à Balsa Kopriciva, l'ancien joueur des Seminoles de Florida State, lui aussi drafté mais en Stash par les Pistons. On a vu un joueur toujours aussi agressif, des 2 côtés du terrain et qui met toujours une intensité monstre. Je l'ai trouvé très en confiance dans son tir, il n'en refuse aucun et en prend même des très compliqués : la confiance dans son pull-up game est encourageante, ça confirme ce qu'écrit Julien plus haut.

J'aurais aimé le voir plus associé à Alen Smailagic, surtout dans une association sur pick and roll. Avec Koprivica, on a surtout eu une menace vers le cercle, et Smailagic aurait pu permettre un joueur de pick and pop, et donc plus d'options pour Madar. La qualités de passe est toujours présente, avec un joueur qui aime et sait faire la bonne passe.

Ce que j'ai aimé, c'est que tout ce que j'avais vu en Summer League avec Boston cet été est toujours présent. Il peut jouer avec un autre porteur de balle de petite taille (c'était Pritchard par séquences cet été, c'est Avramovic ou Punter cette année) et donc faire du spot up/création secondaire. Il peut aussi toujours mettre de la pression en individuel sur le porteur de balle adverse (un joueur comme Aaron Harrison présentait un matchup très intéressant). Pour finir, il sort du banc avec une attitude toujours parfaite et rentre d'emblée dans le match, l'intensité est toujours +++. Il est une classe au-dessus des autres jeunes prospects du Partizan (Trifunovic, Glas, Koprivica, Kurucs), autant dans la qualité de jeu que dans l'intensité : la preuve, Obradovic lui fait davantage confiance. Cette classe au-dessus est nécessaire et doit même se creuser si Madar veut aller en NBA et avoir un impact.