A l'aube d'une nouvelle saison universitaire, les yeux se posent souvent sur les nouveaux arrivants en NCAA. Ces fameux freshmen prennent souvent le devant de la scène lorsque l'on se projette sur la prochaine Draft et attirent tous les regards. Pour la Draft 2024, parmi les 58 joueurs draftés, on compte 16 freshmen (dont 3 en G-League qui ne sont techniquement pas des freshmen). Environ 1 quart donc, et un total inférieur aux quatres dernières éditions (18 x3 et 21). Il reste donc important de ne pas se focaliser sur ces nouveaux joueurs qui débarquent dans le championnat universitaire, d'autant qu'on ne compte plus les jeunes talents qui ne confirment pas leur potentiel une fois arrivés dans la grande ligue. C'est la raison pour laquelle une ou plusieurs années en plus en NCAA peut souvent être souvent bénéfique, et n'empêche en aucun cas une place à la Draft plus tard. Tour d'horizon sur les plus gros candidats à la Draft à l'heure où j'écris, qui ont décidé de continuer leur développement en NCAA (ou récupérer l'argent des NIL).

Un upperclassmen est un joueur qui entre dans sa troisième (junior) ou quatrième (senior) année en université (voir dans sa cinquième année à cause du covid, on parlera donc de super-senior). Pour la Draft 2024, Devin Carter (13), Jaylon Tyson (20), DaRon Holmes (22), Jonathan Mogbo (31), mais encore Ajay MitchellJaylen Wells et Oso Ighodaro (39, 40, 41), ont bénéficié de trois années d'université pour se faire drafter en juin dernier. Des garçons tels que Jalen Williams ou Christian Braun étaient également juniors.

Pour ce qui est des senior de la dernière draft, il y a eu Tristan Da Silva (18), Dillon Jones (26), Terrence Shannon Jr (27), Baylor Scheierman (30), Tyler Kolek (34) et Jamal Shead (45). Mais aussi Herb Jones, Andrew Nembhard, Jaime Jaquez ou Ochai Agbaji récemment. Voici donc nos 7 derniers upperclassmen, qui pourraient suivre leurs traces :

 

25 matchs / 7,2 points / 5,0 rebonds / 1,1 passes / 0,7 interception / 1,1 contres sur 21,3 minutes en moyenne par match la saison dernière

 

Adou Thiero est arrivé à Kentucky lors de la saison 2022-2023, très jeune et très brut. Peu de minutes pour sa saison freshman, mais doublées pour sa saison sophomore. On voit alors un joueur très athlétique, jouant avec beaucoup d'intensité à chacune de ses rentrées. A 2.03 m, et avec un passif de porteur de balle, on repère aisément qu'il aime avoir le ballon et driver vers le cercle. Le shoot est loin d'être en place, mais Adou progresse, tant sur le volume que sur l'efficacité bien que cela reste sur de faibles bases. Et puis "boom", cette année sous ses nouvelles couleurs d'Arkansas, (où il a suivi son coach John Calipari qui semble beaucoup croire en lui). Son début de saison a été explosif. Aux côtés de grosses stars et d'une multitude de joueurs pouvant postuler légitimement à la Draft, il s'est imposé de manière surprenante comme le meilleur scoreur de son équipe. Mais surtout, on a retrouvé un joueur bien plus en contrôle qu'à l'habitude, et avec une confiance en son tir bien plus nette (extérieure mais aussi sur du mid-range autocréé). Thiero fait aussi tomber beaucoup de fautes, prend des rebonds, produit en stocks (steal + contre), défend dur, bref, le profil commence à devenir très sérieux. A lui de maintenir ce niveau tout au long de la saison, avec comme fil rouge son tir, qui sera observé à la loupe.

 

33 matchs / 11,4 points / 7,5 rebonds / 2,5 passes / 1,2 interceptions / 46% 3P sur 32,7 minutes en moyenne par match la saison dernière

 

Après un passage remarqué à Nevada pour sa saison freshman, Darrion Williams a fait ses bagages, direction Texas Tech dans une conférence de top calibre. Et il s'impose maintenant comme un cadre de cette belle équipe. Darrion a un physique de frigo humain, très « carré », bien développé physiquement avec une bonne envergure. Et cela dénote avec le fait qu'il ne fasse « que » 1.98 m. Joueur projetable dans un rôle de 3&D, capable de défendre plusieurs postes de belle manière, avec un shoot solide (40% 3P en 3 ans de CBB). Williams est également actif à l'intérieur de la raquette où il arrive à gober beaucoup de rebonds sans être le plus grand ou vertical. Cependant si le profil s'arrêtait là, il serait un peu juste par rapport à d'autres joueurs pour être drafté. Mais Darrion à cette qualité de passeur extrêmement intéressante qu'on adore voir chez des ailiers de ce profil. En 10 matchs cette saison il est à + de 4 passes décisives de moyenne (28% AST). Encore plus cette saison, on voit un joueur qui a vraiment la volonté de faire jouer ses partenaires, loin d'être obnubilé par le panier, avec un vrai sens du collectif et de la passe. Un profil qui pourrait ressembler à un Dillon Jones (drafté au premier tour l'année dernière), sans le contexte héliocentrique que ce dernier pouvait avoir à Weber State. Darrion ne sera sans doute pas un premier tour de draft mais peut viser un spot au second tour s'il décide de s'y présenter.

 

35 matchs / 13,8 points / 10,6 rebonds / 2,1 passes / 0,7 interceptions / 2,1 contres sur 30,1 minutes en moyenne par match la saison dernière

 

Dans une NCAA qui cherche à être de plus en plus compétitive, les différents programmes n'hésitent pas à aller chercher de plus en plus fréquemment des joueurs qui dominent dans des divisions inférieures telles que la D2, ou la JUCO League. C'est le cas de la fac de UAB, qui est allé récupérer Yaxel Lendeborg après trois saisons passées en JUCO. Et ce qu'on peut dire c'est qu'il n'est pas passé inaperçu pour sa première saison en D1. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour qu'il impose sa domination au rebond avec + de 10 prises par match dont 3 offensifs en moyenne. Son physique de déménageur et son explosivité en font un atout précieux dans cet aspect du jeu mais aussi pour protéger l'arceau. Des outils physiques et athlétiques qu'il utilise à merveille des deux côtés du terrain en plus d'un gros moteur, le rendant très impactant. Yaxel est aussi un bon connecteur, avec une prise de décision/lecture rapide. Pour l'instant, le tir n'est pas encore véritablement présent, ce qui limite logiquement sa projection. Mais il s'essaye de + en +, d'autant que cette saison il est devenu l'option numéro une de son équipe, et tourne à 16 points de moyenne. Pour la Draft 2024, un joueur inconnu avait aussi réussi à se faire drafter après plusieurs saisons en division inférieure. Il s'agissait de Jaylen Wells.

 

34 matchs / 18,0 points / 4,1 rebonds / 2,5 passes / 1,1 interceptions / 40% 3P sur 35,4 minutes en moyenne par match la saison dernière

 

Hunter Sallis est parti de Gonzaga pour atterrir à Wake Forest l'année dernière, pour avoir plus de responsabilités et de temps de jeu. Un choix plus que payant puisqu'il a doublé son temps de jeu, gonflant logiquement sa feuille de stats (passant de 16,7 minutes pour 4,5 points en moyenne à Gonzaga, à la ligne de stats ci-dessus à Wake Forest). Hunter a brillé toute la saison par son efficacité en tant que première option offensive de sa nouvelle équipe. Excellent tireur longue distance, il est également capable de créer son tir sur mid range, en montrant beaucoup de contrôle. Mais ce qui rend le profil si intéressant c'est qu'Hunter est également un défenseur féroce malgré son corps un peu frêle. Avec des mains actives et une très bonne navigation autour des écrans, il est capable de rester au contact du meilleur extérieur adverse. Loin du ballon il est également très bon, avec une bonne compréhension pour effectuer les bonnes aides. Une saison tellement bonne de sa part, qu'il a été invité au NBA Combine avant de se retirer de la Draft à notre grande surprise. Son début de saison 2025 est un peu plus complexe, surtout au niveau de l'adresse (lié au peu de danger que représentent ses coéquipiers), mais il reste un profil à suivre absolument et qui a de bonnes chances d'être drafté.

 

32 matchs / 19,7 points / 3,0 rebonds / 1,5 passes / 51% FG / 44% 3P (7,5 3PA) sur 33,3 minutes en moyenne par match la saison dernière

 

A la question « qui est le meilleur shooteur de cette cuvée ? », il sera très difficile de ne pas mentionner Chaz Lanier. Bien qu'une place au premier tour de la Draft ne lui semble pas vraiment promis, le monsieur est extrêmement impressionnant d'efficacité et de diversité au tir. Arrivé tout droit de la petite fac de North Florida où il a terminé la saison avec des % incroyables en 51/44/88 (%FG/%3P/%LF), il a choisi d'aller à Tennessee pour passer un cap. A l'heure où j'écris, Tennessee est classé numéro 1 du pays, et Chaz en est le meilleur scoreur. Encore mieux, il a pratiquement conservé ses fabuleux pourcentages malgré le haut niveau de compétition dans lequel il évolue. Lanier dégaine extrêmement vite, (plusieurs fois de la distance NBA), et le fait en C&S, en mouvement, sur système... Face à Baylor, il a carrément claqué des 3-points à 7 reprises en une seule mi-temps pour quasiment plier le match. Toutefois il ne tirera pas son épingle du jeu à la passe ou en défense, et les points positifs s'arrêtent un peu là d'autant qu'il lui manque quelques centimètres, bien que son physique soit bien établi. Typiquement le genre de joueur qui peut voir sa cote exploser à la March Madness, surtout que son équipe sera parmi les favorites.

 

36 matchs / 17,6 points / 3,2 rebonds / 3,8 passes / 0,6 contre / 36,5% 3P (7 3PA) sur 30,9 minutes en moyenne par match la saison dernière

 

On enchaîne avec un autre guard de la conférence SEC. Si Florida apparaît comme une équipe très sérieuse c'est en grande partie grâce à son petit meneur. Alors oui on le sait, les petits meneurs sont peu nombreux à faire carrière en NBA, mais Clayton a tout ce qu'il faut pour lui permettre d'y entrer et d'y survivre, c'est à dire :  a) le tir extérieur, b) amener le ballon et finir au cercle, c) le passing. Shotmaker de talent, il est à 38% en carrière universitaire, avec de nombreux tirs difficiles et autocréés. Attaquer le cercle n'est pas un problème non plus (75% au cercle cette saison ! ). Et enfin, sans être un playmaker incroyable, il sait faire les bonnes lectures et initie de plus en plus tout en perdant relativement peu de ballon. WCJ a donc les armes pour être projeté à l'étage supérieur en attaque. Défensivement, il ne pourra pas faire grand chose contre son petit 1m91, mais il compense par une bonne attitude et surtout des qualités athlétiques supérieures à la moyenne qui lui permettent d'être un solide rebondeur pour sa taille, mais aussi d'être capable de faire quelques stocks (et quelques dunks salés au passage). Une belle March Madness pourrait aussi lui donner un bon coup de pouce.

 

32 matchs / 15,5 points / 9,6 rebonds / 2,0 passes / 0,7 interception / 0,8 contre / sur 29,3 minutes en moyenne par match la saison dernière

 

Quoi de mieux pour finir en beauté que de parler d'un petit français ? S'il y a bien un français qui explose totalement en NCAA, c'est bien Maxime Raynaud. L'ancien joueur de Nanterre a pris son temps pour imposer sa domination en terre américaine. Car après deux premières saisons en temps de jeu limité, il a été excellent l'année dernière avant de devenir sur ce début de saison, l'un des joueurs les plus productifs du pays. Avec un Usage Rate proche des 30% il est le leader total de Stanford qui vient de quitter la légendaire PAC-12 pour la ACC (conférence de Duke et North Carolina par exemple). Et si Maxime fait parler de lui pour la Draft cette saison (annoncé début de 2nd tour en janvier) c'est évidemment grâce à ce nouveau cap franchi, mais aussi très certainement au fait qu'il montre désormais sa capacité à s'écarter du panier et tirer à trois points. Un footwork léché, un toucher soyeux, et même quelques protections de cercle, nul doute que Raynaud sera un joueur professionnel. Le tout est de savoir s'il pourra l'être en NBA, ce qui serait une magnifique petite surprise. Un modèle de patience et de travail après 4 années passées dans la même fac (très rare dans les temps actuels) et cetet saison on observera de près sa capacité à défendre le PnR face aux grosses écuries, et voir si son jeu de passe peut se développer un peu plus.

 

Ceci est une liste bien évidemment non exhaustive tant les prospects sont nombreux, et peut-être plus particulièrement cette année. Voici donc quelques mentions honorables :

Ils sont à suivre depuis plusieurs saisons déjà :

Tyrese Proctor, un guard bon défenseur/connecteur qui met enfin dedans de loin cette saison ; Coleman Hawkins, l'un des mieux payés en NCAA, un intérieur couteau-suisse ; Arthur Kaluma, un ailier athlétique et physique capable de pull-up mais au tir trop irrégulier ; Dawson Garcia, un grand gaillard de 2m11 qui stretch ; Khalif Battle, le croqueur ultime, incroyable shooteur mais bientôt 45 ans ; Baba Miller, un freak qui tir et qui contre, qui renaît un peu sous ses nouvelles couleurs.

Ils ont fait une super saison l'année dernière :

Jamir Watkins, un poste 2-3 two-way, qui fait tomber des fautes et défend dur ; Payton Sandfort, un ailier shooteur élite mais qui a perdu le « élite » sur ce début de saison ; Tyon Grant-Foster, un scoreur ultra athlétique à l'histoire incroyable mais qui tourne à 28%FG sur ces deux premiers mois ; Adama Bal, un big guard scoreur avec un peu de création ; Xaivian Lee, un petit guard canadien all around dominant dans une petite conférence ; Donovan Dent, un autre petit guard ultra flashy et super finisseur mais sans véritable shoot ; Brooks Barnhizer, un ailier peu athlétique mais projetable dans plusieurs rôles, capable d'initier.

Ils se révèlent sur ce début de saison :

Miles Byrd, un petit ailier qui défend, met des 3 points et avec une faute d'orthographe dans son nom ; Cedric Coward, un ailier productif au profil physique/athlétique qu'on veut en NBA, mais au nom peu flatteur ; Jacksen Moni, un 6'10 qui stretch et fait des passes, qui vient tout droit de D2 ; Ryan Nembhard, un meneur de poche qui avoisine les 10 assists de moyenne tout en solidifiant son tir extérieur ; Jalon Moore, un ailier athlétique plein d'énergie avec un tir en place.