Un coach très réseau social, deux joueurs vedettes qui s’affirment un peu plus chaque année, une finale au NIT 2021, Colorado State s’avance crânement pour bousculer ses rivaux et viser la première place de la conférence Moutain West et une participation à la March Madness 2022. Au centre du projet David Roddy et Isaiah Stevens, 2 Rams prêts à en découdre l’un avec son physique hors norme, l’autre avec son leadership charismatique. Présentation de ces deux prospects.

 

David Roddy

David Roddy est un poste 4/5 (en NCAA), figure marquante du programme depuis 2 ans. Son profil atypique d’intérieur court et volumineux (1m96, 114kg et 2m11 d’envergure) est peut être à lui seul un élément assez intrigant pour attirer l’œil et la curiosité des recruteurs NBA. Roddy est un athlète complet : au lycée, il pratique le football US à haut niveau, l’athlétisme (saut, course et lancers) et bien sûr le basket. Approché par des facs de première division NCAA pour un rôle de quarterback, il choisit le basket pour son cursus universitaire. Tant mieux pour Colorado State qui récupère un intérieur dynamique qui progresse chaque année.

Pourquoi Roddy intéresserait-il des franchises NBA ? Défensivement, il joue plus grand que sa taille avec ses épaules, ses bras et son dynamismes. Son centre de gravité assez bas lui permet de switcher et de manière générale son intensité physique impose une pression à ses adversaires. Il n’est pas un second rideau fiable mais c’est un fort rebondeur avec 9,5 rebonds par match, dont 2 offensifs.

En attaque, Roddy a su progresser dans plusieurs domaine par rapport à sa saison freshman : il score plus en étant la première option de son équipe en ‘21 et ses chiffres aux tirs ont tous augmenté aux pourcentages et en volume. Sans s’emballer tout de même, puisque son pourcentage aux tirs longue distance reste faible mais en progrès (de 19 % en 2020 à 28 % en 2021 pour 2,6 tentatives à 3 points). Ses tirs sont tous pris en spot-up avec un déclenchement un peu lent. Près du cercle, c’est beaucoup mieux avec 62 % de réussite, un nombre important de fautes générées et un pourcentage aux lancers-franc en progrès (80 % pour plus de 5 tentatives… en jump shoot !).

Les comparaisons avec des joueurs pros sont toujours biaisées mais difficile de ne pas penser à de petits intérieurs actuels très défensifs et toniques qui ont su développer un tir de loin décent et qui font une vraie carrière NBA ("à la" PJ Tucker). À suivre donc.

 

Isaiah Stevens

Meneur organisateur mais aussi scoreur doué, Isaiah Stevens a été intronisé titulaire de Colorado State dès son année de freshman. C’est un leader sur le terrain et un beat writer (journaliste qui suit une équipe en particulier) nous a affirmé qu’il l’était aussi dans les vestiaires. Colorado State est un programme qui grandit depuis 3 ans avec son meneur et les deux progressent très bien.

La création, le contrôle et le tir sont les points forts de Stevens. Meneur avec une bonne dextérité, il sait faire jouer son équipe, imposer le rythme et distribuer le ballon. Ce qui m’avait beaucoup marqué lors de son année freshman, c’était sa capacité à sortir son équipe de situations offensives mal embarquées : il trouvait la solution à la passe ou en scorant seul. Capable d’accélération et de gestes techniques de très haut niveau, c’est un finisseur très propre malgré sa taille (61 % au cercle). C’est cet équilibre entre vrai organisateur et capacité à marquer qui m’intrigue. De plus, il a su le faire avec un pivot maintenant professionnel (l’italo-chilien Nicco Carvacho) et le refaire avec Roddy et le roster actuel. Et puis, depuis deux ans, on est proche du fameux 50/40/90, avec 47 % à 2 points, 43 % à 3 et 87 % aux lancers francs. Un vrai shooter donc, capable de créer son shoot et tirer en "catch and shoot".

Est il trop court pour la NBA ? Sûrement : le physique est quelconque (1m83, 81kg)  et l’intensité et la compréhension défensive, même en net progrès, semblent justes. Cela semble à première vue rédhibitoire même si la jurisprudence McKinley Wright IV (en two-way à Minnesota) est un motif d’espoir par rapport à sa taille et son leadership. Annoncé comme meilleur joueur probable de sa conférence cette année, je garde un œil intrigué sur ce joueur que j’adore voir évoluer. S'il a la volonté de jouer à l'étranger, des équipes européennes feraient bien de s'intéresser à son profil.