Décrire David Roddy, c’est d’abord parler de son physique : 1m96, 114kg de muscle et 2m11 d’envergure. Vrai athlète au physique hors norme, Roddy a pratiqué l’athlétisme et le foot US au lycée (Breck School dans le Minnesota). Il bouge bien, il est vif (sans être très rapide) et il sait jouer avec cette combinaison physique étonnante. Je le présentais en novembre (ici), depuis il a été reçu le titre de meilleur joueur 2022 de la très intéressante Mountain West Conference, SI l’a nommé dans sa All-American 3rd Team et il a porté, avec son meneur Isaiah Stevens, les Rams à la March Madness (#23 AP Poll).

Dans le jeu, c’est un plaisir de voir les progrès réalisé par Roddy depuis trois ans. Coach Medved l’a fait travailler en vue d’un possible avenir NBA : les positions de shoot sont maintenant NBA-compatibles (scoring proche du cercle et 3 points) et il a développé une vision de jeu très honnête. Roddy a toujours su faire des passes intérieur-intérieur et il a rajouté des connexions pour des tirs extérieurs, dans le corner opposé par exemple. Sans être génial, il devient un fluidificateur d’attaque avec un taux d’usage important (29 % USG associé à 62 % TS). Les pourcentages aux shoots sont en hausse à 2 et 3 points (62 % et 47% respectivement) avec de bons volumes (9,5 et 3,5 tentatives). Il finit au cercle main droite ou main gauche, en hook, au drive (c’est un manieur de balle correct) ou en force. Il est impressionant quand il prend de la vitesse vers le cercle. En MWC, il est capable de déplacer son défenseur au contact. Avec un deuxième saut intéressant, il peut remonter pour dunker après un rebond offensif.

Impliquer dans l’initiation du jeu de Colorado State, il profite de ses nombreuses positions en tête de raquette pour shooter de loin. Intéressant, en plus du Catsh&Shoot, il peut tirer en sortie d’écran de Pick&Roll après un ou deux dribbles. Son jeu au contact lui permet de provoquer un nombre important de fautes (133 pour 39 % de taux de lancer franc et 71 % de réussite). Du scoring à plusieurs niveaux, de la passe, du dribble, le junior a donc un jeu offensif complet en MCW.

Coté défense, il est assigné à tous les types d’intérieurs : grands, petits, costauds ou mobiles. Cependant, son manque de longueur l’empêche d’être un intérieur protecteur de cercle et son inertie est problématique quand il mort aux feintes en close out. Emporté par sa masse, il met du temps à changer de direction. Cependant sa densité est à elle-seule une pression en défense : il prend de la place et dissuade le contact. Roddy est aussi un rebondeur très correct (8 par matchs et 21 % de rebonds défensifs) et impose son physique et sa vivacité (1,1 steal/match) avec des mains actives.

Il est parfois difficile d’évaluer les progrès à venir d’un joueur. Pour Roddy, cette progression est visible depuis 3 ans. Il semble qu’une dynamique soit enclenchée sans qu’il ait encore 21 ans. Athlète intelligent, déterminé et conscient de ce qu’il faut pour réussir, il travaille fort sur son jeu.

Son profil physique atypique, son tempérament de gros travailleur font bien sûr penser à PJ Tucker voir Jason Tate, deux joueurs de moins de 2m et proches des 110kg. Le jeu de la comparaison est toujours terriblement délicat mais observer ces 2 vrais joueurs NBA permet de penser à un type de rôle possible pour Roddy. Même s’il n’a pas encore le sens du placement et l’intensité constante de ces deux pros, on peut le projeter comme joueur offball en attaque et défense. Pas négatif dans la circulation du ballon, avec de la densité physique en défense proche du cercle, il pourrait être associé à un intérieur plus vertical.

En plus de son physique singulier, ses trois années universitaire réussies et le parcours très positif et reconnu de son programme lui ont donné la visibilité suffisante pour être présent au second tour dans plusieurs Big-Boards et Mock-drafts depuis quelques semaines.