Si vous êtes un amateur de basketball français, vous avez forcément déjà entendu parler du Centre Fédéral de Basketball (CFBB ou PFBB), anciennement connu sous le nom générique de l'INSEP. La structure, développée et gérée par la FFBB, acceuille tous les ans les meilleures jeunes joueurs de 16 ans pour un cursus de 3 ans au sein d'un pôle d'excellence. Qui sont les successeurs des Maledon, Kamagate, Fournier, Diaw, Parker... Rencontre avec les nouveau espoirs, partie 2.

Retrouvez la première partie de cette série ici.

Aurele Brena-Chemille (04) - G

10.42 PTS à 45.7%, 3.17 AST, 2.25 STL et 3 TOV en 25.5 minutes

Aurele est un arrière/meneur un peu plus petit que les autres guards de l’effectif du CFBB avec ses 190 centimètres (les mesures oscillent selon les sources), pas le plus imposant physiquement, mais  terriblement efficace au sein de l’effectif NM1 du Pôle France. Initialement barré par sur les lignes arrières par Ajinça et Rupert, il a profité de leurs absence et de celle d’Alexandre Bouzidi pour s’affirmer au sein de la formation parisienne.

Un premier point positif à souligner est qu'il a parfaitement répondu aux attentes en remplaçant le duo de leaders désignés avec Noah Penda. Cela se traduit par un temps de jeu accru, 6 minutes de plus en moyenne par rapport à l’année dernière, mais surtout un passage de 4.82 à 10.42 points par matchs entre la saison 20/21 et 21/22. Ces bonnes performances sont aussi corrélées avec les trois victoires de son équipe lors de ce début de saison, une sortie à 25 points contre Avignon et une autre à 17 sur le parquet de Boulogne. Pendant cette période « seul aux manettes » on la vu en initiateur offensif, mais surtout en superbe finisseur en transition, avec une superbe capacité à se projeter très rapidement vers l’avant, ainsi qu’à finir fort face aux défenseurs sous le cercle. Le shoot à longue distance n’est pas encore là, nous y reviendrons plus tard, mais l’efficacité à 2 points est assez parlante : son manque d’adresse à 3 pts va faire baisser son pourcentage général, mais si on enlève ses tirs de loin on s’aperçoit que Brena-Chemille est un finisseur efficace à l’interieur de la ligne, où le pourcentage monte à 60%. Brena-Chemille se crée énormément de shoot en transition comme mentionné plus tôt, des shoots avec un fort pourcentage de réussite, notamment grâce à son activité sur les lignes de passes (on en avait parlé  chez Penda et Ajinça), il tourne pour le moment à 2.25 STL par matchs. Ajoutez à celà de beaux flashs au dribble et vous comprenez pourquoi il produit 1.3 Point Par Shoot, un chiffre honorable quand on prend en compte son physique qui ne lui donne pas autant d’avantage sous le cercle que ses coéquipiers.

Si on s’attarde sur les défauts du jeune arrière on peut déjà questionner son positionnement sur un terrain. Il n’évolue pas dans le moule d’un pur meneur de jeu comme son gabarit pourrait l’imposer et pourrait être considéré un peu petit pour un arrière au très haut niveau. Attention cependant, on parle ici de jeunes de 17 ans, qui n’ont pas toujours fini de grandir et qui vont entrer dans une étape de prise de masse musculaire importante jusqu’à leur 22 ans (voir les exemples des anciens joueurs de la partie 1). On a aussi parlé du shoot, pour Aurele celui-ci n’est pas encore au point. Le pourcentage est assez catastrophique, on oscille entre 0 et 21.4% de réussite sur ses trois années dans le championnat NM1. Et le yellow flag sur le shoot peut être levé quand on prend aussi la réussite aux lancers-francs, avec un timide 62% de réussite sur les 4 tentatives par match cette saison. Le nombre de ballons perdus peut aussi faire douter sur sa capacité à devenir un pur meneur et non pas un trou noir qui soit shoot, soit perd le ballon dès qu’il le reçoit (on en place une pour Rob G.). Il faut quand même préciser qu’il évolue face à des meneurs/arrières avec beaucoup plus d’expérience et de gabarit, j’attendrai personnellement de voir sa production lors d’une éventuelle compétition FIBA cet été pour me faire un avis plus fondé.

Rayan Rupert (04) - G/F

12.6 PTS à 36.4% (14 FGA), 2.5 AST, 2.9 RBD, 2.6 STL et 3.10 TOV en 29.2 minutes

On a pu observer beaucoup de film de ce joueur majeur de la génération 2004 depuis cet été et sa participation au U18 Challengers avec l’équipe de France et son temps de jeu considérable dans l’équipe NM1 du PFBB. Celui-ci évolue plus ou moins dans le même rôle que son ancien coéquipier Ousmane Dieng, à savoir en initiateur offensif/porteur de balle de grande taille, avec un haut volume d’actions pour lui-même mais une réussite assez faible.

Comme son prédécesseur, Rayan est doté d’une superbe envergure, qu’il utilise aussi bien pour défendre les postes 1 à 3 qu’en attaque où il est ainsi capable d’avoir un shoot qui part de haut et donc difficilement contestable. L’ancien du Mans est un joueur très fluide balle, ce qui en fait un prospect intéressant s’il arrive à développer sa finition au cercle. On le voit porter la balle en transition et finir au cercle assez facilement grâce à de bons appuis et ses longs bras, mais aussi sur jeu placer pour ensuite utiliser le Pick and Roll, le plus souvent pour lui-même. Ses tentacules lui permettent d’être aussi un bon intercepteur en coupant les lignes de passes sans être en surpression (1.6STL en EDF et 2.60 cette année en NM1). Malgré ces aspects qui font de lui un joueur à fort potentiel, sa production offensive est le point qui me laisse le plus perplexe.

En effet, Rupert est largement responsabilisé au sein de l’effectif du CFBB, il l’était aussi en équipe de France U18, ce qui se traduit par le 2ème plus gros volume de shoot (14 FGA) derrière Melvin Ajinça. Même si la plupart des shoots se font de près,  « seulement » 3.9 tentatives de loin, on le voit beaucoup forcer et prendre des shoots contestés ou avec un niveau de difficulté élevé (après spin move, en fadeaway à mi distance). Il est aussi très prévisible, ses PnR en tête de raquette ou ses dribbles de la gauche vers la droite se finissent très souvent en shoot depuis le coude droit de la raquette, sans pour autant avoir une efficacité supérieure. Et cela est bien dommage car il pourrait avoir déjà un signature move à 17 ans, dans un spot qui lui permet de bénéficier à la fois de sa qualité de dribbleur et de sa release haute. Son faible 0.9 Point Par Shoot ne traduit pas le potentiel assez énorme, aussi bien grâce à son physique qu’à sa génétique/son entourage de « champions ». (Rappelons que papa était basketteur, et sa soeur déjà en EDF Féminine, probablement une future taulière). Le pourcentage de réussite aux lancers franc, bien que sur un volume assez faible (trop ?), laisse quand même un espoir de voir son shoot longue distance s’améliorer dans le futur.

On a donc un joueur avec des qualités physique et basket indiscutables, qui lui confèrent un potentiel élevé, mais qui n’arrive pas à avoir l’efficacité qu’on pourrait en attendre. A voir si le jeune homme peut arriver à épurer sa sélection de tirs et pourquoi pas essayer de créer un peu plus pour les autres.

Si vous souhaitez observer les prochains prospects NBA dans leur championnat de NM1, la FFBB permet de suivre les rencontre en direct ou en différé sur sa chaîne YouTube (vous retrouverez aussi l'équipe U18 France et les équipes féminines).