La phase finale de la Basketball African League (BAL) se tient en ce moment à Kigali, au Rwanda. Un jeune joueur de la NBA Academy Africa était intégré à chaque équipe, et certains prospects ont su se mettre en avant, retour sur ce qu'on a pu observer au Caire, lors des phases éliminatoires.

Article écrit par Victor Fièvre (@victor_fievre)

 

Ulrich Chomche - Poste 4 - Cameroun

Seulement 16 ans (2005), et déjà à la hauteur des adultes. Ulrich Chomche (2m11) était intégré à l’équipe camerounaise Forces Armées et Police pendant le tour préliminaire de la BAL. Face à Cobra Sport, alors qu’il s’apprêtait à figurer sur un poster, le Camerounais a sorti un contre impressionnant en haute altitude, avant de réitérer la même action quelques minutes plus tard, le tout sous les yeux de Ian Mahinmi, l'intérieur français champion NBA avec Dallas, impliqué dans l'organisation de la BAL (son père est d'origine béninoise). « Son asset principal, c’est sa capacité à protéger l’arceau. Il va être un des meilleurs dans ce domaine », souligne Manhimi. Chomche a réalisé 4 contres en 13 minutes, jouant son rôle d’intimidateur à chaque minute contre Cobra Sport.  

Grâce à son jeu tout en hustle, « avec beaucoup de cœur », selon Ian Manhimi, Ulrich Chomche a joué un rôle déterminant dans la victoire de son équipe. « Je lui ai dit que j’étais très fier de son match », rapporte le consultant de Bein Sport, peu avare en conseils avec les jeunes de la NBA Africa Academy. Le jeune prospect, à l’année avec l’Academy au Sénégal, a su montrer sa capacité d’adaptation dans une équipe qu’il a découvert juste avant la compétition. Sous pression, il s’est parfois précipité sous le panier, et doit encore améliorer sa sélection de tirs. Mais le geste est là, et le jeune camerounais est capable de stretch. Son principal atout est défensif mais les observateurs présents au Caire louent aussi sa capacité à dunker. Pour le dernier match, face aux locaux de Zamalek, il a préféré se préserver après avoir ressenti une gêne à l’épaule. Un signe de maturité, surtout pour un match sous les projecteurs. Le meilleur prospect observé lors de ces deux derniers jours de la BAL.
 

Emmanuel Okorafor - Poste 4 - Nigéria

Joueur très mobile et athlétique, cet ailier fort de 17 ans (2004) a réalisé une grosse compétition. Avec trois doubles doubles (points/rebonds), le Nigérian a répondu présent côté feuille de stat. Il a su profiter de 24 minutes en moyenne sur le parquet. « Il a eu beaucoup de temps de jeu parce qu’il était dans une équipe plus faible », remarque Franck Traoré, head of basketball operation de l’Academy. Face à Petro de Luanda, il termine deuxième meilleur scoreur de son équipe (11 points). 

Il semble avoir eu quelques difficultés à se fondre dans le système de son équipe. Au début du match face à Petro de Luanda, ses coéquipiers ont dû l’aider à ses placer, perdu sur les systèmes. Comme les autres propect de l’Academy, il a découvert ses coéquipiers au début de la compétition. Il a tout de même trouvé sa place et reçu plusieurs ballons au poste. Bien trappé sur une séquence, Okorafor a eu l’intelligence de ressortir la balle. En tête de raquette, il a servi à plusieurs reprises son poste 5, une relation intérieur-intérieur socle de son équipe, signe d’un bon QI basket.

Défensivement, le jeune joueur a paru encore frêle face à Yannick Moreira, son expérimenté adversaire direct (17 points). Pris de vitesse sur le premier pas de son adversaire une première fois, une feinte l'a ensuite mis dans le vent quelques minutes après. « C’est normal pour un jeune, note un observateur. Il va évoluer avec le temps. » Okorafor est resté impliqué tout en étant parfois brouillon, en témoignent ses quatre fautes. Il a en tout cas su prendre l’équipe à son compte, montrant son sens des responsabilités, malgré la logique et large défaite de son équipe.

 

Thierry Darlan - Poste 1 - République Centrafricaine 

Opposé à l’équipe d’Okorafor, Thierry Darlan a eu un temps de jeu plus faible (8 minutes). « Il joue moins de 10 minutes avec nous parce que l’équipe tourne bien. C’est un jeune point guard très talentueux », décrit le GM de son équipe, Petro de Luanda. Thierry Darlan est un poste 2 origine de République Centrafricaine, comparé à Paul George par des observateurs du basket dans son pays.

Joueur au visage enfantin (18 ans – 2004), Thierry Darlan parait frêle sur le terrain, face à des adultes. Dès son entrée, à une minute de la mi-temps, il a pourtant montré qu’il avait les épaules pour le plus haut niveau. Aérien et rapide, sa première pénétration est redoutable, et il provoque un and one. Il enchaine avec un gros contre dans les airs, et un autre panier contesté, dans la raquette. Il signe cinq points en une minute. Balle en main, il fait preuve d’une belle aisance, digne d’un meneur. 

Dès son retour des vestiaire, il continue à provoquer des lancers, appliqué et à l’écoute en défense. Très efficace, il finit le match avec 9 points en 8 minutes, « Il manque de confiance en lui », nuance un observateur. « Avant, il manquait de confiance en effet, répond Franck Traoré, de l’Academy. Il a beaucoup travaillé, notamment sur son shoot, et il s’est ressaisi. » Dans la large victoire de son équipe, Darlan aura su être influent malgré son faible temps de jeu. « Il va jouer en NCAA, c’est sûr », conclut un membre du staff de Petro de Luanda. 

 

Explication / La NBA Academy Africa, c'est quoi ?

La NBA Academy Africa a ouvert une structure à Saly, au Sénégal, en 2018. 24 jeunes joueurs africains sont actuellement en formation. « La plupart de nos jeunes vont jouer en NCAA »,explique Franck Traoré, head of basketball operation pour la NBA Africa. Depuis la création du programme, 19 joueurs ont rejoint ce niveau universitaire aux Etats-Unis. D’autres peuvent aussi passer par la G-League. Cette année, l’Academy a donné à ses joueurs la possibilité de participer à la deuxième édition de la Basketball African League. « Ça permet de rendre la BAL jeune et excitante, remarque Ian Manhimi, à propos de l’intégration des jeunes. Ils ont tous apporté à leur équipe, dans leur registre. » Le staff de l’Academy confirme : « On emmène de la jeunesse dans des équipes vieillissantes. » La compétition est aussi un beau coup de projecteur pour ces joueurs, encore peu en lumière, avec seulement de rares highlight sur Internet.