Si énormément d’observateurs NBA faisaient cette année de LaMelo Ball l’attraction principale de la National Basketball League (NBL), R.J. Hampton ne doit pas être oublié dans le lot des prospects 2020 jouant à l’extérieur du territoire américain. Blessé à une hanche depuis quelques semaines, Hampton pourrait revenir pour quelques matchs mais l’essentiel de sa saison néo-zélandaise peut désormais être analysée.

 

L’analyse du contexte collectif est clé dans l’appréhension d’un prospect, qui plus est dans le contexte d’une équipe professionnelle comme les Breakers. R.J. Hampton est l’un des plus gros temps de jeu de l’équipe avec 22mins en moyenne, et cela au sein d’un backcourt plutôt solide : des joueurs comme Scotty Hopson, Corey Webster ou encore Sek Henry jouent (ou jouaient) cette saison aux Breakers, des joueurs expérimentés et respectés en NBL. À noter la présence de Glen Rice JR pendant quelques matchs : l’ancien joueur des Wizards avait été signé pour parvenir à la blessure d’Hopson en cours de saison, mais il a du être coupé pour des soucis hors-terrain. Au sein de cette équipe, l’arrière américain a gagné peu à peu sa place et le respect de ses ainés.

Sur l’ensemble de sa saison, il tourne à 9.5pts, 4.3rbs, 2.5asts et 1.2stls en 22mins de moyenne : il shootait à 43% aux tirs (plus de 8 tentatives par match), 32% à 3pts (11/34 en totalité) et 65% aux lancers-francs. Au sein d’une des équipes les plus en difficulté de NBL, Hampton a exercé des responsabilités à la fois à la création et au scoring : l’équipe n’avait en fait pas tellement de meneur créateur, mais plutôt divers combo-guards. Le texan possédait ainsi un USG de 21% pour un True Shooting de 51% en 12 rencontres de NBL : ce ratio n’est pas exceptionnel, ses pourcentages à 3pts et aux lancers-francs le plombant dans cette catégorie statistique. Mais pour un joueur de 18 ans dans une équipe professionnelle, ses performances statistiques sont tout de même solides.

Quand on regarde R.J. Hampton, on voit tout d’abord un joueur explosif, tonique et qui réalise pour le moment l’essentiel de ses actions positives sur jeu rapide. Dans les matchs visualisés, il démontre de belles capacités à pousser le ballon en transition : joueur extrêmement rapide horizontalement, il explose ballon en main au cercle et peut donc se créer des paniers faciles. Il semble aimer et maitriser l’euro-step de la droite vers la gauche, ce qui lui permet d’éviter le contact proche du cercle, chose qui le dérange encore à son âge. Il sait aussi plutôt bien se placer en transition quand il n’a pas le ballon : il crée ainsi des lignes de passe et des solutions pour ses coéquipiers en stoppant et ajustant ses courses.

Offensivement, ses autres qualités résident dans un premier pas rapide, ce qui lui permet de créer de la séparation pour ensuite aller au cercle : comme nous le verrons plus tard, il ne se sert pas de sa création de séparation pour ensuite shooter en pull-up, il n’a pas les qualités de tirs pour cela encore. Dans le match de pré-saison face à Thunder d’Oklahoma City, plusieurs fois il a su battre son vis-à-vis grâce à son premier pas pour aller au cercle finir ou provoquer des fautes. Hampton m’a aussi donné l’impression d’un potentiel solide passeur : plusieurs fois, il a su trouver ses coéquipiers coupant sur la ligne de fond, en transition en situation de trailer ou encore sur des renversements pour un shooter dans le corner. Son ratio « passes décisives/pertes de balles » est de 1.58 en 12 matchs NBL (30asts/19TO en totalité), ce qui est moyen : les flashs sont donc présents, mais des erreurs de lectures subsistent.

Si on veut parler des aspects plus négatifs du jeu de R.J. Hampton cette saison, le shoot doit être mentionné d’emblée. Si les pourcentages présentés auparavant laissent penser à un shooter inconstant, la visualisation des matchs me font dire que le texan n’a aucune confiance en son tir extérieur. Assez souvent il hésite à prendre des tirs ouverts, refusant des opportunités et cherchant des coéquipiers alors qu’il est lui-même ouvert : la mécanique n’est pas excellente, avec peu d’arrondi sur le tir, une trajectoire rectiligne qui témoigne selon moi d’un joueur peu à l’aise avec son tir extérieur. C’est dommage car il arrive à créer de la séparation balle en main, mais les situations de pull-up ne sont pas maitrisées : à noter tout de même une progression au cours de l'année en catch-and-shoot, avec quasiment l'intégralité de ses tirs extérieurs provenant de ces situations. 

Autre point négatif, son poids et les influences que cette donnée peut avoir sur son jeu. Du fait d’un haut du corps pas encore développé, il absorbe mal le contact proche du panier et préfère le plus souvent ressortir le ballon pour un shoot plutôt que de tenter de finir par lui-même. Hampton a ainsi shooté seulement 26 lancers-francs en 264 mins de jeu en NBL, ce qui est faible et problématique dans sa projection NBA. Sur le plan défensif, son manque de puissance se ressent quand il défend des joueurs plus lourds que lui : il se fait donc facilement enfoncer et ne peut réellement peser défensivement face à ce genre de profils. Le texan a aussi des soucis d’attention (liés à la jeunesse) loin du ballon : pas mal de fois il perd son vis-à-vis dans les écrans, il est loin du shooter et se fait donc sanctionner. Très attiré par le ballon et le porteur de balle, il a tendance à par moment sur-aider et laisser son vis-à-vis s'écarter : ces soucis de lectures sont normales pour un jeune joueur. Pour le moment, il fait de belles possessions défensivement quand il est plus grand que son vis-à-vis et qu’il peut utiliser sa longueur, son envergure et sa détente pour déranger les attaquants adverses.

 

Dans une classe qui, globalement, déçoit pour le moment, R.J. Hampton apparaît comme un réel paradoxe : si il a quasiment terminé sa saison NBL et donc qu’il ne jouera sûrement plus beaucoup de match, beaucoup d’incertitudes et de questions demeurent sur le profil du combo-guard texan. Le pédigrée du joueur et son année intéressante dans une ligue professionnelle en font un joueur de fin de lottery, avec une marge de progression importante faisant de lui un potentiel deuxième créateur d’une bonne équipe NBA.