La cuvée 2020 regorge de talents internationaux, et certains de ces jeunes pépites européennes pourraient entendre leur nom appelé très tôt par Adam Silver. Killian Hayes, Deni Avdija, Theo Maledon ou Aleksej Pokusevski sont tous pressentis au 1er tour, mais d’autres joueurs européens peuvent aussi prétendre à une sélection le soir de la Draft. Présentation de cinq de ces joueurs.

Rokas Jokubaitis (Lituanie / Zalgiris Kaunas)

Meneur lituanien né en 2000, Rokas Jokubaitis est déjà un joueur que je vois capable, dès l'année prochaine, de voir le terrain en NBA. Gaucher, Jokubaitis s’est mis en valeur depuis un an avec un très bon championnat du monde U19 l’été passé, et cette saison au sein de la rotation du Zalgiris Kaunas. Même s’il a peu joué en Euroleague (64 minutes sur l’ensemble de la saison), il a par contre débuté 50% des matchs en championnat lituanien (54% aux tirs et 45% à 3pts sur 35 tentatives) : dans une écurie comme celle de Kaunas, c’est gage d’un joueur qui sait déjà ce qu’il doit faire sur un terrain.

Il joue superbement bien le pick-and-roll : les lectures sont bonnes, les passes pour le roll-man sont faites dans le bon tempo et les shooters dans les coins sont toujours servis en rythme. Sa manipulation visuelle des défenseurs adverses est une vraie qualité, cela lui permet d’avoir souvent un temps d’avance et de créer des positions préférentielles pour ses coéquipiers. Il utilise quasiment toujours sa main gauche, ce qui peut le rendre prévisible offensivement, et c’est une chose qui le limitera pour sur en NBA. Son tir n’est pas encore une arme tout à fait fiable, mais la mécanique est correcte : il a tout de même l’air plus à l’aise sur catch-and-shoot pour le moment.

Sur le plan défensif, Jokubaitis n’est pas frêle mais pas costaud non plus pour sa position. Quand il a eu à affronter de futurs joueurs NBA au FIBA U19 (Joel Ayayi, Cade Cunningham ou Tyrese Haliburton), il ne pouvait pas résister sur le premier pas : il ne sera jamais un grand défenseur, mais peut progresser pour ne pas être négatif.

Marko Simonovic (Monténégro / Mega Bemax)

Dans une NBA toujours plus en recherche de spacing, les intérieurs capables de tirer de loin tout en pouvant protéger le cercle sont des profils extrêmement recherchés : Marko Simonovic est l’un de ces joueurs. Intérieur de 2m11 pour un peu plus de 100kg, Simonovic a effectué une belle saison à Mega Bemax, cette équipe serbe qui a accueilli depuis quelques années pas mal de joueurs NBA (Nikola Jokic, Adam Mokoka, Timothée Luwawu-Cabarrot...). En quasiment 30 minutes par matchs, Simonovic tournait à 16.5pts et 7rbs en Ligue Adriatique : au sein d’une équipe de milieu de tableau, le monténégrin a beaucoup joué et a eu un réel impact.

Si Marko Simonovic est dans cette liste, c’est parce qu’il semble facilement projetable dans le jeu NBA : il est à l’aise sur pick-and-pop, sur catch and shoot. Ce sont de situations dans lesquelles il a été utilisé cette saison, qu’il maitrise et qu’il pourra directement amener en NBA. Même s’il tournait à seulement 31% à 3pts en Ligue Adriatique, ses 81.5% aux lancers-francs pour un intérieur de 2m11 illustre son toucher et son adresse. Sa mécanique n’est pas la plus esthétique mais il semble avoir confiance. Défensivement, le pivot n’est pas aussi à l’aise : il reconnaît bien les jeux et situations, mais sa vitesse de pieds pose soucis sur sa défense du pick-and-roll. Il est aussi encore frêle et peut se faire enfoncer par des intérieurs plus costauds.

Giorgos Kalaitzakis (Grèce / Nevezis)

Isolé en Lituanie avec son frère jumeau Panagiotis, Giorgos Kalaitzakis est comme Marko Simonovic un joueur plus âgé, né en 1999. Combo-forward avec du talent plein les mains, Kalaitzakis était le leader de son équipe cette saison, une des équipes les moins performantes du championnat lituanien : en quasiment 30mins de moyenne par rencontres, le grec tournait à 12pts, 4rbs et un peu plus de 2asts, le tout avec un USG% de 24%. L’absence de véritable meneur lui a trop fait porter la balle, avec pléthore de situations ou Kalaitzakis a du forcer et créer pour lui même en fin de possession : résultat, seulement 34% aux tirs et 29% à 3pts, alors que la visualisation fait état d’un bien meilleur shooter que ce que montrent ces statistiques.

Kalaitzakis semble projetable comme deuxième porteur de balle quand il est sur le terrain, et s’il continue de progresser en Europe, il pourrait à terme aider une rotation NBA. Il peut fluidifier le jeu, shooter en sortie de dribble mais aussi défendre plusieurs positions. C’est de plus un joueur qui a énormément d’expériences : plusieurs compétitions FIBA avec la Grèce, une saison complète en tant que meilleur joueur d’une équipe de première division lituanienne. Il a peut être une marge de progression moins importante que d’autres, mais il a déjà démontré beaucoup de qualités.

Uros Trifunovic (Serbie / Partizan Belgrade)

J’avais eu un véritable coup de cœur pour Uros Trifunovic lors du championnat du monde U19 l’été passé en Grèce : pas Filip Petrusev, Dalibor Ilic ou Marko Pecarski, mais bien Trifunovic, le joueur du Partizan. Il est intéressant car à seulement 19 ans, le serbe a montré déjà des capacités à passer, dribbler et shooter à bon niveau, une chose rare à son âge.

Son rôle n’était pas du tout même avec la Serbie l’été passé et avec le Partizan cette saison : avec son équipe nationale, Trifunovic était l’initiateur principal de l’attaque, il devait de facto organiser le jeu et mettre en position ses coéquipiers. Puis avec le Partizan, il avait un rôle secondaire voir tertiaire, avec pour tâche d’écarter le terrain et sanctionner quand on lui laissait des tirs ouverts. Que ce soit en EuroCup ou en Ligue Adriatique, l’ailier n’a jamais dépassé les 15 minutes de temps jeu en moyenne, mais le fait qu’il ait réussi à craquer la rotation du Partizan à son âge révèle le potentiel du joueur. Uros Trifunovic a aussi grandement évolué physiquement : il n’a plus le même corps que l’été dernier, il est plus grand et a gagné en qualités physiques. Quand il a pu jouer cette année, on a vu un joueur à l’aise en catch-and-shoot à 3pts, capable de marquer sur floater et très attentif défensivement. Je parierais un 2ème tour de Draft sur lui, avec pourquoi pas une belle récompense dans quelques années.

Nikolaos Rogkavopoulos (Grèce / AEK Athènes)

Si j’inclus le grec dans cette liste, c’est simplement car voir un joueur de son âge capable de shooter à un tel niveau, c’est à la fois rare et prisé par les franchises. Rogkavopoulos est de la génération 2001 (comme Killian Hayes, Deni Avdija et Theo Maledon), ce qui en fait un candidat propice au Draft and Stash car il n’a pas connu la progression et le temps de jeu cette saison que ceux cités précédemment. Cette année à l’AEK Athènes, c’est à peine 70mins de temps de jeu si l’on combine Ligue Grecque et Champions League (3ème coupe d’Europe derrière l’Euroleague et l’EuroCup) en 12 matchs, ce qui l’a éloigné de certains radars.

Mais lors du Championnat du monde U19 l’été dernier en Grèce, l’ailier de 2m03 était le meilleur joueur de son équipe et avait montré des qualités de shooter rare pour un joueur de son âge : quasiment 40% à 3pts en 7 matchs (sur 43 tentatives) et 95% aux lancers-francs (sur 20 tentatives), des chiffres très impressionnants. Pour le moment, le grec n’est pas grand chose d’autre qu’un shooter loin du ballon : d’ailleurs, il avait perdu en efficacité et devait trop en faire lors du FIBA U19, car il était de loin le meilleur joueur de sa sélection et devait à la fois porter la balle et scorer. Si Rogkavopoulos joue et progresse en Europe encore quelques temps, il pourrait à terme apporter à une franchise NBA.

Mentions honorables : Arturs Kurucs (Lettonie / VEF Riga) ; Henri Drell (Estonie / Pesaro) ; Vit Krejci (République Tchèque / Saragosse)