• Carte d’identité

    • Naji Marshall

    • Joueur complet (postes 2/3) américain de 23 ans

    • Taille - 201 cm (sans chaussures)

    • Poids - 106 kg

    • Saison 2019-20 - Junior chez les Musketters de Xavier au sein de la Big East

  • Points forts

    • Fort athlète, endurant

    • Complet

    • Défenseur d’élite en 1 contre 1

    • Homme de fin de match

  • Points faibles

    • Shoot à 3 pts

    • Sélection de shoots

    • Âge

  • Scénarios (à moyen terme)

    • Meilleur scénario - Titulaire d’une équipe NBA niveau playoffs ;

    • Scénario attendu - 6ème ou 7ème homme d’une équipe NBA ;

    • Pire scénario - Joueur majeur d’une équipe de G-League enchaînant les “two-way” contracts 

  • Rôle idéal - Couteau suisse et homme de missions d’une équipe NBA.

 

Réussites individuelles empreints de déceptions collectives

Xavier, université de la terrible Big East depuis la saison 2013-2014 (et anciennement de l’Atlantic-10), connue pour avoir envoyé des joueurs comme David West, James Posey ou l’ex-limougeaud Semaj Christon en NBA. Le dernier en date, inconnu au bataillon : Edmond Sumner en 2017. Mais un nouveau Musketters devrait venir compléter le plateau : Naji Marshall, un de mes joueurs préférés sur ces deux dernières saisons.

Joueur 4 étoiles à sa sortie du lycée Hargrave Military Academy (et ayant effectué une année post-graduate d’où son âge “avancé”), de la même promo que les Ayton, JJJ, Bagley, Porter ou SGA, la carrière universitaire de Naji Marshall est jalonnée de succès individuel. Élu dans la 2nde team All-Big East 2019 et la 1st team 2020, il fut l’un des joueurs les plus complets de ces dernières saisons. Les statistiques brutes en disent déjà beaucoup sur les qualités et les défauts du bonhomme : 16.8pts (28.6% à 3pts & 71.0%FT) 6.3reb 4.0ass 1.3stl & 3.4to en 35.7 minutes cette saison. Statistique à pondérer positivement en tenant compte du style de jeu de Xavier et coach Steele (avec notamment une des pace - le rythme - les plus faibles du circuit - 191st en 2020 et surtout 302nd en 2019). Fait important : Naji Marshall n’a pas loupé un match en près de 3 années passées chez les Musketters.

Le bilan de Xavier sur cette période : plus mitigé. Arrivée au sein d’une des équipes surprises de la March Madness 2017 (écrasé lors de l’Elite 8 par le Gonzaga de Nigel Williams-Goss et déjà d’un certain Killian Tillie), Naji Marshall verra ses Musketters s’arrêter dès le Second Round lors de sa saison freshman (et le départ de Coach Mack) et ne pas s’y qualifier lors de la saison 2019. Cette saison, son trio avec l’intérieur musculeux Tyrique Jones (14.0pts et 11.1reb) et son acolyte Paul Scruggs (12.7pts 4.5reb et 2.9ass) a permis aux Musketters d’atteindre le bilan de 19 victoires pour 13 défaites (dont 8-10 en Big East) et des victoires de prestige contre Cincinnati, TCU et Seton Hall. Au moment de l’arrêt de la saison, Xavier faisait bel et bien partie des prétendants sérieux à un ticket pour la March Madness.

 

Joueur complet et défenseur élite en un contre un

Mis en avant par ses coéquipiers et son coach pour son rôle de leader et son éthique de travail, Naji Marshall est un véritable athlète, très fort sur le haut du corps et endurant (un des plus gros temps de jeu de la conférence avec 35,7 minutes par match). Effet d’optique ou pas, Marshall a toujours l’air plus costaud que son adversaire direct. Toutes ces qualités couplées à un premier pas dévastateur lui permettent d’être fort proche du cercle avec une excellente capacité à finir après contact. Sa fin de match contre Butler fut impressionnante avec plusieurs and one et une facilité à pénétrer face pourtant à une des toutes meilleures défenses du pays. Sa capacité à provoquer des fautes reste toutefois limitée (FT rate à 32.3%) malgré les qualités énumérées. Son pourcentage aux lancers francs reste correct (71% la saison dernière). Les signaux envoyés à ce sujet lors du Draft Combine sont très positifs (6ème de la session organisée avec 94% de réussite sur 100 tentatives). Son physique lui permet également de jouer des coudes au rebond et de pouvoir se créer lui-même des situations de relance rapide sur contre-attaque. Sa performance au rebond contre Toledo lors du 1er tour du NIT 2019 reste dans les annales de l’université : 20pts 21reb (!!!) 6ass et 4stl.

Joueur complet et fan de Draymond Green, Naji Marshall reste un facilitateur majeur dans le jeu proposé par coach Steele. Son ball handling au-dessus de la moyenne lui permet de naviguer entre les écrans et au coeur de la défense adverse, et servir ses coéquipiers dans de bonnes conditions. Ses petites friandises : bounce pass et pocket pass à l’intérieur vers Jones & Freemantle. Un gros travail avait d'ailleurs été effectué à l’intersaison dernière dans le but d’épurer son playmaking. Résultat : un AST% passant de 18.5% à 24% et un TOV% de 18.1% à 17.4%. 

* AST% = proportion des paniers de ses coéquipiers provenant d'une passe décisive du joueur X
* TOV% = nombre de ballons perdus / 100 possessions

Mais la qualité qui pourrait lui permettre d’accéder et de perdurer au plus haut niveau : sa défense. Cette saison, coach Steele lui assignait toujours le meilleur joueur extérieur adverse, même les meneurs de jeu. Ce dernier possède toutes les qualités pour devenir un défenseur de haut niveau en NBA. Fort sur le haut du corps, doté d’une belle envergure (mesurée à 216 cm lors du Draft Combine), fort sur ses appuis, très rapide sur pieds et leader vocal. Des qualités qui font de lui un excellent défenseur en 1 vs 1, capable de contenir des joueurs sur les postes 1 à 4 (voire le pivot des Rockets 2k20). Marshall sait anticiper et se battre sur les écrans. Sa défense sur des guards aussi mobiles et fort shooteur que Myles Powell, Markus Howard, Desmond Bane ou Ty-Shon Alexander fut particulièrement remarquée. Avec son excellent QI défensif, il peut devenir le maillon fort d’une défense NBA (en switch ou en indiv) et l’homme des missions défensives. Seul point “faible”, sa défense non porteur reste quant à elle plus dans la moyenne (quelques aides en retard et moyen sur trappes).

 

Des faiblesses aux shoots rédhibitoires ?

Si ces qualités défensives pouvaient lui garantir une place dans la Grande Ligue, ses points faibles de l’autre côté du terrain pourraient lui en fermer les portes

En tête de gondole, et arme indispensable ou presque dans la NBA d’aujourd’hui, son shoot à 3pts. Tout y passe : sélection de shoots, spot-up shooteur moyen, pourcentage à 3pts très faible (28,6% pour 5 tentatives par match !), etc. Marshall finira d’ailleurs sa carrière universitaire sur un 0 sur 16 dans l’exercice. Sa mécanique de shoots “originale” (son ballon part de très bas avec un geste presque robotique) y est sûrement pour quelque chose. Au vu des premiers résultats du Draft Combine, on est en droit d’espérer que l’intersaison passée à Charlotte à bosser son shoot avec un prospect comme Ty-Shon Alexander (40% à 3pts la saison passée) puisse porter rapidement ses fruits. Trop souvent a t-on pu l’observer prenant des 2pts ou 3pts très (trop) lointain, des pull-up et fade-away avec un chrono à deux chiffres. Dans l’obligation de prendre en main l’attaque de Xavier, notamment à cause du manque de playmakers et de purs scoreurs autour de lui, il sera intéressant de voir comment Marshall va s’adapter à la NBA où il ne sera plus l’initiateur n°1 ou n°2 de son équipe. Sur ces deux dernières saisons, il fait partie des joueurs avec le plus fort taux d’usage (26.7 USG%), entraînant d’ailleurs un nombre de balles perdues important (3.4to par match et aucun match sans balle perdue cette saison !). L’autre critique qui pourrait lui être fatal dans le jeu NBA, son jeu off the ball : peu d’écrans, attentiste voire inactif, incapable d’écarter le jeu par sa seule menace à 3pts.

Une chose ne pourra jamais lui être reprochée : chez les Musketters, l’homme des moments chauds, c’était lui. Ne fuyant jamais de prendre ses responsabilités, son match contre Georgetown le 1er mars dernier en reste l’exemple parfait : Naji Marshall s’est occupé de tout dans les 3 dernières minutes d’un match crucial pour l’obtention d’un ticket à la March Madness. Un step-back à 3pts pour prendre le “large” (+6 avec 2’30” au chrono), 2 lancers-francs clutchs pour reprendre l’avantage à 42 secondes de la fin et un nouveau step-back 3 sur la tête de Jagan Mosely pour le tir de la victoire à 3pts. Les classics ne manquent pas cette saison : ses énormes 3pts pour amener les matchs contre Missouri (W 63-58 OT), UConn en OT (W 75-74 2OT) et du logo contre Marquette (L 82-84 2OT) ou même son duel de fin de match dantesque perdu contre Kamar Baldwin (L 71-72).

 

Simple rotation ou vrai titulaire ?

En somme, un des extérieurs les plus athlétiques de la NCAA, complet, meneur d’hommes et ne fuyant jamais ses responsabilités mais aussi un des plus âgés (22 ans - 23 le 24 janvier prochain) et de réelles faiblesses sur son shoot extérieur. C’est simple, avec un shoot plus fiable, Naji Marshall pourrait aisément prétendre à une sélection au 1er tour de la prochain draft NBA. Début, milieu ou fin du 2nd tour, ou même non drafté chez certains, son profil semble toutefois parfait pour éclore chez un contender (homme de missions, complet et glue guy) mais également adapté au style de jeu européen. A un shoot près d’être LE steal de la Draft.