Le Mali a remporté le 9 décembre 2020 le championnat d'Afrique de basketball des moins de 18 ans. Le continent est un véritable nid à prospects et nous avons donc observé la compétition avec attention afin de trouver les meilleurs talents, les jeunes avec le plus de potentiel. Certains pourraient un jour se retrouver en NBA... Pour cet article récapitulatif du tournoi, Niko et Alan vont pour chacun des prospects donner leur avis et un rapide Scouting Report. Cela permet d’avoir des avis parfois différents sur des joueurs encore très jeunes et parfois méconnus.

 

NB : Les statistiques sont à prendre avec du recul, notamment les pourcentages aux shoots et les pertes de balles. Sur l’ensemble du tournoi, plus de pertes de balles ont été comptabilisés que de passes décisives ; les joueurs ne jouent pas ensemble sur de longues périodes, ce qui peut expliquer ces statistiques.

 

Mohab Abdelatif (Egypte) : Poste 1/2 (2002)

Stats sur la compétition : 27.6pts / 6rbs / 4asts / 1.8stls / 4TO // 47% aux shoots (48/102 sur la compétition), 33% à 3pts (4/12 en globalité) et 77% aux lancers-francs (38/49 sur le tournoi) en 32mins de moyenne

« Quelle belle surprise pour un joueur que je n’avais encore jamais vu jouer. Abdelatif est un petit porteur de balle, un joueur qui a commencé la compétition sur les chapeaux de roue avec 73pts en deux matchs. Très à l’aise balle en main, possédant un super toucher et une vision du jeu très intéressante, l’égyptien était le meilleur meneur du tournoi et surtout l’un des seuls meneurs de qualité de la compétition : il a donc vraiment crevé l’écran, car son profil était tellement rare au sein des quatre équipes. Les points d’amélioration résident dans la sélection de tirs (pas assez de tirs à 3pts, trop de mi-distance), les choix collectifs (notamment en transition), mais le voir finir au cercle face à des joueurs comme Badji ou Diop m’a vraiment rassuré sur son futur. Un joueur que je veux voir en NCAA ou en Europe dès l’année prochaine ! » (Alan)

« Un régal pour les coachs ! Combativité. Férocité. Activité. Abdelatif a été l'homme de la séléction Egyptienne. Je ne suis pas vraiment d'accord avec Alan sur l'étiquette de meneur pour Mohab. Porteur de balle oui mais la plupart de ces points ont été produit près du cercle en finissant avec puissance. Créateur pour lui-même avant de créer pour les autres, on ne peut qu'apprécier le côté sans peur de l'Egyptien de la NBA Academy. En dehors de son énergie et de sa présence aux rebonds off, de ses raids face aux seven footer, il peut aussi pull-up à mi-distance. Beaucoup plus à l'aise sur sa main droite, c'est un bon passeur sur P&R mais sans plus. On a hâte de le voir en NCAA (le jeu de l'Afro U18 ressemblait d'ailleurs très souvent à des matchs de March Madness dans le côté engagement) ou en compétitions de clubs, il deviendra à coup sûr le chouchou des supporters. Après, si on parle prospect pur, avoir le jeu d'un poste 4 à l'ancienne (par moment, Mohab se transformait en Charles Barkley égyptien) quand on fait 1m93, c'est compliqué. Le manque de taille, l'aspect physique mature et le fait qu'il ne soit pas encore capable de s'écarter du cercle rend l'avenir un peu flou à très haut niveau. » (Niko)

 

Mambourou Mara (Guinée) : Poste 2/3 (2003)

Stats sur la compétition : 19.3pts / 6.5rbs / 1.5asts / 1.3stls / 1.5blks / 6TO // 39% aux shoots (29/74 sur le tournoi), 14% à 3pts (3/21 en globalité) et 45% aux lancers-francs (16/35 sur la compétition) en 33.5mins de moyenne

« Meilleur joueur de la plus mauvaise équipe du tournoi (1 victoire en 5 matchs), Mambourou Mara était esseulé au sein de la sélection guinéenne, mais on a tout de même pu voir énormément de qualité et un profil très intriguant. Mara était selon moi l’athlète le plus explosif du tournoi, une machine en transition et un joueur avec des qualités physiques bien au dessus de la moyenne. Comme son équipe n’était pas bonne, Mara a du faire trop de choses, des choses que personne autours de lui ne pouvait faire et qui lui ont grandement fait perdre en efficacité. Les pertes de balles sont issus de mauvais choix, mais aussi de moment où on lui a demandé de porter la gonfle, une chose qu’il ne peut pas faire du fait d’un dribble encore limité. Sur le potentiel physique et l’âge, le guinéen est un profil très intéressant, il faut vraiment le revoir dans un meilleur contexte collectif, un collectif où il serait un finisseur off ball, fort en transition et actif défensivement. » (Alan)

« Mambourou était effectivement le leader d'une faible équipe guinéenne qui a souffert de l'absence de Thierno Sylla, un prospect qu'on aurait adoré voir au Caire (tout comme Moussa Cissé par ailleurs) ! Mambourou a besoin d'espace, c'est un slasher, dévoreur d'open court qui a aussi la capacité de scorer mid-range. Sur son tir extérieur, il y a beaucoup à faire, la mécanique part parfois de derrière la tête, ça manque de stabilité et de rotation. Oublions son tir, Mara est un joueur très agressif, quasi inarrêtable sur sa main droite. Très bon pour fixer-passer et nourrir ces joueurs intérieurs, il reste avant tout un finisseur, pas un créateur pour les autres. Défensivement, il a une bonne activité, des attitudes intéressantes. Il aime être challengé, serrer de près le meilleur joueur adverse. Ses longs bras sont un cauchemar pour les attaquants, ses qualités athlétiques font de lui un bon rim-protecteur pour son poste. Ce qu'on aime chez Mara c'est son attitude, son activité, son énergie et sa dureté. Un joueur à polir mais qui a une très bonne base. A noter qu'il joue encore dans une académie Guinéenne, ce qui fait de lui une vraie cible pour beaucoup d'académies en Europe…ou la NCAA. A suivre ! » (Niko)

 

Babacar Sané (Sénégal) : Poste 3 (2003)

Stats sur la compétition : 14pts / 6rbs / 1.2asts / 2.8TO // 39% aux shoots (27/69 sur le tournoi), 20% à 3pts (3/15 en globalité) et 50% aux lancers-francs (13/26 sur la compétition) en 28mins de moyenne

« Babacar Sané est un projet physique. Il a la taille, la longueur, l'épaisseur, les qualités athlétiques pour briller. Il nous a offert certains flashs de très haut niveau avec des dunks impressionnant et un hang time incroyable. Mais techniquement, ça reste faible. Que ce soit à la passe ou dans le dribble, il y a du boulot. Son activité aux rebonds est bonne, la mentalité aussi mais il manque de maîtrise, de vision. Beaucoup beaucoup beaucoup trop de précipitation. Il n'a pas été aidé par le manque de meneur dans l'équipe Sénégalaise, souvent déséquilibrée, avec des joueurs jouant rarement, voir jamais, à leur poste de prédilection. » (Niko)

« Un de mes coups de cœur du tournoi, et un joueur que je ne connaissais pas. Sané a un corps parfait pour jouer aux ailes dans le basket moderne, en plus d’une explosivité rare chez un joueur de 17ans. Très à l’aise en transition, le jeu sur demi-terrain était plus compliqué pour lui, notamment car son dribble est très problématique. Son manque de handle limite son playmaking, mais également son accès au cercle, avec des situations où il doit stopper son action par manque de dextérité balle en main. Les pourcentages aux shoots sont mauvais, mais la mécanique m’a vraiment rassuré, notamment sur catch-and-shoot et aux lancers-francs. Défensivement, les longs bras et la puissance laissent penser à une potentielle polyvalence. Je suis un programme NCAA, je vais le chercher dès demain. » (Alan)

 

Khalifa Diop (Sénégal) : Poste 5 (2002)  

Stats sur la compétition : 12.6pts / 11.8rbs / 3.4asts / 3.4stls / 1.2blks / 4.8TO // 55% aux shoots (22/40 sur la compétition), 25% à 3pts (2/8 en globalité) et 48% aux lancers-francs (17/35 sur le tournoi) en 34mins de moyenne

« Décalé en Poste 4 par la présence de Badji à ses côtés, Khalifa n'a pas fait un tournoi exceptionnel. Disons que sans meneur, ce n'est pas évident pour un joueur de son profil de se mettre en valeur autrement que défensivement. On l'a par exemple très peu vu joueur dos au panier ou jouer sur pick and roll. Quel dommage quand on connaît sa qualité de pose d'écran ! L'avantage à jouer 4 c'est qu'on a pu voir ses progrès dans le tir extérieur. Un peu trop plat à l'accoutumée, il a su mettre un peu de hauteur dans sa trajectoire, même si ça manque toujours de rotation. L'autre chose, en attaque, qui a sauté aux yeux, c'est sa capacité à passer. Il a une vision du jeu intéressante pour un grand. Défensivement, c'est toujours aussi solide. Aux rebonds, toujours aussi solide. Là ou son décalage en 4 à aider à faire monter sa côte, c'est qu'on la souvent vu loin du cercle à défendre face à des joueurs plus petit. Sa latéralité est intéressante mais on préfère néanmoins le voir dans la raquette à dévier les tentatives adverses par sa présence. » (Niko)

« Très frustrant dans ce tournoi, et cela simplement car l’intérieur sénégalais n’a pas pu réellement jouer à la position qui lui convient le plus : avec la présence de Badji dans l’équipe, Diop a de facto joué au poste 4, plus au large et donc peu sur pick-and-roll. Cela fait deux tournois de suite que le joueur de Gran Canaria ne joue pas réellement à sa position (après la Coupe du Monde U19 à l’été 2019), ce qui est frustrant car on le voit faire de très bonnes choses en club, dans un rôle de poste 5 utile sur pick-and-pop et protecteur de cercle. Dans ce tournoi, on a vu tout de même un vrai profil intérieur, dissuasif en défense, solide dans les contacts et à la protection de cercle. Offensivement, la réussite aux tirs n’a pas été présente, on a vu des flashs intéressants à la passe par moment et une belle mécanique de tir à mi-distance. Diop est un vrai prospect dans la cuvée 2021, mais il sera bien plus intéressant de le voir avec Gran Canaria, notamment en EuroCup où il a même débuté des matchs. » (Alan)

 

Ibou Badji (Sénégal) : Poste 5 (2002)  

Stats sur la compétition : 11pts / 13rbs / 1.2asts / 2.6blks / 1.4TO // 54% aux shoots (20/37 sur la compétition) et 57% aux lancers-francs (15/26 sur le tournoi) en quasiment 33mins de moyenne

« Le pivot du Barca possédait l’étiquette de plus gros prospect du tournoi, celui d’un joueur présent au 1er tour de divers Big Board pour la Draft 2021. Au sein d’une équipe très talentueuse mais délicatement construite, Badji n’a pas eu de meneur capable de le servir dans de bonnes conditions. On note tout de même moins de pertes de balles que dans d’autres tournois, un pourcentage aux lancers-francs pas affreux et des flashs de tir à mi-distance, notamment deux sur situation de pick-and-pop. Avec ses 2m16 et 2m34 d’envergure, il est super utile sur des situations de pick-and-roll ou de lob, des situations qu’on a quasiment pas vu en 5 matchs. Défensivement, l’intérieur a dissuadé, il a pris des rebonds et protégé le cercle, même si il saute encore sur bien trop de feintes. » (Alan)

« Ibou est une erreur de la nature. Le ratio taille/mobilité/qualités athlétiques est juste incroyable. Il était le joueur que l'on attendait le plus pour ce tournoi, surtout qu'il est moins en vue dans l'équipe réserve de Barcelone tandis que Diop est devenu un joueur d'EuroCup. De tous les tournois internationaux, que ce soit les tournois Euroleague Juniors ou FIBA avec le Sénégal, c'est de loin son meilleur tournoi. Et pourtant, je reste sur ma faim. Oui, il monte au dunk dès qu'on le laisse courir un peu, il a une mécanique de tir qui est plus fluide, il a mis quelques tirs mi-distance et il a eu des actions d'éclat en défense. OK. Mais Ibou est tout sauf un créateur, même pour lui. Il est toujours autant à court d'imagination dans le jeu dos au panier, il a des attitudes qui ne sont parfois pas celles d'un basketteur de très haut niveau. Il aime faire des choses qu'il ne maîtrise pas, il a lâché quelques parpaings mais surtout aussi quelques rebonds/contre. On le loue, forcément avec un corps pareil, sur son aspect dissuasif mais voir Mara ou Abdellatif réussir à exister dans la raquette, lui prenant des rebonds sur le museau (va falloir apprendre à box-out, même à 7'0), finissant près du cercle malgré sa présence. On se dit qu'il y a quelques sautes de concentration qu'il va falloir gommer. Sur pick, ce n'est pas un poseur d'écrans incroyables comme peut l'être Khalifa Diop et on sent qu'il ne peut pas jouer très longtemps, il fatigue vite. Pour l'instant j'ai du mal à voir autre chose qu'un rim-protecteur 5 étoiles. C'est déjà bien vous me direz mais ça ne suffit pas pour être lottery pick. » (Niko)

 

Mentions honorables :

Pape Sow (Sénégal) : Poste 2/3 (2003)

Stats sur la compétition : 7.2pts / 5rbs / 3.6asts / 1.6stls / 5.4TO // 17% aux shoots (10/57 sur le tournoi), 12% à 3pts (3/25 en globalité) et 68% aux lancers-francs (13/19 sur le tournoi) en 31mins de moyenne

« Un joueur que je connais peu, mais un joueur qui a tellement pâtit du contexte collectif. Sow était de facto le meneur du Sénégal, le joueur qui devait porter la gonfle, créer et mettre en bonnes positions ses intérieurs : Pape Sow n’est pas ce joueur, c’est un joueur qui apparaît bon loin du ballon, dans un rôle de porteur de balle de complément. Les meilleures minutes du Sénégal dans le tournoi ont d’ailleurs été celles avec Fallou Gueye à la mène (notamment contre le Mali). Il faut donc vraiment prendre les statistiques avec des pincettes : Sow vaut mieux que ses pourcentages et ses statistiques, il faudra le revoir rapidement en jeunes avec Baskonia. » (Alan)

« On aurait pas pu faire pire pour mettre en valeur Pape Sow. Poste 3 à Baskonia, il a du jouer le rôle de meneur pendant la compétition. Là ou Baskonia attends de lui d'être sur du C&S et du jeu sans ballon, des coupes vers le cercle, les U18 du Sénégal attendaient de lui de la création pour les autres. Il a du dribbler beaucoup plus que de raison, il a du mettre de la vitesse sur sa remontée de balle car il était constamment agressé par les meneurs adverses. On lui demandait des choses qu'il ne sait pas faire. Donc forcément, ceux qui ont vu le tournoi sans le connaître se sont dit "il est nul ce meneur !" Au final, Pape est un joueur de C&S, long, mince qui n'a pas la vitesse d'exécution et la vista pour driver une équipe. On peut néanmoins lui reprocher un manque de dureté qui a entrainé pas mal de ballons perdues, une précipitation qui a fait couler le jeu collectif du Sénégal. Difficile de passer au-delà de toutes ces erreurs en attaque mais nous aurons l'occasion de le revoir…à son poste. En défense, Pape a profité de sa taille, de sa longueur, de son activité loin du ballon mais globalement je doute qu'il soit capable de switcher sur P&R et de garder des joueurs plus petit ou plus costaud. » (Niko)

 

Youba Konaté (Mali) : Poste 3/4 (2002)

Stats sur la compétition : 14.8pts / 5rbs / 1.8asts / 1.5stls / 3TO // 44% aux tirs (20/45 sur le tournoi), 35% à 3pts (6/17 en globalité) et 72% aux lancers-francs (13/18 sur le tournoi) en 29.5mins de moyenne

« C'est la petite surprise du tournoi. Dans un effectif très soudé, sans vrai star ni prospect, Konaté est sorti du lot grâce à son adresse notamment dans les deux matchs qui comptaient, demi puis finale. Sa polyvalence offensive a été un précieux atout mais ce que j'ai préféré chez lui c'est son tir. Au poste, il a montré de belles choses, éclatant un peu les défenses resserrées de cet Afro U18. Capable de driver des deux côtés, jouant avec une belle énergie des deux côtés du terrain, il a montré de belles choses. Ca tombe bien ! Il est au Mali, attendant des offres d'Europe ou des Etats-Unis pour continuer son développement. » (Niko) 

« Le Mali a gagné le tournoi sans avoir de réels top prospects selon moi (ce qui s’explique par l’absence d’Oumar Ballo et Adama Sanogo), l’équipe était simplement la plus cohérente et la mieux dirigée. Dans ce collectif bien huilé, Youba Konaté a été selon moi un joueur intéressant, capable de scorer aux trois niveaux mais aussi de défendre plusieurs profils. » (Alan)

 

Mais aussi : Mohamed Keita (Guinée), Pierre Sene (Sénégal), Ibrahima Diallo (Guinée), Modibo Diaby (Mali), Bourama Coulibaly (Mali)