L’arrière canadien d’Arizona Bennedict Mathurin a surpris tout le monde en décidant de ne pas se présenter à la draft en juillet dernier. Physiquement prêt pour la NBA, plusieurs le voyaient déjà comme un choix de premier tour. S’il revient à Arizona, c’est parce qu’il aura l’opportunité de devenir un joueur spécial. Examinons d'où son jeu part et où il peut se rendre, cette année.

 

L’an dernier, Mathurin s’est taillé une réputation comme arrière ultra-physique capable d’attaquer le panier et de faire payer les défenseurs qui passent sous les écrans au périmètre. Il a un morphotype très long et imposant pour un arrière qui le rend très difficile à défendre sans faire de fautes lorsqu’il a un peu de momentum. Il ne comptait que trois (3.0) lancers francs par match à sa première année à Arizona, mais il drive avec tellement de férocité et d’explosivité que les défenseurs prennent des décisions d’affaires préfèrent souvent dégager du chemin lorsqu’il se rend au cercle. 

Bref, Benn Mathurin est un jeune homme qui connaît bien son offre de services et vous connaissez mon amour pour les joueurs qui ont déjà une identité précise sur le terrain au niveau collégial.

Could be or couldn't be ?

Néanmoins, personne ne regardera Mathurin pour ce qu’il est en 2021-22, mais bien pour ce qu’il peut devenir. La question qui hante tous les scouts, c’est: peut-il prendre en charge l’attaque de son équipe et créer pour ses coéquipiers? S’il démontre la capacité de jouer en pick-and-roll et la vision nécessaire pour trouver l’homme libre lorsqu’il se fait prendre à deux, on parle ici d’un potentiel choix de loterie. C’est un archétype de joueur très recherché en NBA.

Si l’espoir et la spéculation sont si hautes au sujet de Mathurin, c’est qu’il a montré certaines aptitudes qui vont dans ce sens aux U19, cet été. Du moins ici et là. L’entraîneur Paul Weir lui a confié le ballon sur plusieurs actions ciblées (notamment du pick-and-roll ) et Mathurin, sans avoir épaté sur une base constante… a montré quelques flashs intriguants. Regardez-le sur cette possession contre la Lituanie où il se sert de sa mobilité latérale pour libérer son joueur dans le coin:

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Bien sûr, c’est encore en chantier, hein? Regardez-le ici rejeter un écran béton de l’énormissime Charles Bediako pour foncer dans une prise à deux contre le Japon. Les détails sont importants sur cette possession. Son défenseur était battu, complètement dos à l’écran. Il a manqué de patience sur le jeu et s’est privé d’une percée au panier. Il n’est pas habitué à prendre ce genre de décision. Il a les capacités techniques et athlétiques pour le faire, mais pourra-t-il l’intégrer à son jeu? Il aura des répétitions pour sur.

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On s’entend, Mathurin deviendra au mieux un créateur secondaire. Ce n’est pas son rôle premier. C’est d’abord et avant tout un scoreur avec un fluidité athlétique qu’on a encore une fois pu apprécier dans toute sa splendeur aux U19. Il peut finir des deux côtés du panier et compense son manque de verticalité dans les petits espaces par un contrôle corporel et une bonne prise de décision dans les airs. Il possède également un premier pas mortel pour les défenseurs, même lorsqu’ils lui concèdent l’espace. Ça, c’est dans son jeu. Il a shooté à 53% à 2 pts à Arizona et 57% aux U19. Attendez-vous à voir beaucoup d’attaques de closeouts et de mismatchs si la défense décide de switcher sur lui:

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L’autre partie de son jeu extrêmement intéressante ou il a montré de belles choses l’an dernier et une amélioration lors de U19, c’est son jeu de pull up. Bennedict Mathurin a shooté à 41% à 3 pts l’an dernier à Arizona. Il n’a shooté que pour 34,5% aux U19, mais il a été emmené à prendre des tirs dans de nouvelles situations, notamment en sortie d’écran et le taux de réussite est somme toute pas si mal étant donné le nouveau défi. Je suis beaucoup plus satisfait du fait qu’il ait pris ces tirs et non pas qu’il les ait réussis. La mécanique est là. Le niveau de confort ne fera qu’augmenter avec les répétitions. Étant donné le nombre impressionnant de nouvelles armes offensives à Arizona l’an prochain (Adama Bal, Azuolas Tubelis, etc.) ce sera aussi important pour lui d’être impliqué en début comme en fin de possession afin de prouver sa polyvalence offensivement.

Le hic à corriger

Le gros défaut de Benn Mathurin, c’est la défense. Parfois c’est en position, parfois ce ne l’est pas. C’est difficile à dire si c’est le niveau technique ou l’effort qui n’y est pas.Il se fait souvent prendre de vitesse par des joueurs plus petits et explosifs. Vu son impressionnante taille et sa force physique pour un poste 2, serait-il mieux taillé pour jouer en poste 3 en NBA? Quand il s’y met et décide de compétitionner défensivement, ça se passe plutôt bien. Il ne laisse pas d’espace. Côté défense d’équipe c’est difficile aussi. Il ne prend pas de risques, mais il ne communique pas beaucoup ce qui montre qu’au niveau leadership c’est pas encore au point. Il devra montrer du moins un désir de s’améliorer de ce côté, sinon il va se prendre des échardes de banc en NBA. 

Voilà pourquoi on devrait tous regarder Benn Mathurin en 2021-22. Il possède beaucoup de potentiel dans plusieurs aspects du jeu et ce serait à lui de prouver qu’il peut les intégrer à un arsenal déjà très intéressant. Il pourrait devenir une solide arme offensive en NBA. Une troisième option de luxe dans une équipe avec une bonne balance spacing/gravité. Il pourrait devenir encore plus que ce joueur qu’on voyait déjà au premier tour l’été dernier.