Le jury d'experts du basket tricolore réunit par Envergure, ainsi que le public, a élu Prospect (Français) Du Mois le joueur des New Zealand Breakers, Hugo Besson. Il succède au palmarès à Ismaël Kamagate, grâce à un mois de décembre marqué par des débuts de haut calibre en NBL, la ligue d'Océanie, où il a choisi de s'exiler pour tenter d'accéder à la draft NBA 2022.

Le jury : un vote pour le public, un vote pour Envergure, un vote pour First Team. Un vote chacun pour Barbara Youinou (l'Est Républicain), Yann Ohnona (L'Equipe), Lukas Nicot (Sport en France), Gabriel Pantel-Jouve (Be Basket), Pascal Giberné (ex Canal, Basket News, Le Parisien)

Résultat des votes : Besson (4 voix) / Cissoko (3 voix) / Batcho (1 voix) / Dadiet (0 voix)

 

Il est parfois des choix qui sont difficiles à faire, absurdes à vrai dire. À notre petite échelle envergurienne nous avons connu le dilemne des votants pour les grands trophées sportifs, notamment celui qui doit tirailler au moment de mettre son bulletin dans l'urne pour le Ballon d'Or. Évidemment l'enjeu médiatique n'est pas comparable, le poids de la décision infiniment moins lourd à porter, mais la Question, elle, est la même : comment comparer des joueurs n'évoluant pas en confrontation directe, ni-même face aux mêmes adversaires ? Comment comparer les saisons d'untel en Premier League, d'un autre en Ligue 1, ou même en sélection nationale, quand les systèmes et l'opposition diffère. Scientifiquement, cela n'a presque aucun sens. Là où les journalistes votant pour les All-NBA Teams peuvent argumenter et débattre sous-couvert de statistiques individuelles massues, de performances collectives implacables, nous n'avons rien. Notre illustre jury devait choisir entre quatre jeunes espoirs du basket francophone. Deux sont déjà professionnels évoluent face à des adultes, (Besson et Cissoko) mais n'ont pas du tout le même âge (20 ans pour le premier, 17 le second) ni ne jouent dans la même ligue (NBL - championnat d'Océanie pour Hugo, LEB Gold - 2e division d'Espagne pour Sidy). Un troisième goûte quelques minutes face aux pros, en Betclic Elite, mais a été sélectionné pour son exceptionnel mois de décembre en U21, à seulement 16 ans (Pacôme Dadiet). Le dernier affronte des amateurs, en championnat universitaire américaine (Daniel Batcho), dans une conférence relevée, dans une fac' de haut niveau, après un historique de blessures qui en aurait fait arrêter plus d'un.

Daniel Batcho revient de loin, à Texas Tech il gagne à chaque match du temps de jeu, il protège le cercle, prend du rebond, pose de bons écrans, joue avec l'intelligence qu'on lui connaissait déjà quand il était quasiment le prospect international le plus attendu de sa génération. Il est toujours plaisant à voir jouer au basketball, on espère que le physique reviendra.

Si Batcho a reçu un vote, Dadiet, Pacôme de son prénom, n'en a pas eu. Pourtant, il a cumulé 23 points et 6 rebonds de moyenne en Betclic Elite U21 en décembre. Le joueur du Paris Basketball progresse, devant nos yeux, de match en match. S'il continue il y aura, c'est certain, d'autres nominations, même des titres de Prospect Du Mois.

Ne restaient que les deux professionnels, et ce fût pour ainsi dire, serré. Après les votes du jury et du public, avant celui d'Envergure, Sidy Cissoko et Hugo Besson étaient à égalité, trois partout. Le premier, à 17 ans, a décidé de rouler sur le championnat de deuxième division en Espagne, pas une mince affaire quand on sait que certains prospects NBA annoncés à la draft 2022 s'y raient un peu les dents. Presque 17 points de moyenne, 3,5 rebonds, plus de deux passes décisives. Certes, il perd encore plus de ballons qu'il ne fait d'assists, mais à seulement 17 ans (né en 2004), le joueur de l'Iraurgi SB (Pays Basque côté Espagne) impressionne, a déjà la taille d'un prospect NBA (1m98) et une solide structure pour ajouter du muscle. De l'autre, on avait du plus longiligne, mais du plus artilleur aussi. Si le basket a été créé pour être un jeu d'adresse, alors Hugo Besson est certainement l'idée qu'on se fait d'un joueur. Meilleur marqueur de Pro B l'année dernière, il est parti en Océanie, où il a débarqué en fanfare (en Nouvelle-Zélande en vérité), avec 26, 25 puis 20 pions lors de ses trois premiers matchs. Malgré une suite plus compliquée (6 et 8 points à 6/24 aux tirs), il a montré aux scouts NBA qu'il fallait compter avec lui pour la draft 2022.

C'est cette dernière phrase qui nous a décidé, chez Envergure, à voter Hugo Besson. C'est aussi le vote du public, qui a plesbicité à plus de 80% l'ancien joueur du Saint-Quentin Basketball. Être Prospect Du Mois, c'est marquer les esprits. Au moment où plusieurs prospects exilés venus de NBL réussissent en NBA (LaMelo, Giddey), les internationaux ont décidé d'y venir pour profiter du développement offert par ce championnat. Parmi eux, Hugo Besson est, de loin, celui qui s'en sort le mieux. En résumé, il est déjà pro, les autres non. Il n'a toujours pas suffisamment montré à notre goût une capacité à défendre efficacement sur le porteur de balle adverse. Mais offensivement, il n'a même pas besoin d'un ballon pour scorer, il montre qu'il sait jouer sans, avec une efficacité encore irrégulière, mais qui quand elle est présente fait mal à l'adversaire, ouvre des espaces à ses coéquipiers. Être Prospect Du Mois, c'est marquer des points, Sidy Cissoko est à coup sûr en train d'impressionner, mais Hugo Besson le fait, lui, avec les projecteurs braqués sur lui. Le sniper d'Auckland le fait avec décontraction, on aime le style, on donne le trophée, continue Hugo.