Cette équipe U16 a connu des débuts poussifs. Les premières victoires , face à l'Italie et la Russie, ont été poussives, voire même volées, alors que la Russie a fini bonne dernière de ce championnat. Hayes, Maledon & Crusol, trois combo guards hyper talentueux et hyper suivis, avaient logiquement du mal à vivre ensemble. Jouer avec un seul ballon est bien difficile.

Et puis face à l'Estonie, ces 3 joueurs ont réussi à s'entendre. Et alors, la France à massacrer tous ses adversaires.

Killian Hayes

PG/SG, 16 ans, 1m92, Cholet

On ne va pas en faire des tartines sur Killian, vous en avez certainement lu déjà beaucoup. Il est dans la lignée des nos prospects superstars avec Ntilikina, Hoard, Ayayi, ...

En chiffres, cela donne 16.6 points, 7 rebonds, 5.1 passes, 2.7 interceptions, et 0.4 contres. Il mène l'équipe de France dans toutes les catégories hormis les contres. Voilà voilà.

Hayes est rapide, et extrêmement fluide. Il est athlétique, mais pas hyper explosif : on ne parle pas là d'un athlète hors norme, mais d'un joueur qui serait dans la moyenne en NBA. Il dispose aussi de très bons fondamentaux et tiens très bien le ballon. Cela en fait de facto un joueur de transition de tout premier plan. Grâce à sa défense impeccable, de part son agilité, ses instincts, et surtout son immense volonté de dominer, il obtient de nombreuses occasions de briller à ce niveau. C'était particulièrement visible quand la France évoluait en défense indiv' plutôt qu'en zone, ce qui nous a permis d'obtenir de nombreux points faciles.

C'est plus compliqué sur demi-terrain, en particulier contre les défenses resserrées, puisque son shoot est encore très aléatoire. La forme du shoot est loin d'être mauvaise, mais il est encore excessivement streaky : il a shooté à 5/14 à 3 points sur les 3 premiers matchs, puis à 3/17 durant les 4 matchs du bracket. De même, son jeu de passe sur jeu placé est surtout basé sur du jeu similaire à la transition : en drive'n dish, ce qui peut amener à pas mal de turnovers (3 par match). Il n'a pas encore la vision ou le contrôle du jeu nécessaire pour un meneur pro.

Impossible de ne pas parler, enfin, de son caractère très clutch qui a déjà été amplement documenté sur Twitter ou autre. C'est lui qui a sonné la révolte dans les matchs difficiles et qui a réellement permis à l'équipe de se démarquer en fin de partie. Cela en dit long sur son état d'esprit.

Avec son caractère, simple, discret, mais avec une énorme motivation et une envie de dominer ses adversaires, il y a fort à parier qu'il va devenir un joueur TRES spécial.

Son jeu étant parfaitement adapté à la NBA, on parle là d'un lottery pick, sans aucun doute.

Théo Maledon

PG/SG, 16 ans, 1m91, ASVEL

Parler des prestations de Maledon le lendemain d'une éclipse parait particulièrement à propos. Snobés du 5 majeur de la compétition fort injustement, et snobé dans la plupart des recaps de cette compétition, c'est quasi exclusivement la "faute" à un Hayes qui a éblouit tout le monde. Mais Maledon a lui aussi réalisé des performances remarquables.

En chiffres encore, cela donne 14.6 points, 5.1 rebonds, 3,1 passes, 2.6 interceptions. Dans toutes ces catégories, il est le 2è de l'équipe de France... derrière Killian Hayes. Comme pour le reste de l'équipe, Théo a réalisé des premières prestations assez moyennes par rapport à ses standards, mais il a été énormissime sur les trois derniers matchs sur lesquels il a tourné à 19 points, 6.3 rebonds, 4.3 passes et 5 interceptions (!!!) tout en shootant à 6/14 des 3 points.

Physiquement, Maledon est un poil en deçà de Hayes. Un poil moins athlétique (un petit poil, un poilounet quoi), un chouïa plus petit, mais avec un assez long cou ce qui amène forcément un "standing reach" et un "max reach" moins élevé. En outre, il pourra certainement ajouter moins de masse musculaire que son collègue, même si la progression à ce niveau par rapport à l'été 2016 est saisissante.

Maledon, malgré une défense elle aussi de très haut vol, est moins à l'aise en transition, à cause d'un manque de puissance que Hayes compense par des attaques très "smooth" vers le cercle que Maledon ne maîtrise pas encore tout à fait. Il est pas contre beaucoup plus à l'aise sur jeu placé, à la fois à la mène (il est plus inventif dans ses passes, trouve mieux les cuts et les ouvertures sur les pick'n roll), mais aussi off the ball. Il n'a shooté qu'à 33% à 3 points sur cette compétition, mais son shoot vaut clairement mieux que ce pourcentage, pourtant déjà très honnête à cet âge là. Sa mécanique est très fluide et il lâche le ballon très vite : il peut vraiment faire office de spot-up shooteur et deuxième ball-handler, ce qui le rend plus polyvalent. Et si les stats ne le montrent pas, il me semble un bien meilleur passeur que Killian. Tous les deux devront cependant travailleur leur handle, assez lâche, et pas encore assez avancé dans un petit périmètre.

Il est lui aussi un très gros rebondeur pour sa position, ce qui est assez incroyable là encore pour quelqu'un qui défend autant sur l'homme.

Maledon vaut très certainement un premier tour de draft sur ce qu'il a montré et sur son shoot que l'on sait meilleur. Autant dire qu'il faudra suivre la draft 2020 avec beaucoup d'attention !

Timothé Crusol

SG, 16 ans, 1m90, CFBB

Si Maledon a été éclipsé par Hayes, Crusol a lui été plus ou moins "sacrifié" pour le bien de l'équipe, passant le plus clair de son temps loin du ballon. Être le troisième arrière de cette équipe n'était certainement pas facile (sans parler du 4è, Anthony Da Silva, qui m'a aussi bien plu...)

Crusol est certainement le plus puissant des 3, mais le moins long (je n'ai pas les mesures exactes de leurs envergures, donc c'est à prendre avec des pincettes), et le moins athlétique. Cela se traduit, notamment, par de moins grandes performances au rebond et en nombre d'interceptions.

Sa puissance lui permet par contre de se montrer en transition ainsi qu'en drive (65% à 2 points !). Faisant office d'ailier une bonne partie du temps, il a eu de nombreuse occasions de catch'n shoot, mais n'en a pas mis un grand nombre ce qui a réduit son efficacité (et donc sa hype). La forme semble pourtant très bonne. Pour un joueur que nous n'avions jamais vu avant, il est difficile de dire si son 22% (0.9 sur 3.9 tirs par match à 3 points) est légitime ou non, mais il nous semble que son shoot vaut mieux que ça, même s'il reste très streaky.

Crusol n'est pas un meneur-né, il peut céder sous la pression, mais peut très bien faire office de deuxième ball handler à terme. Il fait tourner le ballon, a montré des capacités de passeur, notamment en drive'n dish. Il n'a cependant pas encore le handle ou la mentalité pour être un meneur à plein temps pour le moment.

Crusol a plus à apprendre que ses 2 compères, et a certainement un potentiel un peu moins élevé, mais n'en reste pas moins un vrai prospect. Si le shoot progresse, on pourra légitimement parler d'un prospect NBA, sa polyvalence étant très intriguante.

Essomé Miyem

C, 16 ans, 2m07, CFBB

Après avoir parlé du pedigree de l'équipe de France féminine U16, on se dit que celui de l'équipe masculine n'est pas mal non plus ! Le "petit" frère d'Endy commence à faire parler de lui depuis quelques mois.

Grand sans être immense, Miyem possède une belle envergure (supposée de 2m16), des épaules larges et hautes (qui laissent penser qu'il pourra devenir bien plus puissant qu'il ne l'est actuellement) et est très mobile. S'il est relativement athlétique, son explosivité n'est pas spécialement remarquable comme peut l'être celle d'un Darel Poirier par exemple.

Là où il est assez étonnant, c'est qu'il a, pour un jeune pivot, un bon QI basket, de bonnes mains (son jeu, offensivement, est propre et sans fioritures), un bon toucher de balle, et une belle agilité. Cela en fait une bonne cible pour les pick'n rolls.

Mais parlons de ce qui fâche.

Miyem n'est présent dans le jeu, que ce soit offensivement ou défensivement, que par intermittence. S'il manque clairement de puissance, il a montré sur quelques actions une belle dureté, et une bonne capacité à absorber les contacts, mais il a complètement disparu sur d'autres séquences, se faisant littéralement bousculer par ses adversaires.

Crédité de très peu de rebonds et de contres pour sa longueur (5 rebonds et 0.6 contres par match), ce n'est clairement pas à cause de son physique mais d'une attitude trop posée et attentiste.

Miyem a les outils physiques, il a le basket, mais a-t'il les outils mentaux ? Ou y a-t'il d'autres raisons sous-jacentes ? Ne le connaissant pas personnellement je ne saurais en jurer. Il nous laisse en tout cas un gout doux-amer. Il est capable de tellement qu'on espérait le voir faire plus. Certaines séquences ont été intéressantes. Il faut partir de ces séquences pour se construire.

Encore et toujours plus. Encore et toujours mieux. Voilà l'attitude qu'il lui faudra avoir pour atteindre son potentiel très élevé.

Mais aussi...

Anthony Da Silva : meneur d'1m85, vraie pile électrique, très bon QI basket, très bon shoot même si ça n'est pas trop rentré cette fois ci. Mais il a montré avec l'équipe U16 de Séville qu'il était un bien meilleur shooteur que cela (42%). Très bonne lecture du jeu en défense : 1.9 interceptions par match en moins de 16 minutes !

Daniel Batcho : energy guy. Intérieur de 2m02, ni puissant ni athlétique pour le moment, mais avec un vrai sens du rebond et qui s'est bien battu. Seulement 15 ans.

Léo Billon : intrigué par le physique de ce joueur très peu utilisé. Poste 2/3 faisant 1m98 avec d'excellentes épaules et une envergure... #OhMaGad. Bonne forme de shoot (3/6 à 3 points), et jeu très propre bien que loin du ballon (toujours trop loin, y compris en défense malheureusement). J'aimerais en voir plus cependant.