Alors que la cuvée 2020 attend patiemment son dénouement après une année bien étrange, il n’est jamais trop tôt pour se projeter et s’intéresser à des prospects, qui feront l’actualité dans quelques années. Comme l’été 2020 n’a vu aucune compétition FIBA, on doit revenir plus tôt dans l’année pour trouver des matchs importants de jeunes prospects internationaux. Présentation donc de Jean Montero, le phénomène dominicain de Gran Canaria et dors et déjà une des têtes de gondoles de la Draft 2022.

(Note : l’auteur de cet article se base uniquement sur les matchs de l’Adidas Next Generation de Valence, en décembre 2019, mais aussi sur le Championnat FIBA U16 des Amériques 2019 ; soit sur un échantillon parmi 10 rencontres).

Statistiques sur l’ensemble du championnat U16 des Amériques 2019 (Juin 2019) : 30.3pts / 9.5rbs / 3.2asts / 3.3stls / 2.5 TO // 43% aux shoots / 25% à 3pts (10/39) et 73% aux lancers-francs (42/57)

Statistiques sur l’ANGT de Valence (Décembre 2019) : 21.2pts / 4.75rbs / 4asts / 1.75stls / 2.5 TO // 43% aux shoots / 29% à 3pts (9/31) et 92% aux lancers-francs (12/13)

 

Cela fait quelque temps déjà qu’on entend parler de Jean Montero, qu’on nous vend un feu follet venu des Caraïbes dominant les catégories jeunes. Né en Juillet 2003, Montero n’avait même pas 14 ans et représentait déjà son pays, la République Dominicaine, lors du championnat des Amériques U16 en 2017 ; l’été passé, il a d’abord permis à son pays d’accéder à une médaille de bronze lors de ce même championnat des Amériques U16, en tournant à plus de 30pts de moyenne. Mais Montero a également participé à la préparation du mondial en Chine avec la sélection dominicaine, et cela à l’âge de 16ans. Côté club, Montero a rejoint l’Espagne et Gran Canaria, un club avec lequel il évolue au sein l’équipe B.

Si Jean Montero est sous le feu des projecteurs depuis quelques temps déjà, c’est parce que  son jeu spectaculaire semble coller avec ce que l’on demande aux porteurs de balle en NBA de nos jours. La visualisation des ses matchs fait tout d’abord ressortir un dribble de grande qualité pour son âge, une grande agilité balle en main, qui lui ouvre plusieurs choses dans son arsenal : battre son vis-à-vis pour aller au cercle, créer de la séparation pour ensuite tirer en sortie de dribble ou encore opérer efficacement sur pick-and-roll. Le meneur montre déjà des aptitudes à effectuer ces trois types d'actions, ce qui lui permet déjà de pouvoir mettre de la nuance dans son jeu, mais surtout de pouvoir scorer à plusieurs niveaux.

 

Voir un joueur de 16ans générer autant de gravité (attirer les défenseurs) en attaque reste pour moi extrêmement rare, et même lorsqu’il a eu à jouer face à des joueurs plus âgés et mûrs (Matthew Strazel au ANGT notamment), il n’a pas explosé physiquement ou mentalement, ce qui témoigne d’un joueur déjà prêt à assumer un rôle de leader. Même si ses coéquipiers ne sont pas à son niveau, il crée tellement de problèmes pour les défenses qu’il comprend déjà où trouver les shooters sur ses drives, comment jouer avec son intérieur sur pick-and-roll (belle relation avec l’intérieur sénégalais Khalifa Diop notamment). Sa maturité pour appréhender l’attaque est impressionnante pour un joueur de 16ans, et même si d’importants progrès sont à faire, Montero n’opère pas que par flashs, il est déjà un joueur, qui assume le rôle primaire de créateur offensif.  

Quelle projection en NBA ?

Ce qui permet vraiment de projeter le dominicain dans le rôle tant recherché d’initiateur primaire d’une attaque NBA, c’est ses facilités aux tirs. Les pourcentages sont décevants dans les matchs visualisés (ils sont d’ailleurs meilleurs en championnat espagnol avec l’équipe B de Gran Canaria), ce qui lui laisse une belle marge de progression. Ces chiffres sous la barre des 30% de réussite à 3pts (lors de l’ANGT de Valence mais aussi lors du Championnat des Amériques U16) s’expliquent par une sélection de tirs pas toujours lucide, mais également par une nécessité de prendre de gros tirs en fin de possession. Sur pas mal de possessions avec la République Dominicaine, rien n’était créé avec 5 secondes restantes sur la possession et Montero devait marquer à partir de rien, ce qui a plombé ses pourcentages. Cependant, il est déjà capable de pull-up de loin, avec une mécanique solide, un bon travail des jambes. Son alliage dribble/vivacité lui permet une création de séparation assez importante pour ensuite s’élever et tirer aisément.

Ce qui me plait avec la trajectoire que prend Jean Montero, c’est que les progrès sont importants et visibles compétitions après compétitions. Entre le Championnat des Amériques U16 (Juin 2019) et l’Adidas Next Generation de Valence (Décembre 2019), Montero n’est plus le même joueur, que ce soit physiquement ou dans son jeu. Il a par ailleurs vraiment progressé aux lancers-francs, il prend plus de tirs à 3pts et tend à épurer son jeu. Bien entendu, il fait des erreurs, perd des ballons et n’a pas toujours les meilleures lectures balle en main, mais c’est quand même encourageant de voir les progrès mois après mois. Sur le plan défensif, il faut mentionner une implication fluctuante, des fautes de jeunesse (oubli de joueurs dans son dos, sauts sur les feintes...) et un souci de poids, qui limite sa polyvalence défensive.

On ne sait pas quand Montero viendra jouer en NBA, mais le meneur dominicain apparaît déjà comme l’un des tous meilleurs prospects internationaux des prochaines cuvées. Son arsenal offensif est déjà complet, il va progresser avec plus de répétitions et d’expérience, ce qui pourrait en faire un joueur qui compte en NBA.