Présent ce week-end à la Halle Carpentier pour la première édition des Paris European Games, nous avons pu voir, de près, certains des prospects français les plus prometteurs. Quatre matchs au programme donc, trois cylindrés Euroleague (Olimpia Milan, Alba Berlin & ASVEL), le Paris Basketball et des performances notables de certains jeunes talents tricolores.

 

Victor Wembanyama (ASVEL)

Remplaçant face à Berlin, titulaire contre Milan, le nouveau numéro 1 de l’ASVEL a connu des hauts et des bas sur les deux rencontres : quoi de plus logique pour un intérieur de 17ans face à deux très solides équipes européennes ?

Défensivement, et je commence ici car Victor est un prospect défensif générationnel, on a vu toutes les qualités de dissuasion et de protection de cercle de Wembanyama (5 contres face à Berlin notamment). Capable de lectures impressionnantes sur deuxième rideau, de dissuasion en isolation sur des shoots à 3pts pris en pull-up face à lui, Victor change la géométrie du terrain quand il rentre sur le parquet. Par sa présence, l’attaque adverse ne peut plus faire accéder aussi facilement au cercle et doit changer sa sélection de shoots. C’est extrêmement impressionnant pour un joueur de son âge. On mentionnera tout de même que Berlin jouait sans ses deux plus grands intérieurs (Christ Koumadje & Ben Lammers).

Sur le plan offensif, Victor a pas mal raté le premier jour avant d’être plus en réussite le deuxième. Dépendant de son adresse extérieure (ce qui est étrange pour un joueur de sa taille), il n’est pas assez puissant pour prendre sa position au poste ; ce n’est pas très problématique vu ses qualités de passe, de shoot, mais c’est un axe de progression. A l’échauffement, la mécanique est vraiment bonne, il prend des shoots en mouvement avec fluidité... Wembanyama a été plusieurs fois récompensé de ses mouvements sans ballon, mais il doit encore mûrir physiquement pour ne pas exploser sur les contacts. Il a déjà changé en quelques mois musculairement depuis le FIBA U19 de juillet dernier, tous les voyants sont donc au vert pour le meilleur prospect du monde.

 

Ismaël Kamagaté (Paris Basketball)

Après un solide Euro U20 en Géorgie, l’intérieur du Paris Basket a montré tout ce que j’attendais de lui ce weekend : de la verticalité, du rim-run, de la dissuasion défensive et des flashs de protection de cercle. Pour un ticket en NBA et potentiellement une sélection au 2ème tour en 2022, le parisien ne doit pas ajouter énormément de choses à sa palette, mais plutôt travailler et devenir fort sur ces trois ou quatre aspects de son jeu.

Comme pour Wembanyama, il faut mentionner l’absence de deux intérieurs du côté de l’Alba Berlin et le relatif manque de taille de l’effectif de Milan ; on aurait énormément apprécié de voir Kamagaté face à Wembanyama ou Fall par exemple. Face à des raquettes plus petites, Kamagaté a dominé proche de la peinture, finissant en altitude... Assez peu de pur rim-run, mais tout de même un joueur qui a montré de belles qualités de finition. On a aussi apprécié les qualités de passe, les renversements pour les tireurs. Défensivement, il saute encore trop sur les feintes, mais sa taille et sa longueur lui permettent tout de même de dissuader. Il doit encore prendre du poids pour tenir les purs postes 5 (qu’il affrontera si jamais il rejoint la NBA) et évoluer dans son appréhension mentale sur pick-and-roll. A suivre toute l’année en Betclic Elite.

 

Milan Barbitch (Paris Basketball)

Coéquipier de Kamagaté à Paris mais aussi à l’Euro U20 cet été, le guard avait été l’un des tous meilleurs joueurs à Tbilissi. Et le parisien continue d’être tout simplement bon et efficace offensivement quand il voit le terrain. Ses deux matchs du week-end ont encore permis de voir un joueur à l’aise offensivement, capable de passer, dribbler et shooter.

Vrai talent offensif, il a été clé dans le jeu offensif de son équipe, et cela car les autres guards de Paris adorent porter longtemps la balle et shooter (Ryan Boathright, Kyle Allman JR...) : Barbitch a été, selon moi, leur meilleur créateur, changeant de rythme balle en main et étant agressif vers le cercle. Le shotmaking est toujours de qualité, ce qui est nécessaire chez lui du fait de certaines limitations athlétiques et d’un premier pas peu tranchant. Encore un guard de la génération 2001 à suivre en pro cette année !

 

Matthew Strazel (ASVEL)

Backup de la recrue Chris Jones, le meneur français n’a pas énormément joué ce week-end mais a pu quelque peu montrer son arsenal offensif. Même si il a eu tendance à parfois trop dribbler et garder la gonfle, Strazel a mis en avant 2 ou 3 fois de vraies capacités de shotmaking : pull-up à mi-distance après une prise de balle à 45 degré, long 3pt au buzzer... Ciblé par moments par l’attaque adverse, il s’est bien battu, mais face aux cylindrés Euroleague, il pourrait être en difficulté défensivement. On avait adoré son association avec Wembanyama au Mondial U19, on a peu vu les deux ensembles (sauf dans le 1er match, dans lequel les deux sont sortis du banc).

Il y aura une vraie concurrence cette année sur la base arrière à l’ASVEL (Elie Okobo, Chris Jones, Antoine Diot...), mais Strazel devrait avoir des minutes, à la fois en Betclic Elite et en Euroleague.

 

Juhann Begarin (Paris Basketball)

Sélectionné par Boston en 45ème position en Juillet dernier et membre de l’effectif des Celtics à la Summer League, Juhann Begarin jouera avec le Paris Basket en 2021-2022. Stashé donc en France, le guadeloupéen connaitra la première division française avec son club formateur, avec un rôle de premier plan.

Mis dans le 5 de départ dans un backcourt à 3 avec Ryan Boathright & Kyle Allman JR, Begarin devra, je pense, défendre les ailiers adverses. Plutôt à l’aise sur le poste 2 et face aux guards plus petits, cette évolution va être très intéressante à suivre car cette versatilité défensive sera une nécessité en NBA. Défensivement, Begarin a été vraiment intéressant ce week-end, défendant fort sur l’homme et imposant son physique. Offensivement, on a vu de jolis flashs (turn-around jumper à mi-distance, situations de drive-and-kick...), mais les soucis de vision tunnel et de handle étaient encore apparents. Juhann est jeune et à polir, et cette saison à Paris devrait lui permettre de travailler tous ces aspects de son jeu.