Le prospect canadien Shaedon Sharpe est éligible à la draft NBA 2022, ce qui n'était pas certain. Sharpe était la recrue n°1 selon ESPN au niveau de la classe 2022 (ceux qui entrent en NCAA en 2022), son reclassement change énormément de choses dans les mocks drafts et les big boards. Déjà, les analystes cherchent du "film", des vidéos de matchs de Sharpe au lycée, en "Prep School". On vous résume l'affaire : pourquoi candidat, ce qu'on sait de lui, ce qu'on ne sait pas.

 

Pourquoi candidat ?

Très simplement, Sharpe remplit les deux critères nécessaires pour être candidat lorsqu'on est américain. Il faut être dans l'année de ses 19 ans au minimum, ce qui est le cas pour le Canadien, né le 30 mai 2003. Jusqu'ici il était néanmoins privé de draft car ses crédits académiques de high school (le lycée) n'avaient pas été validés. Pour se présenter, il faut avoir obtenu ces crédits avant le début de la saison NBA. C'est le cas pour Sharpe, qui a pu terminer son cursus à Dream City Christian en septembre. Ce mois de janvier, il a rejoint l'université de Kentucky, il est donc possible qu'il joue lors de la fin de saison. Il reste deux critères pour qu'il soit candidat crédible à la draft NBA 2022. D'abord, la volonté de s'inscrire, c'est le plus grand point d'interrogation aujourd'hui, aucun insider n'a annoncé qu'il ira à coup sûr à la draft. Ensuite, figurez-vous que pour être drafté il faut être bon au basket.

Ce qu'on sait de lui

Et Shaedon Sharpe est un bon prospect, très bon même. On le connait depuis un moment à Envergure, il avait joué avec le Canada lors du championnat des Amériques U16, où il s'était illustré en scorant 13 points par match à 68%, avec un ratio AST/TO quasiment à 2 (très rare à cet âge), emmenant le Canada jusqu'en finale avant de tomber face à Team USA. Mais Sharpe s'est révélé à la face du monde lors du "circuit" Nike EYBL, l'été dernier. Il a terminé meilleur scoreur, éclaboussé de son talent et de son shotmaking la compétition.

Sa qualité principale, c'est son jeu aérien. Il ne paraît pas explosif, pourtant Sharpe est annoncé avec une détente de 1m24. D'abord, ça lui permet de finir près du cercle grâceà un hang time impressionnant : parfois il reste en l'air plusieurs dixièmes de secondes de plus que son adversaire, ça fait la différence. Cette détente et un tir en suspension haute lui permet de pouvoir déclencher son tir très facilement en sortie de dribble. Nous n'avons pas de stats précises lors de ses passages en High School, mais sur le circuit EYBL Shape a shooté à 36% de loin, sur 6 tentatives par match (12 matchs). Il a provoqué près de 5 lancers-francs par match, pour seulement 63% de réussite : pas un énorme fréquence ni une belle adresse.

À 1m98 pour 91 kilos, Sharpe a un vrai gabarit de grand arrière scoreur, capable d'aller chercher des paniers difficiles. Dans le même temps, son explosivité ne saute pas aux yeux, notamment sur les drives. Un athlète, un shooteur, un scoreur mais propre (perd très, très peu de ballons), voilà le tableau.

Ce qu'on ne sait pas

On ne sait pas si Sharpe ira à la draft 2022. On ne sait pas non plus s'il jouera avec les Kentucky Wildcats la fin de saison NCAA. On aimerait bien, car il nous reste des choses à évaluer dans son jeu. En premier lieu, peut-il défendre plus grand que sa taille, et des petits/véloces sur les extérieurs ? Ensuite, face à un niveau de compétition plus athlétique, saura-t-il terminer au cercle avec réussite ? Le contexte de Kentucky, où se trouve déjà un autre shotmaker, lui aussi propre, lui aussi pas vraiment dans l'attaque de l'arceau (TyTy Washington Jr), n'aidera une nouvelle fois certainement pas. Néanmoins, en vue de la draft 2022 NBA, l'arrivée de Sharpe chamboule les données établies. S'il convainc les scouts qu'il est un joueur digne d'une première option, ou 1 bis, avec son arsenal de scoring, il aura une carte à jouer, celle de la rareté. Les trois candidats cités au first pick 2022 sont tous des intérieurs sans joueur - à première vue - générationnel et incontournable (pas de Doncic, de AD, de LeBron ici). S'il accroche ce premier "tiers", ce premier peloton de candidat, et qu'une équipe en manque de scoring sur les postes arrières décroche la timbale du premier choix, alors l'artiste Shaedon pourrait s'inviter à la danse des prétendants au first pick. Pour le moment, ESPN le classe 6e, pas loin donc du premier "guard" de cette classe de draft, Jaden Ivey.