Scotché sur le banc de Kentucky depuis le mois de janvier et son arrivée à Lexington, évaluer Shaedon Sharpe oblige à aller creuser pour trouver du film. Sans aucune minute en NCAA, il faut donc se pencher sur ses matchs au lycée, en AAU et avec la sélection canadienne.

Devant ces différents matchs, une question me tourne dans la tête : Shaedon Sharpe aime-t-il le basket ? Car le Canadien renvoie une image d’un joueur qui n’a pas envie d’être là et de jouer. Sur les confrontations vues, le body language n’est absolument pas rassurant. On observe un joueur qui ne fait rien pour se montrer, rien pour avoir le ballon. Assez rare de la part d’un top prospect qui évolue outre-atlantique.

Une envie qui se ressent en défense. Si il a tous les outils pour être, et devenir, un bon défenseur dans le futur, Shaedon Sharpe ne le montre pas régulièrement. On observe un joueur en retard sur chaque attaque de ses vis-à-vis, notamment les plus rapides. Le potentiel défensif est présent, reste à savoir sur qui il pourra défendre. Au lycée/AAU, il avait du mal à s’occuper des extérieurs. Des minutes en NCAA aurait été intéressantes pour en savoir plus.

En attaque, Shaedon Sharpe est dans le corner, loin du ballon. Il laisse son meneur initier l’attaque. Et laisse le jeu venir à lui. Une fois que le ballon atterrit dans ses mains : whoa. Le futur ex-joueur de Kentucky est impressionnant. La première chose qui saute aux yeux : ses capacités athlétiques. Le Canadien est monté sur ressorts ce qui fait de lui un lob catcher/rim runner de première ordre. Notamment car il est très bon dans les coupes vers le panier. D’un pas, même minime, il arrive à se défaire de son vis-à-vis pour un panier facile.

Mais Shaedon Sharpe n’est pas qu’un simple lob catcher. L’arrière, annoncé à 1.98 m avec une envergure de 2.10 m, est aussi porté sur le tir (43% à trois points sur sa dernière année lycée). Du catch-and-shoot, beaucoup, mais Sharpe peut également se créer de l’espace et, par la même occasion, son propre tir. Le Wildcat a déjà le step-back et le pull-up dans son arsenal. Petit hic, sa sélection de tir. Il a parfois tendance à forcer des tirs ou tirer alors qu’il devrait faire la passe.

Derrière, l’attaque du cercle est d’un autre niveau. Doté d’un premier pas moyen, il ne parvient pas encore à s’ouvrir le chemin du cercle, où il termine souvent main droite, sans forcer le passage. Face à des joueurs moins costauds que lui ça passe. À voir au niveau supérieur mais aussi avec un spacing totalement différent. Autre point, le handle. Son dribble reste aujourd’hui moyen et ne facilite pas l’attaque du cercle. Une caractéristique du jeu dans laquelle il est encore plus en difficulté sur phases arrêtées. Cependant, il n’a pas peur d’aller au cercle et au contact.

Un tout qui amène sur le futur et la projection. Dans la NBA d’aujourd’hui, un joueur de son physique sait initier. Que ce soit en premier ou second porteur de balle. Pour Shaedon Sharpe, on ne l’a jamais vu faire ce type de chose. S’il se présente à la Draft, il sera intéressant d’observer ses premières minutes en Summer League pour scruter tous ces aspects. Et notamment le dernier.

Projection : lottery pick.