Nous sommes en plein mois de mars-la-folie, et si nous sommes très occupés à suivre le tournoi final universitaire (March Madness, pour ceux qui n'ont pas suivi), les premières candidatures à la Draft NBA 2022 commencent à tomber. Il est l'heure de dévoiler notre deuxième Big Board 2.0, classement des meilleurs prospects de cette cuvée, selon les membres de l'équipe Envergure. Nous ne prenons pas en compte, pour le moment, qui est candidat, qui ne l'est pas, et surtout les classements sont personnalisés, ce que vous verrez ci-dessous est une moyenne, puisqu'il paraît qu'on est plus intelligent à plusieurs, des Boards de cinq membres de l'équipe (Manu, Alan, Ben, Hugues, Alex). Comme d'habitude on vous donne d'abord le classement, avec pour chaque partie de tableau (le top, la lottery, la fin du 1st round, le 2nd round) les grandes interrogations en cours. Dans les courtes descriptions on vous notera les qualités du joueur, son profil rapide. Pour des fiches avec plus de détails il vous faudra simplement cliquer sur son nom (qualités, défauts, stats, mensurations, photo).
 

Les classements personnels sont ici

Pour voir l'évolution, le Big Board °1 ici

Et pour rechercher n'importe quel prospect, tapez son nom ici

DISCLAIMER PRÉVENTIF : nous allons nous tromper parfois, parfois non, mais toujours de bonne foi, en ayant réuni le plus d'infos possibles

 

LE TOP, LA CRÈME DE LA CRÈME

 

1 - Chet Holmgren - Mai 2002 - Gonzaga

Poste 4/5, extraordinaire protecteur de cercle, technique ++ au périmètre pour sa taille (shoot, dribble, passe).

2 - Paolo Banchero - Novembre 2002 - Duke

Grand ailier puissant mais avec des appuis légers, un playmaking en progression, une capacité à créer pour soi et pour les autres depuis le périmètre ou à l'intérieur.

3 - Jabari Smith Jr - Mai 2003 - Auburn

La taille d'un pivot, le délié et le tir d'un ailier shooteur, peut switcher en défense, très jeune.

4 - Jaden Ivey - Février 2022 - Purdue

Vitesse TGV à l'arrière, explosivité + progrès énormes au tir + profil physique avantageux en défense.

5 - Adrian Griffin Jr - Août 2003 - Duke

Corps de demi-Dieu, excellent shooteur, défend plusieurs positions, créateur en High School, potentiel +++

NON Classé - Shaedon Sharpe - Mai 2003 - Kentucky (ne joue pas)

Explosivité extraordinaire, mais surtout grande maîtrise du pull-up jumper, de loin, très loin, après drive main droite ou gauche. Meilleur joueur de la classe High School 2022 avant reclassement pour la Draft. Candidature en suspens.

 

Est-ce que Jaden Ivey est un top 3 ? Est-ce qu'Adrian Griffin redeviendra le monstre qu'il était au lycée ? Est-ce que Shaedon Sharpe est un arrière capable de porter une attaque NBA ? Voilà trois questions brûlantes qui se posent pour ce haut du panier et elles vont hanter les équipes qui ont sorti le Char Leclerc pour aller tanker (Portland, Indiana, Sacramento, OKC, Detroit, Orlando, Houston). Jaden Ivey vient de sortir un match extraordinaire à la March Madness, plantant deux trois points distance NBA pour tuer le match serré qui opposait son équipe à Texas. Un tir en catch and shoot, l'autre en sortie de dribble. Le tir, c'était sa faiblesse théorique avant le début de saison, lui qui n'avait shooté qu'à 26% à trois points sur 5 tentatives lors de sa saison freshman. La progression est réelle, que ce soit sur la forme ou le résultat (36% cette année), tout est plus propre. Une de mes philosophies personnelles, c'est que tant qu'un joueur progresse de manière visible, il est loin d'avoir atteint son plafond. Avec le ballon dans les mains d'Ivey, sa vitesse, les espaces que procurent la NBA, il est difficile de ne pas le voir décisif, au moins en saison régulière. Quand le temps des playoffs arrive, porter la balle est une autre paire de manches. Jauger Ivey, c'est aussi jauger Holmgren, Banchero, Smith Jr. Lesquels seront les plus incisifs dès leurs débuts pour avoir des responsabilités, pour porter le ballon, créer des décalages, faire monter le plafond de l'équipe ? En clair : qui vaut un top 4 ? Ivey a l'avantage d'avoir son profil tracé aisément : donnez-lui la balle, un bon poseur d'écran, des shooteurs. Pour ceux qui drafteront les trois "grands" il faudra faire preuve d'imagination, à l'image des systèmes des Cavs cette année pour mettre en valeur Mobley. Parfois, les front offices préfèrent miser sur la valeur sûre.

Adrian Griffin Jr était monstrueux au lycée, et ce n'est pas une exagération ou une figure de style. Il portait le ballon, il posait des écrans, il finissait dans le dunkeur spot, il shootait de loin, drivait au cercle pour lui, décalait ses coéquipiers... Adrian Griffin Jr s'est blessé, il est revenu pour cette saison en NCAA, où il est indiscutablement un des meilleurs freshman du pays (d'autant qu'il est un des plus jeunes). Pourtant, il ne créé plus (7,2% AST), le ballon est dans les mains de Banchero, de Keels. Est-ce que c'est parce qu'il a mis plus de temps à s'adapter au système, ou bien plus simplement parce qu'il créé moins bien que ses coéquipiers ? Si oui, cela signifie qu'il a perdu de l'explosivité, donc de la menace à la création, même s'il sait toujours driver, en puissance. Les chiffres sont là : moins de deux tirs tentés "au cercle" par match, 16% de taux de lancers-francs (très très faible), et deux dunks ratés sur ses 10 tentés. L'impression visuelle confirme ces statistiques : il semble avoir perdu, un peu de sa domination physique. Est-ce qu'un excellent shooteur (46% de loin sur 5 tentatives/match) très bon défenseur se drafte dans un top 5 ? 

À quel point Shaedon Sharpe a-t-il perdu de temps ? Il ne joue plus depuis novembre, date des arrêts de compétition pour lui dans sa prep school, en Arizona, où il survolait (parfois au sens propre) la concurrence. Tir de loin, drive au près, dunks tête au cercle, handle serré : Sharpe avait, en apparence, tous les outils. Mais il a changé son éligibilité, ayant obtenu des crédits au lycée, et s'est engagé en cours de saison à Kentucky. Du coup, il n'a pas joué, du tout, en compétition officielle, depuis le dernier trimestre de 2021. Quand on a 18 ans, c'est long, on perd du temps, surtout celui de se frotter à une concurrence rude en NCAA. A-t-il profité de cette absence pour ne pas exposer ses faiblesses (playmaking face à des défenses serrées, implication défensive), ou va-t-il pâtir de son manque d'exposition et chuter dans les Boards des GMs NBA ? Même à Envergure, il divise, certains se sont pour l'instant refusés à le classer, car il n'est pas encore officiellement candidat. On serait tenté de parier qu'il le sera, étant projeté dans les tops 10 de la mock bien informée d'ESPN : risquera-t-il un retour à l'école, et la blessure, et donc une potentielle chute à la Draft, et donc un contrat rookie (et des contrats marketing) moins juteux ? J'en doute. C'est un exercice périlleux que de scouter un joueur sur une paire de matchs face à une opposition moyenne (pour être gentil). L'équipe qui draftera Sharpe, s'il est candidat, aura soit très bien fait ses devoirs, soit aura pris un risque basé sur le processus pré-draft où, à n'en pas douter, le Canadien a tout pour faire tomber amoureux la moitié des Amériques.

 

LA LOTTERY, JUSTE LA CRÈME DU COUP

 

6 - Jalen Duren - Novembre 2003 - Memphis

Grand pivot aux mensurations incroyables, énorme physique près du cercle des deux côtés du terrain. Progression sur la technique.

7 - Jeremy Sochan - Mai 2003 - Baylor

Ailier qui sait tout faire, switch 1 à 5 en NCAA, peut driver, passer, shooter, gros QI.

8 - Tyty Washington - Novembre 2001 - Kentucky

Arrière léthal au tir, fin, connaisseur du pick'n roll mais utilisé dans un autre rôle cette saison.

9 - Jonathan Davis - Février 2002 - Wisconsin

Arrière/ailier, bon en tout, solide défenseur, créateur pour lui et un peu pour les autres, un peu explosif et surtout puissant. Bon aussi sans le ballon.

10 - Jaden Hardy - Juillet 2002 - G-League Ignite

Arrière score first, gros handle, contrôle du corps, bucket getter.

11 - Kennedy Chandler - Septembre 2002 - Tennessee

Meneur de jeu très explosif, bon passeur, fort défenseur, gros progrès aux tirs.

12 - Bennedict Mathurin - Juin 2002 - Arizona

Arrière scoreur, très bon shooteur, athlétique et combattant, forts progrès à la passe.

13 - Kendall Brown - Mai 2003 - Baylor

Grand ailier qui sait tout faire, potentiel athlétique ++, fort défenseur.

14 - Keegan Murray - Août 2000 - Iowa

Intérieur polyvalent offensivement et défensivement, NBA ready.

15 - Tari Eason - Mai 2001 - LSU

Ailier au physique dominant, défenseur ++ sur au moins trois positions, peut slasher et commence à shooter.

16 - Harrison Ingram - Novembre 2002 - Stanford

Ailier longiligne, intelligent en tout, fait vivre la balle, shoot, dribble, passe et défend correctement. Compense l'explosivité par le timing.

17 - Trevor Keels - Août 2003 - Duke

Arrière bâti comme une armoire avec de longs bras. Puissant, outils incroyables pour défendre, combatif, joueur d'équipe.

18 - Ochai Agbaji - Avril 2000 - Kansas

Arrière-ailier prêt à intégrer une rotation NBA dès le premier jour : gros défenseur, shooteur en progrès constant, puissant, peut slasher, jouer sans ballon.

 

Ça fait beaucoup là ? Treize joueurs dans "le groupe d'après", ceux qui ne sont pas des stars mais qui sont - selon nous - quasiment certains d'entendre leur nom appelé au premier tour au mois de juin. Les questions : y aura-t-il une exception Kennedy Chandler ? Jalen Duren est-il surcoté ou sous-coté ? Mais surtout : qui est le All-Star Imprévu du lot ? C'est une règle quasiment immuable quand on regarde les drafts rétrospectivement, sept ou huit ans plus tard, on remarque un joueur All-Star (ou All-NBA, selon vos critères) qui a pourtant été drafté après le top 6-7 et ne faisait pas partie des "valeurs sûres" de sa cuvée. En 2010, Paul George (10e), en 2011, Klay (11), Kawhi (15), Vooch (16), Jimmy (30). En 2012 on doit aller chercher plus loin les deux exceptions, Draymond (35) et Middleton (39). En 2013, Giannis (15), l'année d'après Zach Lavine (13), celle ensuite Devin Booker (13), en 2016 Sabonis (11), Siakam (27) et Dejounte Murray (29). Aucun vrai point commun entre ces profils, mais beaucoup de freaks physiques, que ce soit en puissance ou en explosivité, des (d'abord) spécialistes comme Thompson et Booker. La version 2022 qui nous intéresse manque de vrais spécialistes au tir, mais ne manque pas d'athlètes : Ben Mathurin, Tari Eason et Kendall Brown sont les plus impressionnants dans le domaine aérien, Trevor Keels au niveau de la puissance au sol. Bien évidemment, il sera difficile de déterminer lequel percera, ou non, car il est impossible de prévoir aujourd'hui le contexte dans lequel vont se retrouver tout ces prospects. C'est pourquoi il est intéressant de réaliser des Big Boards spécifiques aux équipes. Si je suis Washington et que j'ai le choix 11, je n'ai aucun talent transcendental dans mon effectif, à part Bradley Beal. J'ai donc de la place, théoriquement, pour un joueur qui va porter le ballon, quitte à prendre des risques (Kennedy Chandler, Jaden Hardy). J'ai aussi, dans mon effectif, énormément de concurrence à l'aile, dont des joueurs encore en progression que j'espère voir atteindre un statut de titulaire indiscutable dans la ligue (Avdija, Hachimura), il me coûte donc de leur enlever du temps de jeu au profit d'un profil similaire (Agbaji, Davis, Brown). Choisissez qui vous voulez, mais surtout demandez au GM d'intégrer le joueur aux plans de la franchise. Ou alors draftez du NBA ready. La zone 8-20 de la Draft, pour reprendre les mots de l'immortel Kenny Loggins dans la BO de Top Gun

Highway to the Danger Zone
Ride into the Danger Zone

 

Kennedy Chandler est-il une de ces sélections dangereuses ? Oui, très clairement. Avec sa petite taille, il ne serait pas étonnant de le voir dégringoler le soir de la Draft, car il n'est pour l'instant ni un shooteur d'élite, ni Chris Paul (qui l'est, en même temps ?). Moi même, j'essaie régulièrement de me tenir à une règle - qui comme toute règle atteint un certain degré de bêtise lorsqu'elle est appliquée avec absolutisme - spécifiant de ne jamais drafter, ô grand jamais, un joueur de moins d'un mètre 90. C'est tout simplement trop risqué, et même si ça fonctionne en saison régulière, les playoffs sont une autre paire de manche. Pourtant, contrairement aux autres joueurs de sa taille, Chandler défend très bien, et va au cercle (cinq fois par match, presque 60% de réussite). L'immense drapeau rouge c'est sa réussite aux lancers-francs (60%, aïe) par rapport à celle à trois points (38%), mais on est loin d'une mécanique à la Lonzo Ball, et les études statistiques récentes ont démontré que le pourcentage à trois points était un indicateur en général plus fiable que celui aux lancers-francs pour tenter de prévoir l'adresse NBA d'un joueur en se basant sur ses stats NCAA. Encore une fois, on devra se poser la question : pourquoi drafter KC ? Est-il un porteur de ballon principal dans une très bonne équipe ? Si c'est le cas, il n'y a aucune raison de ne pas le drafter lottery. Si c'est pour lui faire réaliser du spot up en attendant l'offrande, préférez quelqu'un d'autre.

En parlant de contexte : Jalen Duren. Certains, dans l'équipe d'Envergure, sont fans, vraiment, pensent que le monstre saura à terme passer/poser un dribble/peut-être shooter à mi-distance ? En clair, il serait, potentiellement, l'équivalent d'un DeAndre Ayton offensif, tout en apportant beaucoup (beaucoup) plus de garanties défensives très tôt dans sa carrière. Des garanties défensives et physiques qui font que même les moins adeptes de "drafter un pivot en lottery" le sélectionnent 10e, c'est vous dire s'il est cool. Mais il lui faudra du temps, de la patience, une équipe qui monte en puissance, un peu plus de touches offensives chaque année, pour polir ce qui, si ce n'est pas un diamant, a l'allure d'une pière a minima semi-précieuse. Jalen Duren est un peu au-dessus des autres candidats de ce tiers potentiellement, mais il est aussi un peu en-dessous, en termes de valeur pour sa future équipe, si on ne l'utilise qu'à faire du rim-run. C'est aussi à l'équipe qui drafte de donner de la valeur au joueur drafté, et c'est pour cette raison qu'un site comme Envergure a la vocation d'informer, de regarder des matchs, de faire des pronostics, mais de ne jamais préjuger du succès ou non d'un joueur. Une humilité que nous essayons de garder - pas facile quand on a la passion - mais que d'autres ont décidé d'abandonner. Ce qu'on peut évaluer, c'est l'éventail des possibles concernant Jalen Duren, ce n'est pas la certitude du futur.

 

La fin du premier tour et début de second, la fin de la crème (le petit lait ?)

 

19 - Blake Wesley - Mars 2003 - Notre Dame

Arrière long, rapide, athlétique : potentiel scoreur sur trois niveaux, déjà excellent à mi-distance.

20 - Walker Kessler - Juillet 2001 - Auburn

Pivot costaud mais mobile, meilleur protecteur de cercle depuis dix ans en NCAA, commence à shooter, intelligence +.

21 - Patrick Baldwin Jr - Novembre 2002 - Milwaukee-Wisconsin

Grand ailier fort excellent shooteur et gros QI, référencé de longue date.

22 - Caleb Houstan - Janvier 2003 - Michigan

Ailier fort shooteur, on l'a vu slasher en compétition FIBA, a pâti de son année universitaire mais potentiel avec corps + skills.

23 - Dereon Seabron - Mai 2000 - NC State

Ailier ballhandler excellent slasher, fort potentiel physique, quelques progrès aux tirs, défend plusieurs positions.

24 - Moussa Diabate - Janvier 2002 - Michigan

Pas certain qu'il se présente, mais un potentiel à switcher partout, une énorme énergie offensive, des flashs au drive en face up intéressants.

25 - Wendell Moore - Septembre 2001 - Duke

Trois ans de NCAA, très jeune pour sa classe, a appris la patience balle en main, progresse au tir, intelligent en défense, un corps modèle de l'ailier NBA.

26 - Jabari Walker - Juillet 2002 - Colorado

Corps de mastodonte à l'aile, mais qui sait bouger, à un shoot régulier près d'avoir sa place assurée dans une rotation NBA, malgré le fait qu'il n'ait pas encore 20 ans.

27 - MarJon Beauchamp - Octobre 2000 - G-League Ignite

Energizer à l'aile, défenseur polyvalent, peut jouer sans ballon, shoot en progrès.

28 - Bryce McGowens - Novembre 2002 - Nebraska

Arrière/ailier capable de porter le ballon et de créer pour lui même. Bon loin du ballon en défense, potentiel ++ sur le ballon.

29 - Josh Minott - Janvier 2002 - Memphis

Pogo stick à l'intérieur, projette bien en énergizer / protecteur de cercle, qualités athlétiques NBA ready, reste à polir.

30 - Jean Montero - Juillet 2003 - Overtime Elite

Meneur extrêmement vif, parfois adroit, créé des décalages, bon passeur, lit les lignes de passe aussi en défense.

31 - Dyson Daniels - Mars 2003 - G-League Ignite

Arrière au corps d'ailier, défenseur + sur plusieurs positions, connecteur en attaque, fluidifie le jeu.

32 - Malaki Branham - Mai 2003 - Ohio State

Grand arrière capable de se créer son tir et de scorer à volonté, passing en progrès, outils pour défendre.

33 - Nikola Jovic - Juin 2003 - KK Mega (Ligue Adriatique)

Ailier-fort excellent au tir, peut poser la balle au sol, peut même porter le ballon parfois sur pick-n-roll.

34 - Mark Williams - Décembre 2001 - Duke

ENCORE Duke ? Pivot à l'envergure démentielle il touche l'anneau sur la pointe des pieds. Énorme protecteur de cercle, adroit aux lancers, cérébral.

35 - Caleb Love - Septembre 2001 - North Carolina

Arrière surtout shooteur d'un côté du terrain et potentiel bon défenseur de l'autre, grand pour son poste.

36 - Christian Koloko - Juin 2000 - Arizona

Pivot très efficace près du cercle des deux côtés du terrain en progrès aux tirs et à la passe.

37 - Johnny Juzang - Mars 2001 - UCLA

Shot maker léthal à mi-distance, profil physique d'un ailier pouvant défendre une ou deux positions. Gagneur.

38 - Max Christie - Février 2003 - Michigan State

Superbe arrière/ailier shooteur, grand et long pour le poste 2, pas besoin du ballon pour scorer.

 

Chaque année également, la Draft révèle un bon lot de surprises dans le range 20-40, mais aussi des busts. Les questions qui se posent ici sont les suivantes : est-ce que le concept de pré-draft fonctionne, et si oui avec quels profils ? Comment évaluer les prospects de la G-League et de l'Overtime Elite ? Est-ce que les internationaux sont sous côtés par nos soins dans ce classement ?

La grande interrogation serait donc de pré-drafter et de son efficacité. Déjà, c'est quoi, pré-drafter ? L'exemple le plus parlant ayant du succès actuellement en NBA, c'est Anferenee Simons. Drafté en 24e position de la draft alors qu'il n'avait jamais mis les pieds sur un terrain de NCAA, Portland l'a sélectionné pour son potentiel et a décidé de le développer. Sept minutes par match lors de son année rookie, puis 20 à peine lors des deux années suivantes, il a fait son temps en G-League, il connait bien la sensation des fesses posées sur le banc pendant de longues minutes. Cette année, il explose, la pré-draft des Blazers semble porter ses fruits. La tactique est également utilisée par les Spurs, qui ont par exemple drafté Josh Primo, mais qui ont aussi laissé mûrir Lonnie Walker, pas prêt aux joutes NBA dès sa première année. D'autres projets similaires ont moins réussi : Zhaire Smith, Troy Brown Jr, Alexander-Walker, Bitadze, Didi Louzada, Alen Smailagíc, Justin Patton. On peut déjà penser à deux règles. 1/ Le joueur doit avoir des minutes en NBA rapidement. La GL c'est très bien, mais pour pouvoir s'habituer à être performant en NBA, rien de tel que... la NBA. Ce sera ici une question d'opportunités, on a l'exemple de Nassir Little cette saison, celui de Bazley à OKC. 2/ Le stash aux USA fonctionne mieux qu'à l'étranger. Les années à l'étranger avec des responsabilités dans une top team d'Euroleague, comme Rokas Jokubaitis (drafté par les Knicks), sont très rares. Pour Louzada, c'était la NBL, pour d'autres c'était des clubs européens inférieurs : la proximité de l'équipe de G-League et le niveau sans cesse plus élevé en font des environnements de développement chaque année plus viables. Dans une interview sur BeBasket, le français Petr Cornelie témoignait récemment de cette qualité. Néanmoins, il faut pour que cela fonctionne que le talent préalable du joueur soit au niveau de la NBA. Quand on dit talent, on parle souvent d'UN talent. Anfernee Simons crée de l'espace. Nassir Little défend plusieurs positions, Lonnie Walker aussi, Cody Martin est un connecteur (dribble, tir, passe, QI, défense), etc... On voit se dessiner un chemin pour ceux qui ont un physique NBA et pas encore des skills, rarement l'inverse. Du #19 au #38, on trouve de nombreux joueurs pas encore tout à fait prêts, débutants en NCAA cette année : Blake Wesley, Caleb Houstan, Dereon Seabron, Moussa Diabate, Bryce McGowens, Josh Minott, Malaki Branham, Max Christie. Tous ont des outils pour la NBA, que ce soit le slash (Seabron, McGowens aux ailes, Wesley, Branham à l'arrière), la défense (Minott, Diabate, tous les autres par séquences), le tir (Houstan, Christie). Aux GM tentés incombera la responsabilité d'évaluer justement la valeur de ces skillsets à moyen terme, afin d'en tirer les bénéfices à long terme. Aux joueurs incombe la responsabilité du choix : doivent-ils se présenter et ne pas intégrer la lottery, ou revenir et tenter d'être le Jaden Ivey, le Jonathan Davis, le Keegan Murray (tous les trois projetés top 10 par ESPN) de cette cuvée ? La cuvée 2023 s'annonce plus relevée, voilà qui jouera certainement dans les choix des uns et des autres : McGowens a par exemple déjà annoncé sa candidature. Toujours est-il que ce sont ces joueurs que les membres d'Envergure ont bien du mal à classer sur leurs boards. De leur contexte en tant que drafté dépendra tant leur succès, que certains vont drafter Seabron top 10 et d'autres même pas top 30. Il est encore difficile, sans toutes les candidatures, de faire jouer un élément important dans une draft, la rareté du profil. Bref, ces joueurs là sont classés par la moyenne mais pourraient apparaître, dans notre prochaine édition, bien plus haut ou bien plus bas, sans que nous n'ayons changé d'avis sur eux sur le fond.

D'autres joueurs ont l'air de pré-draft, ce sont Dyson Daniels et Jean Montero. Tous les deux à l'arrière, avec des profils différents, ils ont évolué loin des parquets NCAA cette saison. Dyson Daniels était en G-League, avec l'équipe Ignite. Comme MarJon Beauchamp, plus vieux et plus productif donc qui ne fait pas partie des "pré-draftables" (toujours plus de mots inventés), il a montré de vraies capacités en défense, sur plusieurs positions, mais aussi une réelle incapacité à maîtriser le tempo, le rôle du meneur de jeu en attaque. Il faisait face à des joueurs athlétiquement supérieurs à tout ce qu'on peut trouver à l'international ou en NCAA, des arrières de G-League tentant de faire leur trou pour percer en NBA. Jean Montero, de son côté, affrontait des gamins, il était un des joueurs les plus vieux à évoluer en Overtime Elite, nouvelle ligue où les talents de 16 à 18 ans sont rémunérés, pour s'affronter les uns les autres (ainsi que quelques matchs face à des prep schools, généralement trop faibles pour donner du fil à retordre) au sein de trois équipes tout au long de l'année (ligue expliquée et effectif ICI). Montero termine meilleur scoreur (en stats avancées/possessions et en stats/minute), meilleur intercepteur (5,7%), meilleur passeur ex-aecquo (24% AST, mais 14% TO contre 18% à Bryce Griggs, co-meilleur passeur). Il a dominé mais n'a pas réussi à mener son équipe à la victoire face aux formations des jumeaux Thompson (Amen et Ausar), tous les deux attendus top 8 à la Draft 2023. Comment évaluer, alors, la performance de Montero et celle de Daniels ? Pour le second, on peut arguer qu'il jouait face à des pros, mais dans un contexte où la victoire importe peu : son temps de jeu variait peu selon ses performances. Même chose pour Montero, pour sa première année en Overtime Elite - une ligue qui a besoin de voir ses talents draftés pour être validée par le milieu professionnel américain - on peut se poser la question de l'environnement : était-il réellement concurrentiel, par conséquent a-t-il progressé ? C'est encore une fois la raison pour laquelle l'évaluation de ces prospects est difficile : Montero est 22e chez moi, 42e chez Manu, hors top 40 chez Hugues. Dyson Daniels 19e chez Alan, 42e chez Ben, hors top 40 chez Hugues. Un premier pas face à un défenseur de 17 ans concentré sur sa production offensive aura l'air beaucoup plus vif que face à un pro ayant déjà anticipé et jouant dans une équipe professionnelle en Europe. On tente alors d'évaluer les intangibles, ce qui ne bougera pas. La question, comme déjà dit plus haut, est la suivante : quelle est ta carte de visite pour la NBA, que vas-tu apporter à mon équipe. Se concentrer sur ce que le prospect peut faire d'excellement bien, la valeur de cette compétence, plutôt que de se concentrer sur ce qu'il ne sait pas faire. J'ai Montero 22e, et il va peut-être encore monter, car il créé de l'espace à volonté ou presque. MAIS son gabarit est limité, sa progression ces dernières années incertaine. Dyson Daniels est classé dans le top 10 chez certains analystes out of the box pour sa capacité à pouvoir être utile, tout le temps, par sa défense, son gabarit, sa capacité de connecteur, sa polyvalence (passe un peu, progrès au tir, peut poster les petits, défend plusieurs positions théoriquement). Ici entre en jeu la philosophie de Draft : quelle capacité je valorise le plus ? Vers le haut du panier, on parle de création, on drafte pour mettre le ballon entre les mains du joueur, mais après ? Protection de cercle ? Intelligence collective ? Mental et physique ?

Et puis il y a l'échantillon. Montero n'a pas joué tant de matchs que ça cette saison, Daniels un peu moins. Les potentiels candidats en Europe, davatange, malgré la pandémie. Mais nous ne sommes qu'en mars et la majorité d'entre nous n'a probablement pas assez regardé les prospects venus du Vieux Continent, ou ceux évoluant en NBL. On parlera des Français plus bas, mais on peut affirmer avec quasi-certitude que quelques prospects internationaux sont sans doute sous côté dans ce classement. Oui, ce n'est pas une grande classe internationale, loin s'en faut. Nikola Jovic est un des plus jeunes candidats potentiels, il shoote à 9 mètres sans efforts, peut driver, mesure 2m08, et n'est que 34e ? Allons ! Il faut avouer qu'Hugues a l'honnêteté de ne pas classer les joueurs qu'il n'a pas assez vu, ce qui les pénalise dans le Board. Mais Manu et Ben ont eux, vu l'animal, ce qui ne les empêche pas de l'exclure du premier tour. Pas assez athlétique ? C'est la grande question pour Jovic, pourra-t-il défendre ou sera-t-il puni, comme l'était un Mirotic en fin de carrière NBA ? Un autre prospect, plus athlétique, a moins de hype pour le moment car moins connu de longue date que Jovic. Gabriele Procida aura 20 ans cette année mais n'est classé par aucun d'entre nous : ça pourrait changer, tant il a les outils pour être un joueur loin du ballon adroit et athlétique. Furkan Korkmaz a du temps de jeu en NBA, pourquoi pas Gabriele ? Dans son scouting report Niko parle peut-être d'un manque de "mentalité de dog" pour passer le cap' : avoir faim de NBA est nécessaire pour aller en NBA, sinon pourquoi ne pas rester chez soi et mieux manger ? Nous comprenons tous Gabi, ô Gabi. Cela met en lumière la partie la plus mésestimée et difficile à estimer du scouting : la mentalité, l'attitude, l'entourage. C'est le travail du scout, tout le monde peut regarder du film, mais savoir à qui on a affaire, c'est important. Avant sa Draft, certains on-dit soulignaient le risque de sélectionner Sekou Doumbouya pour ces raisons précises : les Pistons ne peuvent pas affirmer qu'ils n'étaient pas prévenus.

 

Et les Français de l'international ?

 

43 - Ousmane Dieng - Mai 2003 - NZ Breakers (NBL)

Ailier longiligne, excellent passeur, potentiel de slasheur et de shooteur, skills avancés pour sa taille.

44 - Ismaël Kamagate - Janvier 2001 - Paris Basketball (Betclic Elite)

Pivot très bon protecteur de cercle et bon finisseur : progrès sur la technique offensive (face up, passe) et la lucidité défensive.

57 - Hugo Besson - Avril 2001 - NZ Breakers (NBL)

Arrière hyper fin techniquement, toucher excellent, pedigree de pro, attitude ++, meilleur passeur que ses chiffres l'indiquent.

96 - Malcolm Cazalon - Août 2001 - KK Mega (Adriatic League)

Fort potentiel de 3&D s'il trouve une régularité, en attaque comme en défense. Physiquement, un prospect NBA.

 

"Je vous aime, mais vous ne pouvez pas ne pas lui trouver de place dans votre top 60, il a step up". Signé un membre de l'équipe qui n'a pas encore vu assez de NCAA pour faire un top 30, mais qui s'est cogné un paquet de matchs de NBL. Ce membre mystère parle d'Ousmane Dieng. Avant la saison, le coach du Paris Basket, JC Prat, nous avait prévenu qu'Ousmane était "un projet sur deux ans" : son corps n'était pas prêt, de nombreux aspects de son jeu non plus. Il n'a pas fallu longtemps pour le constater on tape. Dieng n'aidait en rien son équipe sur le début de saison, il était même un boulet puisque sans adresse, sans domination physique (trop fin) et privé de son seul apport potentiel (créer pour les autres sur pick-n-roll). Mais depuis quelques matchs, ça va mieux, il progresse. Vu le potentiel, il pourra faire partie des "pré-draftés" s'il se présente cette année. À sa taille et ses skills, avec de l'épaisseur et des certitudes sur la progression, Ousmane Dieng peut partir top 20. Ce n'est pas le cas, à notre avis, d'Ismaël Kamagaté. Oui, il fait une très bonne saison et nous enthousiame, mais a-t-il intrinsèquement quelque chose de plus que les Koloko, Mark Williams, Walker Kessler ? Il a montré des progrès mais pour le moment, selon nous, il n'est pas au-dessus de ces joueurs, il est même parfois en-dessous, car plus âgé, moins porté vers l'extérieur. Mais, là aussi, il va peut-être monter à la faveur de la fin du championnat, Ismaël fait en tout cas partie de ce groupe de protecteurs de cercle, malheureusement pour lui ils sont nombreux dans cette cuvée, alors que c'est un profil pas forcément difficile à trouver en NBA, et parmi les moins valuable sur un terrain, tant les ailiers modernes protègent eux aussi l'anneau. Enfin, Hugo Besson n'a rien d'un athlète NBA, même s'il progresse, travaille, gagne en explosivité, en nuances de changements de rythme pour se créer son tir, ou même des angles de passe. Maintenant, il a du mal à trouver une efficacité offensive (39% aux tirs dont 33% à trois points) dans une ligue bien inférieure au niveau NBA, où Ben, auteur de son scouting report, le projette plus sur un rôle de meneur back-up que sur celui d'un scoreur. Hugo Besson est assez intelligent et bosseur pour y arriver, mais cela vaut-il le coup ? Gâcher une potentielle belle carrière en Europe pour des bouts de minute de banc en NBA serait peut-être regrettable. Malcolm Cazalon, lui, progresse encore, un peu, mais pas assez pour attirer notre oeil, ni celui des scouts NBA. Il doit encore franchir le pas de la régularité dans la domination de son adversaire directe, surtout dans celle de ses choix et de sa maturité de jeu, chose qu'on attend d'un joueur de son âge quand on le drafte. Mais son potentiel reste celui d'un joueur NBA.