Non drafté avant le début de la saison, en début de 2nd tour après 2 semaines de compétition, approchait de la lottery chez certains après un peu plus d’un mois, Jonathan Davis fait maintenant l’unanimité (6ème - Consensus Board) et concourt pour un potentiel titre de NPoY. L’explosion soudaine et inattendue du sophomore est rare. Un ovni ou l’objet d’une draft faible en profondeur ? Les deux ?

Après les jumeaux Murray, on part dans le Wisconsin pour retrouver les jumeaux Davis. Autant l’écart de niveau entre Keegan et Kris est largement perceptible mais le 2nd mérite considération, autant celui entre les frères Davis est abyssal. Après une saison freshman pleine de promesses (24.3 minutes de moyenne sur la saison et une élimination des Badgers au 2nd tour de la March Madness contre le futur champion) et un été studieux à aller chercher (difficilement) l’or mondial U19 contre la France avec les HolmgrenIvey et autres, Davis est revenu sur le campus de Madison dans une autre sphère. Passé d’un des rosters les plus expérimentés de toute la NCAA et rompu aux joutes de la BigTen à un des plus inexpérimentés de l’air Greg Gard (et encore merci au retour de l’arrière Brad Davison), Johnny Davis était attendu et a délivré. Aspect souvent sous-estimé de son profil, Davis est présent (voire se sublime) dans les gros matches et est le leader des Badgers - L’équipe autour de lui n’est vraiment pas exceptionnelle, on n’attendait rien ou pas grand chose des Badgers cette saison et pourtant les voilà dans le Top25 aujourd’hui.

Avant de détailler le profil offensif de Davis, il me semble important de rappeler que Greg Gard utilise la Swing offense. Une des plus lentes attaques du pays avec beaucoup de demi-terrains et un objectif clair : créer un maximum de match-ups favorables au post and de tirs ouverts derrière l’arc en utilisant à outrance tout type d’écran (UCLA, down, flex et fade + cut). Pour faire court, Johnny Davis a sûrement un des profils les plus complets attendus lors de la prochaine Draft. Athlète solide (196cm pour 92kg), mobile et long (208cm d'envergure), sans être dans le gratin de la NCAA. Profil très mature en attaque, Davis possède la fameuse triple menace : capacité à scorer à 3pts à haut volume, très fort sur le mid-range et athlétique au cercle (cf notamment son dunk sur TJD). Son handle et la qualité de son dribble lui permettent non seulement d’accéder au cercle (et d'y provoquer de nombreuses fautes - 37.6%FTR – 6.2FTA/game) mais également d’être efficace en situation de P&R ball handler. Très à l’aise sur High P&R (1.104PPP - 84th percentile), Davis ne force pas les choses, sait comment et quand jouer les P&R et trouver/créer des situations offensives favorables pour lui-même et/ou ses coéquipiers. Il serait intéressant de pouvoir l'observer encore davantage face à ce type de situation (26.9% de ses possesions offensives jouées). Johnny Davis a tout du playmaker solide : visuellement d'abord et statistiquement après : meilleur assist rate de son équipe (16,3%), avec un faible TOV% (11,6%) et malgré un haut taux d'usage (31.5% - 8ème parmi les joueurs de High Major). Peut-être plus proche de sa projection dans un futur rôle NBA, son comportement et sa vision off-the-ball sont excellents (utilisé de la sorte lors de la WC U19 cet été) : démarquage, pose d’écran, cut (notamment les cut vers le cercle), très à l'aise en spot-up, propose constamment des solutions, etc. On peut avoir en mémoire une action de début de match contre Houston où on le voit se décaler juste ce qu’il faut dans le corner après une prise à 2 agressive des Cougars sur Wahl qui le sert et... ficelle.

Malgré toutes ses qualités offensives, l’aspect de son profil qui m’intrigue le plus (en vue d'un rôle en NBA) reste sa défense. Il reste aujourd’hui un des seuls top prospects à porter à ce point l’attaque d’une High Major tout en étant son leader défensif. Excellent off-ball et gros potentiel on-ball, Davis se charge très souvent du meilleur joueur adverse. Long, mobile, physique (travail à faire sur le haut du corps), fait toujours l’effort supplémentaire, conteste ++, close out et est très présent au rebond. Un profil aisément projetable dans la Grande Ligue. On se rappelle de son face-to-face de fin de match avec Michael Devoe (un des meilleurs attaquants de la NCAA), 2 points d’écart avec deux minutes à jouer, Devoe drive au cercle et se fait contrer par Davis.

Triple menace, excellent toucher au cercle, playmaking plus que correct, excelle sur les situations off-ball (O&D) et a toutes les qualités pour être un excellent défenseur on-ball. Que demander de plus dans une Draft aussi peu profonde ?

Il a les stats (au moins offensivement) et le visuel. Tier 1, 2 ou 3 de cette Draft ? Meilleur guard de la classe ‘22 avec Jaden Ivey ? Certains le pensent.

Projection : Lottery