Harrison Claiborne Ingram est un ailier freshman étasunien de 2m01 pour 104kg évoluant pour l’Université de Stanford. Lors de sa dernière année de High School (au Texas), hachée par l’épidémie de COVID-19, il affiche des stats solides de 22 points, 13 rebonds et 8.4 assists par match (pour 7 rencontres jouées). Approché par de gros programmes comme Baylor, Michigan, Kansas (et Harvard), il choisit Stanford avec l’étiquette unanime de prospect 5 étoiles. Il passe l’été 2021 avec la Team USA U19 championne du monde (face à la France en finale). À noter que son futur coach à Stanford (coach Haase) était assistant de la sélection. Lors du tournoi, il affiche des chiffres corrects avec un bon temps de jeu dans un rôle de coéquipier modèle (voir l'article consacré à Ingram et Peyton Watson sur le U19 2021).

 

Physiquement, Ingram est un ailier de bonne taille, costaud, avec de grandes mains, qui ne possède pas une explosion verticale élite. Il s’est épaissi très vite ce qui explique peut être son manque de "pop" dans le saut. Ce n’est pas non plus un slasher. Par contre Ingram est puissant du haut et du bas du corps. Il peut imposer et recevoir le défi physique assez facilement. Sa première qualité, à mon avis, est la combinaison de ses mensurations physiques et de son rôle de créateur offensif. Ingram a un corps épais et puissant qui semble idéal pour se frotter dans les raquettes. Il est pourtant utilisé, avec Team USA et surtout à Stanford, comme second porteur de balle et initiateur de jeu offensif. Il possède une vision panoramique pour trouver les shooters extérieurs ou les intérieurs. Depuis le poste (dos au panier), en drive-and-kick et sur pick-and-roll, ses passes sont précises et parfois inventives. Coach Haase, à Stanford, l’utilise souvent pour lancer ses attaques d’autant plus que son équipe ne possède pas de réels créateurs au poste 1. Les "seulement" 3,1 passes décisives (1,8 turnovers et 22,6 % d’usage) s’expliquent en partie par un manque d’efficacité de certains de ses coéquipiers à la finition. L’ intérêt que peuvent porter des franchises pro pour un ailier de 2m01, capable de voir le jeu de façon répétée apparaît très probable. Surtout quand les qualités ne s’arrêtent pas à son QI offensif. Ingram comprend aussi très bien comment utiliser ses atouts en défense. Polyvalent, il couvre en université des postes 1 à 4. Gainé, calme et possédant de l’envergure, il utilise son corps pour gêner ou orienter ses adversaires. Ingram sait utiliser son envergure, sa puissance et la position de ses coéquipiers pour défendre. Il forme avec Spencer Jones, un duo solide de défenseur sur les postes 2-4. Son apport aux rebonds (7 par match avec un fort pourcentage de prise de rebond défensif) et ses block-out systématiques sont dans la lignée du rôle de coéquipier haut de gamme qu’on peut projeter pour lui.

 

Drafter Ingram en 2022 (s’il se présente), impliquera d’être patient sur son shoot. Il n’est pas cassé, même si un peu "robotique" mais il ne possède pour l’instant ni pull-up (35 % de réussite au shoot à 2 points) ni un tir extérieur fiable. On a quand même vu du shoot à 3 après dribble mais le volume total derrière l’arc est peu important (42 shoots à 31%). Aux lancers-francs, c’est correct : 77 % pour 43 tentatives. Le dribble, des deux mains, est propre pour un ailier, il n’a pas de problème de manipulation et peut remonter la balle. Il crée de l’espace plus sur sa puissance et sa vivacité que sur son habileté avec le ballon. Ingram n’est pas un slasher, il est presque lent apès démarage mais son sens du déplacement (avec et sans ballon) l’amène où il veut. Le plus souvent au bon endroit : il sent par exemple très bien les back-cut. Cependant, que ce soit au shoot ou à la finition au cercle, Ingram manque d’explosivité. Il reste un peu collé au sol et cela affecte son pourcentage proche du panier (53%). Ce n’est donc un protecteur de cercle non plus. Ce manque de vivacité verticale pose quand même question sur sa capacité à développer un pull-up pour accompagner son jeu de création.

 

Harrison Ingram est donc un petit ailier atypique (créateur, puissant, défenseur et peu vertical) mais qui sait s’adapter pour aider son équipe en défense et en attaque. C’est un joueur mature à 19 ans avec un bon QI qui fait ce qu’on lui demande à très haut niveau je pense. C’est également un joueur au sang froid en fin de match qui n’a pas peur des dernières actions. Il peut être choisi juste après la lottery si on croit au développement de son shoot.