Jalen Duren auraît dû être au lycée cette saison à Montverde mais a décidé à l'instar de son coéquipier Emoni Bates, d'être reclassé afin de jouer en NCAA pour les Memphis Tigers. Classé prospect numéro 1 de la cuvée prochaine par ESPN, le très jeune pivot pourra se présenter à la draft dès cette saison où il est attendu dans le top 10.

Pivot de 2m11 pour 113Kgs (Standards NBA) avec une envergure démentielle de 2m27, Duren est une monstruosité physique. Un corps NBA ready très avancé pour son âge, on a là un intérieur puissant au contact. Capable de l'encaisser sous son panier face à tous les profils en restant vertical mais aussi d'en mettre sur le défenseur direct, Duren martyrise les joueurs du parcours NCAA. Ce qui impressionne le plus c'est la capacité du joueur à rester aussi longtemps dans les airs. Un Hangtime supérieur donc qui lui permet d'expulser des ballons dans les tribunes sur des timings improbables. Un corps puissant, mais mobile. Que ce soit dans l'axe panier-panier où le joueur correspond au modèle rim-run tant à la mode aujourd'hui, mais aussi latéralement où s'il ne peut contenir les départs des extérieurs  depuis la ligne à trois points, (aucun big ne le peut vraiment) il peut contester les drives des ailiers ou redescendre rapidement sur la couverture du P&R. Enfin pour avoir un bilan physique complet, on critiquera la détente sèche du joueur qui n'est pas élite mais largement compensée par sa longueur et son hangtime.

 

Contexte collectif difficile pour coach Hardaway. Beaucoup de jeunes joueurs avec des temps de jeu irréguliers et un Guard Play moyen. Duren aura mis du temps à s'intégrer et à comprendre le jeu des Tigers. Des fondamentaux très fragiles sur plusieurs secteurs. Dans le dribble d'abord avec un ballon très haut et facilement interceptable, même remarque après le rebond, où la balle est redescendue à la hauteur des arrières au lieu d'être sécurisée et enfin des écrans mal posés qui ne créent pas de décalage alors que la beast physique devrait massacrer les extérieurs. Mais aussi des erreurs de compréhension du jeu, Duren doit apprendre le jeu, les couvertures de P&R, où se placer en attaque loin du ballon etc...

Néanmoins, le prospect monte en puissance tout au long de la saison et on retrouve l'intérieur spectaculaire et plus technique qu'il n'y paraît qui dominait à Montverde. Un jeu plus organisé et des fondamentaux plus propres. Regarder Duren en début de saison et lors des matchs de conférence permet de comprendre l'évolution du joueur ou plutôt son adaptation. Regarder du film de HighSchool permet aussi de relativiser et d'avoir un avis plus global sur le joueur.

Offensivement, Duren est un finisseur au panier ultra efficace (80%) avec majoritairement des Dunks. Menace aérienne +++, le joueur termine fort même après réception d'une passe moyenne. Peu de déplacements dos au cercle, le pivot n'est pas un créateur poste bas. On retrouve quand même quelques bras roulés avec les deux mains et un spin move depuis la main gauche lui permerttant de revenir main droite et finir au panier maîtrisé, mais c'est sur P&R que ce jeune devrait faire son bread & butter.

Pour cela on attendra des écrans mieux posés comme dit plus haut. Duren est le produit d'un système de formation américain qui n'apprend plus à ses pivots à placer des écrans. Cela lui permettra d'alterner slip-roll qu'il affectionne (glisser au cercle sans poser franchement l'écran) et écran plus traditionnel pour écraser l'extérieur et provoquer un surnombre. Duren sera dépendant du guard play qu'il aura mais pourra lui aussi améliorer le jeu de ses arrières à l'image d'un Allen/Mobley qui ont changé la vie de Darius Garland à Cleveland. Surtout si l'on regarde les équipes lottery cette saison qui ont pour la plupart axées leur projet sur un fort porteur de balle qui attend déséspéremment son binôme intérieur (Cade, SGA, Green, Suggs, Dejounte, Haliburton etc...).

Au long de la saison, le joueur a montré qu'il pouvait élargir sa distance. Un tir à mi-distance fiable (36%) pour un volume intéressant. Tir pris après réception sur P&R mais aussi face au joueur en Pull Up après JabStep. On se fait pas si Duren pourra tirer à trois points, peut-être mais l'important n'est pas là. On préfère que le joueur puisse sanctionner sur Short-Roll en variant tir, drive en deux dribbles, renversement dos au cercle plutôt que de travailler sur un trois point dans son contrat rookie. 56% aux Fts seulement alors que le joueur provoque énormément de fautes, un tir pas encore stabilisé mais qui devrait progresser et devenir une réelle arme dans l'arsenal de Duren à terme.

Skill mis en avant, la passe. Si Duren n'est pas un créateur à proprement parler balle en main, il peut trouver un coéquipier ouvert sur plusieurs situations. Des bonnes sorties lorsque trappé, une reconnaissance d'un missmatch qui confirment l'instinct qu'a le jeune homme. On imagine Duren évoluer sur des situations de handoff au niveau supérieur où il pourra rouler au cercle, poser un écran, renverser pour un coéquipier ouvert voire à terme poser la balle au sol sur courte distance.

 

Si la panoplie offensive est intéressante c'est défensivement qu'on comprend rapidement le potentiel de Duren. Être une ancre mobile qui contre tout ce qui bouge. Le joueur reste vertical, encaisse le contact et conteste/block des deux mains. Des bras tentaculaires pour aller écraser le ballon contre la planche. 2,5 blocks par match. L'équipe qui drafte le pivot voudra changer sa défense et avoir un second rideau qui modifiera la trajectoire des tirs et les attaques en général à l'image d'un Rudy Gobert. Que doit travailler le joueur ? Ses gammes tout d'abord afin de comprendre dans quelle direction orienter, où se placer et comprendre ce qu'on interdit à l'attaque et ce qu'on concède.

Les coachs pourront utiliser le joueur dans plusieurs systèmes défensifs. Sur P&R on peut utiliser le joueur en drop mais il peut aussi sortir sur les tireurs pour contester un tir. Par sa mobilité, Duren pourra trapper sur certaines séquences et étouffer un porteur de balle. De bonnes rotations défensives notamment sous le panier, un bon instinct mais un manque de régularité dans l'effort qui ennuie. Le joueur devrait gagner en maturité et en intensité pour espérer rester sur un terrain. Un problème qui se retrouve aux rebonds. Du volume mais pas de Boxout, ce qui génère des possessions supplémentaires adverses face à des joueurs moins gifted athlétiquement.

Au global, Duren n'est pas qu'une bête physique mais a de gros progrès à faire sur des fondamentaux pour réaliser son potentiel. Mieux se placer, accentuer la pose d'écran, protéger sa balle et se concentrer. Le fantasme du pivot dominant à la Dwight Howard version Magic est réel. On a hâte de le voir grandir et être associé aux joueurs cités au dessus. Le risque avec Duren est faible sur son plancher et devrait au pire être un défenseur correct et physique comme un Mitchell Robinson ou un Hassan Whiteside, qui s'ils sont critiquables restent des joueurs NBA référencés. Mais si le projet fonctionne on devrait entendre parler de Jalen Duren pendant de longues années.

Projection : Lottery.