Quelques rendez-vous annuels permettent chaque année aux scouts de pouvoir évaluer les meilleurs lycéens : le GEICO National en est un bel exemple. Tournoi se déroulant en Floride courant mars/avril, ce tournoi rassemble une dizaine de lycées, des lycées tout en haut des classements nationaux et régionaux. Des noms connus (Montverde, IMG Academy, Oak Hill, Prolific Prep...) étaient évidemment présents cette année, avec donc énormément de prospects à évaluer. Présentation des joueurs qui ont impressionné, dans un tournoi remporté par les floridiens de Montverde.

 

Ils joueront en NCAA l’an prochain...

Caleb Houstan (Montverde)

Attendu comme l’un des tous meilleurs prospects du tournoi, le canadien était le joueur le plus régulier et important de la meilleure équipe, Montverde. Houstan était le meilleur marqueur de la finale (avec 16pts et un gros tir primé en fin de match), et cela par une combinaison d’adresse extérieure et de paniers plus faciles proche du cercle. Attendu à Michigan l’an prochain, il possède un vrai profil d’ailier polyvalent, déjà une belle mécanique de shoot et un niveau défensif plus qu’intéressant. On aurait pu attendre de le voir plus décisionnaire balle en main, mais il jouait dans une équipe tellement forte que la création était déjà assurée à ses côtés (on l’avait davantage vu créer pour autrui lors du FIBA America U16 par exemple). Vrai potentiel de lottery pick en 2022.

 

Kennedy Chandler (Sunrise Christian)

Le meilleur meneur du tournoi, et déjà sans doute un des tous meilleurs porteurs de balle de la cuvée 2022. Chandler a amené son équipe en finale, et malgré une adresse sur courant alternatif, on a vu le potentiel d’initiation du futur meneur de Tennessee : vision du jeu en transition, initiation sur situations de pick-and-roll, Chandler sait déjà manipuler visuellement les défenseurs adverses et faire simplement des choses complexes. Le tir est encore en développement, avec peu de puissance sur le bas du corps notamment. Son toucher semble solide (à l’aise sur des flotters/leaners notamment). Très hâte de le voir à Tennessee l’an prochain, un an après Keon Johnson et Jaden Springer : Rick Barnes devra encore gérer un potentiel lottery pick à la création, car Kennedy Chandler vient à Knoxville pour porter l’attaque des Vols.

 

Kendall Brown (Sunrise Christian)

Le profil physique de Kendall Brown saute d’emblée aux yeux lors du visionnage. Brown est bondissant, il va vite latéralement et arrive à changer facilement de direction balle en main. Aux côtés de Chandler, il était un vrai finisseur d’actions dans son équipe et un défenseur clé sur les ailes. Brown va jouer à Baylor l’an prochain, et si il progresse sur son tir extérieur (qui doit encore être travaillé, notamment sur la balance et le geste au moment du lâché de ballon), il a tout pour plaire à la NBA : un potentiel d’ailier, utile des deux côtés du terrain et qui vit off-ball. Son élévation verticale est très impressionnante et rare à ce niveau, le tout avec une solide vitesse de pied, de bons déplacements latéraux et une force de dissuasion, une présence côté faible en défense.

 

Nolan Hickman (Wasatch)

Hickman était un vrai coup de cœur au moment de la visualisation, et il suffit de regarder sa première mi-temps contre Compass Press pour comprendre les qualités du bonhomme. Le futur meneur de Kentucky est un incroyable passeur, un joueur qui cherche toujours la bonne passe et qui maitrise déjà très bien la gestion d’un pick-and-roll, notamment en terme de tempo. En transition, il trouve ses coéquipiers avec facilité et toujours dans le bon temps et fait le spectacle. Le tir est encore en travail : il a mis quelque pull-up en sortie de pick-and-roll à mi-distance, mais il est court sur énormément de 3pts. Il n’est pas le scoreur qu’est Kennedy Chandler, mais la qualité de passe est déjà très notable. Comme tout porteur de balle qui rejoint Kentucky, on peut s’interroger sur sa future utilisation : Devin Askew et Terrence Clarke ne seront plus là, mais Kellan Grady arrive de Davidson tandis que Davion Mintz pourrait revenir une année supplémentaire.

 

Moussa Diabaté (IMG)

Il y avait une touche française lors de ce tournoi : Moussa Diabaté (vu notamment au championnat d’Europe U18 en 2019) évolue en effet cette année avec IMG. Senior, il portera à partir de septembre le maillot de Michigan. Intérieur, le tricolore est un joueur avec un gros moteur. Dominant au rebond, il était au-dessus lors du tournoi. Sous le panier, la marge de progression s’observe surtout au contre. Chose intéressante, malgré ses 2m08 (pour 98kg et 2m12 d’envergure), Moussa est capable de défendre et contenir plusieurs positions. Une belle capacité qui lui permettra de switcher sans soucis en défense. Le hic avec le Français, c’est le tir. S' il a tenté quelques tirs à mi-distance, l’échantillon est trop faible. Il doit apprendre à s’écarter du panier et de la raquette pour devenir encore plus dangereux en attaque. Il est nettement plus à son aise près du cercle où il se sert de son footwork pour éliminer et scorer. Il y aura beaucoup à voir la saison prochaine, et nul doute que Juwan Howard le fera travailler sur les choses essentielles pour l’envoyer dans la grande ligue, et y rester.

 

Ty-Ty Washington (AZ Compass)

Le meneur venu de l’Arizona a failli faire tomber l’armada Montverde en demi-finale, avec un tir à 3pts qui tout proche de rentrer au buzzer. Combo-guard puissant, Washington est une machine à scorer, et cela de différentes manières. Pull-up à 3pts ou à mi-distance, pénétration après un premier pas rapide, flotter ou même utilisé off ball sur des situations de catch-and-shoot : oui, Washington sait tout faire. Il va marquer des points en NCAA, il doit encore progresser sur sa gestion du tempo, sur ses lectures en attaque placée ou encore sur son implication défensive (même si avec le rôle offensif qu’il avait, on lui pardonne une implication sporadique). On ne sait pas encore où Washington jouera l’an prochain : il avait décidé de rejoindre Creighton, mais s’est rétracté après les propos hors terrain de Sean McDermott. On en parle du côté de Kentucky, Kansas, Baylor, Oregon, Arizona ou encore LSU. Sa décision devrait être imminente.

 

Langston Love (Montverde)

Relativement discret sur le plan offensif, Langston Love a attendu le début de la seconde période de la finale contre Sunrise Christian pour poser sa griffe. A 0/8 en première mi-temps, le futur joueur de Baylor enchaîne trois tirs primés dans les premières minutes de la seconde période. Neuf points qui envoient Montverde vers un nouveau titre national. Le tir est l'une des forces de Langston. Pas encore fiable sur les trois niveaux, il brille surtout loin du panier. Et de façons multiples, pull-up, en sortie d'écran et catch-and-shoot. Près du cercle, c'est un peu plus difficile. Le dribble et un premier pas moyen ne l'aident pas forcément à faire les différences. Le manque de spacing en NCAA pourrait le pénaliser un peu. Surtout utilisé au poste d'arrière au lycée, Langston peut, par séquence, rendre des services en tant qu'initiateur. Lors du tournoi, il a montré de jolis flashs à la passe (une et deux mains, à rebond...). De l'autre côté du panier, le futur Bear est toujours attentif à ce qui se passe. Toujours un œil sur son joueur et le ballon en étant actif sur les lignes de passes. Une concentration présente qu'il soit près ou loin du ballon.

 

 

Il faudra encore attendre pour les voir à l’étage supérieur...

Dariq Whitehead (Montverde)

Petit frère de Tahir Whitehead, linebacker des Panthers de la Caroline, Dariq Whitehead avait le rôle de couteau suisse à Montverde, un joueur entouré de tops profils qui prenait plaisir à faire le travail de l’ombre. Ailier pouvant porter la balle, dribbler et passer, il possède un tir encore en question : la réussite extérieure n’était pas présente, mais j’aime la mécanique, qui est déjà solide et répétée pour un joueur de son âge. Il shoote tout de même beaucoup avec son poignet et peu avec le bas du corps. Whitehead est un bon joueur de pénétration, un finisseur féroce au cercle et une vraie menace en transition. Défensivement, il prenait les porteurs de balles adverses et pouvait aussi aider à la protection du cercle sur le deuxième rideau : l’explosivité et l’envergure sont déjà de haute voltige. Dariq possède déjà des offres des tous meilleurs programmes NCAA (Kentucky, UCLA, Florida, Florida State, Duke ou encore Texas), et sera forcément une attraction dans les prochains mois.

 

Jalen Duren (Montverde)

Classé second de la promotion 2022, derrière le déjà très médiatique Emoni Bates, Jalen Duren n’en est pour autant pas moins talentueux que son compère. Avec un physique impressionnant pour un gamin de 17 ans, 2m08 pour 105 kg, l’intérieur de Montverde domine la concurrence, notamment au contre. L’adversaire qui s’aventure dans la peinture est quasiment certain de terminer face au mur Duren. Sur la compétition, seul M.J. Rice (Oak Hill) a pu jouer en tête à tête face à lui. La défense sur l’homme reste toutefois à travailler. Pendant ce tournoi, il s’est très peu de fois retrouvé dans des situations de pur un-contre-un. Dans la peinture d’en face, Jalen Duren est là aussi intraitable. Puissant, il bat ses adversaires sur son physique et un mid-range (avec une belle mécanique) qui fait son petit bonhomme de chemin (l’échantillon reste faible). Il a, cependant, très peu la balle en main en attaque. Une gonfle monopolisée par les extérieurs (Houstan, Nembhard, Whitehead, Love...). Autre point intéressant chez le jeune homme, la passe. Duren a une bonne lecture et une bonne exécution pour un intérieur, surtout à cet âge là. Sa dernière saison sera très intéressante à suivre, car il devrait être l’option numéro une en attaque (sauf si transfert d’un gros joueur).

 

Jaden Bradley (IMG)

IMG était blindé de prospects durant ce tournoi (Moussa Diabaté bien entendu, mais également Jarace Walker, Eric Dailey...), mais c’est Jaden Bradley qui a fait forte impression. Positionné en meneur et porteur de balle, il a montré de vraies qualités sur le drive et une palette de finition plutôt développé pour un joueur de son âge. Très bon sur le drive and kick, il trouvait bien les shooters dans les coins et engendrait une vraie gravité : comme les équipes avaient peur de ses pénétrations, on bouchait la peinture et il pouvait décaler avec aise ses coéquipiers. Bradley est un des tous meilleurs meneurs de la cuvée 2023, un joueur qui va dominer avec IMG l’an prochain et qui, sans n’avoir encore d’énormes points forts offensifs, peut scorer et influer le jeu offensif de plusieurs façons.

 

M.J. Rice (Oak Hill)

Scorer naturel et poste 4 sous-dimensionné, M.J Rice dégage une sacré puissance quand il est sur le parquet. Tanké comme un bus, il affiche une puissance physique avec son 1m98 pour 103 kg, qu'il sait utiliser à son avantage dans le jeu. Il connaît ses forces et s’en sert à bon escient. Sur l’ensemble du tournoi, très peu de joueurs ont su le stopper sous le cercle. Autre aspect intéressant, le tir est présent, notamment dans le catch-and-shoot et à trois points. Quand le poignet est chaud, compliqué d’arrêter l’animal. En défense, les outils sont présents. Lors du tournoi, il a montré de bonnes choses, que ce soit sur les extérieurs et intérieurs. Quid, toutefois, au niveau supérieur où il évoluera, sûrement au poste 4, face à des joueurs plus forts et costauds. Points faibles observés lors du tournoi, le handle et le jeu de passe. Encore moyen, son dribble ne lui permet pas d’attaquer correctement le cercle, ni de se créer de l’espace. Concernant la vision, il ne reconnaît pas encore suffisamment le jeu pour savoir où amener le ballon. Les passes vues restent simples. Pensionnaire de la promotion 2022, il lui reste encore une saison à faire au lycée avant d’arriver en NCAA (ou passer professionnel). Il a, pour le moment, des offres de Wake Forest, Providence, Ole Miss, Pittsburgh, North Carolina State, Louisville et Boston College.

 

Caleb Foster (Oak Hill)

Ce petit bonhomme (1m88 pour 80 kg), nous avons le temps de le voir et le revoir. Pensionnaire de la classe 2023, il lui reste deux saisons complètes à réaliser avec Oak Hill avant de faire le saut vers la NCAA (ou pas). Et ça sera un plaisir. Meneur ou arrière, Caleb Foster est vraiment fun à regarder jouer. Bon passeur (surtout à son âge), le natif de Mouth of Wilson (Virginie) est surtout un shooter first porté sur le scoring. Beaucoup. A l’image d’un Trae Young ou Cam Thomas, tirer de n’importe quelle position ne lui fait pas peur. Sur le tournoi, il a montré de l'aisance en catch-and-shoot, mais aussi en pull-up. Toujours le concernant, il doit se servir de ses deux années pour travailler sur sa finition et l’attaque du cercle. Encore un peu frêle, il n’arrive pas à bien absorber le contact. Son premier pas reste, lui, un peu faible pour être une arme réelle. Autre marge de progression, le dribble. Surtout porté sur le tir, Caleb n’utilise pas suffisamment ce dribble pour se porter au cercle. Ses deux années à Oak Hill doivent lui servir à progresser sur ces différents points.

 

Chisom Okpara (La Lumière)

Loin dans les différents classements des médias américains, Chisom Okpara est un joueur à suivre. Du haut de ses 2m, le pensionnaire de La Lumière est un garçon hybride. A l’image de Patrick Williams, aujourd’hui aux Bulls, Chisom peut évoluer dans plusieurs situations. A la fois ailier et poste 4, l’actuel recrue 3-étoiles est aussi capable de monter la balle aux côtés d’un meneur. Balle en main, il peut tirer de différentes façons (pull-up, catch-and-shoot, step-back, step-away et ça, à mi-distance ou à trois-points). Mais il reste néanmoins irrégulier dans cette partie du jeu. Il lui reste une année au lycée pour s’établir en shooter sûr en NCAA, avant de viser plus haut. Près du cercle, Chisom peut scorer au cercle malgré un premier pas moyen. Il manque également un peu de puissance. Balle en mains, le gamin de l’Indiana sait passer et offre de bons ballons, notamment en transition. Il trouve par ailleurs très bien son intérieur au poste-bas. Défensivement, les outils sont présents mais il n’a pas montré grand-chose pour se prononcer suffisamment sur cet aspect du jeu.

 

Adem Bona (Prolific Prep)

Prolific Prep, ancien lycée de Jalen Green, possède cette année dans son effectif pléthore de jeunes prospects internationaux (Stefan Todorovic, Yohan Traoré, Mouhamed Gueye), dont le turc Adem Bona. Bona s’était déjà montré lors de l’Euro U18 en aout 2019, et malgré des offres professionnelles en Europe, il a rejoint la Californie et la Napa Valley. Dans une équipe où le meilleur joueur, Nate Bittle (futur joueur d’Oregon), jouait intérieur, difficile de voir Bona dans un parfait contexte pour briller. On va donc se contenter des flashs, de la protection de cercle incroyable sur certaines séquences, des finitions offensives et des déplacements latéraux du jeune homme. On ne sait pas où le turco-nigérian jouera après le lycée (la G League, l’Europe ou la NCAA peuvent être des options), mais ses qualités athlétiques et son potentiel en font un joueur qu’il fallait mentionner.