On parle bien souvent de « steal » de la draft, en désignant un joueur ayant surpassé les attentes qu’on avait alors pour lui. L’évidence, c’est qu’il est nécessaire d’attendre (au moins) la fin d’un contrat rookie / la fin de la tenure d’un joueur avec l’équipe qui l’a drafté, pour juger l’ensemble. La réalité, c’est que dans le monde globalisé et connecté de 2019, la sur-réaction à la performance d’un soir a plus d’audience que la froide analyse.

 

La DataTeam Envergure a décidé de prendre l’entre-deux, et de mettre en valeur les rookies dont les performances surpassent celles que l’on pourrait attendre d’un joueur drafté à leur rang. Un top 5, publié tous les mois, dont les critères sont, en vrac, le temps de jeu, la place dans la rotation, l’apport statistique, l’attitude. Enjoy.

 

Eric Paschall 

Comment ne pas parler de l’ancien de Villanova en ce début de saison. L’éclaircie de Golden State dans une saison plombée par un effectif décimé. Grâce à un alignement des planètes improbables au soir de sa draft, le 41ème choix se retrouve à jouer beaucoup et il le fait bien. Poste 4 de petite taille (198 cm) et solide (116 kg), Paschall séduit par son énergie sur le parquet et son apport offensif. Sur les 15 premiers matchs il joue une trentaine de minutes et apporte en moyenne 17 pts à plus de 50% au tir, 5 rebonds et une passe décisive par match soit des statistiques quasi équivalentes à celles qu’il avait l’année dernière en NCAA.

Précis aux lancers francs (81%), ce qui laisse présager une marge de progression à trois points, domaine dans lequel il ne s’est pas encore ajusté (25%). Il est à l’heure actuelle le 2ème meilleur marqueur des rookies, 3ème rebondeur, 4ème au pourcentage au tir global, et a le 2ème plus gros temps de jeu. Des chiffres impressionnants pour un joueur « undersized » de 23 ans drafté au second tour. 

 

Brandon Clarke 

Avec les départs cumulés de Marc Gasol et Mike Conley, les Grizzlies ont tourné la page du « Grint and Grind ». Pour autant, l’avenir est loin d’être morose.  Il y avait beaucoup d’interrogations au sujet de l’hyper athlétique et bondissant joueur de Memphis avant sa draft. Son âge avancé (23 ans) son poste (3 ? 4 ?) et son shoot extérieur très douteux ont fait chuter le joueur à la 21ème position lors de la draft en juin dernier.

L’ancien de Gonzaga et San Jose State lève les doutes. Il s’avère être un élément de qualité pour le futur de la franchise du Tennessee aux côtés du rookie star Ja Morant. Au bout de 14 matchs, il cumule les statistiques suivantes 12.4 points à 63,5 % (1er  des rookies), 45% derrière l’arc (2ème) 85% aux lancers francs (3ème) 6,3 rebonds (1er) 1 contre (3ème) le tout en passant seulement 22 minutes par match sur le parquet. La draft de Memphis de 2019 apparaît pour le moment comme extrêmement  réussies, clairement Brandon Clarke n’y est pas pour rien.

 

Tyler Herro 

Fraîchement sorti de Kentucky après un « one and done », la draft de Herro avec le dernier lottery pick avait laissé certains observateurs dubitatifs considéré comme trop streaky pour un joueur orienté spot-up shooter et tournant “seulement” à 35% derrière l’arc en Ncaa. Le shooting guard originaire du Wisconsin à l’envergure de “T-rex” compilait la saison dernière 14 points de moyenne sous les ordres de Calipari. Son physique un peu frêle lui posait des problèmes de finition prêt du cercle mais la Summer League du Heat a permis de valider le flair de Pat Riley lors de la draft, le jeune homme montrant qu’il pourrait s’adapter à “The Culture”, propre à la franchise floridienne.

L’arrière montre ses capacités à scorer et prend un peu de poids. Annoncé à 90 kg au début de saison pour 1,96m il profite de l’absence de Dion Waiters pour s’exprimer. Avec en moyenne 29.9 minutes par match (4ème rookie et Heat) il se montre sur tous les aspects du jeu. Il score 15.1 points par match et distribue 2.2 passes, 4ème chez les rookie dans les deux compartiments statistiques. Il profite du jeu plus espacé en NBA pour améliorer son pourcentage de loin, convertissant 40,9% de ses shoots à trois points et 55% de ceux sous le cercle, en nette amélioration par rapport à son année universitaire. 

 

PJ Washington

Le départ de Kemba Walker a laissé un grand vide du côté de Charlotte. PJ Washington (ex-Kentucky, mesuré à 2,03m) pose les pieds en NBA dans un contexte difficile et des attentes collectives au plus bas (dernier dans la majorité des previews NBA). Arrivé dans la peau d’un joueur NBA ready, et bénéficiant d’un des plus gros temps de la promotion (8ème avec 28,1 minutes), PJW, titulaire dès son premier match,  réalise un début de saison fait de très hauts et de bas. Une entrée en matière majestueuse contre les Bulls pour ce qui reste toujours, à l’heure actuelle, son match référence : 27 points, 4 rebonds et sept paniers à 3 points. Une suite plus compliqué avec des performances en dents de scie, au rythme de celle de son équipe. Stat marquante : PJW pèse près de 18,8 points (à 66% aux shoots) au cours des victoires des Hornets contre seulement 7,5 points (à 36%) dans la défaite.  

Bien que petit pour le poste, PJW confirme les attentes placées en lui lors de sa Draft. Il reste l’archétype du poste 4 moderne : fuyant (3 tentatives à 3pts par match pour 45,3% de réussite), efficace aux shoots (59,3%TS), bon sens du jeu sans ballon, puissant et possédant une envergure impressionnante (2,19m). Pourtant capable de switcher en défense, il possède toutefois un des plus mauvais defensive rating de sa promo (113,9).

 

Kevin Porter Jr

Arrivé en NBA avec l’étiquette de fort potentiel au comportement remis en question, Kevin Porter Jr. a obtenu la confiance des Cavs (30e pick) puis fait ses preuves lors du training camp et obtenu celle de son coach. KPJ bénéficie d’un rôle et temps de jeu constant (20,4 minutes de moyenne) en tant que 6ème homme. Il a du mal à régler son shoot depuis le début de la saison (seulement 39%FG dont 21%3P), un élément primordial de son jeu, qui devrait se régler avec le temps au vu de la pureté de son geste et de ses références (47%FG dont 41%3P l’an passé avec USC). A contrario, sa bonne tenue aux lancers-francs est une des belles surprises de son début de saison avec 76% de réussite (contre 48% en NCAA). 

Comme PJW, KPJ détient l’un des moins bons defensive rating de sa promotion avec 111,9 points encaissés pour 100 possessions. Ce dernier possède toutes les qualités nécessaires à un très bon défenseur (costaud, rapide, polyvalent, etc.) mais reste irrégulier de ce côté du terrain et peut avoir des sautes de concentration problématiques.

Soulignons l’évolution positive du neo-Cavs dans les autres secteurs du jeu, notamment à la passe avec un match référence contre les Nets pour un record de jeune carrière avec 7 assists.

 

 

Mentions Honorables : Grant Williams et Matisse Thybulle impactent positivement le jeu de leurs franchises (principalement en défense) mais montrent trop peu de l’autre côté du terrain. Goga Bitadze, Nic Claxton et Bruno Fernando après de bons passages début novembre voient, avec le retour des titulaires, leurs temps de jeu bien diminuer. Nassir Little, après de très belles perfs, a vu son temps de jeu baissé avec l’arrivée de Melo.

 

 

Auteurs

Pierre Bayle

Pierre Migout

Maxime Ubeda