Une autre draft est maintenant derrière nous. Elle fut rocambolesque comme on les aime: certains joueur qui n'ont pas fait mon big board ont été draftés au premier tour (allo Payton Pritchard! Tu m'as fait cracher de la bière par le nez) et Killian Tillie (que j'avais listé 30e au total) n'a pas été drafté. Il fallait s'y attendre. Les années où le niveau est considéré comme plus faible, les franchises s'en donnent à coeur joie et draftent sans avoir peur de se tromper.

Malheureusement, il n'y eut que 60 joueurs choisis, dont Vit Krejci qui n'est toujours pas au courant qu'il appartient au Oklahoma City Thunder parce qu'il est encore dans une pâturage Tchèque avec ses moutons (je blague), ce qui veut donc dire que plusieurs jeunes homme sont repartis à la maison avec le coeur brisé et sans casquette d'équipe de la NBA. Enfin... ils sont restés à la maison avec le coeur brisé. Putain de COVID. Parmi ces jeunes joueurs, plusieurs ont quand même trouvé preneur chez les équipes NBA à l'aide des two-way contracts, qui permettent aux équipes de garder les droits des basketteurs en G-League.

Je vous en ai préparé une évaluation en trois parties: celles qui ont frappé le gros lot, celles qui ont pris un risque intriguant et celles qui devront se trouver d'autres joueurs two-way pour l'an prochain. Je n'ai pas inclu les contrats Exhibit 10 à cet article, puisque je n'ai pas du tout envie de vous faire lire 50 pages d'analyse!

Celles qui ont frappé le gros lot:

Memphis Grizzlies - Killian Tillie (C) 

Honnêtement, j'aurais mis ma main au feu que l'aillier fort/pivot français allait être drafté. Bien qu'il soit l'un des chouchous de longue date d'Envergure, les ricains sont encore plus gaga de Killian que nous. Malgré de nombreuses blessures, Tillie s'est constamment classé dans les plus hauts percentiles de toutes les catégories offensives l'année dernière. Il sait scorer d'à peu près toutes les manières. Avec ou sans le ballon. Avec une touche douce comme de la soie au lancer. Les blessures et les questions au sujet de son potentiel athlétique ont visiblement refroidi les ardeurs des équipes de la NBA, mais s'il peut demeurer en santé Tillie projette le potentiel d'un role player de type pick-and-pop en charge de mettre de la pression sur les deuxièmes unités adverses. 

Ce n'est pas surprenant que Memphis ait pris la décision de signer Tillie avec la connection Gonzaga déjà existante, via Brandon Clarke. Si les genoux tiennent, attendez-vous à voir Tillie au premier tour dans les redrafts des prochaines années sur les médias tels ESPN ou The Ringer. C'est un magnifique joueur de basket et c'est vaguement injuste qu'il n'ait pas eu la chance d'être dratfé. Il se joindra à un équipe qui a déjà le vent en poupe. À surveiller.

Dallas Mavericks - Nate Hinton (SG)

Celle-là fait mal au coeur. Notamment parce que Dallas a transigé pour Josh Richardson le soir de la draft et que Hinton méritait de pouvoir entendre Mark Tatum dire son nom. Ce véritable arrière-bulldozer est une sortie d'OVNI pour les recruteurs. Un joueur défensif costaud, explosif et un rebondeur curieusement prolifique pour l'université de Houston, Hinton joue avec la robustesse et la physicalité d'un poste quatre avec le toucher à trois points nécessaire pour un poste deux. Son unicité a probablement joué contre lui. Plusieurs coachs NBA ont dû se gratter le crâne en se demandant comment Hinton pouvait s'insérer dans leur effectif. Visiblement pas Rick Carlisle, qui raffole de ce genre de bosseurs pathologiques (voir Dorian Finney-Smith). 

À noter qu'il flotte une rumeur comme quoi Nate Hinton serait déjà coupé bientôt, faute de place. Si c'est le cas, le potentiel G-League MVP est carrément monstrueux.

Chicago Bulls - Devon Dotson (G)

Ouais, ouais. Rigolez tant que vous voulez. Paraîtrait que Devon Dotson fut ingoré à la draft à la suite d'entrevues complètement désastreuses avec les équipe. Il a peut-être appris sa leçon ou il est peut-être just complètement taré, mais il s'emmène dans une situation itriguante à Chicago avec plusieurs porteurs de balle et une situation en flux. Aucune carte n'est jouée à savoir qui sera le préféré du nouveau coach Billy Donovan ou à savoir comment même il désire faire tourner son effectif. Dotson aura toutes les occasions de se faire valoir auprès du nouvel état major. Je m'attend à ce que sa maturité sur le terrain fasse de lui un des premiers joueurs à se mériter un contrat NBA garanti.

Dotson est peut-être aussi un joueur ayant préféré parier sur lui-même et demandé à ne pas se faire drafter en fin de tableau. C'est tout à fait son profil.

Phoenix Suns - Ty-Shon Alexander (SG)

La raison pour laquelle Ty-Shon n'a pas été drafté est un mystère pour moi. Un pouce plus grand et 10 livres plus lourd qu'annoncé, il a shooté à 37% à 3 points en moyenne à Creighton, sur trois ans. C'est un 3-and-D classique, mais impeccable. Dans une équipe bien nantie comme Phoenix, je le vois bien se développer dans un rôle tout discret en sortie de banc. Rappelez-vous la légion d'assassins à trois points qu'avaient le Miami Heat pendant les années LeBron James? Shane Battier, Mario Chalmers, Norris Cole, Mike Miller, etc? Ty-Shon a le potentiel de devenir un joueur de cette trempe. Le sera-t-il? Peut-être pas. Ce serait très Phoenix de faire une trouvaille en sortie de draft comme ça cependant.

Celles qui ont pris un risque intriguant

Charlotte Hornets - Nate Darling (SG)

Celle-là, je ne m'y attendais pas du tout. Le franc-titeur de Delaware a mis 40% à trois points l'an dernier sur 8,4 tentatives par match. Il aime shooter à trois points, le petit canadien. À première vue, Darling n'a pas les outils physiques pour jouer en NBA. Il devrait logiquement se faire chasser de la ligne de trois points par des défenseurs plus costauds et athlétiques.... mais je disais ça aussi de Duncan Robinson l'an dernier et j'avais tord. Vraiment, très beaucoup tord. Ça va dépendre de la situation et du temps de jeu. Ne vous surprenez pas si Darling tourne à 28 ppm en G-League ou quelque chose de ridicule comme ça. Regardez ces petites jambes. C'est si mignon.

Orlando Magic - Karim Mané (G)

Un des plus gros points d'interrogation de cette draft. Il y a très peu à se mettre sous la dent au sujet de Mané, à part sa performance aux U19 à Héraklion l'an dernier. À première vue, il a le physique et le potentiel d'un choix de lotterie: une explosivité d'élite, un profil athlétique à envier et un instinct de scoreur dont toutes les équipes ont besoin. Son tir extérieur inquiète cependant beaucoup et le fait qu'il passe du collège Vanier (l'équivalent d'un JuCo faible) à la NBA soulève de l'incertitude à son sujet. Il s'agit d'un beau pari pour Orlando, cependant. Parce que Markelle Fultz, ça tourne mieux mais ça tourne quand même carré.

Houston Rockets - Mason Jones (G)

Un des joueurs les plus populaires au niveau NCAA la saison dernière et l'un des meilleurs scoreurs à 22 ppm et 45% d'efficacité. Jones est le genre de joueur qui devra drastiquement changer sa manière approcher le jeu en NBA: il aura moins le balon et devra trouver le moyen de mieux finir s'il n'a pas de responsabilité de créer. J'ai de fort doutes quand à savoir s'il deviendra un joueur de NBA régulier. Il a le profil d'une superstar Jeep Élite de la tête aux pieds. Pas un mauvais joueur. Il pourrait réussir, mais il semble que ce qu'il a à offrir ne soit pas vraiment en demande en NBA.

Minnesota Timberwolves - Ashton Hagans (G)

En voilà un qui sera meilleur en NBA qu'au collégial. Propulsé dans un rôle de meneur titulaire un peu malgré lui à Kentucky, ce spécialiste défensif n'aura pas vraiment à cérer d'attaque pour personne en NBA. On l'enverra chercher des stops en fin de match, jouer off-ball et faire le sale boulot en général. Son avenir sera intimement lié au développement de son tir à trois points,  mais j'ai confiance que s'il a une tâche à faire, il saura s'en acquitter. Ce sera peut-être pas immédiatement. Ce sera peut-être pas avec Minnesota. Il devra peut-être aller séjourner en Europe, mais on va entendre parler d'Ashton Hagans pendant longtemps en NBA. Le genre de joueur boite-à-lunch que les coachs adorent. Pensez à lui comme une version brute de Justin Holiday.

New Orleans Pelicans - Naji Marshall (F)

Un profil très All-Undrafted Team comme dirait Romain. Costaud, moyennement athlétique, tweener, sait jouer au basket. Pour New Orleans il est un peu la réincarnation de Kenrich WIlliams, qu'ils viennent tout juste de refiler à OKC dans le monstrueux trade Steven Adams. Marshall ait à peu près tout faire sur le terrain, sauf shooter. J'y crois à moitié pour être honnête, mais ça valait la peine de lui lancer un two-way pour New Orleans, qui aiment les ailiers polyvalents. Un joueur au QI comme lui trouve des moyens de se rendre utile.

Miami Heat - Paul Eboua (SF)

Ça a l'air extra-champ gauche mais ça pourrait fonctionner hein? Eboua a un profil physique et athlétique des plus intéressants. Comptez sur Miami pour trouver quelque chose à lui faire faire. Derrick Jones Jr. est parti à Portland.... je dis ça comme ça.

Milwaukee Bucks - Mamadi Diakité (PF)

Celui-là, je veux peut-être qu'il fonctionne plus qu'il ne va fonctionner en réalité. Le sympathique intérieur de Virginia s'est tappé tout le sale boulot avec son équipe depuis 4 ans et en a récolté les grands honneurs l'an dernier. Il est un peu gringalet pour jouer sa position en NBA, mais s'il peut montrer un peu de flexibilité dans la manière dont on l'utilise, il pourra peut-être se tailler une petite place.

Celles qui devront se trouver d'autres joueurs two-way pour l'an prochain

Denver Nuggets - Markus Howard (PG)

J'y crois pas du tout. Trop petit (5'11) Que 3.1 passes décisives en moyenne en quatre années de collège. Il avait le ultimate green light à Marquette et il ne l'aura jamais en NBA. Shanghai Sharks, il est à vous!

Oklahoma City Thunder : Josh Hall (SF)

Un drôle de moineau qui a refusé de jouer pour North Carolina State cette année afin de se concentrer sur la drat NBA comme James Wiseman et Mitch Robinson avant lui. Hall a les hanches tellement hautes qu'il n'était pas un bon défenseur au lycée.  20 ans et aucune expérience collégiale. Il sera au Japon ou au Liban dans deux ans.

Utah Jazz - Trent Forrest (G)

Pour être honnête, je ne sais pas trop quoi penser de cette-là. Gros bosseur. Bon format. De la difficulté à mettre des points même dans le système à oppotunités égales de Leonard Hamilton. Je le vois mal réussir en NBA. 

Cleveland Cavaliers - Lamar Stevens (SF)

Un joueur qui bénéficiait d'un énorme taux d'usage à Penn State, mais qui peine à shooter. Je sais pas trop à quoi il va servir exactement en NBA. Un bon joueur collégial, mais qui n'a pas les armes qu'il faut pour prendre le prochain step.

Memphis Grizzlies - Sean McDermott (SF)

Celui-là, j'ai envie qu'il fonctionne juste parce qu'il ressemble à Biff Tannen dans Retour Vers le Futur. Contrairement aux autres joueurs dans ce tableau, la seule chose que McDermott sait faire c'est de shooter à 3 points. D'habitude pas assez pour la NBA moderne, mais s'il peut défendre un brin il pourrait se tailler une petite place.

Atlanta Hawks - Nathan Knight (C)

En voilà un que je ne croyais jamais voir en NBA. Surtout pas sur un two-way contract. En Summer League peut-être. À la limite. Le gros bonhomme de William & Mary occupe beaucoup de place dans la raquette et se tient comme un mur de brique devant les meneurs et arrières adverses, mais c'est à peu près tout ce qu'il peut faire. Je le vois mal exécuter une défense moderne en NBA. Pas un mauvais bougre, mais juste pas fait pour le jeu moderne.