Les scouts, en NBA et en Europe, regardent énormément de matchs pour évaluer les jeunes talents, mais certains comptent plus que d'autres. Quand on vous parle d'un MWS, c'est un "must watch" pour eux, ils ont obligation de regarder, car les prospects sur le terrain sont nombreux et dans les deux équipes. On débute avec l'opposition de Ligue Adriatique il y a une semaine, entre Cibona et Mega. Plusieurs potentiels draftés en NBA en 2022 étaient sur le terrain, ainsi que de futurs talents de Coupes d'Europe. Et un Frenchie en plus.

 

Côté Cibona : Roko Prkacin (était top 30 de notre classement draft 2021 avant de retirer sa candidature), Nate Reuvers (ex-Wisconsin, non drafté 2021), Amar Gegic et le jeune prometteur Lovro Gnjidic (éligible en 2022, peut se faire un nom en cas de grosse saison)

Côté Mega : Nikola Jovic (potentiel top 20 en 2022), Borisa Simanic (non-drafté 2020), Malcolm Cazalon (potentiel draft 2022), Matej Rudan, Aleksander Balcerowski

Le match s'est joué en prolongation, remporté par le Cibona, club de Zagreb, qui jouait à domicile avec un petit peu de public. José Vildoza a été capital pour le club croate, on le mentionne ici car il est un peu vieux pour être un prospect mais encore assez jeune pour être sur le radar de bonnes écuries à la recherche d'un meneur de qualité. Dans la défaite, le meilleur scoreur de Mega Basket (club du nord de la Serbie) était Borisa Simanic, artilleur de son état, assez impressionnant de mobilité pour sa taille et toujours léthal au tir (à bons entendeurs).

Observation n°1 : Jovic / Prkacin en grandes difficultés

Quand on joue au Drazen Petrovic basketball hall, la salle du Cibona, on se met généralement sur son 31 basketballistique. Encore plus quand on sait qu'on affronte un prospect potentiellement choisi au premier tour de la draft NBA 2022, donc que les scouts vont avoir un oeil très averti sur la rencontre. Malheureusement, ni Nikola Jovic ni Roko Prkacin n'ont saisi l'opportunité de briller. Pour Jovic, le problème a été, comme Nico le soulignait déjà dans son scouting report, défensif. Le serbe a pris cinq fautes, dont quatre indiscutables, il n'a joué que quatorze minutes (pour 2pts et 2ast). Il a été pris à défaut sur ses déplacements latéraux, pas assez rapide, pas assez bas sur ses appuis. Il a clairement été visé par les systèmes adverses et c'est ce qui continuera d'arriver à des niveaux supérieurs s'il ne bosse pas le bas du corps. Prkacin n'a pas eu ces problèmes défensifs mais n'a pas brillé non plus : pas décisif dans les aides, ni sur l'homme, ni offensivement où Simanic l'a verrrouillé assez facilement (7pts à 2/10, 0ast). C'est un vrai problème car il a décidé de rester dans le même club et il DOIT passer un cap pour prouver aux scouts qu'il progresse encore. Sur ce match, ce n'est pas le cas, il garde aussi ses défauts d'attitude (pointe du doigt les coéquipiers lors de trous d'airs défensifs).

Observation n°2 : Cazalon en chaud/froid

Il est le troisième larron de la génération 2001, il se fait attendre, Malcolm Cazalon a, comme Prkacin, choisit d'attendre la draft 2022 pour tenter sa chance en NBA. Il a toujours un gabarit taillé pour le haut niveau (solide en bas et en haut, assez rapide sur le bas, puissant surtout) mais il manque de régularité et plus il vieillit, plus c'est inquiétant. Ce qui est pardonnable chez un jeune senior de 18 ans l'est moins après trois années chez les pros. Dr Malcolm a très bien shooté dans les corners, mécanique dense, rapide, (3/7 de loin). Il ne peut pas shooter en sortie de dribble mais ce n'est pas ce qu'on lui demandera. On a aimé aussi ses prises de balles main-à-main ou en mouvement sur la droite du terrain pour rentrer sur sa main gauche. Il parvient généralement à mettre de la pression sur le cercle, donc sur le protecteur de cercle adverse, il a réussi à libérer Balcerowski deux fois (lequel reste un grand limité dans ses déplacements, mais qui a pris du poids en muscle sur le haut, pas inintéressant). Mais Mister Cazalon a aussi perdu un ballon extrêmement stupide (remise en jeu sous son propre panier, il fait la passe à terre puis entre sur le terrain et retouche la balle avant que son coéquipier ne la prenne), preuve d'un manque de concentration ou d'un problème sous pression (on jouait les cinq dernières minutes). Défensivement, il a parfois manqué d'anticipation dans les rotations, alors qu'il devrait être au top sur ce point.

Observation n°3 : Reuvers pourra jouer plus haut

L'heure pour moi de vous raconter une histoire de stats. Souvent, dans mes recherches statistiques pour tenter de débusquer certains profils "spéciaux" en NCAA, le nom de Nate Reuvers revenait, car il shoote et il protège le cercle, une combinaison rare et donc prisée, le tout avec un taux de ballons perdus très faible. Mais, à l'image de Wisconsin, Reuvers a manqué son année senior à l'université. Oui, il contrait toujours (6,7% de blks), mais il a shooté à 18/63 de loin (29%) et à moins de 60% au cercle, soit un TS% inférieur à 50, un vrai drapeau rouge pour un intérieur. Reuvers n'a pas été drafté, il a été recruté par Cibona. Face à Mega, le joueur de 2m11 a dominé les débats : 8/14 aux tirs dont 4/6 à trois points, 13 rebonds et 4 contres, le tout en 24 minutes. Léthal, avec un shoot stable sur pick'n pop, il a surtout impressionné par sa faculté à switcher sur des petits et son combat au rebond face à des plus costauds. En clair : il a posé des problèmes de matchups d'un côté du terrain sans en concéder de l'autre. Il était largement possible de prévoir que Reuvers reviendrait à une adresse convenable (33% sur 283 tentatives au total en NCAA, 76% aux lancers-francs, 43% les deux dernières années sur les longs deux-points). Il était surtout évident qu'il resterait un très bon protecteur de cercle : Reuvers a posé 5 et 4 contres sur ses deux autres matchs cette saison. S'il confirme, il ne restera pas longtemps en Ligue Adriatique, un championnat de niveau intermédiaire en Europe.

On a aussi aimé : le toucher de Matej Rudan (2001, 3/6 de loin pour 2m08) côté Mega Basket, l'activité, le premier pas, le physique d'Amar Gegic à Cibona (8 fautes provoquées), le potentiel grosse brute de Karlo Matkovic (2m08, 2001) au Mega.