Aleksander Balcerowski n'est pas vraiment un pivot polonais comme on l'entend dans l'imaginaire du basketteur averti. Non, pas de Marcin Gortat, Maciej Lampe ou encore Przemek Karnowski. Balcerowski est un beau bébé mais il a un toucher, des bonnes mains et ne se rapproche pas (encore ?) du cliché du polonais bagarreur dans la raquette, puissant, un brin bourrin et solide défenseur. Il vient de quitter la couveuse Gran Canaria à la suite d'un changement d'agent et d'une volonté d'avoir plus d'expositions. Il arrive donc dans la Mega Factory aux côtés de Malcolm Cazalon, Nikola Jovic mais aussi de Borisa Simanic, Matej Rudan & Nikola Djurisic pour ne citer qu'eux. Il partage le Poste 5 avec Karlo Matkovic à temps quasi égal. 

Balcerowski c'était fait un nom à travers les tournois ANGT (encore un !) mais aussi chez les pros lors de sa découverte de l'Euroleague par quelques séquences de contres et de dunk en transition. Quelques années et kilos plus tard, il est moins aérien et si je dois vous vanter ses mérites je ne vais pas vous mentir en vous disant qu'il a des qualités athlétiques estampillées NBA. Non, sa qualité première en plus de sa taille et de son corps c'est sa mobilité mais et surtout la qualité de ses mains. C'est rare un pivot avec des mains de dentelières. Olek on lui lance un caillou, il arrive à le transformer en passe décisive. A part ça ? C'est devenu un bon screener qui a le potentiel pour devenir un excellent screener. Il a le timing, les jambes, le torse et les épaules pour en faire une arme, notamment sur P&R. Je rajouterai au profit du grand polonais une capacité à jouer dos au panier. OK OK... je vois Alan commencer à froncer les sourcils. Ce n'est pas à la mode. Ce n'est pas vendeur et encore moins dans une perspective NBA mais c'est un de ses arguments notamment grâce à sa qualité de passes. Cela veut dire que quand on lui donne la balle, s'il est doublé, il trouvera le joueur libre. D'ailleurs, c'est un bon passeur aussi dans d'autres circonstances notamment dans du "high-low". 

Si Balcerowski n'est pas un nom qui vient instinctivement quand on parle de prospects internationaux c'est parce qu'il présente aussi un profil qui n'est pas tendance de l'autre côté de l'Atlantique. Il ne peut battre personne par le dribble, il peut difficilement switcher et il n'est pas une menace sur son tir extèrieur même si les échos des Canaries et de Serbie c'est qu'à l'entrainement, il les prends, il les mets. Il est à 11/37 à 3pts sur ses 4 dernières saison (y compris le 0/2 de la saison en cours). Le geste est lent. Il aura encore besoin de quelques années pour devenir un stretch 5. L'autre détail qui fait grincer des dents les Scouts US c'est la dureté physique. On a vite fait de mettre l'étiquette soft sur un joueur intérieur qui a plus de toucher que de puissance, il s'avère que le contrôle du corps, le morphotype du polonais et les petits pépins physiques ont forgé un joueur qui se méfie du contact, qui essaie d'éviter la blessure plus que de s'imposer physiquement. Là encore, il aura besoin de temps pour s'affirmer. Il a déjà pris beaucoup de largeur dans le haut du corps, il faut du temps aussi pour changer des habitudes. De sa capacité à mettre des 3 points et des bourre-pifs dépendra son avenir mais pas uniquement, la latéralité pose question aussi.

Dans un monde ou le roi des géants, Boban Marjanovic, devient lui aussi une arme à 3 points, il paraît délicat de défendre le dossier Aleksander Balcerowski alias Olek (pour les intimes... et les autres finalement).Je vais pourtant essayer de le faire, en partant d'un fait simple et qu'il faut garder en tête. Il faut toujours être plus patient avec les "vrais" pivots du fait du développement physique, de la croissance mais de la maturité tardive de leurs corps. La maîtrise technique et la coordination peuvent arriver tardivement. Et si l'on compare Balcerowski à Boban au même âge, on se rend compte que Balcerowski a de vrais atouts. Maintenant, n'est pas Boban qui veut... mais pour le fun, Boban a 21 ans joue quelques matchs à Vrsac en Eucocup, gêné par les blessures, en plein apprentissage. Olek joue à Mega mais revient de Gran Canaria ou il a découvert l'Euroleague, l'Eurocup et l'éprouvant championnat Espagnol. Boban ne savait pas ou était la ligne à 3pts à cet âge là, Olek de temps en temps tente l'exercice. Ils sont peu à croire qu'il prendra la succession polonaise de Gortat en NBA mais l'ami Olek a le talent pour.