Lors de notre émission mensuelle en direct 100% prospects (Planète Draft), nous avons interviewé Jean-Christophe Prat (Paris Basketball) et Julien Mahé (SQBB - Saint-Quentin). Pourquoi ? Le premier a dans son effectif un drafté 2021 (Juhann Begarin) et deux potentiels 2022 (Milan Barbitch et Ismaël Kamagaté). Le second était l'entraîneur l'an passé d'Hugo Besson, potentiel candidat à la draft 2022, parti s'exiler en NBL (ligue océanienne - New Zealand Breakers). Les mots des coachs sont toujours parlants, on vous a compilé les meilleurs moments.

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Sur... Ismaël Kamagate

Avec un début de saison très satisfaisant en Betclic Elite (notamment un match avec 9 contres) qui fait suite à un bel U20 Challengers (10p/4r/2a/2,4blk) le pivot Ismaël Kamagaté est un des prospects qui monte sur les tablettes des scouts US. Son coach, JC Prat, a affiché l'ambition. "L'objectif, c'est d'en faire un premier tour de draft". L'entraîneur a non seulement loué la progression du joueur mais aussi ses qualités hors terrain. "À chaque entraînement, il arrive avec le sourire, il vient jouer comme s'il était entre deux cours, à la récréation. Il s'en fout de la hype". On apprend aussi au cours de l'entretien que Kamagate a effectué un travail spécifique sur les jambes cet été. "Il a pris cinq centimètres de tour de mollet", dixit JC Prat. Pense à ça pendant ton prochain leg day.

Ce qu'il va travailler cette année. JC Prat : "ce sera un 'stretch five', comme ça se fait en NBA aujourd'hui. C'est un joueur de face up, donc c'est l'axe de travail. L'année dernière il faisait du travail individuel avec les arrières de l'équipe pour la dextérité. Là on veut qu'il joue face au panier, on a déjà pu le voir contre Roanne par exemple, avec des drives, des tirs à 4-5 mètres. Cette année, il a 700 tirs à faire chaque jour à 2 et à 3 points. On va essayer de développer également le jeu de feintes sur short roll".

Les limites du joueur. JC Prat : "c'est lui-même. Il refuse encore des tirs ouverts et je lui fais faire des pompes. Il n'a pas réalisé le potentiel qu'il a. Il est encore gêné de faire des bons matchs." L'entraîneur dévoile aussi un mini-blocage. "J'aimerais qu'il contre avec les deux mains mais il n'y arrive pas, il ne le fait qu'avec la droite. Après, Rudy Gobert ou Clint Capela n'y arrivent pas non plus. Le seul que je vois faire ça naturellement, c'est Victor Wembanyama." Même quand on ne parle pas de VW, on en parle.

Le mot du coach adverse. Julien Mahé : "il avait tendance à reculer contre un certain type de joueurs intérieurs, plutôt denses, le genre qui travaille au sol". JC Prat abonde : "c'est un joueur qui n'aime pas vraiment le contact, effectivement".

 

Hugo Besson

L'année dernière, si vous n'avez pas suivi, Hugo Besson avait 19 ans et il a terminé meilleur marqueur de Pro B. Solide, l'arrière a décidé de s'en aller en NBL, pour plus d'exposition, peut-être aussi pour plus de temps de jeu. Une trajectoire TGV. "Il y a un an on était pas du tout partis là-dessus", raconte Julien Mahé, "on ne pouvait pas s'imaginer qu'on en parlerait comme d'un éventuel joueur NBA". L'entraîneur raconte que le joueur partait de loin, mais qu'il a appris très vite grâce à une intelligence rare. "Il comprend très bien le basket, ça vient de son pedigree (père, oncle, grand-père tous joueurs pros). Et puis son bras... j'ai rarement vu ça". "Je pense qu'à trois points il vaut beaucoup plus que ce qu'il a montré la saison dernière, et puis rien ne l'impacte. Cinq mille, dix mille personnes dans la salle, il reste le même, ça démontre une mentalité qui permet d'aller vers le haut niveau". L'entraîneur affirme qu'il a beaucoup poussé le joueur la saison dernière, "c'est le joueur qui a le plus travaillé, il a pris du poids, il a fait beaucoup de musculation".

Les limites du joueur. Julien Mahé : "déjà il faut qu'il se muscle encore plus, même s'il l'a déjà fait. Ensuite en défense, "il était protégé par notre système, mais il défendait bien à l'intérieur du système. De toute façon c'est ce qui était ressorti chez les différents scouts qui sont venus le voir. Mais il lit bien le jeu, son investissement est en hausse, ça sera gommé aussi avec la prise de masse physique". L'entraîneur de Paris Basketball, JC Prat, se pose aussi la question. "On dit qu'en NBA tu peux jouer le poste que tu peux défendre. Je ne sais pas encore quel poste il défend. Mais quand tu as du talent et que tu scores tu as moins besoin de défendre".

Le mot du coach adverse. JC Prat : "un vrai scoreur, incroyable, de partout. Pour éviter ça, face à lui, on avait décidé d'orienter tous les pick'n roll sur sa main droite, parce qu'on avait identifié qu'il avait du mal à shooter en sortie de dribble à droite, comme beaucoup de joueurs d'ailleurs. Sur les close-out, pareil, on l'orientait à droite pour éviter les step-back. C'est le seul match de la saison où il a marqué moins de dix points. Après le match, en revanant de la conférence de presse, je l'ai vu sur le parquet : il était en train de travailler ce tir spécifique, sortie de dribble main droite. Ça vous situe son niveau d'engagement, de compréhension."

 

Milan Barbitch

Il fait partie de la génération 2001, mais il a longtemps été éclipsé par les Maledon, Hayes, Gauzin et consorts. Petit à petit, ce poste 1-2 de grande taille parvient à se réveler. Il a explosé lors des Challengers U20 en compétition FIBA cet été (17p/5r/4p à 65/45/79 côté adresse) et possède une place assurée dans le roster du Paris Basketball. Et ce n'est pas "juste" parce qu'il est jeune explique JC Prat, son coach. "C'est un joueur dont on peut être fier vu son évolution. Il a pris neuf kilos de muscles en deux ans et demi. Il s'est sculpté un corps, ce n'était pas facile, il n'était pas dans la lumière vu sa génération. Mais il a un sens du basket incroyable, un instinct, comme souvent les fils de coachs. Il est attiré d'abord pour scorer avant de passer, il a un super bras. Moi je revois Nando De Colo plus jeune. Je pensais que son plafond c'était l'Euroleague, mais Sergio Rodriguez est bien allé en NBA à 25 ans".

Ce qu'il va travailler. JC Prat : "On l'accompagne et c'est un travail très minutieux de trouver un équilibre entre 'ne pas en faire trop alors qu'il y a des joueurs ouverts' et 'garder l'état d'esprit de scoreur', car il a une belle adresse. On commence un travail avec Kyle Allman Jr, qui a un peu le même problème, et avec Gauthier Denis, qui a un peu le même problème parce qu'il est parfois trop dans le tir". Le joueur aura bien évidemment tout un travail de fondamentaux individuels au cours de l'année en plus de cet aspect spécifique.

Le mot du coach adverse. Julien Mahé : "Il fait partie de ces jeunes qui ont énormément progressé l'année dernière. Il est passé de menace quasi-uniquement sur le tir à joueur très complet. Il se dévoile, il est moins timide, il a une capacité balle en main intéressante, il shoote vite. Il avait encore parfois des difficultés de dextérité sous la pression défensive, face à des joueurs plus petits."

Les limites du joueur. JC Prat : "La difficulté c'est qu'il joue chaque week-end face à des joueurs bien plus petits que lui, il faut défendre ces gabarits, ce n'est pas facile". En clair, il faut gagner en mobilité latérale. Comme l'indiquait Julien Mahé au-dessus, Barbitch va devoir prouver que balle en main il peut gérer la pression. Il faudra aussi prouver qu'il peut créer pour les autres tout en restant très solide au tir.

 

L'apparté sur Ousmane Dieng

Le coach du Paris Basketball a révélé ce qui était un secret de polichinelle dans le basket français : le club de la capitale était en contact avec Ousmane Dieng pour le faire venir cette saison. "On a fait plusieurs réunions avec lui et son entourage, en visio". Et clairement, JC Prat est sceptique sur l'e fait d'avoir choisi la NBL (New Zealand Breakers, comme Besson) : " "Honnêtement, je ne comprends pas ce choix. Je ne sais pas ce qu'il va faire là-bas, il aurait pu montrer son talent en France. Il va falloir travailler dur." Pour ceux qui voient Dieng très haut dès la draft 2022, il refroidit les ardeurs. "Il y a deux ans de travail, le dribble est trop haut, il faut bâtir le physique complètement, le tir est moyen. Après on est tous d'accord, le potentiel est immense, un sens de la passe et de l'anticipation extraordinaire. Mais il y a chantier de chez chantier." Nous voilà prévenus.