Samedi soir s’affrontaient les Blue Devils de Duke et les Tar Heels de North Carolina, pour l’une des plus grandes rivalités du sport nord-américain. Certes, il s’agissait de la dernière sur le banc au Cameron de Mike Krzyzewski, après 42 ans de bons et loyaux services. Mais pour nous, un Duke-UNC c’est surtout l’occasion de voir sur le terrain une ribambelle de prospects NBA. Focus sur le match de deux d’entre eux : Trevor Keels (Duke) et Caleb Love (UNC).

Pourquoi les comparer ? Keels (1m93, 100 kg) et Love (1m93, 88 kg) sont tous les deux des combo-guards. Ni pur initiateur de jeu, ni pur arrière capable de jouer sans la balle. Il partage tous les deux la mène avec un autre joueur,dans leur équipe (Davis à UNC, Moore ou Roach à Duke).
Il partage aussi quelques attributs : ils sont athlétiques, défenseur à fort potentiel et ont un tir extérieur perfectible. On va les comparer sur trois aspects du jeu dans lequels un combo-guard doit apporter : le scoring, le playmaking et la défense.

 

Scoring

Keels : 12 points, 4/12 aux tirs (2/7 à 3), 2/3 aux LF, 41% eFG sur 36 minutes                                                                                                                                          Love : 22 points, 4/17 aux tirs (2/7 à 3), 12/12 aux LF, 29% eFG sur 38 minutes

A première vue, avantage Love sur le scoring, mais c’est un avantage à relativiser. Déjà 6 de ses 22 points ont été inscrits aux LF durant le garbage time. Ensuite l’adresse est à l’avantage de Keels.. Le meneur de UNC n’a pas été très inspiré dans ses finitions, contré à trois reprises il a souvent su faire la différence en franchissant le premier rideau avant de se faire attraper par les aides des Blue Devils (par Théo John notamment). On retrouve, dans plusieurs situations, son manque de toucher dans les finitions proches du cercle (un floater improbable au-dessus de la planche en première période notamment). En revanche, son agressivité a été récompensée aux LF avec un parfait 12/12 (6/6 avant le garbage). Malheureusement il confirme que son adresse à 3 points est en berne depuis quelques matchs (6/26 sur les 3 derniers matchs, soit 23% alors qu’il tourne à 38% sur l’ensemble de la saison). Autre aspect négatif, il n'a pu sanctionner, à deux reprises, des mismatchs sur Banchero.

Keels a eu moins de responsabilités en attaque (18 USG% contre 30 pour Love), moins forcé dans le scoring mais aurait dû être plus adroit, en particulier à 3 points, où contrairement à Love, il n’a tiré qu’en catch & shoot. En première mi-temps il a été efficace (2/3 au cercle) en drivant fort dans l’axe. Son match en attaque me renforce dans l’idée que Keels devrait un peu plus attaquer le cercle (sur la saison il tire à près de 34%, presque uniquement sur du C&S).

Au scoring les deux joueurs sont restés dans leur standard de saison (12.3 pts pour Keels, 15.7 pour Love) mais ont manqué d'adresse. Au final, égalité dans cet aspect car même si Love a mis plus de points, Keels a été plus efficace.

 

Playmaking

Keels : 2 AST (7,5% AST), 0 TOV, 18 USG% en 36 minutes                                                                                                                                                                      Love :  5 AST (18.3 AST%), 1 TOV(4.3 TOV%), 29.6 USG% en 38 minutes

Comme souvent, Keels a pris peu de risques à la création. Il a pris très soin du ballon (0 balle perdue) mais a aussi créé peu de décalages pour ses coéquipiers avec seulement deux passes décisives (dont l’une, en seconde mi-temps, où après avoir maintenu son défenseur dans son dos il va chercher Williams sur une passe lobée). Sa gestion des pick & roll est trop neutre, se contentant de faire les passes les plus évidentes.

Caleb Love a été plus inspiré à la création. Dès la première action, il sanctionne l’aide défensive avec une bonne passe pour Bacot. Il a montré samedi soir de vrais progrès et de la variété sur la gestion des pick & roll, même s’il les utilise plus souvent pour lui-même que pour les autres (pull-up mi-distance, tir à 3 points quand la défense passe sous l’écran, roll avec Bacot, pop avec Manek, partir en drive à l’opposé de l’écran). Il peut progresser sur sa technique de passes en les désaxant plus souvent.

Avantage Love, qui a beaucoup influencé le playmaking grâce à sa gestion des pick & roll en seconde mi-temps et sa relation avec ses intérieurs Bacot et Manek.

 

Défense

Keels défendait principalement sur Love. Dès la première action du match il se fait franchir, provoquant le premier panier du match. Il a eu du mal à gagner ses duels, la maladresse de Love est plus due aux aides défensives qu’à sa défense sur porteur de balle. Il a été quelquefois impacté par les écrans (de Bacot notamment). Il est loin d’être irréprochable sur le tir à 3 points de Manek à 2’35 du terme du match en venant en aide alors que Banchero tenait son duel sur Davis, enclenchant ainsi l'aide de l'aide de Griffin sur Bacot et libérant Manek à l'opposé. Il est capable de faire beaucoup mieux que cela.

Love a été solide en défense. Il a principalement défendu sur Moore (8 points à 37 eFG%). Tenant régulièrement ses duels (il a commis une faute sur ce dernier, qu’on peut qualifier de sévère). On l’a vu une fois défendre solidement sur Griffin et a volé un ballon qu’il a transformé en 2 points facile en transition. On a vu un Love concentré, actif. Quand il est comme ça on a un défenseur très intéressant. A lui d'être régulier dans cet aspect là pour faire grimper sa cote auprès de scouts NBA.

Keels a les outils athlétiques pour défendre mais sur ce match il a été en difficulté. C'est un très jeune joueur (né en aôut 2003 !) qui doit encore progressé même si le potentiel est là. Love a été plus efficace et est parvenu à gommer sur ce match son principal défaut, la concentration.

 

A l’instar de son équipe, Caleb Love a dominé Trevor Keels sur cette rencontre. Solide en défense, plus inspiré à la création, il a permis à son équipe de recoller au score en seconde mi-temps grâce à une succession d’actions positives. Keels reste un prospect très intéressant, au potentiel peut-être plus élevé (il a presque deux ans de moins que Love). Le Dukie est classé 18ème dans le Big Board d’Envergure tandis que le sophomore des Tar Heels se situe à la 34ème position. Le tournoi de conférence qui a lieu cette semaine (du 8 au 12 mars) et la March Madness pourrait faire évoluer la cote de ses deux joueurs.