La draft NBA 2021 approche et avec elle les folles spéculations autour du futur de jeunes hommes de moins de 25 ans. Qui ira où ? Qui réussira ? Qui sera hué lors de sa séléction ? Adam Silver parviendra-t-il à faire un sourire qui ne serait pas effrayant ? Beaucoup de questions, en temps qu'auto désignés "spécialistes", on nous en pose beaucoup. Une revient souvent : qui sont vos "steals" de cette cuvée. Voici notre réponse, subjective évidemment. Ici chaque membre de l'équipe a choisi un prospect qu'il classe beaucoup mieux que le consensus, qu'il soit français ou américain. Dans chaque paragraphe, se trouve la réponse à la question : "pourquoi y crois-tu, à ce joueur ?".

Note : pour chaque scouting report "objectif" de joueur, il vous suffit de cliquer sur son nom, formidable technologie.

 

Josh Christopher par Emmanuel Le Nevé

Hors du top 15 dans de nombreux big boards sur Internet, Josh Christopher se situe au sixième rang dans le miens. Devant, par exemple, B.J. Boston (Kentucky), Ziaire Williams (Stanford) ou Jonathan Kuminga (G-League). Ma raison principale, son jeu. Selon moi, quand je le vois évoluer, l’ancien arrière des Sun Devils d’Arizona State coche toutes les cases pour s’acclimater et réussir dans la NBA 2021. C’est à dire un joueur capable de marquer sur les trois niveaux sans difficultés majeures, une appétence pour le tir longue distance (33% de ses tirs avec ASU) et une défense sur plusieurs positions qui lui permettra de gagner des minutes et durer dans la ligue.

En terme de rôle, j’imagine Josh Christopher devenir une copie de Tobias Harris ou Evan Fournier. Des joueurs plus grands certes, reconnus aujourd’hui pour leur shooting et efforts défensifs. Pas des superstars, mais des joueurs sûrs. Ce sont trois joueurs pour lesquels on retrouve des similitudes au niveau des statistiques avant leurs arrivées en NBA. À Arizona State, Josh Christopher a compilé 14,3 points (43% au tir, 30% à trois points, 80% aux lancers), 4,7 rebonds, 1,4 passes et 1,5 interception. Sous les couleurs de Tennessee, Tobias Harris affichait 15,3 points (46% au tir, 30% à trois points, 75% aux lancers), 7,3 rebonds, 1,3 passes et 0.7 interceptions. De son côté, Evan Fournier évoluait en Pro A avec Poitier. Dans le championnat de France sortait une dernière saison française à 14 points (43% au tir, 28% à trois points, 75% aux lancers), 3,2 rebonds, 2,2 passes et 1,5 interception.
A la Draft ? Tobias Harris est sélectionné au 19è rang en 2011. Evan Fournier, 20è un an plus tard.

 

Ziaire Williams par Alan Guillou

Choisir et croire en Ziaire Williams, c’est mettre l’accent sur la rareté du profil et des qualités de l’ailier de Stanford. Shooter de talent, capable de séquences de pull-up de haute voltige, Williams a été par flashs, l’un des attaquants les plus impressionnants de toute la cuvée. Son profil est rare, et donc très recherché, celui d’un joueur qui met des tirs complexes sur les ailes, qui pourra défendre plusieurs profils une fois son physique développé. Joueur très intelligent, je vois en Ziaire un joueur qui deviendra un attaquant solide aux ailes, et comme ce type de joueurs est rare, il faut le drafter plus haut que la moyenne. Le contexte Stanford n’a pas été très propice à un showcase de son talent, Zaire a aussi eu pas mal de soucis physiques et de continuité, mais ses matchs de lycée (avec Sierra Canyon) ou avec Team USA avait fait état d’un tireur de talent et d’un attaquant plutôt versatile. Le handle reste son plus grand souci, mais avec du travail et l’encadrement d’un staff NBA, je pense que l’ailier californien deviendra un des attaquants les plus intrigants de la cuvée. C'est pourquoi il est dans le top 10 de mon Big Board, alors qu'on peut le voir au-delà de la 20e place chez certains spécialistes.

 

Santi Aldama par Nicolas Mathieu

Santi Aldama est #23 de mon board mais #49 dans notre consensus et absent de la Mock draft d'ESPN. Pourquoi ? Plusieurs raisons expliquent qu'il soit aussi bas ou absent de certaines mocks. Déjà, l'an dernier il n'a joué que 10 matchs à cause d'une blessure au genou. Ensuite ? Loyola Marymount ! Courtisé par les plus grands clubs Espagnols, Santi a fait le choix de la NCAA. OK...mais il attérit dans une petite fac, dans une toute petite conférence. Ses performances sont difficiles à évaluer car ils jouent contre très peu de joueurs à haut potentiel. Pour moi ça explique pourquoi mes compères d'Envergure et les autres ont eu tendance à l'oublier, dans une cuvée de draft, rappelons le, de haut niveau ! Parce que pour ceux qui l'ont vu dans les compétitions de jeunes ou qui ont eu le courage de regarder Navy - Loyola Marymount, n'oublions pas que c'est seulement un 2002 qui culmine à 6'11, fils d'un international espagnol seven footer, une tête bien pleine, gros QI basket, bosseur, peut shooter, passer... Profil rare ! Vous pourrez pas dire que je vous ai pas prévenu !

 

Joshua Giddey par Benoît Lelièvre

La raison pour laquelle j'ai Josh Giddey si haut dans mon Big Board est plutôt simple, mais mérite explication : hors de mon top 5, il est à mon avis le prospect avec le plus grand potentiel de devenir un joueur d'impact. Son physique atypique pour son jeu, son QI basket, ses qualités de passeur et le fait qu'il n'ait pas encore 19 ans font de lui un initiateur d'attaque format géant comme on en recherche plusieurs en NBA. Même s'il ne se développe pas physiquement à la hauteur de son potentiel, ses qualités lui permettront d'intégrer plusieurs formes d'alignements et de pouvoir se rendre utile. 

Bien sûr, l'efficacité offensive, le physique de postier et la créativité parfois un peu fofolle douteuse font sourciller, mais si j'ai à choisir entre Giddey, Scottie Barnes, Jonathan Kuminga, James Bouknight, Sharife Cooper et autres, j'ai l'impression que c'est lui qui a le plus d'outils afin de devenir un joueur à haut impact. Je pourrais me tromper, mais j'crois que Josh Giddey est une vision du futur.

 

Isaiah Jackson par Alexandre Berthaud

Commençons par une confession. La logique n'a rien à faire ici, nous parlerons d'intuition, ce qui ne se voit pas, ce qui se cache derrière l'écran, ce qu'on a vu sans être capable de le décrire, la vingt-cinquième image par seconde. Quand des yeux regardent Isaiah Jackson évoluer sur un terrain, ils voient un joueur longiligne, explosif, un des meilleurs protecteurs de cercle de sa cuvée, une menace de alley-oop permanente, un athlète n'ayant aucun mal à courir aussi vite qu'un homme de 1m90, mais qui lui culmine à 2m09. Isaiah Jackson est 8e sur mon Big Board, une hérésie, lui qui n'a pas mis un seul trois points de l'année, qui shoote à 70% aux lancers-francs, il est un simple "big man", certes athlétique, qui va faire du cercle à cercle, un profil facilement remplaçable et donc inutile à choisir en top 10. Voilà ce que voient les yeux.

Derrière l'image, en flou, comme un message subliminal, un mirage au loin dans le désert, voilà ce que j'ai vu. Un poste 4, très rapide sur le premier pas, capable d'attaquer le cercle, de prendre de vitesse les plus patauds et de punir les plus petits au poste avec son explosivité. Un défenseur capable de switcher partout et de faire peser une telle menace offensivement par sa finition qu'il serait craint, même sans un tir exceptionnel. J'ai vu un mec de 2m09 qui développe petit à petit son handle, son tir, son jeu de passe, qui s'épaissit pour résister aux mastodontes, qui devient tout ce qu'on aimerait voir chez un "grand" dans la NBA moderne. Il en a pour moi le potentiel, qu'il a pu montrer dans quelques déplacements, départs en dribble, malgré l'attaque stéréotypée de Kentucky. C'est pourquoi il est #8 de mon board. Je n'ai pas VU Isaiah Jackson, j'ai fantasmé l'avenir.