Look at the future : que vaut la prochaine génération de Team USA (U16)
Il y a 3 ans
Cet été, les États-Unis ont tout raflé en basketball, aux Jeux Olympiques d'abord, mais pas uniquement. Team USA a, comme d'habitude, roulé sur les compétitions jeunes. Si on excepte le championnat du monde U19 ou Victor Wembanyama et ses coéquipiers de l'Equipe de France ont failli renverser la table, les Américains ont préservé assez facilement leur hégémonie. C'était le cas également au FIBA Americas U16, où on a pu jeter un oeil à plusieurs futures pépites. Parmi les noms qui vont suivre, de possible futures stars.
Avant de vous donner un top 5, en vrac, des meilleurs prospects de cette équipe de Team USA, un peu de contexte. D'abord, les Etats-Unis ont remporté le championnat, comme à chaque fois depuis qu'il existe, en 2009. Comme à chaque fois, un Américain a été élu MVP (Robert Dillingham). Comme à chaque fois, les USA ont battu soit le Canada soit l'Argentine en finale (Argentine en l'occurence). Durant la phase de poule, les USA ont roulé sur la compétition, en quart de finale aussi face au Mexique, avant d'être mis un peu en danger par le Canada en demi-finale. Encore devant durant le 3e quart-temps, les Canadiens se sont écroulés ensuite (81-99). En finale, une très belle équipe d'Argentine (on y reviendra dans de futurs articles) était encore dans le coup, à sept points, à 9 minutes de la fin (score final, 75-90). Sur ces deux rencontres, les seules réellement intéressantes pour "scouter" les joueurs US, la domination américaine n'a pas été flagrante, mais certains joueurs ont su tirer leur épingle du jeu.
Un mot de géographie, le championnat avait lieu à Xalapa, au Mexique, capitale hyper polluée de l'état du Veracruz, qui a notamment donné son nom au piment "Jalapeño", bien connu des fins gourmets que vous êtes. Sans transition, voici donc les meilleurs prospects américains de cette compétition, classés dans un ordre qui pourrait très vite changer, ils sont ici classés sur le potentiel estimé dans ce tournoi, et non leur performance brute.
1 - Ronald Holland - SF/PF - 2,07
Sans la perf' énorme de Dillingham en finale, il aurait été MVP, mérité. Il termine meilleur scoreur de la compétition (19p de moyenne, en 21mn), 3e rebondeur (10,2 prises) assortis de 2,5 passes décisives, 2,5 interceptions, 1,2 contres. Sur la zone presse tout-terrain 1-2-2 de Team USA, il était le "1", la pointe, avec toutes les qualités athlétiques que cela implique : longueur, rapidité des pieds, réactivité des mains. Holland, à peine 16 ans, est un ovni physique. Lorsqu'il est "locked in", en bonne position, il défend n'importe qui. Il est si long que cela surprend les attaquants essayant de le lober, contourner. Moteur énorme, il a été exemplaire d'implication et de volonté de courir, mettre du rythme. Le grand problème, pour le moment, c'est que défensivement comme offensivement, il n'a que très peu de fondamentaux. il peut dribbler, mais sans pression, ou alors une seule fois, il a du mal à shooter (14/24 aux lancers-francs) même s'il essaie (2/9 à trois points) ce qui est déjà une bonne nouvelle. Holland est un projet, mais les outils font saliver, il lui faut - comme souvent à cet âge - ajouter de la masse sur les jambes. Vivement Holland 2027.
2 - Robert Dillingham - PG/SG - 1,85
MVP du tournoi en sortant du banc, il a énormément de facilités au scoring. Il possède déjà un handle de haut niveau, des deux mains, il peut passer des deux également. Il peut shooter après passe mais surtout très facilement en sortie de dribble et sous pression (10/32 à 3p). Être capable de rentrer des tirs difficiles à cet âge là est très rare, il l'a fait à chaque rencontre. Il était le mieux classé des joueurs de team USA nationalement selon 247 (9e) et a justifié sa hype, avec en plus du scoring un ratio de 37 passes décisives pour seulement 9 ballons perdus (le manque de compétitivité en face permet de relativiser ces chiffres). Défensivement, il a montré énormément de vivacité avec ses mains, il était souvent juste dans l'anticipation. North Carolina est favori pour son recrutement en 2023.
Pour info, la liste des MVP du FIBA U16 Americas : Bradley Beal, Jabari Parker, Malik Newman, Gary Trent, Vernon Carey, Chris Livingston
3 - Jalen Lewis - PF/C - 2m10
Certains l'auront en n°1 et je n'ai aucun problème avec cela, les trois prospects se tiennent d'assez peu. Lewis a montré un tir facile et rare pour sa taille (7/12 à trois sur la compet'), avec de bons fondamentaux, une variété étonnante (pick'n pop, one legged fadeway, turn around jumper) laissant entrevoir un toucher de balle qui paraît bien réel, inné et ne se perdra pas. Il peut également driver, bouge avec fluidité. Défensivement, il a bataillé au rebond, il a parfois été très bon dans les timings de contre. Pourquoi 3e alors ? L'attitude d'abord, il était souvent le dernier à revenir en défense, pas le premier à se jeter à terre, un peu "laid back". Physiquement, s'il est fluide, il n'a pas donné l'impression d'un athlète explosif et facilement au-dessus du cercle comme Holland. Mais Holland est plus l'exception ici, à 16 ans les garçons sont loin d'être des athlètes terminés. On pourra le voir évoluer avec une des équipes Overtime, puisqu'il fait partie des prospects ayant signé.
4 - Kylan Boswell - PG - 1m88
Les rares fois où Team USA a tangué, il a été un capitaine de navire serein, engagé, efficace, tout ce qu'on attend d'un meneur de jeu titulaire. Quatorzième du ranking 247 des meilleurs joueurs de son âge (juste derrière Holland), il bénéficie du fait d'être en avance sur son âge. Physiquement, il est très solide sur le bas, ce qui lui permet d'avoir à la fois une assise défensivement mais aussi un contrôle de son tempo offensif. Ajoutez à cela des fondamentaux solides (handle encore à perfectionner), un état d'esprit de leader, de compétiteur et, surtout un TIR. Équilibré, relâché, régulier, c'est beau à voir et parfois efficace. Avec son 5/10 de loin face au Canada en demi-finale, il a évité une frayeur aux USA. Sur le reste de la compétition, il est à 3/15 .S'il n'est que 4e malgré ce beau tir, c'est qu'il a besoin de régularité et surtout qu'il manque d'explosivité, il a plus de mal qu'un Dilingham à se rendre dans la raquette et donc à créer le décalage (seulement 2 LF tentés en 145mn de jeu).
5 - Jeremy Fears JR - PG - 1m85
L'autre meneur de ce groupe, par la position sur le terrain mais aussi par son leadership, c'est lui. Sortant du banc, il a toujours été propre et s'est battu sur l'intégralité des ballons à disputer. Il a su amener du calme, même si le handle penche encore trop à droite. Bon défenseur, il était souvent chargé du meilleur extérieur adverse, ce qui a une signification forte. Offensivement, les stats ne sont pas impressionnantes, mais son aggressivité mêlée à sa puissance en font un bon perforateur en transition. Pour le jeu placé, il aura besoin d'un tir, qu'il s'est refusé de prendre au Mexique (4 trois points tentés, mais un encourageant 12/17 aux LF). À l'aise avec le contact, altruiste, au sang-froid dans les moments difficiles, il possède de nombreuses qualités rares pour un joueur de son âge. Comme pour les autres, de nombreuses universités prestigieuses se sont déjà positionnées pour l'accueillir, lui qui est au lycée dans l'Indiana.
S'il a manqué le "cut" de peu, Bryson Tucker pourrait bien être la surprise de ce groupe dans quelques années grâce à sa longueur et son profil de 3&D. Il a trop manqué d'aggressivité en attaque mais il n'était pas titulaire par hasard, alors qu'il avait un an de moins que les autres ! Ses déplacements sans le ballon, des deux côtés du terrain, étaient intéressants. Le meneur-arrière Jaylen Curry était également présent, très maladroit et très orienté à gauche, il a moins impressionné que les autres arrières mais a du potentiel, avec une vraie vista à la passe. Ensuite, on a vu des potentiels physiques comme Ian Jackson (2m01, ailier), Justin McBride (2m04, intérieur), Ryan Jones (2m07, autre 2006 de l'équipe), le très adroit mais trop timide et frêle David Castillo et puis l'homme de l'ombre, Liam McNeeley, brillant en rien mais solide en tout.
Dans l'ensemble, une classe avec de beaux talents, même si on sait qu'en U16 USA on a rarement l'occasion d'observer les tout meilleurs lycéens du pays. Il n'empêche que plusieurs des membres du top 5 seront draftés dès 2024, leur année d'éligibilité.