Pour sa première édition, le tournoi #PlayForPassion se déroulait du 3 au 6 mars à Bassano, dans le nord de l’Italie. Organisé par Orange1 Bassano, académie italienne qui se développe de mois en mois et recrute d'intéressants prospects européens et africains, ce tournoi U16 était une parfaite occasion d’observer les équipes U16 de grosses cylindrées européennes (Real Madrid, FC Barcelone, Bayern Munich, Orange1 Bassano, Milan, Stella Azzurra, Patras & Ratgeber) et de jeter un œil à des prospects des générations 2006 et 2007. Nous étions sur place durant l’intégralité du tournoi, avec 15 matchs à visualiser en quatre jours. Présentation des prospects ayant retenu notre attention. A noter l'absence d'Egor Demin (Real Madrid), le russe qui avait été l'une des révélations des Challengers U16 l'été passé.

 

Tiefing Diawara (Orange1 Bassano) : Poste 5 (2006)

Présenté comme la pépite d’Orange1 Bassano depuis quelques mois, c’était la première fois qu’on avait la chance d’observer Tiefing Diawara dans des situations de matchs. Né en 2006, le malien a fini dans le 5 du tournoi et a laissé une impression plutôt positive aux scouts et observateurs sur place.

Dès les premières minutes du premier match face au Bayern Munich, on a compris le phénomène athlétique qu’était le malien. Capable de contres à deux mains et de dunks surpuissants, Diawara a impressionné par la force qu’il dégage sur le terrain. Mais, je ne voudrais pas m’attarder trop longtemps sur cela,  car je pense que l’intérieur a montré bien d’autres choses sur le tournoi. Diawara shoote, il prend des 3pts, en met à l’échauffement et possède une vraie réussite aux lancers-francs. La mécanique est bonne pour un intérieur de 2m11, la trajectoire est plutôt plate, mais c’est très encourageant de le voir prendre autant de tir extérieur. Autre élément notable de son jeu offensif, la passe. Capable de renversements à l’opposé pour des shooters, on regrette le manque de guard play de son équipe, ce qui n’a pas permis de le voir prendre des décisions sur short-roll. Mais les flashs à la passe ont impressionné tout le monde.

Défensivement, à part Ismaila Diagne (Real Madrid), personne ne pouvait le stopper, et on attendait tous l’affrontement entre les deux hommes en finale. Diawara n’est pas le plus attentif aux rebonds défensifs, mais sa longueur et sa taille permettent une vraie bonne protection de cercle. Les porteurs de balles adverses avaient peur d’aller au cercle quand il était sur le terrain. Très hâte de le voir dans un autre contexte, peut être à l’ANGT cette année, face à des intérieurs plus âgés et développés physiquement.

 

Hugo Gonzalez (Real Madrid) : Poste 2-3 (2006)

Madrilène pur jus, Hugo Gonzalez n’était pourtant pas le plus connu des joueurs du Real pour ce tournoi. Quatre jours durant lesquels le garçon s’est relevé et pas toujours de la bonne façon. Il n’a d’ailleurs pas terminé le tournoi, exclu en finale pour avoir lancé le ballon sur un adversaire. Une confrontation contre les Italiens de Bassano qui n’avait pas très bien commencé pour le jeune espagnol. Dès les premières minutes, l’ailier du Real Madrid semblait nerveux et hors de son match. Son coach, sur chaque offensive du madrilène, essayait de le calmer. Lors des pauses dans le jeu, il discutait avec lui. Tout cela n’aura pas suffit. Et ce ne fut pas le seul coup de sang de Hugo Gonzalez en Italie. Lors du premier match du tournoi, il subit une faute et est à deux doigts de frapper son adversaire. Il ne fera qu’armer son bras. Ça n’ira pas plus loin.

Côté terrain, Hugo Gonzalez est pourtant à son avantage avec un ballon de basket dans les mains. En attaque, l’ailier madrilène sait, déjà, quasiment tout faire. Ce qui saute aux yeux, son feeling pour le jeu. Il sait quand faire la passe. Il sait quand temporiser le jeu ou l’accélérer. Une capacité impressionnante à trouver le bon partenaire, initier pour les autres pour un jeune de son âge. A côté de ça, le tir est quasiment une vraie arme. Sur le terrain, Hugo Gonzalez est un scorer trois niveaux. Même si sa mécanique n’est pas parfaite et un peu lente, l’ailier a montré qu’il savait pull-up et, surtout, se créer de l’espace pour son tir. Un potentiel à travailler et à suivre. Notamment du côté du dribble. Peut-être le point faible dans sa palette offensive lors de ce tournoi de Bassano.

En défense, on est face à un joueur en apprentissage. Sur l’ensemble du tournoi, Hugo Gonzalez avait tendance à se faire avoir assez facilement. A côté de ça, il regardait souvent le ballon même lorsqu’il était loin de lui. Une chose qui lui faisait perdre des yeux son vis-à-vis. À plusieurs reprises, il oubliait totalement son joueur qui pouvait se déplacer à sa guise sur le terrain.

 

Ismaila Diagne (Real Madrid) : Poste 5 (2006)

Elu MVP du tournoi, le sénégalais Ismaila Diagne n’était pas inconnu des scouts, mais c’était la première fois qu’on avait la chance de le voir dans la position du leader. L’an passé, il avait joué une trentaine de minutes avec le Real lors de l’ANGT d’Istanbul, mais lors de ce tournoi en Italie, Diagne était le leader vocal, le grand frère de l’équipe et le joueur le plus complet des deux côtés du terrain.

Quand on observe Diagne, difficile de ne pas être impressionné par ses qualités physiques. Le sénégalais est grand, la musculature est développée et il bouge vraiment bien pour son gabarit. Proche du cercle, personne ne pouvait l’arrêter avant la finale (où l’on attendait tous le duel face à Tiefing Diawara, l’intérieur malien de Bassano), et on a vu beaucoup de dunks et de finition main gauche après rebonds offensifs (les mains sont tout de même une question, avec une multitude de finitions simples ayant été ratées). Mais, on a aussi vu une mécanique de tir de plus en plus propre, et de la réussite sur des tirs à mi-distance. C’est très bon signe pour son futur, tout comme sa pose d’écrans, que j’ai trouvé très solide.

Défensivement, Diagne n’a pas vraiment été vraiment inquiété de tout le tournoi. Le Real jouait surtout de la couverture drop, et Diagne pouvait aisément protéger le cercle. Dans la confrontation face à Diawara en finale, il a très bien tenu les duels au poste, montrant un haut du corps très développé et une vraie force physique. A revoir rapidement, notamment à l’ANGT je l’espère.

 

Dame Sarr (Orange1 Bassano) : Poste 1-2-3 (2006)

Au sein de l’équipe locale, Dame Sarr est apparu comme l’un des meilleurs prospects du tournoi. Grand meneur de près de 2.00 m avec de longs bras et avec un potentiel (offensif et défensif) qui a tapé dans l'œil des nombreux scouts sur place. Des performances qui l’ont mené à être nommé dans le meilleur cinq du tournoi.

En attaque, l’Italien a surtout exposé son tir. Déjà bien en place, Dame Sarr a montré qu’il pouvait tirer dans différents styles (pull-up, catch-and-shoot). Notamment à longue distance. Les pourcentages n’ont pas toujours été en sa faveur mais, à cet âge, ce n’est pas le plus important (1/9 en finale par exemple). A côté de ça, le corps continue de se développer. Encore un peu frêle, Dame Sarr a, pour le moment, du mal à se diriger vers le cercle pour terminer proche du panier, même si le premier pas est correct. Il a plusieurs fois fait la différence grâce à ce dernier.

Le plus intéressant chez l’italien reste, pour moi, sa défense. Il a tout au long du tournoi montré de bonnes choses. Tout d’abord de la concentration. Rarement attiré par le ballon, la tête et les yeux étaient uniquement fixés sur son vis-à-vis. On a aussi pu observer qu'il était capable de se charger de plusieurs positions. Bien aidé par sa taille (1.98m) et une envergure qui, à vue d'œil, est supérieure à sa taille (un peu plus de 2.00 m). En plus d’être bon sur la défense un contre un, il s’est même permis de protéger le cercle par séquence. Notamment contre Patras. Face à ces derniers, Dame Sarr s’est offert quatre contres. Et pas simplement sur du repli défensif. Une caractéristique à surveiller pour les années futures, qui pourrait le rendre encore plus intéressant.

 

Mitar Bosnjakovic (Real Madrid) : Poste 2-3 (2006)

C’était la deuxième fois en moins d’un an que j’avais la chance d’observer Mitar Bosnjakovic, la pépite et fer de lance de la génération 2006 serbe. L’été passé, lors de l’EuroChallenger U16, Bosnjakovic était aux côtés des Gacic, Topic, Stankovic et autres Malesevic (génération 2005 serbe), avait joué 100mins en 5 matchs et s’était montré à son avantage. Depuis, l’ancien du KK Star Novi Sad a rejoint l’armada madrilène.

Malheureusement, Mitar n’a réellement disputé que deux matchs sur l’ensemble du tournoi. Blessé à la cheville au début du deuxième match, il a eu le temps de revenir pour la finale, et avec l’éjection de Gonzalez, heureusement pour le Real qu’il était sur le terrain (c’est lui qui a calmé le tempo et fait les bons choix balle en main dans le 4ème quart-temps de cette finale). Quand il était présent, on a vu un joueur capable de passer/dribbler/shooter, se rendant utile avec et sans ballon. Très agressif aux rebonds offensifs, Mitar possède le parfait mix entre agressivité et contrôle. Capable de sanctionner de loin en Spot-up, d’initier de l’attaque sur Pick-&-Roll ou même d’accéder au cercle en attaquant un close-out, Bosnjakovic est le parfait complément à Hugo Gonzalez, et un joueur qui s’insère facilement dans plusieurs contextes.

Très hâte de le revoir lors du Championnat du Monde U17 l’été prochain, en Espagne, au sein d’une sélection serbe qui sera placé dans le groupe de la France et du Canada.

 

El Hadji Gueye (Real Madrid) : Poste 4-5 (2007)

Arrivé à Madrid en provenance du Sénégal il y a un peu près un an, El Hadji Gueye apprend toujours le basket. Tout frêle, l’intérieur reste toutefois intriguant de par sa taille et les flashes observés en Italie.

Globalement, le Sénégalais apprend toujours à jouer au basket. Difficile donc d’être catégorique sur le joueur. Il a été présent au rebond malgré un physique frêle. Au niveau du tir, on a pu observer un joueur capable de shooter avec une mécanique plutôt intéressante. Sur phases arrêtées, son manque de puissance en fait un joueur qui n’a pas pu dominer sous le panier afin de pour prendre sa position au poste-bas. Défensivement, sa longueur et sa taille en font, de fait, un joueur à suivre. Loin d’être dominant, les flashs à la protection du cercle, au contre ainsi qu’au rebond, laissent rêveur sur les capacités d’El Hadji Gueye. Un joueur qui bouge bien, dont la taille ne semble pas être un point négatif pour courir comme ça peut être le cas pour certains grands.

 

Declan Duru (Real Madrid) : Poste 4 (2007)

Envergure vous a déjà parlé à plusieurs reprises de Declan Duru, le nouveau joyau du basket allemand. Membre de l’équipe U16 allemande l’été dernier à seulement 14ans, Duru avait impressionné en Bulgarie, mettant en avant des capacités athlétiques incroyables pour son âge. Quelques mois plus tard, on était très impatient de le revoir et d’observer son adaptation au sein de la formation madrilène.

Parfois titulaire au poste 4, parfois remplaçant, Duru est toujours le même ovni physique pour son âge. Capable de prendre la balle sous son panier pour aller dunker sur deux joueurs en transition, ou encore de faire preuve d’une incroyable verticalité au contre, Duru est encore un joueur plus à l’aise en transition que sur jeu placé. Et c’est totalement normal, on parle d’un joueur qui vient d’avoir 15 ans. À l’aise sur des spin-move ou des euro-step, Duru est souvent dans le changement de rythme brutal, ce qui peut résulter sur des actions ultra spectaculaires, mais aussi sur des moments où le manque de contrôle est flagrant. Les finitions au cercle ne sont pas toujours maitrisé, ce qui témoigne d’un joueur qui manque encore de toucher. La mécanique de tir n’est plus la même que l’été passé, et même si Duru a mis des 3pts en catch-&-shoot sur le tournoi, le tir extérieur reste un chantier majeur de son jeu.

De l’autre côté du parquet, Duru jouait souvent avec un voir deux intérieurs (Diagne, Gueye, mais aussi Amadou Traoré, le malien). On l’a donc surtout vu en protecteur de cercle secondaire, capable de venir aider sur le weakside et d’être une vraie arme sur deuxième rideau. Très émotif, Duru prend pas mal de fautes rapidement, ce qui ne lui permet pas de rester sur le terrain autant qu’il le souhaiterait. Un physique impressionnant donc, des progrès dans l’appréhension collective visibles, mais encore du chemin à faire pour l’intérieur madrilène.

 

Kyllian Michée (Real Madrid) : Poste 1 (2007)

Depuis presque deux saisons dans la capitale espagnole, le Français Kyllian Michée a pleinement participé au sacre de son équipe. Il s’est distingué des deux côtés du terrain et a donné envie d’en voir plus. Peut-être dès cet été sous le maillot de l’équipe de France lors du championnat d’Europe U16 qui se tiendra, en août, en Macédoine du Nord.

Mais avant ça, il y avait Bassano. Un tournoi durant lequel, Kyllian Michée a surtout créé pour ses coéquipiers. Et il l’a très bien fait avec des passes variées couplées à un handle intéressant. Tout comme son premier pas et ses feintes de départ. Tout au long du tournoi, le Français a battu ses vis-à-vis sur cet aspect. Rapide et bien exécuté, les adversaires se faisaient prendre à chaque fois. En ce qui concerne le tir, difficile à réellement évaluer. Kyllian Michée n’est pas physiquement terminé et cela se ressent dans son tir. Avec une taille 7 entre les mains, changement par rapport à ses débuts, et une croissance en cours, le meneur tricolore manquait parfois de puissance. Notamment à trois points (catch-and-shoot). Cela ne l'a pourtant pas empêché de mettre dedans.

Ou de défendre. Impressionnant de ce côté du terrain, Kyllian Michée est toujours concentré sur son adversaire. Souvent sur les porteurs de balle d’en face, il ne se laisse pas battre facilement. A noter car il était principalement face à des garçons plus âgés, plus grands et plus matures physiquement que lui. Loin du ballon, il suit bien son joueur et ne le quitte pas des yeux.

 

Fynn Schott (Bayern Munich) : Poste 4-5 (2006)

Vraie révélation du tournoi, Fynn Schott est un joueur qu’il faudra suivre dans les années futures qui devrait intéresser énormément de monde. Pour le moment, Schott joue dans son pays, en Autriche, dans l’équipe de jeune des Panthers du Raiffeisen Furstenfeld, mais était avec le Bayern pour ce tournoi, et sûrement pour les années à venir.

Dès le début du tournoi et l’affrontement face à Orange1 Bassano, on a vu qu’il était le seul à faire sens sur le tournoi face à Tiefing Diawara et Dame Sarr. Comme le jeu du Bayern était plutôt limité et l’équipe très jeune, Schott a remonté la balle, initié quelques actions. Mais là où on l’a vraiment vu à l’aise, c’est sous le cercle. Capable de finir des deux mains, de dominer aux rebonds offensifs et de passer depuis le poste, Schott impressionne par sa puissance à son âge, mais également par sa dureté. Il ne rechigne jamais, se bat sur toutes les actions et veut simplement dominer. Les flashs de shoots sont visibles, notamment sur Pick-&-Pop à 3pts, avec une mécanique lente mais une très bonne forme. Enfin, défensivement, on a un joueur capable de dissuader, un joueur qui résiste au contact sur post-up, et un leader vocal, qui communique très bien avec ses extérieurs. Schott pourrait rapidement attirer l’œil des programmes NCAA et faire le bonheur d’un coach en recherche d’intérieur besogneux, mais possédant également un potentiel offensif à développer.

 

Deyan Nessah (FC Barcelone) : Poste 2-3 (2006)

Dans le cinq du tournoi, le Suisse a été le seul à se démarquer d’une équipe de Barcelone vraiment décevante où personne ne pouvait réellement initier le jeu. Deyan Nessah s’est surtout démarqué par son physique, qui lui a permis de dominer.

En attaque, le Suisse a surtout été intéressant dans l’attaque du cercle. Sur phases arrêtées ou en transition, c’est principalement de cette façon qu'il a inscrit ses points. Le premier pas reste toutefois assez moyen, tout comme le tir. Très peu de tentatives sur le tournoi, que ce soit à mi-distance ou à trois points. Son bandage au niveau du coude gauche est-il la raison de ce faible échantillon ? Possible. Défensivement, Nessah s’est occupé de plusieurs positions, bien aidé pour son physique. Souvent plus lourd et grand que ses adversaires, il n’a pas eu à élever son niveau pour avoir un impact.

Présent dans l’effectif de Barcelone lors du prochain tournoi ANGT qui se tiendra à Patras (Grèce) du 25 au 27 mars, il sera intéressant de le voir évoluer face à des joueurs plus âgés qui pourront répondre au défi physique.

 

Mentions honorables : Miroslav Bogdanovic (Orange1 Bassano), Matija Stevovic (Patras), Kasparas Jakucionis (FC Barcelone), Gabor Lukacsi (Ratgeber), Jerome Kalenga (Stella Azzurra), Leonardo Valesin (Orange1 Bassano), Gerard Villarejo (FC Barcelone), Nikolaos Soilemetzidis (Patras), Jairo Van Den Berg (Orange1 Bassano), Avtandil Bakhthadze (Milan), Mateo Vigneault (Bayern Munich)...