Après une première phase du côté de Valence qui avait vu la victoire du Barca, la deuxième et la troisième phase du Adidas Next Generation Tournament (ANGT) se déroulaient respectivement à Istanbul et Belgrade. Nous vous avions présenté 12 prospects lors de l’événement valencien, et nous avons cette fois-ci décidé de combiner Istanbul et Belgrade en un article récapitulatif.

Au programme donc, les meilleurs prospects européens du Real Madrid (vainqueur du tournoi d’Istanbul), de Mega Bemax (vainqueur de l’édition de Belgrade) et d’autres clubs européens (Partizan, Etoile Rouge Belgrade, Saragosse, Buducnost...).

 

Les Confirmations

Nikola Jovic (Mega Bemax) : Poste 3/4 (2003)

Statistiques sur la compétition : 29.3pts / 10.3rbs / 4.5asts / 1.8blks / 2.8TO // 54% aux tirs (43/79 sur la compétition), 16% à 3pts (3/18 sur le tournoi) et 75% aux LF (28/37 sur la compétition) en 29mins de moyenne

L’an dernier, il avait tapé dans l’œil de tous les observateurs qui avait entouré son nom sur les listes. Après ses performances lors du tournoi de Belgrade, place au stabilo ! Difficile voire impossible, sauf cécité complète, de passer à côté de ce combo forward. Meilleur joueur et meilleur prospect de l’équipe victorieuse du tournoi, il a été élu MVP presque naturellement. Il a la taille, la polyvalence & les outils techniques pour devenir un phénomène au plus haut niveau. Capable de mener le jeu, létal en transition, capable de driver des deux côtés, créateur pour lui comme pour les autres, on l’a vu aussi très à l’aise près du cercle avec une gamme de finitions très large (eurostep, dunk dans le trafic, lay-ups…). Sur le tournoi, ce que j’ai le plus apprécié chez lui, c’est sa capacité à lire vite et bien les défenses adverses, ce qui lui aura permis de punir chaque entraineur qui aura eu la mauvaise idée de mettre un plus petit sur lui. Que ce soit au poste ou sur l’activité aux rebonds offensifs, le « grand » 3 est devenu un 4 moderne. Pour finir sur le profil offensif, s’il a montré une vraie assurance sur ses pull-up à mi-distance, le seul bémol aura été son tir à longue distance et la sélection de tirs. Chose quasi normale à cet âge et avec ce rôle-là. Défensivement, sa taille et ses hanches hautes sont devenus un handicap pour contenir les drives, mais sa vitesse de déplacement compense. Sur le tournoi, on l’a vu beaucoup plus concentré et actif en attaque qu’en défense, compensant souvent grâce à ses qualités athlétiques. 

 

Juan Nunez (Real Madrid) : Poste 1 (2004)

Statistiques sur la compétition : 10.8pts / 5.3rbs / 6asts / 3.8TO // 44% aux shoots (16/36 sur le tournoi), 3/10 à 3pts et 72% aux LF (8/11 sur la compétition) en 24mins de moyenne

Meneur de jeu et créateur du rouleau compresseur madrilène, Nunez aurait pu en faire plus, notamment au scoring. Mais quand on joue avec Spagnolo, Ndiaye et d’autres, pas besoin de marquer pour peser dans le match. Il a perdu un poil trop de ballons à mon goût, mais il est facile balle en main, il se crée de la séparation aisément et finit avec finesse proche du panier. Le tir est aussi en plein travail : la forme sur le pull-up à 3pts est assez étrange, mais la réussite aux lancers-francs est un signe encourageant. Défensivement, peu de petits adverses étaient capables de générer de la pression balle en main et de la peur sur le pull-up, ce qui a pu faciliter son tournoi. A l’étage supérieur, il devra encore se développer musculairement, mais les progrès depuis l’Euro U16 en 2019 sont flagrants. On retient donc un handle spectaculaire, des passes bien senties et une panoplie offensive qui devra ajouter un tir extérieur plus fiable pour atteindre le plafond qu’on espère tous.

 

Tomislav Ivisic (Buducnost) : Poste 5 (2003)

Statistiques sur la compétition : 21pts / 12.8rbs / 2.3asts / 1.5blks / 3.5TO // 47% aux shoots (28/59 sur le tournoi), 40% à 3pts (8/20 en totalité) et 80% aux LF (20/25 sur le tournoi) en 39mins de moyenne

Le gaucher des jumeaux Ivisic a réalisé un sacré tournoi. Il a toujours cette longueur et cette largeur de buste, mais il a perdu quelques kilos en restant solide sur ses appuis ; les muscles se dessinent et sa côte continue de monter après ses performances à Belgrade. Sur le plan du jeu, on avait un peu été déçu de ses performances à côté de Prkacin l’an dernier à Valence. Cette année, on a été rassuré, car si son jeu dos au panier et sa domination aux rebonds sont toujours là, il a montré de nets progrès sur son tir extérieur et… cherry on the cake…  un jeu de passe très intéressant. En effet, au poste, il a su trouver les shooteurs lors des prises à deux. Pour ceux qui s’interrogent sur les pertes de balle, on peut préciser que c’est la même chose que pour Maxime Raynaud avec Nanterre à Valence. Quand votre 5 devient l’option numéro 1, on arrive à une équation simple : joueur de grande taille + over-dribbling = pertes de balle à foison. Défensivement, Ivisic a aussi pesé et régné dans les raquettes : il était meilleur rebondeur et contreur de la compétition. On sent qu’il a évolué avec des pros toute l’année, il n’a pas peur du contact, il n’oublie plus de box-out et s’il y a eu quelques problèmes de fautes, on se réjouit de le voir concentré des deux côtés du terrain. Vous cherchez la petite bête ? Difficile de l’imagine switcher à haut niveau sur les pick-and-roll, même si la mobilité pour sa taille reste intéressante. 

 

Nikola Djurisic (Mega Bemax) : Poste 2/3 (2004)

Statistiques sur la compétition : 19.3pts / 6.8rbs / 5.3asts / 2.8stls / 3TO // 39% aux shoots (24/61 sur le tournoi), 15% à 3pts (2/13 en globalité) et 87% aux LF (27/31 sur la compétition) en 25mins de moyenne

Si Nikola Jovic fut, à juste titre d’ailleurs, le fer de lance de Mega, il ne faut pas minimiser le tournoi de Nikola Djurisic comme lieutenant parfait. Le serbe paraît tellement facile balle en main et dégage à l’écran une vraie maturité. Le tir à 3pts n’a pas été bon sur le tournoi, mais son geste, son adresse sur les « longs 2pts » et sur la ligne (87% sur 31 tentatives) laissent penser à un tir qui deviendra vite une arme. On a aussi énormément apprécier sa création balle en main : que ce soit en transition, sur pick-and-roll ou même au poste bas sur des situations d’isolations, Djurisic a montré un vrai œil et déjà un excellent timing dans ses décisions. Défensivement, il a volé bon nombre de ballons en étant très agressif sur les lignes de passes : le schéma défensif de son équipe a sans doute aidé, mais il a fait preuvre d’un joli sens de l’anticipation. Djurisic vient d’avoir 17ans et devrait rapidement faire parler en Ligue Adriatique. 

 

Matteo Spagnolo (Real Madrid) : Poste 1/2 (2003)

Statistiques sur la compétition : 15.8pts / 6.5rbs / 5.3asts / 3.3TO // 47% aux tirs (25/53 sur la compétition), 43% à 3pts (9/21 sur le tournoi) et 4/7 aux LF en 28mins de moyenne

Quand il a fallu faire le travail et amener le Real au titre lors de la finale face à la Stellazzurra, c’est l’italien qui a pris les choses en main (22pts en totalité). Je l’ai trouvé tout en contrôle, intuitif balle en main et clutch, avec une série de pull-up et de gros shoots pour terrasser les romains. Le % à 3pts est encore plus impressionnant car le type de tirs pris était parfois complexe, tandis que Spagnolo a aussi régalé en transition, avec de jolies lectures. Défensivement, l’italien est prêt pour le haut niveau européen (on l’a d’ailleurs déjà vu avec l’équipe nationale italienne lors des qualifications pour l’Euro 2022), il possède souvent un avantage de taille sur les porteurs de balles adverses et possède un coffre qui lui permet de naviguer entre les écrans. D’avantage marqueur que créateur, il devra dans les prochains mois ajouter un peu de créativité dans son jeu de passe, notamment en transition, mais il a tout en bagage pour devenir ce combo complet. Un des européens de la génération 2003 les plus en vue cette année lors des différents Adidas Next Generation.

 

Les belles surprises

Eli John Ndiaye (Real Madrid) : Poste 4/5 (2004)

Statistiques sur la compétition : 17pts / 9.3rbs / 2.5asts / 2stls / 1.5TO // 53% aux tirs (26/49 sur la compétition), 3/10 à 3pts et 72% aux LF (13/18 sur le tournoi) en 26mins de moyenne

Elu joueur de la compétition, l’espagnol né au Sénégal a tout simplement dominé physiquement la concurrence. Très peu de joueurs pouvaient réellement le stoppé à l’intérieur : ses statistiques aux tirs et aux LF sont donc ce que je retiens le plus de ses 4 matchs. Il prend des tirs à 3pts, la forme et la réussite aux lancers-francs sont solides pour son âge ; c’est extrêmement encourageant, car cela lui permet de déjà nuancer quelque peu son jeu d’attaque. Défensivement, il est long, agile et très dissuasif, un cocktail qui fait des ravages à ce niveau de compétition. Pas grand chose d’autre à dire en réalité sur lui, et c’est drôle car il a était le MVP du tournoi d’Istanbul : c’est un moins bon joueur que Nunez et Spagnolo selon nous, mais son physique, le développement de son tir et les légers flashs à la passe en font un élément à suivre dans les prochaines années.  

 

Baba Miller (Real Madrid) : Poste 4 (2004)

Statistiques sur la compétition : 7pts / 4.5rbds / 1ast // 5/8 aux shoots, 3/5 à 3pts et 1/2 aux LF en 12mins de moyenne

A peine 26 minutes de temps de jeu mais cela a suffit pour que l’on coche son nom. Fils d’un ancien joueur de divisions mineures Sénégalais et d’une mère anglaise, ce natif de Majorque a tout pour lui. La taille, les qualités athlétiques, une envergure au dessus des 2m15, des mains Kahwiesques et des pieds O’Nealesque. Vous voyez le joueur que vous aimez créer sur votre console ? C’est lui. Profil de joueur complet, on notera qu’il a du travail pour améliorer son dribble, mais que sa lecture et son physique lui permettent souvent de n’avoir qu’un dribble à faire pour se retrouver la tête au cercle. La mécanique de tir n’est pas encore stable mais voir un joueur de sa taille lâcher des passes main gauche ou main droite pendant qu’il est en mouvement, ça vous pose un prospect ! Surtout, il n’a pas besoin de la balle pour exister, son activité et son QI sont remarquables. En défense, il a tout pour devenir un élite défenseur. Sa latéralité est impressionnante pour son gabarit, mais c’est surtout qu’il aime ça. Ca se voit. L’activité des bras, la lecture pour couper les lignes de passe sont là et si on devra attendre encore un peu pour juger de sa capacité à protéger le cercle, on se dit que le Real a encore trouvé une pépite. 

 

Andrija Jelavic (Olimpija Ljubljana) : Poste 4/5 (2004)

Statistiques sur la compétition : 19.5pts / 7.5rbs / 3asts / 2.5stls / 2.5TO // 48% aux shoots (32/66 sur la compétition), 23% à 3pts (4/17 sur le tournoi) et 66% aux LF (10/15 sur la compétition) en 34mins de moyenne

Le croate du club phare Slovène est une des belles surprises de l’édition de Belgrade. Un physique intriguant mélangeant de longs membres avec une largeur de torse intéressante. Le hic, c’est le côté athlétique, mais il joue avec envie, il ne lâche rien et surtout, il a un gros moteur sous le capot. Offensivement, il est capable de faire un peu tout, mais ce qui saute le plus aux yeux, c’est son tir. Il est capable d’être dangereux sur du catch-and-shoot, tir après dribble, et si les % à 3pts ne font pas rêver, la gestuelle est bonne et ça devrait sourire dans les années à venir. Il joue face au panier, peut driver des deux côtés, mais reste à développer le dribble. Le QI basket est remarquable, le jeu sans ballon excellent. Pas un très bon joueur au poste actuellement : il va falloir soulever de la fonte. En défense, pour le moment, c’est pas ça, sauf aux rebonds. Trop lent, pas assez fléchi pour défendre sur les petits, pas assez puissant pour défendre sur les gros.

 

Aday Mara (Saragosse) : Poste 5 (2005)

Statistiques sur la compétition : 8.5pts / 10.5rbs / 3.5blks / 3TO // 55% aux tirs (15/27 en globalité) et 23% aux LF (4/17 sur le tournoi) en 18mins de moyenne

Dans la catégorie « Je suis très jeune, très grand et très talentueux ». La France a Victor Wembanyama et l’Espagne possède Aday Mara. L’intérieur de Saragosse a été une belle éclaircie pour son équipe. Joli QI, bon passeur, il a une vitesse de pied intéressante et une capacité à se retourner des deux côtés sur du jeu posté. Doté aussi et surtout d’un très bon toucher, on se dit qu’il ne lui faudra pas longtemps pour devenir une menace sur son tir extérieur. Ah pardon. On me dit dans l’oreillette que c’est déjà le cas à l’entrainement ? Incroyable ! Ce jeune homme de 2m18 est né en 2005 ! Alors en défense, il a les défauts liés à sa taille et son morphotype. Parfois jugé soft, il a su hausser son niveau. Il faudra travailler la protection du ballon après rebond, et s’habituer, même à 2m18, à box-out plus régulièrement.

 

Eray Buyukcangaz (Buducnost) : Poste 2 (2004)

Statistiques sur la compétition : 15.5pts / 3.8rbs / 2.3asts / 1.3stls / 3TO // 40% aux shoots (18/45 sur la compétition), 40% à 3pts (8/20 en totalité) et 81% aux LF (18/22 sur le tournoi) en 34mins de moyenne

Un des coups de cœur du staff Envergure ! Arrière de grande taille, gabarit intéressant et longueur, il a beaucoup grandi en peu de temps, même si il va falloir penser à rajouter un peu de puissance. Pendant le dernier Euro U16, il avait évolué uniquement au poste de meneur ; il peut désormais évoluer 2/3 avec un QI au-dessus de la moyenne. Il tire vite et bien, pull-up ou catch-and-shoot, il peut driver, finir en profitant de sa taille et de sa capacité à changer de rythme. Défensivement, il peut défendre de 2 à 4, avec une bonne vitesse de déplacement et des mains actives. Futur très bon joueur Européen ? On y croit !

 

Ismaila Diagne (Real Madrid) : Poste 5 (2006)

Statistiques sur la compétition : 7.3pts / 4.7rbs / 1blk // 76% aux shoots (10/13 sur le tournoi) et 40% aux LF (2/5 en globalité) en 9mins de moyenne

Comment peut-on impacter autant un tournoi en jouant si peu ? Demandez à Ismaïla Diagne, qui a réussi à produire 22pts & 14rbs en 27mins. Un corps impressionnant, une mobilité déconcertante, le pivot gaucher est puissant et rapide ! Son champ d’action est restreint à la raquette et ça se finit souvent par un dunk. On aime cette mentalité, surtout à son âge. Sur les échauffements, on a cru déceler un vrai potentiel pour le développement de son tir extérieur. Pour le moment, loin du cercle il est inutile. Il va falloir travailler la passe, le dribble et la compréhension du jeu. Défensivement, on l’a vu capable de mettre la pression sur le porteur de balle et comme il a tout l’arsenal du futur protecteur d’arceau, son potentiel défensif est immense. 

 

On attend mieux...

Gustav Knudsen (Saragosse) : Poste 3 (2003)

Statistiques sur la compétition : 8.5pts / 6.6rbs / 2asts / 2stls / 4TO // 38% aux shoots (15/39 sur le tournoi), 2/10 à 3pts et 2/4 aux LF en 25mins de moyenne

On plaide coupable ! On l’a mis dans cette catégorie avant d’apprendre qu’il revenait de deux mois de blessure suite à un problème musculaire à la cuisse. Ce qui explique qu’on l’ait trouvé autant hors de forme, jamais vraiment dans le bon tempo, pas capable d’être agressif, reculant quand ça devient trop « physique ». En tout cas, sur le tournoi, Knudsen a paru sans solutions sur demi-terrain. Sa capacité à créer pour les autres n’a pas sauté aux yeux, son adresse non plus. Défensivement, il prend de plus en plus de place, il est un excellent rebondeur. Le Danois reste un prospect sûr. Ne rayez pas son nom trop vite.

 

Henri Veesaar (Real Madrid) : Poste 5 (2004)

Statistiques sur la compétition : 6.3pts / 5.5rbs / 1ast / 1blk // 50% aux shoots (10/20 sur le tournoi), 1/2 à 3pts et 80% aux LF (4/5 sur le tournoi) en 16mins de moyenne

Si physiquement, on voit bien le changement, techniquement, on est resté sur notre faim. Bien évidemment, pas facile de briller dans l’armada madrilène, et il va falloir qu’il s’habitue à partager la balle, le temps de jeu… Mais on le pensait capable de pouvoir se faire sa place de manière plus importante. Les points de progrès visibles sont la combativité (il a gagné en dureté) et le tir (80% aux LF), mais les outils techniques ne sont pas à la hauteur attendue. C’est un très jeune joueur et rien n’est définitif, mais ça commence à ressembler à un joueur qui ne fera pas long feu au Real, sauf s’il apprend à se contenter des miettes. 

 

Konstantin Kostadinov (Real Madrid) : Poste 3/4 (2003)

Statistiques sur la compétition : 7pts / 3.5rbs / 2asts / 1.3stls // 41% aux tirs (10/24 sur le tournoi), 25% à 3pts (2/8 en totalité) et 100% aux LF (6/6 sur le tournoi) en 20mins de moyenne

Le bulgare a alterné le bon et le moins intéressant sur l’ensemble du tournoi d’Istanbul, mais c’est aussi le résultat d’une utilisation sporadique. Dans les premiers matchs (des victoires aisées du Real), il a eu des ballons et des possibilités de s’exprimer : on a vu une jolie vision du jeu, du spot-up et l’action du tournoi, un poster face à Bursa. On l’a aussi vu un peu en retard défensivement et pas super tranchant balle en main. Il était l’un des plus âgés, mais il était solide sans être dominant. On sait qu’il peut bien mieux faire.