Pour sa deuxième étape de la saison 2022, l’ANGT se déroulait à Patras, en Grèce. L’équipe Envergure était sur place pour ces trois jours de compétition, trois jours qui ont vu la victoire de la Stella Azzurra Roma. Moins de prospects très intéressants étaient présents qu’à Belgrade, mais plusieurs joueurs ont retenu notre attention. Présentation de six talents ayant marqué les esprits le week-end passé.

À noter que cet article réfléchit en terme de prospects (moyen terme) et non sur les performances individuelles sur le tournoi (court terme), ce qui fait que des joueurs ayant marqué beaucoup de points ne sont pas forcément les prospects les plus intéressants.

 

Alexandros Samodurov (Next Gen Team) : Poste 4-5 (2005) / Grec

Cela fait longtemps qu’on entend parler d’Alexandros Samodurov, mais on ne l’avait jamais vraiment vu dans une compétition continentale de qualité. Privé d’Euro U16 avec la Grèce l’été passé pour COVID-19, Samodurov vient de signer un contrat professionnel avec le Panathinaïkos (jusqu’en 2028). L’occasion de le voir au sein de l’équipe coachée par Spanoulis était donc parfaite pour tous les observateurs, car on le présente depuis longtemps comme la prochaine pépite grecque.

Sur ses trois premiers matchs (il s’est blessé au début du match pour la 3ème place face au FC Barcelone), le grec était simplement ultra dominant : 57pts, 25rbs et 7blks en cumulé sur ces trois rencontres, en shootant à 22/28 aux tirs et 10/15 aux LF. Pour un intérieur de 16ans qui atteint déjà les 2m10, ces chiffres sont impressionnants, surtout qu’il ne connaissait pas ses coéquipiers avant la compétition. On a vu un joueur très mobile et fluide sous le cercle, étant capable de d’éliminer ses adversaires avec des moves de grande qualité : il maitrise notamment très bien les spin-move et les euro-step. Le tir est en développement, et même si la trajectoire est plate, le grec semble posséder un toucher de qualité. Défensivement, on a un joueur qui ne saute pas pour rien (il ne prend pas de fautes stupides) qui sait se placer et ne pas être trop pénalisé par son poids (il est encore assez mince). Le moteur est très impressionnant, et Samodurov a pu jouer énormément à haute intensité.

 

Mohamed Diawara (Next Gen Team) : Poste 4 (2005) / Français

Coaché par Vassilis Spanoulis au sein de la Next Gen Team de Patras, Mohamed Diawara a marqué les esprits de tous les observateurs présents le week-end passé en Grèce. Tellement que même blessé et pas à 100% sur une partie du tournoi, son entraineur ne pouvait se passer de sa présence sur le terrain (116mins joués sur les 4 matchs).

Pièce majeure du futur du Paris Basketball il est déjà un joueur majeur en Espoirs cette saison (26mins de jeu par matchs), Diawara était le couteau-suisse de son équipe. Il a montré toutes les qualités qu’on lui connaît, étant capable de passer/dribbler/shooter (15asts & six 3pts réussis en 4 matchs) et de défendre toutes les positions. Ce n’est pas surprenant, car tout cela était visible par flashs cette saison avec l’équipe espoir du Paris Basketball, mais c’est encourageant de le voir aussi à l’aise au niveau U18 européen. Sa longueur a été un calvaire pour les joueurs qu’il a défendu, et son dribble, qui est en constante amélioration depuis des mois, a semblé très solide pour un joueur de sa taille. Les statistiques ne sont pas incroyables, mais on a vu un tir extérieur solide (le 4/6 aux LF et les flashs à mi-distance et sur les longs 3pts sont rassurants), un joueur très précieux aux rebonds (24 rebonds en 4 rencontres), un leader vocal dans une équipe qu’il ne connaissait pas, le tout en étant gêné au genou. Le parisien doit encore améliorer son accès et sa finition au cercle, mais Diawara est très jeune et son potentiel est immense.

 

Miro Little (Helsinki Basketball Academy) : Poste 1 (2004) / Finlandais

Très attendu par les suiveurs, Miro Little a répondu présent et a même réussi à faire gagner plusieurs matchs à son équipe. La nouvelle pépite de la formation finlandaise est depuis quelques semaines sous le feu des projecteurs, et après avoir débuté en sélection nationale chez les séniors, il avait beaucoup à montrer à Patras.

Je ne sais pas si on pourrait parler d’héliocentrisme au sein du jeu de la Helsinki Basketball Academy, mais on peut tout de même préciser que Little devait s’occuper de la totalité de la création collective de son équipe. On a donc vu du déchet (17asts pour 19TO en 127mins de temps de jeu), un joueur qui peut avoir tendance à ne pas lâcher le cuir. On a aussi un joueur très à l’aide dans le drive-&-kick, étant capable de passer des deux mains et en situations de déséquilibre. Au niveau du shoot, rien n’est cassé, mais la réussite n’était pas présente (5/24 à 3pts & 31/48 aux LF). Il avait la totale confiance d’Hanno Mottola, son coach et ancien joueur des Hawks, qui lui répétait de garder son agressivité actions après actions. Physiquement, le finlandais est mature physiquement. Il résiste bien au contact et, à ce niveau, était capable d’aller provoquer pas mal de fautes (48LF tentés sur la compétition). Il tient bien ses duels physiquement, et pourrait être encore plus influant défensivement avec un rôle moins primaire en attaque.

Miro Little a terminé dans le 5 de la compétition et devrait prochainement annoncer sa future destination, avec un départ pressenti pour la NCAA. Selon les dernières rumeurs, Little hésiterait encore entre Villanova, Baylor et Indiana (il possède plus de 20 offres au total).

 

Pacôme Dadiet (Next Gen Team) : Poste 3 (2005) / Français

Aux côtés de son compère tricolore Diawara du Paris Basketball, Pacôme Dadiet a encore été extrêmement à l’aise offensivement dans une compétition de jeunes. Encore car, à seulement 16 ans, Dadiet est l’un des meilleurs joueurs du championnat Espoirs cette année (quasiment 17pts de moyenne en 32mins de jeu par matchs), et l’un des prospects français les plus intéressants à suivre.

L’ailier parisien a pu montré toutes sa palette offensive durant le tournoi, avec quasiment 19pts de moyenne sur la compétition. Le shoot extérieur en sortie de dribble a été au rendez-vous (4/11 à 3pts, avec également de bons moments à mi-distance), la création pour les autres a connu de bons flashs (6asts face au Barca dans le match pour la troisième place) ou encore l’agressivité vers le panier (31LF tentés sur le tournoi, avec un excellent 28/31 de réussite). L’ailier français n’est pas le plus rapide, ni le plus tranchant, mais son bagage technique est offensivement très avancé. Il n’est pas toujours à haute intensité, pas toujours assez agressif, mais le talent balle en main saute aux yeux. Défensivement, Dadiet est un peu plus en difficulté. Par moments, il est capable de très bonnes choses, mais il n’est pas toujours attentif loin du ballon, ni dans la navigation entre les écrans. Spanoulis a tout de même semblé satisfait des performances, le laissant quasiment 120mins en 4 matchs, et le mettant vraiment au centre de son système offensif.

 

Teodor Simic (FC Barcelone) : Poste 5 (2004) / Macédonien

Dans une équipe du Barça en difficulté, pas simple de réellement tirer des joueurs du lot ou de mettre en avant des prospects au potentiel élevé. Teodor Simic, qui a fait ses débuts avec l’équipe nationale macédonienne récemment, est peut-être celui qui s’est montré le plus à son avantage (profitant également de l'absence de James Nnaji, qui évolue avec les pros), notamment avec un jeu offensif en progrès.

L’intérieur a effectué deux très bons matchs (face à Tbilissi puis contre la Next Gen Team), et deux matchs plus en retrait. On a surtout un joueur de 2.16 avec une palette offensive en expansion. Le macédonien a pris 13 tirs à 3pts en 4 matchs, avec un début de menace sur Pick-&-Pop et un joueur qui possède un vrai toucher pour sa taille (10/15 aux LF). Le jeu de passe est aussi vraiment solide, avec un vrai œil sur Post-Up et un intérieur capable de bons renversements pour les shooters à l’opposé. Défensivement, Simic n’est pas le plus mobile et défend peu verticalement. Il se place bien pour dissuader et peser aux rebonds, mais difficile de le voir dans autre chose que de la couverture en drop chez les professionnels.

 

Illan Pietrus (Next Gen Team) : Poste 1 (2005) / Français

Meneur titulaire de l’équipe Next Generation, le joueur de la SIG Strasbourg a connu un tournoi parfois contrasté. Le contexte était aussi un peu délicat pour le strasbourgeois, car son équipe ne ressemblait pas à celle dans laquelle il évolue en Espoirs cette année (il tourne quasiment à 19pts en U21 cette année, jouant en moyenne plus de 33mins). En effet, il n’avait pas pour rôle de créer toute l’attaque et d’être la menace offensive principale de son équipe. Il jouait avec Samodurov, Diawara, Dadiet et d’autres grands talents, et Spanoulis le voulait en distributeur.

Contexte différent donc, mais on a vu le joueur qu’on voit souvent en U21. Pietrus est mature physiquement, et même si il ne grandira pas encore énormément, il est solidement bâti. Il adore pousser la balle en transition, attaquer avec férocité le cercle (il a tiré 30LF sur le tournoi), mais également tirer dans diverses positions. Il n’est pas tout le temps le plus lucide dans ses choix (beaucoup de pull-up contestés notamment), mais il reste jeune et possède un premier pas tranchant qui lui permet une prise de décisions plus simple. Il a parfois tendance à trop porter le cuir, ce qui peut lui faire perdre des ballons (notamment dans la fin de match face à la Stella Azzurra), et la prochaine étape de son développement se fera dans le nettoyage de son jeu (15asts pour 14TO en 4 rencontres). Défensivement, il possède les atouts physiques pour bien défendre sur les porteurs de balles, et si l’appréhension collective s’améliore, il pourrait se rendre utile de ce côté du terrain. A suivre dans les mois qui arrivent du côté de l’Alsace, où Pietrus a récemment connu ses premières minutes en pro.

 

Andreas Holst (FC Barcelone) : Poste 4 (2005) / Danois

Prospect plus en difficulté par moments sur le tournoi, Andreas Holst n’en reste pas moins l’un des profils les plus intrigants de tout l’ANGT de Patras. Outre le tir à 3pts, le danois n’a pas énormément pesé en attaque (16 de ses 19 tirs étaient derrière la ligne sur la compétition), avec peu de ballons pour créer. C’est pour le moment un finisseur, un joueur qui tire. Mais le potentiel est vraiment intéressant.

Défensivement, Holst a été, par moments, le joueur le plus en réussite sur Mohamed Diawara. Plusieurs fois, le parisien a tenté de le battre en un contre un pour accéder au cercle, mais la longueur et la mobilité du danois ont bloqué Diawara. Holst bouge très bien pour un joueur avoisinant les 2m10, il est long et très intense, ce qui en fait un vrai profil défensif. On peut regretter le manque de guard play au sein de l’équipe du Barca, ce qui n’a pas permis de mettre Holst dans de bonnes situations pour bombarder de loin (sauf dans le premier match, où il finit à 3/6 à 3pts). Le pourcentage à 3pts n’est pas très bon sur les quatre matchs, mais si on met de côté le 0/7 face à Olympiakos, Holst finit le tournoi à 5/9 à 3pts. La mécanique est quasi-parfaite pour un joueur de sa taille, ce qui en fait un vrai candidat à un futur rôle d’intérieur Stretch.

 

Mentions honorables : Ben Saraf (Next Gen Team), Fabrizio Pugliatti (Stella Azzurra), Shachar Doron (Maccabi Tel Aviv), Tunde Fasasi (Patras), Okku Federiko (Helsinki Basketball Academy), Timotej Malovec (Next Gen Team), Rafa Villar (FC Barcelone), Emmanuel Innocenti (Stella Azzurra), Ofri Naveh (Maccabi Tel Aviv)...