Etablir un classement des meilleurs prospects du Championnat Espoirs français était un projet qu’Envergure voulait mettre en place depuis pas mal de temps déjà. Cette année donc, nous nous sommes rendus dans énormément de salles de Betclic Elite pour voir des matchs Espoirs et superviser les futurs talents du basket hexagonal.

Plusieurs classements de prospects ont donc été établis par différents membres de l’équipe, des classements établis en tiers (au nombre de 4 après agrégat des classements de chacun) qui peuvent faire office de véritable Big Board U21 français. Notons également la présence de plusieurs joueurs du championnat Espoirs Pro B, des prospects qui, même n’évoluant pas en 1ère division, méritent amplement de figurer dans ce classement.

NOTE : il s’agit d’un exercice de placement des meilleurs prospects, pas des meilleurs joueurs du championnat. Il faut donc projeter, tenter de privilégier certains facteurs (âge, poste, courbe de progression physique et technique...) et ne pas simplement classer les éléments les plus forts à l’heure actuel.

La 1ère partie est à retrouver ici, avec le Tiers 4 allant de 23 à 14. La 2ème ici.

 

TIERS 2 (de 5 à 2)

5) Bilal Coulibaly (Boulogne-Levallois) : Poste 2-3-4 (2004)

Statistiques sur la saison : 11.8pts ; 4.7rbs ; 1.8asts ; 1.6stls ; 1blk ; 1.8TO à 45% aux shoots, 21% à 3pts & 67.5% aux LF en 27mins de moyenne

La grande et belle surprise de cette année en Espoirs, c’est lui, Bilal Coulibaly, le joueur des Metropolitains. Au sein d’une équipe à l’effectif réduit (Assemian Moularé, Eric Koumba & Maxime Yomi jouaient ainsi énormément de minutes), Coulibaly est vite devenu le 4ème homme, un joueur qu’on ne pouvait plus enlever du terrain et qui était un playmaker des deux côtés du parquet. Sur la 2ème partie de la saison, Coulibaly est quasiment devenu indispensable au collectif francilien, ce qui a été une surprise pour la plupart des suiveurs.

Le joueur de Boulogne-Levallois est grand, très long et possède encore une tête juvénile, ce qui laisse penser qu’il va encore grandir et se développer physiquement. Capable de passer/dribbler à un très solide niveau, et pas que par flashs mais sur des bouts de matchs de longue durée, Coulibaly possède ce profil de grand playmaker, d'une version française et moins avancée de Scottie Barnes (en plus de lui ressembler physiquement d'ailleurs). Le tir est encore en développement, mais il commence à en prendre de plus en plus. Capable de jouer un Pick-&-Roll et d’appréhender l’attaque sur demi-terrain, Coulibaly progresse de matchs en matchs et devrait encore dominer en U21 l’an prochain. Défensivement, son profil était l’un des plus intéressants de tout le championnat Espoirs. Playmaker de haute voltige (ses « stocks » étaient impressionnants cette saison), il était capable de défendre quasiment toutes les positions sur le parquet. Coulibaly est long, il se déplace bien latéralement et peut challenger des shoots au cercle.

On ne sait pas si il fait partie du projet à l’étage professionnel dès l’an prochain avec Boulogne-Levallois, mais Bilal Coulibaly est un vrai prospect à suivre et l’un des joueurs les plus intéressants dans cette génération 2004. On espère le voir avec la France lors de l’Euro U18 en Turquie début aout (même si la concurrence est rude), et vivement l’an prochain.

 

4) Mohamed Diawara (Paris Basketball) : Poste 4 (2005)

Statistiques sur la saison : 8.2pts ; 5.3rbs ; 2asts ; 1.6stls ; 2.8TO à 32.5% aux tirs, 28% à 3pts & 55% aux LF en 27mins de moyenne

Voilà un joueur sorti de l'INSEP en catimini sans vraiment que l'on sache s'il était toujours ce grand shooteur et défenseur polyvalent que l'on avait aperçu en U15, ou s'il était déjà entrain de se bruler les ailes avant même le début de sa carrière. Dans une équipe parisienne qui a traversé la saison U21 dans les bas-fonds du classement, Diawara ne finit pas avec des statistiques incroyables. Question de contexte et de rôle. Avec l'équipe de France cet été (un peu), mais surtout avec les équipes Next Generation de l’ANGT, on a retrouvé l'éclat d'un joueur qui a tout d'un futur diamant. 

Exit les 2m02 de l'ancien joueur de Charenton et du Centre Fédéral. Exit aussi le statut de non-porteur de balle, de joueur qui attend dans le corner pour prendre des tirs à 3pts, en difficulté sur la remontée de balle. Bienvenue à la nouvelle version de Mohamed Diawara, plus proche des 2m06 et d'un profil de joueur à tout faire. Remonter le ballon, prendre des picks, poser des écrans, driver, passer, créer pour lui, créer pour les autres. Tirer à 3 points les pieds dans le parquet sur Catch-&-Shoot, après un dribble, quand son vis-à-vis passe sour l’écran. Mi-distance grâce à un tir bien équilibré. Mohamed Diawara sait tout faire et il se plaît à faire briller Dadiet, son coéquipier au Paris Basketball. Par amitié, oui mais aussi parce que ça fait partie de lui. Briller seul n'a pas l'air de l'attirer et puis les tâches défensives, il y prend goût. On l'a vu tour à tour capable de mettre pression tout terrain sur le meneur pour ensuite éteindre une tentative d'un drive d'un ailier, puis ensuite protéger le cercle face à un pivot. Vous avez dit polyvalence ? Alors oui, il vaut beaucoup mieux que ses stats brutes en Espoirs. Oui, il vaut mieux que ses 28% à 3pts. Pas évident d'être celui qui créer le décalage, celui qui fait la passe et celui qui reçoit la passe dans cette équipe de Paris que l'on espère plus forte l'an prochain, pour voir Diawara et Dadiet mieux entourés. 

Et je vous vois venir. Serait-il sans défaut ? Sans limites ? Ce futur Poste 4 de l'Equipe de France va devoir montrer un peu plus de constance, plus de régularité. A tous les niveaux : émotionnellement, dans le tir, dans l'engagement, dans son agressivité. Il nous a offert trop de matchs creux cette saison, on pourrait croire qu'il choisit ses matchs. Quand on a 40 ans et la sève d'un arbre centenaire OK, quand on a l'âge de Mohamed, non. Il va falloir aussi grandir dans le leadership, ne pas accepter de se faire rouler dessus, ne pas baisser la tête quand ça va mal. Globalement, l'équipe parisienne, avec deux pépites comme celles là, ne doit pas être un tapis sur lesquels les centres de formation haut de gamme (style ASVEL ou Cholet) viennent s'essuyer les pieds deux fois par an. 

 

3) Pacome Dadiet (Paris Basketball) : Poste 3 (2005)

Statistiques sur la saison : 17.3pts ; 5.2rbs ; 1.7asts ; 1.2stls ; 3.2TO à 43% aux shoots, 19% à 3pts & 80% aux LF en 32mins de moyenne

Vous n'avez pas pu passer à côté de l'élégant ailier Parisien cette saison si vous lisez cet article. On tombe rarement sur un classement des meilleurs prospects du Championnat de France Espoirs. C'est un peu un concept de niche. Installé dans un rôle de "go to guy" dans une faible équipe Espoirs de Paris, Pacome Dadiet a brillé. Le petit frère de Maxence Dadiet est lui aussi sorti de Charenton et de l'INSEP, avant d'atterrir à Paris avec Mohamed Diawara. Vous avez pu, lui aussi, le voir en Equipe de France cet été à Skopje pour le Challenger U16 que la France a remporté puis brillant, lui aussi, avec l'équipe Next Generation coaché par Spanoulis pendant les tournois ANGT. 

Si vous vous demandez quelles sont les forces de Dadiet, j'ai déjà évoqué la première de ses qualités, celle qui saute aux yeux. Son corps. Formé au poste de meneur de jeu, Pacome a la taille, les qualités athlétiques et une certaine épaisseur qui le rendent physiquement "NBA" compatible. Techniquement, il peut effacer son adversaire par le dribble, par sa capacité à changer de rythme et nous a offert quelques actions d’éclats, surtout ligne de fond qui ont bien mis en valeur nos propos. Il nous montre des flashs d'agressivité, mais ce qui le caractérise, c'est plutôt son élégance, la manière dont il court, sa gestuelle. Dans un bon jour, il va être aussi bien capable de créer pour lui façon Iso à l'ancienne, que de créer pour les autres sur du Drive-&-Kick, sur des passes à une main en sortie de Pick-&-Roll. Porteur de balle, initiateur & de plus en plus à l'aise dans la peau du leader offensif, il ne fuit pas ses responsabilités, au contraire. Et il sait ou est le cercle, l'étiquette "scoreur" n'est pas usurpé.

Un prospect n'est jamais parfait, c'est aussi dans sa marge à progression que l'on peut avoir une idée du futur d'un jeune joueur. Dadiet a autant de qualités que de choses à améliorer. Sur le tir notamment, les choix, dans une équipe ou il a souvent été esseulé, n'ont pas toujours été les meilleurs, mais même bien entouré et avec une meilleure équipe (lors de l’ANGT), on a pu voir que d'un match à un autre, la gestuelle est différente, la rotation et la trajectoire ont tendance à varier. Il va falloir travailler là dessus pour en faire une force et ainsi s'offrir une étiquette d'attaquant polyvalent. La plus grande marge de progression de Dadiet reste d'ailleurs la régularité. Et on ne parle pas forcément d'un match à un autre, mais même à l'intérieur d'un match, il peut prendre feu et puis disparaître. Aussi fort dans ses temps forts que transparent dans ses temps faibles. Un travail de concentration, d'approche de la répétition des efforts est à mettre en place. Ca passera aussi par un travail du body language, il donne souvent l'impression d'être nonchalant, peu concerné... Maintenant qu'on a dit tout ça, il faut aussi parler de l'aspect défensif. On a voulu parler de l'irrégularité d'abord, de l'engagement ensuite pour ensuite finir par le registre ou il le paie le plus : la défense. Manque d'effort plus que de technique puisqu'il a une agilité excellente, une bonne latéralité, même si le centre de gravité est un peu haut pour être vraiment efficace sur les porteurs de balle. 

 

2) Killian Malwaya (ASVEL) : Poste 2-3 (2005)

Statistiques sur la saison : 10.9pts ; 4.1rbs ; 1.3asts ; 1.4TO à 52% aux tirs, 38% à 3pts & 70% aux LF en 23.8mins de moyenne

On vous parlait déjà de Killian Malwaya fin février, après l’ANGT de Belgrade. Le joueur de l’ASVEL avait été lu MVP des trois jours de compétition, étant capable de sanctionner en Catch-&-Shoot, de finir au cercle et de défendre fort sur l’homme. Quelques mois plus tard, Malwaya continue son bonhomme de chemin au sein des équipes de jeunes de l’ASVEL, et progresse de semaines en semaines.

Dans une équipe U21 de l’ASVEL expérimentée, complète et ultra talentueuse (Parmentelot, Kasiama & Yaacov ont déjà été mentionné dans cette série d’article), Malwaya possédait un rôle secondaire. Jouant un peu moins de 24mins par rencontres, il était surtout utilisé loin du cuir, dans des coupes loin du ballon ou en situations de Catch-&-Shoot. Sa progression dans ce domaine reste d’ailleurs impressionnante. Lors du Challenger U16 avec la France l’été passé, la mécanique et la réussite pouvaient laisser des doutes, mais ses 38% en Espoirs cette année ont mis beaucoup de suiveurs d’accord. Autre aspect positif de son jeu, son influence aux rebonds, notamment aux rebonds offensifs (chaque match, il vient gratter des ballons et des possessions pour son équipe). Toujours tranchant balle en main, extrêmement vertical, Malwaya doit encore améliorer sa navigation et ses choix balle en main. On espère le voir, pourquoi pas l’an prochain en U21, beaucoup plus responsabilisé à la création. Cela affectera sans doute son efficacité, mais pour son développement sur le long terme, cela pourrait être très bénéfique.

Défensivement, Killian Malwaya a tout du futur stoppeur défensif à l’étage professionnel. Explosif verticalement, rapide latéralement, il fait encore des erreurs stupides (c’est un 2005, rappelons le ici) mais peut déjà influer sur un match par sa présence. Déjà positif sur le Point of Attack, il était en fait un parfait 3&D cette saison avec l’ASVEL en U21, et la suite de son développement se fera dans un rôle qu’on espère voir grandir. Peut être déjà dans quelques semaines avec l’équipe de France, en Espagne lors de la Coupe du Monde U17.

 

TIERS 1

1) Zaccharie Risacher (ASVEL) : Poste 3 (2005)

Statistiques sur la saison : 12.5pts ; 4.4rbs ; 2.2asts ; 1.3stls ; 2TO à 45% aux tirs, 32.8% à 3pts & 71% aux LF en 26mins de moyenne

Zaccharie Risacher s’est retrouvé en tête de tous les classements des membres du site ayant participé à ce projet Espoirs. Il est donc logique qu’il se retrouve à la première position. Mais ce qui est plus intéressant, c’est de le voir seul dans son tiers, isolé dans le premier panier de joueurs. Labélisé prospect NBA depuis plus d’un an maintenant, l’ailier de l’ASVEL a connu une année de transition, une année parfois délicate mais une année qui a confirmé tous les espoirs observés en 2020-2021. Physiquement, il continue d’ailleurs de grandir et de s’allonger, tandis que le staff de l’ASVEL continue le travail physique sur sa pépite.

Titulaire en Euroleague à 16ans et membre clé du noyau U21 et U18 de l’ASVEL, Risacher a su développer sa palette offensive. Il est toujours ce shooteur de haute voltige, doté d’une mécanique et d’un équilibre déjà parfait à son âge. Les chiffres ne rendent d’ailleurs pas réellement compte de sa capacité de tir extérieur (quasiment 33% à 3pts & 71% aux LF en Espoirs cette saison), mais il peut encore gagner en régularité. Mais, cette année, on a vu des progrès dans l’attaque du panier et dans la création pour autrui. Il fait de bonnes lectures balle en main, peut trouver ses coéquipiers sur Drive-&-Kick... Il doit gagner en constance, mais les flashs sont très solides. On aimerait, pourquoi pas l’an prochain, le voir dans un contexte de leader offensif, de porteur de balle. Son rôle était secondaire en Espoirs cette saison (Romain Parmentelot portait ainsi énormément le cuir), et même en U18, on le voyait peu responsabilisé à la création. Le voir porter le ballon & générer de l’attaque l’an prochain pourrait vraiment être clé dans son développement vers le haut niveau. Défensivement, Risacher combine le corps et l’intelligence. Il est long et grand, ce qui lui permet une belle polyvalence de rôle. De plus, il comprend les situations, sait bien lire les schémas adverses. Evidemment, il doit encore prendre de la masse musculaire pour gérer les contacts proche du cercle, mais il est tellement grand et long qu’on peut lui laisser encore du temps.

Point également central du profil de Zaccharie Risacher : l’agressivité et la mentalité du prospect. Assassin silencieux, joueur plutôt réservé sur le parquet, il peut parfois manquer d’agressivité, on peut ne pas le voir pendant plusieurs minutes de suite. Pour un prospect de sa trempe, ce n’est pas normal, et Risacher doit faire ce travail pour toujours influer sur le collectif de son équipe. Dès qu’il veut prendre les choses en main et qu’il réclame des responsabilités, il répond présent. Forcer sa nature pourrait vraiment l’aider à franchir un cap et encore plus prendre de la lumière. On a hâte de voir son évolution dans les prochains mois, avec l’équipe de France U17 lors de la Coupe du Monde le mois prochain, mais aussi en club l’an prochain (ASVEL ? Espoirs ? Prêt en division inférieure ?).