A l'aube d'une nouvelle saison universitaire, les yeux se posent souvent sur les nouveaux arrivants en NCAA. Ces fameux freshmen prennent souvent le devant de la scène lorsque l'on se projette sur la prochaine Draft. D'ailleurs sur les 3 dernières éditions, le nombre de freshmen draftés augmentent chaque année (18 en 2021, 21 en 2022, et 21 (+ les jumeaux Thompson) en 2023). Seulement voilà, on ne compte plus les jeunes talents qui ne confirment pas leur potentiel une fois arrivé dans la grande ligue. C'est la raison pour laquelle une ou plusieurs années en plus en NCAA peut souvent être souvent bénéfique, et n'empêche en aucun cas une place à la Draft plus tard. Jetons alors un œil à ces joueurs qui ont fait le choix de s'aguerrir en côtoyant les folles ambiances universitaire.

Un junior est un joueur qui entre dans sa troisième année en université. L'année dernière, Olivier-Maxence Prosper (24) ou encore Julian Strawther (29) ont été drafté en fin du premier tour. Il y a deux ans, il y a eu Jalen Williams (12), Christian Braun (21) ou encore David Roddy (23) qui se sont vus appelés par Adam Silver, des joueurs qui se sont plutôt bien adaptés à la NBA. En remontant encore plus loin, d'autres juniors ont été draftés en 2021 et ont également bien réussi leur début dans la grande ligue ; Davion Mitchell (9), Trey Murphy III (17) et Quentin Grimes (25). Voici donc 8 nouveaux juniors, qui pourraient suivre leurs traces :

37 matchs / 13,57 points / 4,22 rebonds / 2,59 passes / 41% 3P / 82% LF / 1,49 pertes de balles en 32,2 minutes de moyenne par match.

La saison 2022-2023 de Trey Alexander a été très solide. Une propreté au shoot où il a fini à 41% de loin sur plus de 4 tentatives par match, un 82% sur la ligne qui renforce son étiquette de shooteur fiable et un joli 57% de true shooting pour couronner le tout. Dans une séduisante équipe de Creighton qui s'articulait beaucoup sur la relation entre le meneur Nembhard (parti cet été en direction de Gonzaga), et le pivot Kalkbrenner, il a parfaitement joué son rôle de scoreur/shooteur et de porteur de balle secondaire. Si le shoot a été satisfaisant, Alexander s'est aussi distingué par sa capacité à faire jouer les autres : il a su rester propre avec le ballon sans jamais chercher à forcer le jeu, guidé par une belle confiance en ses capacités et une aptitude à souvent faire les bons choix. Capable également de l'autre coté du terrain, il n'a pourtant été que trop rarement dans les discussions Draft de manière assez étonnante, un peu dans l'ombre de certains de ses coéquipiers. Cette saison, avec le départ du point guard de l'équipe, il devrait avoir plus de responsabilités à la création, et donc avoir l'occasion de montrer d'autes qualités que le shooting. Encore jeune (20 ans), on entendra certainement parler d'avantage de lui cette saison.

9 matchs / 11,78 points / 6,00 rebonds / 1 interception / 1,22 contres / 37% 3P en 27 minutes de moyenne par match.

Après avoir été transféré de Missouri vers Arkansas dans une équipe pleine de gros prospects, Trevon Brazile n'a eu besoin que de 9 matchs pour faire parler de lui au premier tour de la Draft, et semblait déjà avoir trouvé sa place dans sa nouvelle équipe. Difficilement projetable sur le poste 3 vu ses difficultés à poser le ballon au sol, il est plus un poste 4 ultra vertical, capable de s'écarter pour shooter à 3 points (37% en 9 matchs), tout en étant une réelle menace aérienne dans un rôle de finisseur d'action. Il peut aussi protéger le cercle et être polyvalent en défense avec un potentiel à exploiter, ce qui rend le profil évidemment excitant. Malheureusement une blessures aux ligaments du genou va mettre un terme à sa saison et sa bonne lancée. La question est maintenant de savoir s'il arrivera à récupérer toute ses capacités athlétiques, qui faisaient de lui un profil si rare. Malgré la blessure il avait toujours la possibilité de s'inscrire pour la Draft et d'être sélectionné, mais il décide finalement de rester un an supplémentaire pour aller chercher une place haute en 2024. A lui de confirmer ses qualités sur une saison complète.

34 matchs / 18,35 points / 8,09 rebonds / 1,71 passes / 1,94 contres / 59% FG / 27,58% USG sur 34,2 minutes en moyenne par match.

Après son étonnant retrait de la Draft 2023 pourtant faiblarde en profil de pivot protecteur d'arceau, Daron Holmes II arrive sur sa saison junior avec comme priorité de progresser sur son tir. Le pivot de Dayton aurait peiné à convaincre les scouts présents au NBA Combine, et repart donc pour une troisième saison universitaire, la deuxième en tant que star de son programme. Pivot undersized pour la grande ligue, il impressionne dans son efficacité à finir au cercle, et sa capacité à pouvoir protéger le cercle (1,94 contres de moyenne, et pas toujours proche du panier), tout en pouvant défendre au large grâce à sa mobilité et sa longueur. Il a déjà commencé à développer un bon jeu de passe, mais aussi un shoot à mi-distance et plus rarement à 3 points. Cette saison on devrait le voir prendre ce genre de tir bien plus souvent (à l'image de son match d'exhibition face à Ohio State où il a tenté 3 tirs à trois points en moins de 5 minutes pour 2 réussis), point important mais pas forcément essentiel dans sa projection Draft. Car le plancher est déjà bien solide et il semble difficile à croire qu'une équipe NBA n'irait pas le récupérer au moins dans un second tour. Dans une conférence assez faible, Holmes n'a peut-être pas la reconnaissance qu'il mériterait au vu de sa production et de sa régularité, mais est évidemment un joueur à suivre une fois de plus cette saison.

30 matchs / 13,83 points / 7,43 rebonds / 1,77 passes / 0,83 interception / 0,80 contre / 35% 3P sur 33,7 minutes de moyenne par match.

Arrivé en NCAA avec le statut de recrue 5 étoiles pouvant devenir un one-and-done, on a rapidement compris que Matthew Cleveland aurait encore beaucoup de travail pour se faire drafter comme annoncé. Dans une équipe de Florida State assez exécrable depuis le covid-19, on a d'abord vu un shoot qui nécessiterait beaucoup de travail tant la gestuelle est un chantier. Résultat, 17% à 3 points et 55% au lancer-franc. Sa saison sophomore a été nettement meilleure et on a pu voir les progrès de Cleveland dans de nombreux domaines. Car si le shoot est le sujet qui fâche, il n'en reste pas un moins un profil d'ailier très mobile. Avec un handle qui paraît meilleur match après match, il est capable d'attaquer le cercle efficacement et d'être actif sans le ballon, mais aussi d'être un très solide rebondeur avec de bonnes qualités athlétiques et une longueur qui laissent imaginer un solide upside défensif bien que le plancher soit déjà haut. Des progrès visibles qui n'ont pas suffi pour l'emmener à la Draft en 2023 et qui l'ont conduit à transférer à Miami, dans une équipe bien plus compétitive. Encore jeune, si Matthew Cleveland parvient à encore améliorer ses % et son handle, puis à confirmer les promesses aperçues à la création, alors il finira par retrouver sa place dans les discussions Draft et peut-être au premier tour tant le profil paraît NBA compatible.

37 matchs / 8,43 points / 3,27 rebonds / 1,46 passes / 1,14 interceptions / 37% 3P sur 23,5 minutes en moyenne par match.

Restons encore un peu chez les Hurricanes de Miami pour parler d'un autre joueur. Une première saison à sortir du banc, puis une deuxième en tant que titulaire (sans pour autant avoir un énorme temps de jeu) d'une équipe performante qui ira jusqu'au Final Four et qui va permettre à Nisine Poplar (de son vrai prénom) d'attirer l'attention sur lui. Bel athlète et bondissant avec de bons outils physiques, il a très bien shooté de loin cette saison et avec un meilleur volume pour finir à 37% contre 21% l'année précédente. Son 87% sur la ligne peut aussi être un bon indicateur. Poplar est aussi capable de poser le ballon au sol, attaquer les closeouts et être très actif loin du ballon. Capable de défendre sur les ailes mais aussi sur certains guards, il a aussi montré de vraies capacités de ce côté du terrain avec une certaine passion pour intercepter du ballon. Sans avoir une grosse utilisation dans le jeu (18% USG), il est pourtant souvent impactant et positif pour son équipe. Avec Isaiah Wong et Jordan Miller draftés cet été, ses stats et ses minutes devraient augmenter grâce à un rôle offensif plus important au scoring mais également à la distribution où il a montré des des bonnes séquences dans sa capacité à créer pour les autres. Poplar est le profil type du joueur qui peut véritablement exploser cette saison et briller une nouvelle fois à la March Madness.

33 matchs / 14,42 points / 38% 3P / 3,39 rebonds / 1,30 passes / 90% LF sur 32,3 minutes en moyenne par match.

Alerte shooteur. Miles Kelly s'est présenté à la Draft cet été avant de finalement se retirer pour retrouver son équipe de Georgia Tech, très faible depuis deux saisons, mais qui a changé de coach avec l'arrivé de Damon Stoudamire, et ramené beaucoup de nouveaux joueurs. Leader offensif de son équipe, on l'imagine cette saison avoir un rôle beaucoup plus loin du ballon à la vue des joueurs qui arrivent à ses cotés et de ses qualités premières. En shootant à un 37% du parking sur plus de 7 tentatives par match en moyenne, couplé à une grande diversité de shoot et à un très très solide 90% sur la ligne, Kelly a posé de solides bases la saison dernière. Un joueur de sa taille, avec un tel bras capable de scorer sur pull up, en mouvement, en sortie d'écran, ou de très loin est toujours intéressant d'autant qu'il n'a encore que 20 ans. S'il parvient à retrouver cette ligne de stats et qu'il arrive à être plus impactant et régulier en défense tout en prenant un peu en muscles, alors sa cote à la Draft devrait sans aucun doute monter. Cependant, défensivement Miles Kelly ne répond pas encore forcément aux attentes qu'on peut avoir, surtout chez un joueur qui n'offre pas forcément autre chose que du shoot et du scoring en attaque.

  • Le trio de Marquette :

Kam Jones (1m96 / 90kg) : 36 matchs / 15,06 points / 3,56 rebonds / 2,00 passes / 36% 3P / 66% LF sur 29,7 minutes en moyenne par match.

David Joplin (2m03 / 102 kg) : 36 matchs / 9,22 points / 3,22 rebonds / 0,81 passe / 40% 3P / 81% LF sur 19,1 minutes en moyenne par match.

Oso Ighodaro (2m11 / 106kg) : 36 matchs / 11,44 points / 5,94 rebonds / 3,31 passes / 1,50 contres / 0,89 interception / 66% FG sur 31,1 minutes en moyenne par match.

Trichons un peu pour finir. Dans une équipe qui aura fait une superbe saison 2022-2023, et aux cotés de l'incroyable meneur Tyler Kolek, ce n'est pas un, pas deux, mais bien trois juniors qui seront à suivre cette année. Pas forcément pour les hauteurs de la Draft mais des noms qui pourraient tous émerger dans des discussions de second tour.

Commençons par le plus grand, à savoir Oso Ighodaro. Joueur très intelligent sur le parquet, l'intérieur brille par sa capacité à trouver la bonne passe avec un impressionnant assist rating de 19%, mais aussi par son scoring efficace au cercle (66%). Capable d'être dissuasif également en défense, Ighodaro possède un jeu altruiste et technique qui se démarque de la plupart des intérieurs rim runner plus classique. Cependant, c'est encore un non shooteur, ce qui est compliqué quand on connait l'importance du spacing dans le basket d'aujourd'hui. Aucun tir à 3 point tenté en deux saisons NCAA. De plus, s'il est un bon défenseur mobile (latéralement en particulier) et capable de protéger le panier, il ne le fait pas de manière élite. Deux points qui freinent forcément sa projection NBA.

Avec quasiment 8 tirs à 3 points tentés par match, Kam Jones est le shooteur de cette équipe et en est logiquement aussi le meilleur scoreur. Des tirs longue distance tentés de plusieurs manières, que ce soit en en sortie d'écran, en mouvement, ou en catch&shoot avec une efficacité de 36% ce qui est plus qu'honnête. Également très efficace pour scorer proche du panier (68%), il lui manque encore le mid range pour pouvoir parler vraiment d'un profil de scoreur 3 niveaux. Joueur un peu "fou-fou" capable de totalement prendre feu sur un match (18 points d'affilée contre Vermont pendant la March Madness), mais encore inconstant et tête en l'air en défense. Dans un rôle de shooteur, constamment en mouvement sans le ballon avec très peu de perte de balle, on peut l'imaginer se trouver un rôle à l'étage supérieur.

Si la route vers un potentiel avenir en NBA semble plus longue pour David Joplin que pour ses deux autres compères, elle existe belle et bien. Élu Sixième Homme de la saison en Big East, Joplin a été très performant lors de ses rentrées, où on lui demandait une chose en particulier ; shooter à 3 points. Et son efficacité a eu un rôle majeur dans bon nombre de rencontres serrées. Car c'est bien là son point fort, avec une superbe mécanique de shoot qui lui permet d'être très bon en catch&shoot, il a très bien réalisé son job avec en pic un 8/11 à longue distance face à DePaul en janvier dernier. Olivier-Maxence Prosper parti, ce sera sans doute David Joplin qui prendra naturellement sa place dans le 5 majeur. Pas le même profil forcément et l'apport défensif de Prosper est sacrément difficile à compenser. Joplin va devoir être performant dans cet aspect du jeu même si ses capacités physiques (en particulier sa mobilité), peuvent poser question et ne seront jamais au niveau du canadien, malgré un physique solide.

 

Autres noms sur le radar : Jaden Akins (Michigan State), Brandon Murray (Ole Miss), Jayden Nunn (Baylor), Tramon Mark (Arkansas), Arthur Kaluma (Kansas State), Harrison Ingram (North Carolina), Bryce Hopkins (Providence), Adama Bal (Santa Clara), Kobe Johnson (USC), Erik Reynolds II (St Joseph's), Hunter Sallis (Wake Forest)...