Collin Gillepsie est un arrière tête de proue du célèbre programme de Villanova pour lequel il a joué durant 5 longues années. Une année bonus donc après un exercice 2020-2021 biaisé par la pandémie et littéralement déchirant pour Gillepsie qui a vu sa saison s'achever après une rupture des ligaments du ménisque.

Un vétéran de bientôt 23 ans donc dans une des équipes les plus âgées de leur championnat. Accompagné de Justin Moore, Jermaine Samuels ou encore Brandon Slater, tous candidats à la draft avec un rôle de 3&D, les hommes de Coach Wright, menés par le poisson Collin ont encore dominé la NCAA cette année.

1m91 pour 90Kgs, l'arrière des Wildcats est un produit physique globalement fini. Puissant pour encaisser des contacts face à des joueurs plus grands/larges, Gillepsie malgré sa blessure majeure ne semble pas avoir perdu trop de mobilité. N'ayant jamais été un athlète explosif on voit que le garçon s'est concentré sur sa fluidité latérale tout en renforçant le haut du corps. Peu vertical, le joueur est un archétype de son cursus misant sur dans guards puissants, expérimentés et avec beaucoup de combativité.

 

Dans une ligue NBA où l'on drafte au potentiel et donc à l'âge, quelle place pour un « vieux » meneur de 23 ans, peu athlétique et déjà blessé ? Si l'on regarde l'histoire récente, on se rend compte que beaucoup d'Upperclassmen trouvent du temps de jeu en NBA sur les postes arrières. On parle ici des Fred VanVleet, Monte Morris, Alex Caruso, Tyus Jones ou encore récemment Ayo Dosunmu. Quel point commun entre tous ces joueurs ? Des Guards puissants, défensifs capables de sanctionner à distance, de jouer aux côtés d'un fort porteur de balle loin du ballon mais aussi de gérer le tempo avec très peu de perte de balle. Et c'est exactement le profil de Collin Gillepsie ! Un joueur propre, acharné des deux côtés du terrain, gestionnaire et vraie menace de loin. Si drafter c'est aussi (surtout?) avoir de la chance, on ne garantit pas que la formule fonctionne à 100% et des centaines de contre-exemples existent (Winston, Baker, Bone etc...). Le contexte joue beaucoup, y a t'il d'autres joueurs à son poste et saura t'il saisir l'opportunité au bon moment ?

 

Être un gestionnaire propre qu'est ce que ça signifie ? Dans le cas de Gillepsie on a un porteur de balle capable de naviguer des deux mains. Un premier pas moyen mais un joueur en contrôle qui sait changer sa vitesse pour se créer un écart et manipule très bien les défenses. 3,5 passes décisives ce qui n'est pas exceptionnel mais un contexte collectif où le ballon est partagé et plusieurs joueurs initient ballon en main. Gillepsie met en place le jeu, s'occupe de la remontée de balle et distribue sans faire d'erreur. Un ratio Assist/Turnover à 2 en carrière qui confirme le propos. Des passes à une main, qui sont exécutés aux trois niveaux (directe, sol, lobées).

Sur P&R, Gillepsie choisira souvent l'option passe. L'arrière se place intelligemment de manière à couper l'aide de son défenseur pour jouer le surnombre. Si cette saison, il n'évolue pas aux côtés d'un pivot dominant, on a eu le plaisir d'observer cette séquence l'an dernier en combinaison avec Jeremiah Robinson-Earl (actuellement au Thunder). Près du panier, le Cat est efficace à 50% ce qui est moyen sur un petit volume, et qui s'explique par ses limites athlétiques. On apprécie néanmoins les séquences dos au cercle, tradition des arrières de Nova sur les joueurs plus petits. Au niveau supérieur, on attend donc un joueur qui sort du banc, gère la remontée de balle et qui peut faire tourner un collectif sur jeu placé.

 

Ces arrières on l'a dit doivent pouvoir exister sans ballon aux côtés d'un autre porteur dominant et si j'affirme que Gillepsie est de ce moule, les stats le confirment. 41% à trois points pour 7 tentatives ! Un volume plus que suffisant et une réussite que l'on observe depuis 5 ans. Gillepsie est un excellent tireur. De surcroît, on peut distinguer deux types de shoots de notre arrière pensylvanien. Le C&S mais aussi le tir en sortie de dribble. En effet, Collin prend un tir sur deux en Pull-Up, notamment derrière les écrans lorsque les défenses font l'impasse. Associez le à un pivot supérieur en NBA et vous avez une arme efficace. Le joueur écartera toujours le spacing et pourra sanctionner en bout de chaîne lorsqu'un coéquipier dominant attirera les défenses mais aussi en sortie de dribble.

 

Enfin j'insistais sur l'aspect 2Way Player. Les vieux meneurs ont souvent trouvé grâce aux yeux de leurs coachs par leur maturité défensive et leur implication dans ce secteur. Appelez les Cols Bleus, Guerriers, Dogs, les vieux qui défendent jouent ! Tout le monde ne peut pas marquer 25 points et briller et ces joueurs-là l'ont bien compris au cours de leur cursus NCAA. Gillepsie devra tenir le duel que la star de l'équipe refusera face au BackCourt adverse. Joueur puissant et intelligent, Collin sait irriter son attaquant. Orientation sur la main faible, mains agressives, passages en force, lutte à travers les écrans, Gillepsie a la panoplie complète. Un manque d'explosivité qui peut le desservir face aux arrières les plus rapides mais une capacité à tenir des drives d'ailiers. Le joueur pourra à minima switcher sur plusieurs profils sans être ciblés face à des ailiers et sera envoyé sur le meilleur attaquant adverse.

 

Au global, vous l'avez compris, Gillepsie n'a pas un plafond démentiel. Vous achetez un produit fini. Un joueur dur au mal qui fera le bonheur de ses coachs. Un tir extérieur, de la défense et des bons choix. De quoi pouvoir faire souffler un titulaire 10min en étant garanti que la boutique tourne, voire l'épauler. Peut-être que ce joueur ne jouera jamais en NBA mais je vous garantis que s'il a une chance il saura toujours bonifier l'équipe.

Projection : 40-Undrafted.