Cela fait quelques années que j'ai Antoine Davis sur mon radar, et cela après une saison 2018-2019 durant laquelle le joueur de Detroit Mercy avait explosé tous les records pour un freshman. Scoreur ultra référencé sur le circuit NCAA (on parle d'un joueur qui a inscrit 2734pts en 4 saisons, durant lesquelles il a joué 111 matchs), Davis aurait pu quitter sa fac et opter pour un transfert dans une université plus prestigieuse. Mais le natif de Bloomington est resté, il est devenu le meilleur marqueur de l'histoire de son programme (devant des joueurs comme Dave DeBusschere, Willie Green, Ray McCallum JR ou Rashad Phillips), il a fini 4 années de suite dans l'équipe-type de l'Horizon League et a enchainé cartons sur cartons. Mais Davis n'a jamais réussi à faire gagner Detroit Mercy, avec peu de succès collectifs. Comment juger son profil dans cette cuvée ?

Quand on regarde les matchs de Davis, il passe d'emblée le test du "meilleur joueur d'un petit programme" : il ne faut pas plus de 3 possessions pour qu'il saute aux yeux. C'est très important, car les joueurs qu'il affronte ne joueront pas en NBA. Il faut donc le voir dominer, le voir faire une multitude de différences balle en main et influer sur le jeu de son équipe possession après possession. Porteur de balle d'une équipe en manque de talent et de spacing, Davis était avant tout un joueur axé sur le scoring, mais sur un type de scoring pouvant heurter son efficacité : le pull-up à gogo. En 2021-2022, Davis prenait 48% de ses 3pts en sortie de dribble (sur 298 tentatives), pour une réussite de quasiment 38% à 3pts : le tir est donc l'arme principale de son jeu, et il est devenu, années après années, un shooteur de haute voltige. Même sur le mi-distance (46% sur 186 tentatives en 2021-2022) ou aux lancers-francs (88% sur 533 tentatives en 4 saisons universitaires), Davis est excellent, et tous les indices en font un joueur qui pourra shooter à l'étage supérieur. Davis est très facile balle en main, il arrive à naviguer facilement et possède une multitude moves pour se créer de l'espace afin de tirer. 

Mais le shoot ne peut être l'unique arme d'un professionel, à moins de devenir un shooter spécialiste, un joueur loin du ballon qui sortirait des écrans pour tirer de loin. Antoine Davis n'a jamais été loin du cuir. Il était le porteur de balle d'une attaque héliocentrique. Et les chiffres le démontrent, avec un joueur qui n'a jamais été sous les 33% d'USG durant ses 4 saisons NCAA, ou encore avec un % de passes décisives de 28% sur l'ensemble de sa carrière universitaire. Davis a toujours eu la balle, mais n'a jamais été un excellent passeur. Certes, il a amélioré son efficacité d'années en années (28% d'ASTS pour 13% de pertes de balles en carrière NCAA) et il n'était pas toujours aidé par ses coéquipiers, mais les lectures n'étaient pas tout le temps très bonnes. Il faut tout de même noter une amélioration sur le pourcentage à 2pts, signe d'un joueur qui allait mieux finir au cercle (55% en 2021-2022 sur 71 tentatives, contre 39% en 2018-2019 et 47% en 2019-2020) et qui était plus efficace sur le jeu à mi-distance. Dans une équipe dont le spacing n'était pas toujours optimal, il n'avait pas toujours les finitions les plus simples, mais il n'affrontait pas d'incroyables protecteurs de cercle, ce qui est important à noter. C'est bien plus un scoreur qu'un créateur, et même si on l'a toujours vu dans ce même et unique contexte, on peut douter de ses qualités de création avancées au niveau supérieur. Il peut passer, il n'est pas un réel trou noir, mais si Davis veut rester en NBA, il devra démontrer qu'il peut exceller en catch-and-shoot, afin de devenir un attaquant pouvant vivre avec et sans ballon. 

Défensivement, Davis devra évoluer dans son rapport à la tâche défensive, et cela car il n'a jamais vraiment défendu à Detroit Mercy. Il jouait en moyenne 37mins sur l'ensemble de ses quatre saisons en NCAA et devait s'occuper de l'intégralité de la création offensive de son programme. Il est plutôt petit et fin, possède une solide rapidité latérale, mais peut se faire aisément enfoncer. Il devra absolument défendre chez les pros, sous peine d'être difficile à mettre sur le terrain dans des moments importants. Je ne sais pas si il peut défendre le "Point of Attack", et cela car il est plutôt fin sur le haut du corps, ce qui peut laisser penser à un rôle plutôt loin du ballon.