Pourquoi parler de Kellan Grady si tôt dans l'année ? Après 4 saisons pleines du côté de Davidson, Grady a rejoint cette année Kentucky, programme majeur du championnat NCAA. Changement d'équipe et de conférence donc, mais surtout changement de rôle, et c'est bien pour cela que je veux parler de Kellan Grady rapidement dans ce processus pour la Draft 2022. Porteur de balle et scoreur principal à Davidson pendant 4 années, Grady joue désormais quasiment tout le temps off-ball, dans un rôle de floor spacer, de catch-&-shooter aux côtés des porteurs de balle de UK (Sahvir Wheeler et Tyty Washington JR). Deux rôles différents donc, mais un rôle cette année qui peut ressembler à ce que devra faire Grady pour s'implanter en NBA, ce qui rend son cas très intéressant à l'étude.

Si l'on regarde simplement les statistiques brûtes de sa saison 2021-2022, Grady prend pour le moment 73% de ses tirs derrière la ligne à 3pts, et cela pour 47% de réussite. En 4 années à Davidson, le guard n'avait jamais eu une telle répartition dans sa sélection de tirs (même si cette mue débutait l'an passé, avec 52% de ses tirs qui étaient pris à 3pts en 2020-2021). De plus, sur les 66 tirs à 3pts que le super-sénior a pris cette année, 90% étaient issus d'une passe décisive : on a donc un joueur qui shoote énormément en spot-up, après récéption de passe. En outre, Grady était de facto un playmaker durant ses quatre saisons à Davidson : en 4119 minutes en A-10 (la conférence de Davidson) il possédait 25% d'USG et 13% d'AST ; en 12 rencontres sous les ordres de John Calipari cette année, Grady possède un USG de 13.5% pour 5% d'AST. Enfin, Grady va beaucoup moins sur la ligne de lancers-francs cette année : son Free Throw Rate atteint les 15% cette année, tandis qu'il était quasiment de 25% en 4 saisons à Davidson. Un rôle qui change donc, et un profil statistique qui témoige d'un joueur qui se spécialise même avant d'arriver en NBA.

Ce qui est très intéressant dans le cas de Kellan Grady, c'est que sa spécialisation vers un joueur de catch-&-shoot se déroule même avant son entrée dans le monde professionnel. La quasi-totalité des joueurs de rotation NBA dominait et possédait un rôle principal en NCAA, et cela car ils étaient très souvent les plus talentueux. Mais quand on veut rester et faire carrière en NBA, il faut se spécialiser, devenir très fort dans un ou deux aspects du jeu pour se greffer à une rotation et épauler les stars. Pour Grady, on peut voir cette saison le rôle qu'il aura en NBA, du moins s'il arrive à y rester. Quand on regarde ses matchs à Kentucky cette année, il est extrêmement efficace en spot up, offre toujours une solution en transition en sprintant dans les coins. La mécanique est très propre, et sur 127 matchs NCAA, il met tout de même 37% de ses shoots à 3pts (sur 722 tentatives), ce qui témoigne d'un shooter référencé. Elément plus surprenant, son pourcentage aux LF de 76% en carrière NCAA (sur 400 tentatives). Sur le plan défensif, il peut faire le travail sur les guards adverses, surtout loin du ballon. Grady a 24 ans, il est donc bien plus mature physiquement et collectivement que la plupart des joueurs qu'il affronte en NCAA, ce qui explique le fait qu'il fasse peu d'erreurs.

Cas intéressant d'une pré-spécialisation avant même d'arriver en NBA, Kellan Grady prouve cette année qu'il est utile dans un rôle moins porté sur le ballon. Son passé de clé de voûte d'une attaque (ce qu'il était à Davidson) lui permettra d'ailleurs toujours d'être un passeur fonctionnel, de pouvoir faire quelque chose d'autre que simplement shooter. Cette mue ne lui enlève pas les qualités de joueur all-around qu'il mettait en avant ces dernières années, mais elle permet de mettre en exergue un niveau de scalabilité élevé, une chose qui pourrait lui permettre de trouver un rôle dans une rotation NBA dès l'an prochain.