Qu'il est délicat de projetter le futur de Jonathan Kuminga, l'ailier de la G League Ignite et tête d'affiche du programme de développement de la G League aux côtés de Jalen Green. Né au Congo, Kuminga est arrivé aux Etats-Unis à l'âge de 14ans pour y jouer au basketball ; après plusieurs lycées dans différentes régions du pays (West Virginia, New York, New Jersey), il avait décidé de sauter le pas, se reclassifier dans la cuvée 2021 et rejoindre la G League pour la saison 2020-2021 (ils possédaient des offres des plus gros programmes NCAA). Résultat, 13 matchs dans la bulle G League, 426mins à analyser et des matchs face à des professionnels pour un joueur de 18ans. 

Regarder Kuminga dans la bulle G League, c'est déjà voir un joueur au dessus de la moyenne physiquement, avec des qualités athlétiques de haute voltige. Les athlètes comme le congolais ne sont pas communs, avec un mélange d'explosivité, de premier pas virevoltant et de puissance. Le diamant est totalement brût offensivement, mais les outils sont tous là : la mécanique de tir n'est pas incroyable mais pas cassée, le dribble n'est pas bon mais des flashs sont présents... Tout est à faire donc, mais avoir un ailier capable de dominer physiquement tous les joueurs qu'il a pu affronté, à 18ans, dans la bulle G League, saute directement aux yeux. Kuminga possède tout de même des soucis dans son jeu offensif : il possède une vision tunnel, il drive droit sans réelles nuances, ne voit que très rarement ses coéquipiers dans les coins. Le tir n'a pas été bon sur la longueur des 13 matchs (24% à 3pts sur 65 tentatives, 62% aux LF sur 48 tentatives). Autre élément décevant pour son profil, sa relative difficulté à finir proche du panier : avec un corps comme le sien, il devra absolument mieux terminer au cercle. 

Sur le plan défensif, le congolais semblait par moments perdu, oubliant de suivre son joueur sur un pick-and-roll ou même sur situations de switch (sur ce types d'actions précises, on ne sait d'ailleurs pas si c'est lui ou son coéquipier qui fait l'erreur). Mais Kuminga a tous les outils pour devenir un défenseur positif en NBA sur les ailes : il est long, costaud et peut contenir pas mal de profils sur les ailes. J'ai personnellement plus de mal à le voir réellement peser sur une défense en switch : la vitesse latérale est décevante pour un joueur de sa taille, et cela malgré une envergure qui peut lui permettre, par moments, d'embêter des porteurs de balles adverses. 

Quand on parle des prospects du haut d'une Draft, il faut toujours réfléchir sur la "meilleure" et la "pire" issue possible. Si tout va bien, Kuminga est un ailier All-Star capable de peser des deux côtés du terrain, et un joueur qui aura appris à jouer au basket en étant un athlète haute voltige. Si tout ne se passe pas bien, j'ai du mal à le voir positif pour une bonne équipe : pour cela, il faudra être meilleur en spot-up, bouger sans ballon... La différence de valeur d'un Kuminga entre sa "meilleure" et "pire" issue est bien plus grande que pour d'autres prospects, ce qui rend sa sélection super intéressante : une équipe peut tomber amoureuse de son profil, voir un matériel incroyable et le modeler. Mais le chemin sera très long.