Même si à l’heure actuelle son avenir semble se dessiner sur le vieux continent, Keye Van Der Vuurst De Vries pourrait devenir le septième néerlandais drafté (le premier depuis 2002) et le premier n’ayant pas réalisé un cursus NCAA. Fils d’un entraîneur en 1ère division néerlandaise, il a choisi de se former en Belgique au sein du club d'Ostende qui évolue en 1ère division belge et en Basketball Champions League (C3). Alors que nombre de ses coéquipiers en équipe nationale A et U18 ont choisi de traverser l’Atlantique, le meneur de 19 ans fait ses gammes dans la “talent factory” du club flamand au côté d’autres prospects NBA (Nakić et Sylla) tout en devenant le plus jeune joueur à porter le maillot de l’équipe sénior des Oranjes. KVDVDV n’est pas la star de son équipe, il n’a commencé qu’un match en tant que titulaire et joue 21 minutes par match en moyenne, mais il est un de ses joueurs clé, notamment grâce à sa vision du jeu et son sens de la passe. Entouré de joueurs d’expériences dans un club habitué à gagner,  il n’a pas besoin de forcer en attaque et peut se concentrer sur ce qu’il sait faire de mieux : passer, en attestent ses 4.2 passes/match (7.6 par 36 min). Le batave ne laisse rien transparaître sur un terrain et affiche une attitude froide, mais il sait aussi se montrer leader notamment au sein des équipes de jeunes des Pays-Bas avec lesquelles il a remporté le Championnat d’Europe U18 B en 2018, inscrivant 35 points en finale.

Se décrivant lui-même comme un admirateur du jeu de Facundo Campazzo, Keye fait de sa capacité à passer dans n’importe quelle position son arme principale. Aidé par un gabarit qui le place dans la moyenne des meneurs en NBA (1,93 m), le néerlandais maîtrise déjà l’art de la passe dans presque toutes les positions. Et c’est sur une forme de jeu plébiscitée dans le basketball moderne, le pick and roll, qu’il peut le plus faire parler sa virtuosité. Associé à des lectures de la défense rapide, on le voit surtout punir les hedges par une no-look passe au poseur d’écran ayant plongé. Sur les situation de PnR mais aussi en transition, il est un excellent feedeur pour les big men qu’il peut envoyer au alley oop ou servir immédiatement grâce à une passe immédiate ou en sortie de dribble, à chaque fois avec une excellente précision. Marquant “seulement” 7.96 points par match Keye peut progresser sur son scoring mais profite déjà de son statut de playmaker pour s’ouvrir la raquette en pénétration. La menace constante qu’il représente sur le pick and roll et ses feintes de passes vont voir les défenseurs coller le rolleur lui permettant de finir sur un floater ou au lay up des deux mains, avec une bonne capacité à absorber le contact (de joueurs moins physiques qu’en NBA). Finalement même s’il ne tente sa chance qu’en moyenne 3 fois par match, Keye nous montre depuis des années son range NBA à trois points avec une réussite avoisinant les 40% sur ses deux dernières années.

Pour ce qui est de ses défauts, le néerlandais devra rapidement corriger un ratio AST/TOV qui tourne autour de 1.6. Une tendance à perdre le ballon (2.69 TOV) qui résulte d’une volonté à chercher constamment ses coéquipiers sur PnR pouvant amener à des interceptions faciles pour la défense, ainsi qu’une propension à chercher la passe cachée. On note aussi une défense moyenne, voire médiocre, aussi bien en situation de 1 contre 1 que sur PnR. Il obtient le pire defensive rating parmi les joueurs réguliers d’Ostende et affiche seulement 0.5 STL, bien que ce chiffre monte à 1.3 lors des compétitions internationales. Sur PnR Keye est souvent pris dans l’écran et reste derrière son vis à vis, permettant à l’attaque d’être en supériorité numérique face au défenseur restant. Finalement, on peut se demander si malgré sa taille il lui sera possible de développer un corps d’athlète adapté à la NBA, ou si comme Campazzo il lui faudra perfectionner son art en Europe et attirer l'œil d’une franchise une fois qu’il sera un joueur mature techniquement et physiquement.