Moses Moody est ce qu'on appelle dans le jargon du métier un swingman. Principalement utilisé comme arrière à Arkansas cette année, il a le profil physique pour aisément jouer arrière ou ailier sans que personne y voit de différence. Il mesure 1m98 et fait osciller la balance à 93kg. Selon ses dires, il aurait une envergure de 2m16 ce qui en fait le prototype idéal pour un joueur à sa position en NBA. Cette saison, il a mené son équipe au Elite Eight où il ont fait amende honorable ontre les éventuels champions du tournoi Baylor. Il a cumulé de curieuses statistiques au long de l'année: 16,8 ppm, 5,8 rpm, 1,6 pdpm et 1,0 vdbpm. Il a shooté un mince 42,7% au total, mais 36% à trois points et 81% de la ligne des lancers francs. 

Ces stats ne racontent cependant pas toute l'histoire.

Beaucoup d'observateurs aiment bien ranger Moody dans la case 3-and-D wing parce que le tir à trois points et la défense sont deux choses qu'il fait déjà très bien, mais ce serait beaucoup trop simple. Le jeune homme a montré des flashs de création pour lui même avec le dribble au courant de l'année qui laissent présager de belles choses. Il a tout un arsenal de jab set, step backs et de fade aways qu'il utilise pour créer de l'espace et réussir des shoots difficile malgré son manque d'explosivité. Il a également un turn-around jumper des plus efficaces, ce qui selon moi est l'un des shoots les plus difficiles à maîtriser au basket. Il est, selon moi, un créateur d'attaque sous-estimé. Côté défense, son moteur, sa tenacité et sa longueur de bras compensent largement pour son manque de vitesse et d'explosion. Il est rude.Il joue avec un tempo et une pugnacité incroyable. J'adore ce type de joueur. 

La principal problème avec Moody c'est le profil athlétique. Pas le plus rapide, le plus explosif ou même le plus vertical. Ça se traduit pas un manque d'efficacité flagrant autour du cercle. Il n'est pas incroyablement shifty alors il essaie souvent de finir à l'extérieur de son joueur avec des angles pas possibles. Une partie de ces problèmes seront amoindris par le développement de ses instincts de passeur. Il fait les bonnes lectures de ce côté, mais il n'est pas un naturel. L'idée de passer lui vient toujours après celle de créer pour lui-même. Ça faisait partie de son rôle à Arkansas, mais il devra développer cet aspect de son jeu en NBA parce qu'il ne sera pas une première option offensive. Il est plus dans le type 2e option de luxe. 

Sur le plan psychologique, on parle d'un joueur qui est sous les projecteurs depuis très, très longtemps. Normalement je suis toujours dubitatif des joueurs qui vont au collège dans leur ville natale, mais Moody a fait deux ans à la très célèbre prépa Montverde Academy en Floride, donc il n'a pas nécessairement peur de l'inconnu. En entrevue avec Mike Schmitz, il a raconté que son père l'a initié à la poésie et aux échecs parce qu'ile ne voulait pas que son fils devienne un stéréotype. C'est très sain de s'intéresser à d'autre chose qu'au basket. Ça permet de relativiser et de s'épargner beaucoup d'épuisement mental. À noter qu'il est aussi TRÈS jeune. C'est un 2002. Il aura à peine 19 ans au jour de la draft. Cette maturité physique et psychologique est de bonne augure.

Bien que la plupart des mock drafts voient Moses Moody partir entre 8 et 14, ne soyez pas surpris s'il était sélectionné entre 5 et 7. On se fait une image bien précise de lui, mais il a beaucoup de potentiel inexploité. En entrevue, Moody affirme beaucoup s'inspirer du jeu de Devin Booker ce qui fait beaucoup de sens. À mon avis, il deviendra un juste milieu entre Khris Middleton et un Victor Oladipo des beaux jours. Je ne serais pas surpris de le voir frôler ou même atteindre le 20 ppm une ou deux fois en carrière.