Devenir le rebondeur le plus prolifique de sa décennie garantit-il une place à la draft ? Rien n'est moins sûr quand on regarde les Boards ou Mocks qui nous entourent. Et pourtant Oscar Tshiebwe aura modestement marqué l'histoire de sa discipline dans sa 3ème année NCAA.

Le pivot né au Congo n'a commencé que tardivement le basket à l'âge de 15 ans. Repéré dans les camps NBA de Bismack Biyombo, le jeune Tshiebwe s'embarque pour un parcours américain à l'issu duquel il sera convoité par plusieurs programmes majeurs. Recrue 4 étoiles ESPN, le prospect s'engage pour West Virginia où il évoluera une saison et demi pour coach Huggins avant de quitter le navire Mountaineers pour raisons personnelles. A ce moment là, on comprend qu'il existe des désaccords entre le clan Tshiebwe et le staff de WVU, certains clubs professionnels outre-Atlantique se penchent sur le dossier, mais c'est finalement un transfert pour les Kentucky Wildcats qui prend place.

Une troisième saison sous les ordres de coach Calipari donc, où Tshiebwe n'a pas plus à se partager la peinture avec un second intérieur (contrairement à WVU où il jouait aux côtés de Derek Culver). Deux extérieurs habiles sur P&R pour le servir en TyTy Washington et Sahvir Wheeler et des ailiers athlétiques offrant un minimum de Spacing : voilà le contaxte collectif. Le Big O comme les fans de Kentucky l'appellent a été placé dans un contexte de jeu quasi parfait, bénéficiant de la qualité de passe de ses arrières et leur offrant une arme massive pour exister. Une relation exter/inter si importante et dont beaucoup de jeunes prospects ne bénéficient pas avant la NBA (Evan Mobley à USC pour ne citer que lui).

Dans ce contexte, qu'avons-nous appris du corps, du jeu et de la transposabilité de ces derniers au niveau NBA ?



Tout d'abord, Tshiebwe est un athlète. Un corps si massif, si mûr que certains se posent des questions sur l'âge réel du jeune homme, problématique souvent abordée pour les prospects issus du continent africain. C'est vrai que la NCAA n'est pas habituée à voir débarquer un jeune homme de 19 ans de 2m06 pour 118Kg avec des muscles aussi dessinés tout en étant aussi mobile. Oui le congolais est un pivot undersized mais sa densité et sa longueur de bras compensent largement à l'étage universitaire. Une envergure de 224cm et une standing reach de 277 cm rendent le prospect tentaculaire.

Verticalement, la gravité devant être respectée, Tshiebwe ne s'envolera pas dans les airs, mais sa longueur et son second saut en font un rebondeur élite. Vous ajoutez cela à un sens du placement exceptionnel, des fondamentaux de BoxOut et vous avez un joueur tournant à 15 rebonds par matchs en 31min. Il est tout simplement le rebondeur le plus prolifique du pays. Cette masse n'empêche pas Oscar de se mouvoir sur un parquet, dans le moule des Rim-Run appréciés en NBA, le jeune peut enchaîner les aller-retours dans l'axe panier-panier. Même constat défensivement où on voit un prospect s'adapter à plusieurs systèmes défensifs, pouvant monter et trapper les extérieurs, comme rester plus bas près de son cercle tout en restant mobile.

Le jeune bouge bien et impose sa puissance tous les soirs. Aux rebonds comme dit, mais dans le contact en général. Des écrans qui font mal aux extérieurs adverses et qui créent un réel écart. Ses extérieurs peuvent naviguer en étant libre de leur défenseur et ainsi faire le meilleur choix. Une supériorité physique qu'on va aussi retrouver près du panier, 77% au cercle dont la moitié après une passe décisive et beaucoup de Dunks, mais aussi une intelligence de jeu pour reconnaître les missmatchs sur des joueurs plus petit et sanctionner. Des finitions majoritairement main droite et des difficultés à prendre le dessus face à de grands pivots développés. On comprend rapidement que le pivot ne sera pas un joueur NBA de poste bas, ses fondamentaux étant trop faibles sur ce compartiment et son répertoire trop limité. On penchera pour un partenaire de P&R qui trouvera ses points dans ce registre ou après un rebond offensif. Dans ce secteur, Tshiebwe génère de nombreuses fautes, un FT Rate à 42% peu récompensé avec 70% de réussite sur la ligne. Une efficacité moyenne malgré un tir en mouvement intéressant.

En effet, le pivot est mésestimé sur son jeu au périmètre, il tourne 40% de réussite sur les "longs deux points" sur un volume conséquent. Très à l'aise sur P&R Pour réceptionner la balle à mi distance et sanctionner rapidement, Tshiebwe offre des options à une équipe voulant l'intégrer. Avec un dribble correct pour poser la balle après réception et finir au panier, on a un joueur complet sur son rôle. Pour le moment aucun tir pris derrière la ligne à trois points et cela n'importe finalement que très peu. L'option à mi-distance suffit pour se faire respecter d'une défense. Passeur intelligent capable de transmettre depuis le poste haut ou dos au cercle, le congolais devrait fluidifier le jeu de manière fonctionnelle.

 

Défensivement, on apprécie la mobilité et l'agressivité du joueur. Très doué pour intercepter des ballons envoyés poste bas et lancer une transition, Tshiebwe utilise aussi sa longueur pour casser les handoff adverses ou trapper un P&R. Plus en défaut en rim protection pure pour bloquer les tirs, pivot se place intelligemment dans ses couvertures pour aider le défenseur du porteur sans se séparer de son propre joueur. Il lui manquera une réelle menace de dissuasion due à son manque de taille pour intimider les porteurs de balle qui voudront le challenger.

 

Au global, vous avez là un joueur mature physiquement, correspondant au modèle courant des pivots en sortie de banc, excellent rebondeur et partenaire de P&R pour tout extérieur qui voudra se simplifier la vie. Un plancher et un plafond très proche pour un profil à faible coût à la draft.