On est parti en Hongrie à la fin du mois de juin pour le championnat du monde u19. L’occasion de voir, ou revoir, les joueurs en vrai, les attitudes mais surtout la progression de chacun. Certains joueurs ont été observés plusieurs fois lors des derniers mois, se retrouver sur ce nouvel événement permet d’observer d’autres éléments du jeu de cette catégorie de joueurs et d'observer les joueurs dans un rôle différent par rapport à celui en club ou école. L’occasion aussi d'observer Team USA. Une équipe toujours super intéressante à observer avec des joueurs qu’on a peu l’habitude d’observer de près. Lors de ce championnat du monde u19, une petite vingtaine de joueurs ont, selon nous, le potentiel NBA. Américains, espagnols, turcs et chinois (l’Equipe de France aura son propre article).

Tre Johnson (SG - 1.98 m - 2006 - HS)
11.1 points, 2.9 rebonds et 2.6 passes de moyenne

Sur les radars NBA depuis l’été dernier, Tre Johnson n’a pas toujours été à son avantage lors de ce championnat du monde u19. Principalement utilisé en sortie de banc, l’arrière né en 2006 avait un rôle limité dans une équipe sans réel leader. Pour autant, en terme prospect, Johnson est sûrement le joueur avec le plus de potentiel. Rapport complet à retrouver ici.

Dylan Harper (SG - 1.93 m - 2006 - HS)
9.3 points, 4.6 rebonds et 1.3 interception de moyenne

Annoncé aux États-Unis comme le top joueur de la promotion 2025, Dylan Harper s’est montré en effet montré à son avantage sur le sol hongrois. L’arrière a une activité folle sur les deux côtés du terrain. On a aperçu un joueur très doué offensivement. Rapport complet à retrouver ici.

Asa Newell (F - 2.06 m - 2005 - Montverde Academy)
7.7 points, 5.6 rebonds et 2.3 contres de moyenne

Dans un rôle différent par rapport à l’été passé lors du championnat du monde u17 et des minutes en plus, Asa Newell n’a pas toujours montré une évolution attendue. Le joueur de Montverde s’est principalement montré comme un très bon protecteur de cercle (2,3 par match - 16 au total). Rapport complet à retrouver ici.

Cody Williams (F - 2.01 m - 2004 - Colorado)
7.9 points, 3.6 rebonds et 1.1 passe de moyenne

Monté fin, le frère de Jalen Williams (aujourd’hui au Thunder d’OKC), est encore en pleine évolution. Il est difficile de projeter un rôle vu son corps. Physiquement, il a tous les attributs d’un potentiel 3 & D. Lui manque juste les statistiques en attaque. Le tir n’est pas encore fixé mais il est sans doute son point fort. La vision est aussi un élément intéressant de son jeu. Pour le reste de son jeu d’attaque, c’est un peu plus poussif. Lors de ce championnat du monde u19, le futur joueur de Colorado s’est montré en difficulté lorsqu’il a fallu se rendre au panier. À aucun moment, on ne l’a vu éviter le défenseur que ce soit au sol ou en l’air. Droitier naturel, Cody Williams porte et manie le ballon principalement main gauche mais termine au panier main droite. Un point qui le rend prévisible et facile à défendre une fois qu’il sera scouté par les adversaires.

Défensivement, comme évoqué plus haut, tous les attributs sont présents : grand, envergure positive, morphologie et pourra ajouter du muscle dans les années à venir. Par moments en difficulté, notamment sur repli défensif, Cody Williams s’est illustré par sa polyvalence. Aussi bien capable de contenir des arrières que de limiter les intérieurs au poste.

Son tournoi fut moyen dans l’ensemble mais il y a trop d’éléments pour le rayer de la liste.

Baba Miller (SF/PF - 2.08 m - 2004 - Florida State)
9.4 points, 6 rebonds et 1.3 passe de moyenne

De retour en Europe après une année (tronquée) à Florida State et un été sans tournoi FIBA, Baba Miller a laissé tous les observateurs bouche-bée. Seconde option offensive de l’Espagne, derrière Izan Almansa, l’ancien du Real Madrid a tout fait sur le parquet et a su se muer en leader quand son équipe en avait besoin (contre la France en finale, par exemple). Du haut de ses 2.08 m, Baba Miller a montré une capacité à porter les écrans et, surtout, terminer de façons différentes : rouler pour finir près du panier ou s’écarter et tirer de loin. Un tir sur courant alternatif, notamment à trois points. Il termine le tournois sur un 8/28 (28%). Moins à l’aise balle en main, il peut néanmoins aussi être l’initiateur de pick-and-roll/pop. Balle en main, il peut aussi faire le travail tout seul. Des actions encore un peu rares dans son jeu mais visibles par à-coup. Défensivement, par contre, c’est un peu moins reluisant. Correct sans être dans les meilleurs, Baba Miller a des oublis qui font taches. En tant que poste 4 résidant près du panier, il n’est pas rare de le voir immobile alors qu’un adversaire attaque le panier. Par ailleurs, il sait se muer en protecteur de cercle par moments (5 contres en 7 matchs).

Jordi Rodriguez (SG - 1.99 m - 2004 - Badalona)
13.6 points, 2.6 passes et 1.4 interceptions de moyenne

Titulaire au poste 2 avec l’Espagne, le joueur de la Badalone était, par séquences, le porteur principal de la rojita lorsqu’il était sur le terrain. Manieur de ballon des deux mains, initiateur, passeur, création pour lui, souvent plus grand que ses vis-à-vis, Jordi Rodriguez a été un cauchemar pour ses adversaires. Et il a été tout aussi bon sans le ballon avec notamment du catch-and-shot de loin (39 % de réussite à trois points - 6 tentatives par match - 18/46 sur le tournoi). On retiendra qu’il fut un peu en difficulté lorsqu’il a fallu se diriger vers le panier. Le physique n’est pas encore suffisant pour qu’il tienne le choc en l’air.

Défensivement, il n’a globalement pas fait trop d’erreur. Bien aidé par la machine ultra-huilée qu’était l’Espagne. Sa prestation loin du ballon contre la Turquie fut un modèle. Toujours en avance, toujours bien placé. Il n’a rien laissé à ses vis-à-vis. Avec le départ de Kyle Guy vers l’Euroleague, aura-t-il des minutes avec l’équipe première ? Ça serait intéressant pour son évolution.

Izan Almansa (F/C - 2.07 m - 2005 - G-League Ignite)
16.9 points, 7.1 rebonds et 1.1 contre en moyenne

Le futur joueur du Ignite continue sa progression. Une nouvelle fois MVP d’un tournoi FIBA, son troisième consécutif, l’intérieur a dominé ses adversaires en faisant ce qu’il sait faire. Etre actif sous le panier des deux côtés du terrain : contestation et protection de cercle en défense (un contre par match) et finition dans la peinture en attaque (62 % à deux points). En Hongrie, Izan Almansa a surtout été un joueur de fin chaîne. Il a été plus en difficulté lorsqu’il a fallu qu’il se crée de l’espace ou son tir. Il n’a pas encore de moves à lui. Bonne ou mauvaise nouvelle, l’ancien d’Overtime Elite répond déjà à un rôle lorsqu’il arrive en Europe. La question, est-ce qu’il peut faire plus sur un terrain qu’être un simple poseur d’écran, rim runner et finisseur près du panier ?

Du fait de son rôle durant le tournoi, il n’a tenté que trois tirs lointains pour une seule réussite. Par ailleurs, il a terminé l’événement à 90 % aux lancers-francs (17/19). Ce qui laisse entrevoir une possible progression au tir. Un autre élément à surveiller, sa capacité à trouver les autres. Avec 11 passes décisives sur le tournoi (dont 7 uniquement contre le Liban), Almansa a une nouvelle fois montré qu’il avait un vrai œil pour un joueur de son gabarit et avec ce rôle. On gardera également un œil sur le développement physique du garçon, car en un an il n’est pas trop visible.

Sergio De Larrea (G - 197 m - 2005 - Valence)
6.1 points, 2.9 passes et 1.7 interception de moyenne

Utilisé en sortie de banc, le meneur de Valence a été un moins à son avantage lors de championnat du monde u19. Il a traversé la phase de groupe comme un fantôme en étant totalement à côté de ses pompes. Sans impact en tant qu’initiateur et ciblé défensivement par les adversaires. Sergio De Larrea s’en sort off-ball mais reste en difficulté en défense homme-à-homme. Il n’a pas la latéralité suffisante pour contenir ses vis-à-vis et il est toujours en difficulté lorsqu’il doit défendre les pick-and-roll. Heureusement, il s’est réveillé sur la phase finale. Bien plus à son avantage balle en main, il a délivré des passes que lui seul voit. Toutefois, le tir n’est pas toujours fixé et reste donc un point faible de son jeu.

Berke Buyuktuncel (F - 2.06 m - 2004 - Tofas/UCLA)
11.4 points, 8.3 rebonds et 3.7 passes de moyenne

Une nouvelle fois pièce centrale du jeu turc, le futur joueur de UCLA s’est montré un peu moins flamboyant que par le passé. En une saison, durant laquelle il s’est aguerri sous les couleurs de Tofas avec des minutes en Eurocup, a développé ce qu’il sait faire. Face à une adversité tout autre que le monde professionnel, Berke Buyuktuncel a dominé sans être le meilleur. Dans un rôle de forward capable d’écarter le jeu et d’être un connecteur, on retiendra un tir à trois points toujours en construction. Ses matches successifs contre l’Espagne et les Etats-Unis, demi-finale et petite finale, ont laissé dubitatif. Contre l’Espagne, il a été très bien ciblé par la défense ibérique et ses tirs lointains ne sont pas rentrés. Il n’a jamais su répondre et prendre l’avantage sur ce moment lorsque la pression domine mental.

Yang Hansen (C - 2.16 m - 2005 - Qingdao Eagles)
12.6 points, 10.4 rebonds, 4.7 passes et 5 contres de moyenne

Découverte du tournoi pour nous, l’intérieur des Qingdao Eagles a été l’une des belles surprises de l’événement. Annoncé à 2.16 m par la FIBA, on a observé un joueur assez mobile même s’il reste du travail. On sent qu’il apprend encore à vivre avec son corps. Ce qui le limite par moments.

Dans le jeu, il avait un rôle assez libre sur le terrain. Principalement cantonné à être sous le panier, il n’a pas été rare de le voir écarter le jeu avec son tir et créer pour les autres grâce à ses passes. La réussite près du panier doit s’améliorer pour être une vraie menace future. Il a trop souvent fait le travail pour gagner sa position (post-up, face-up, etc…) mais sans marquer (54 % à deux points - 34/63). Il était surtout efficace lorsqu’il était en mouvement et avait de la vitesse (spin-mode, euro-step, transition, etc…). Deux points ultras intéressants dans le jeu de l’intérieur chinois. Le tir est encore en téléchargement mais la mécanique est là et il n’a pas peur de tenter sa chance. On comptabilise 6 tirs longue distance pour une seule réussite (16 %). Et le 60 % aux lancers-francs (17/28) laisse entrevoir une légère progression dans cet aspect. Autre caractéristique à surveiller : la passe. Avec 5 passes décisives par rencontre (4.7), Yang Hansen a marqué en étant capable de trouver le joueur qui coupe au cercle, de lancer les contre-attaques avec une passe tout terrain, et d’être un point de fixation.

En défense, il ne peut s’occuper que des pivots adversaires. Il reste aujourd’hui trop lent défensivement pour voir plus loin à ce niveau. Ce qui ne l’empêche pas d’être intéressant dans en drop coverage face au plus petits. De ce côté du terrain, sa force principale reste sa taille. Il affiche 5 contres de moyenne sur le tournoi (35 au total), à quoi s’ajoute une multitude d’actions sur lesquelles il dissuade et change l’option de l’attaquant face à lui. Par ailleurs, malgré 10.4 rebonds par match (à majorité défensifs), ce n’est pas l’aspect du jeu dans lequel il est le plus dominant. Trop souvent, il s’est laissé battre dans la bataille sous le panier. Parfois même face à des arrières ou ailiers. À suivre.

Wang Junjie (F - 2.06 m - 2005)
12.8 points, 5.5 rebonds et 1.3 interception de moyenne (4 matchs)

France-Canada-Espagne-Etats-Unis. Une adversité quelque peu relevée pour une première dans une compétition de ce type. Présent sur le circuit Basketball without borders de la NBA, c’était la première fois qu’on pouvait observer Wang Junjie de près. Une première convaincante (13 points de moyenne (35 % à trois points - 6/17) accompagnés de 5.5 rebonds et 1.3 interception).

Annoncé à 2.06 m par les organisateurs, on a vu un joueur capable d’évoluer sur plusieurs positions en attaque comme en défense. Offensivement, il a été tout aussi efficace avec le ballon en main que sans. En attaque, il n’a pas été rare de le voir remonter la balle et initier les offensives chinoises. Il est également capable de joueur le pick-and-roll et le pick-and-pop en tant qu’initiateur et poseur d’écran. Wang Junjie a montré qu’il pouvait scorer sur les trois niveaux sans souci avec une polyvalence dans le tir. On note cependant, parfois, un manque d’agressivité avec seulement 5 lancers-francs tentés sur le tournoi). En défense, c’était un peu plus sur courant alternatif. Il n’a pas encore la capacité à tenir les arrières de façon constante. Il est un peu plus à l’aise face aux intérieurs qu’il peut contenir.

Le point noir aura été sa blessure à la cheville droite contre les États-Unis qui l’a privé de la seconde moitié du tournoi.

Mentions

Sans marquer plus que cela les esprits, le canadien Elijah Fisher (G/F - 2004 - DePaul) a montré des choses qui donnent envie de gratter et continuer à le suivre. Il a été intéressant par sa polyvalence offensive. Encore un peu brut en attaque balle en main, il affiche néanmoins un 43 % à trois points (7/16). Coup de chaud ? Le pivot US undersize Tobe Awaka (F - 2.03 m - Tennessee) s’est lui surtout fait remarqué par sa solidité physique et son niveau aux rebonds (10.6 rpg). Très peu de joueurs ont réussi à le battre à ce niveau. Autres noms à conserver en tête : son compère de Villanova, Mark Armstrong (G - 1.90 m - 2004). Malgré des stats aux tirs peu reluisantes, les flashes le sauvent pour le moment. Le Slovène Jan Vide (G - 2005 - Real Madrid/UCLA) qui a fait ce qu’il sait faire le mieux marquer des points mais toujours sur le même mouvement (attaque du panier, pull-up mi-distance). Le Truc Karahan Efeoglu (F - 2004 - Anadolu Efes/Utah) par son côté valuable, sa solidité physique et son tir longue distance (44 % - 11/25). Son compatriote Samet Yigitoglu (C - 2.16 m - 2004 - Besiktas) qui a été bon près du cercle, au niveau du scoring (10 ppg) et du rebonds (9).