Taran Armstrong est un arrière australien issu de la NBA Global Academy de Canberra en Australie. Membre des équipes nationales U17 et U19, il est médaillé d’or en 2019 au tournoi FIBA océanien. On l’a vu aussi mener le jeu des Aussies au mondial U19 cet été. Avec ces quelques références nationales et internationales, il intègre cette année la fac de California Baptist où il retrouve son frère, Tre, et 2 autres compatriotes. Ni son programme (en 1ère division NCAA depuis seulement 4 ans) ni sa conférence (la Western Athletic Conference) ne sont cotés. Pourtant Armstrong fait parler de lui dès les premiers mois de son année freshman : il est le 3ème meilleure passeur (7,5 / match) et le 5ème au pourcentage de passes (43%) en NCAA. De quoi éveiller la curiosité et se pencher sur ses matchs.

 

Armstrong est un grand arrière (1m95), léger (83kg) qui ne semble pas posséder une envergure remarquable ni des qualités athlétiques formidables malgré quelques jolis dunks. Sa principale qualité est de savoir créer du jeu et inventer des passes. Il est le porteur de balles et le créateur principal de California Baptist, rôle différent de celui qu’il avait par exemple en U19 ou dans l’équipe monde de la NBA Academy avec lesquels il jouait second créateur. À la vision des matchs, sa capacité à créer dans plusieurs situation est évidente. À l’aise en Pick-and-Roll ou en drive-and-kick, il fait partie des rares joueurs capables d’inventer des angles de passes. Un bon ralenti est parfois nécessaire pour en comprendre certaines. À l’aise dans toutes les situations, il passe à deux ou une main, main gauche et droite ou dans le dos. Bon manieur de ballons sans être expert, il peut dribbler dans la raquette pour donner du temps au jeu de se développer et imposer le tempo. Au niveau de la technique de dribble, il sait changer de vitesse pour créer du décalage et déstabiliser une défense. Cela en fait un joueur malin et fun à regarder mais aussi un créateur transposable en pro.

Coté attaque, il aime driver et finir au cercle malgré le manque de vitesse de son premier pas (58 % de réussite au cercle). Même s’il ne va pas très haut, la finition proche du panier est son principal apport au scoring grâce à un bon toucher et un floater efficace. Autre qualité, son apport aux rebonds : 6,5 prises. Il est le 4ème meilleur rebondeur défensif de sa conférence en volume. Cela fait de lui un meilleur rebondeur que par exemple Austin Reaves durant son année senior (drafté par les Lakers en 2021) qui est un meneur d’un gabarit semblable. Enfin, en comparaison avec ses prestations internationales et avec la NBA Academy, il semble plus mature et plus dans le cadre lors de ses premiers mois universitaires.

 

Tout n’est pas parfait pour autant, Taran perd beaucoup de ballons (3 par matchs), un défaut sûrement lié à son activité dans la création et au volume de ses passes. Il reste un joueur jeune (2002) et ces chiffres confirment la tendance aperçue cette été au U19 durant lequel il partageait la création notamment avec  Dyson DanielsAutre point à améliorer son pourcentage au shoot : autour des 30 % à 3 point en NCAA et en FIBA. Le geste n’est cependant pas cassé, il est même plutôt propre aux lancers francs (70 % dans l’exercice pour un volume de 33 tirs). Ce qui est encourageant c’est qu’il a montré un petit échantillon de pull-up à 3 (en FIBA et NCAA) même s’il shoote essentiellement en Catch-and-Shoot avec CBU.

Reste à évaluer ses performances dans leur contexte. Ses gros chiffres à la passe, aux rebonds et au scoring au cercle ont été réalisé face à des équipes modestes : par exemple il a produit un triple-double (16 points, 10 rebonds, 12 passes) contre San Jose State, équipe avant-dernière de la Mountain West Conference. Heureusement pour le eye test, outre le contexte FIBA (contre l'Espagne et les USA), Armstrong a joué deux matchs contre des gros programmes : Texas et Arizona. Contre Texas, la production chiffrée était basse mais pas forcément l’activité. Il faut être deux pour finaliser une passe décisive et CBU n’a marqué que 44 points ce qui relativise la contre performance chiffrée. Contre Arizona et la défense de Dalen Terry, les actions offensives étaient aussi encourageantes. Par contre, il a exposé son manque de vitesse et de dureté physique en défense notamment contre le guard Justin KierLe bilan est donc contrasté et il y aura peu d’autres grosses confrontations cette année puisque le programme n’est pas éligible à la March Madness à cause de son accession récente en première division NCAA. Pour exister à plus haut niveau, il doit renforcer sa dureté physique, consolider son handle et améliorer son shoot. Il sera difficile de lui confier la balle sans cela.

L’Australie a formé ses dernières années plusieurs créateurs de haut niveau avec Ben Simmons, Josh Giddey ou encore Dyson Daniels. Taran Armstrong n’a pas ce niveau de basket mais sa production couplée à sa taille, ne peut pas laisser indifférent.