Parfois listé à plus de 2 mètre et plus de 100kg, Jaime Jaquez Jr n’est pas un défenseur, un shooter ou un slasher élite mais il peut faire tout ça, et bien. Pur californien, il y est né, y a grandi et est y est allé au lycée. Jaquez est maintenant junior à UCLA, prestigieux programme de la PAC12 s’il en est. Dès son arrivée sur le campus, coach Cronin s’est servi de lui à toute les sauces : guard, ailier, défenseur, scoreur. Preuve de la confiance que lui donne son coach, Jaquez devient titulaire pour son 8e match en NCAA pour ne plus quitter le 5 par la suite.

 

Qu’est ce qui attire l’oeil (et pourquoi on aime ce joueur) ? Sa polyvalence en attaque est un premier point. Il est capable de shooter en Catch&Shoot ou en sortie d’écran avec un pourcentage de 40 % (en 2021) sur, c’est vrai, un volume moyen (94 tentatives). Son départ en drive est aidé par la menace de son shoot. Il aime partir de la tête de raquette pour finir au contact. À noter, son évolution physique qui lui permet d’encaisser les chocs et de finir proche du cercle avec 64% de réussite au panier. Sa puissance lui permet de s’imposer face aux arrières et de tenir face à des joueurs plus grands. Ce n’est pas un athlète élite mais sa prise de vitesse lui permet de finir au dunk dans le trafic. Coté attaque, le plus intéressant à mon avis, est sa capacité à prendre ce que donne la défense : si le défenseur ferme, il drive, s'il a la place il shoote, si la passe est possible il drive and kick. Un bon QI offensif donc, sans monopoliser pour autant la balle ou enrayer la dynamique offensive. Et puis Jaquez possède un dribble correct (il utilise ses deux mains) pour se déplacer, driver, initier du Pick&Roll et remonter la balle.

 

C’est aussi un défenseur solide nommé dans le 5 All-Defensive (meilleur 5 défensif) de la PAC12 en 2021. D’abord utilisé comme arrière en 2019, il évolue en 3-4 et donc défend des ailiers en 2021. Dur sur les contacts, il est capable de gêner les drives, de couvrir en close-out et de se battre aux rebonds. Se chamailler avec des postes 5 ne le dérange pas non plus par séquence. Toujours intéressant dans les aides, il couvre du terrain et peu aussi contrer (sans être un protecteur de cercle) ou intercepter (1,2 steal et 0,7 block en 2021). Il fait donc beaucoup des petites choses qui font gagner un match mais qui n’apparaissent pas forcément dans les statistiques.

 

 Dernier aspect qu’on ne trouvera pas dans les chiffres, son adaptabilité. Jaquez fait preuve d’une constance dans son approche du jeu depuis ses premiers pas à UCLA. Débarqué dans une équipe en totale reconstruction (et à la dérive) en début de saison 2019, il donne, avec Campbell son meneur de jeu, un nouveau souffle et une nouvelle identité à son programme guidé par coach Cronin. Complémentaire de Chris Smith, la star de l’équipe en 2019 (maintenant joueur des Detroit Pistons), il accueille Johnny Juzang et devient son lieutenant en 2020 jusqu’à la March Madness.

 

 Polyvalent donc, on le répète et Alexandre Berthaud le souligne encore dans un récent article ici.

 

 Reste que son manque de spécialisation ne fait pas de lui un prospect élite. Et, ce manque de spécialisation empêche de cerner quel rôle évident il pourrait jouer en NBA. On sait que cette ligue, hors stars reconnues, offre des spots à des joueurs de rôle. Et Jaquez n’en a pas de précis. Il n’est pas non plus un créateur, même s’il est capable d’initier du Pick & Roll. Il perd trop de balles avec un ratio passes/pertes de balle de 1,3 seulement. C’est un scoreur universitaire qui n’utilise pas le pullup, arme recherchée par les franchises pros. Enfin, dernier point important, son pourcentage aux lancers-francs reste trop modeste (66% pour 113 tentatives), un aspect à surveiller cette année.

 

 Des défauts donc, qui pourraient faire baisser sa côte pour la draft... Ou peu si on considère qu’il ne sera pas utilisé comme porteur de balle principale ou secondaire. On en revient donc à son rôle que l’on peut imaginer comme un combo défenseur sur les postes 4-3, joueur positif en attaque et glue guy. Même dans une équipe de playoff, il pourrait être un joueur de complément recherché sur les ailes avec un vrai corps NBA. Reste que comme le pense Alan Guillou dans Planète Draft (ici à 34:15, avec l'avis de Benoit Lelièvre à la suite), Jaime Jaquez Jr pourrait attendre encore un an pour se présenter à la draft et, pourquoi pas, devenir LE meilleur joueur universitaire du pays en 2022-2023.