À l’aube d’une nouvelle saison universitaire, les yeux se posent souvent sur les nouveaux arrivants en NCAA. Ces fameux freshmen prennent souvent le devant de la scène lorsque l’on se projette sur la prochaine Draft. D’ailleurs sur les trois dernières éditions, le nombre de freshmen draftés augmente chaque année (18 en 2021, 21 en 2022, et 21 (+ les jumeaux Thompson) en 2023). Seulement voilà, on ne compte plus les jeunes talents qui ne confirment pas leur potentiel une fois arrivé dans la grande ligue. C’est la raison pour laquelle une ou plusieurs années en plus en NCAA peuvent souvent être bénéfiques chez un joueur, et n’empêchent en aucun cas une place à la Draft plus tard. Jetons alors un œil à ces joueurs qui ont fait le choix de s’aguerrir en côtoyant encore un peu plus les folles ambiances universitaires.

Un sophomore est un joueur qui entre dans sa deuxième année universitaire. L’année dernière, Jordan Hawkins (14) et Kobe Bufkin (15) ont été drafté en fin de lottery. Il y a deux ans, Keegan Murray, Jaden Ivey, et Bennedict Mathurin sont respectivement draftés en 4ème, 5ème, et 6ème position (!). Si l’on remonte encore un an en arrière, on a vu des joueurs tels que Franz Wagner (8), ou Santi Aldama (30) être appelé par Adam Silver. Voici donc huit joueurs qui pourraient connaître le même parcours :

 

39 matchs / 6,90 points / 5,62 rebonds / 0,46 passe / 1,79 contres / 65% FG / 52% LF sur 13 minutes de moyenne par match.

 

Barré par Adama Sanogo le meilleur scoreur des Huskies la saison dernière, Clingan s’est contenté de quelques minutes pour sa saison freshman, ce qui aura suffi pour entrevoir toutes les qualités du bonhomme. Forcément, quand on voit un joueur de 2m18 et 120 kg, on se fait une petite idée du profil du joueur. Oui, Donovan Clingan sait protéger le cercle, et il le fait de manière élite. Mais non, Donovan Clingan n’est pas si limité dans sa mobilité. Pour un garçon de sa taille, sa capacité à se déplacer est loin d‘être ridicule. De plus, sa présence sous le cercle est impressionnante, autant que sa capacité à gober du rebond. Sans avoir une grosse verticalité, il compense par sa taille et sa capacité à s’imposer physiquement. Lorsqu’il rentre sur le terrain, il change le visage de son équipe en défense, et ses 1,79 blocks sur aussi peu de minutes sont impressionnant. De l’autre côté, on a pu voir des bonnes mains pour aller finir au cercle, ainsi qu’une capacité à jouer le pick and roll de belle manière, avec des bons écrans, beaucoup d’écrans (beaucoup de shooteurs autour de lui). Cette saison, il sera titulaire dans son équipe et pourra gonfler ses stats sur un plus gros volume, et il sera aussi intéressant de le voir évoluer avec Stephon Castle, une top recrue lycéenne. On espère voir Clingan montrer des progrès sur son jumper, et le voir capable de s‘écarter du cercle en attaque, mais son plancher est déjà très solide pour aller chercher une place assez haute à la Draft.

 

36 matchs / 9,39 points / 3,14 rebonds / 3,31 passes / 1,61 perte de balle / 32% à trois points / 87% LF sur 29,4 sur minutes par match.

 

À son arrivée en NCAA, Tyrese Proctor est arrivé avec un profil de fort shotmaker que l’on n’a pas vraiment retrouvé pendant la saison. Dans une équipe où il avait la place de s’imposer sur le backcourt, il s’est installé en tant que titulaire, et après un début de saison compliqué il s’est peu à peu mis en confiance et a été meilleur au fil de la saison à l’image de son équipe. Le shooteur attendu n‘était pas là donc, non seulement sur le volume mais aussi sur le % de loin où il affiche un petit 32 %. Cependant, difficile de s’inquiéter réellement notamment grâce à son 87 % aux lancers-francs, sa bonne mécanique et sa capacité à être à l’aise et fluide pour shooter en sortie de dribble, en sortie d’écran ou sur du mid range. L’Australien s’est surtout contenté d‘être un facilitateur de jeu, en montrant qu’il savait faire plusieurs choses, comme attaquer le cercle, dribbler, passer et défendre, tout ça avec une taille idéale pour son poste en NBA. Si le shotmaking revient et qu’il continue sa progression, nul doute qu’il sera drafté au premier tour. Cette saison, il voit deux grosses recrues lycéennes arriver à Duke (Jared McCain et Caleb Foster), à lui de garder sa place, et de montrer qu’il tient les rênes de cette équipe. Dans une équipe avec sans doute plus de spacing que l’année dernière, Tyrese Proctor est définitivement un joueur à surveiller cette saison.

 

32 matchs / 9,9 points / 2,8 rebonds / 1,0 passe / 0,8 interception / 37,6% à trois points / 66% LF sur 23 minutes de moyenne par match.

 

Riley Kugel est un poste 2 au physique déjà bien établi, qui a vu son temps de jeu augmenter à mesure que les Gators sombraient dans leur saison. D’abord remplaçant, il a fini la saison comme joueur essentiel de son équipe avec du gros temps de jeu et a fait parler de lui pour la draft avant d’annoncer son retour en NCAA pour une saison supplémentaire malgré des projections au premier tour. Le Floridien a brillé en proposant une chose en particulier : sa capacité à scorer de manière efficace. Capable de poser de gros dunks ou de finir en finesse au cercle, mais aussi très menaçant en transition, il a surtout montré ses qualités de shooteur longue distance, sur pull up, sur mid-range ou encore après stepback. Profil de scoreur 3 niveaux, capable de jouer sans le ballon, il est devenu petit à petit la première option offensive de son équipe aux côtés de son pivot Colin Castleton, parti en two-way chez les Lakers. Son physique et ses qualités athlétiques laissent entrevoir un potentiel défensif, domaine dans lequel il se montre volontaire mais doit encore s’améliorer. Dans une équipe qui par ailleurs a vu la grande majorité de son roster être bouleversé, Riley Kugel a fort à faire pour cette nouvelle saison ; confirmer sa bonne fin de saison dernière, s’adapter à de nouveaux coéquipiers, et surtout, impacter le jeu par autre chose que du scoring. Et au passage améliorer son pourcentage au lancer-franc.

 

36 matchs / 15,08 points / 8,97 rebonds / 1,56 passe / 1,28 interception / 0,72 contre / 44% FG / 76,5% LF sur 29,1 minutes par match

 

Kyle Filipowski est arrivé la saison dernière à Duke en tant que top5 recrue du pays et s’est imposé comme le meilleur scoreur de son équipe dès sa saison freshman. Il a surpris pas mal de monde en décidant de retourner à Duke pour une deuxième saison en se retirant de la Draft 2023. Le natif de New York est un joueur assez atypique qui divise les observateurs. Si certains voient un big très technique capable de s‘écarter, avec une bonne panoplie offensive, d’autres y verront un joueur trop juste en défense et qui aura du mal à s’adapter au niveau supérieur. En effet, du haut de ses 2m13, il est un joueur à l’aise avec le ballon et n’hésite pas à poser le ballon au sol. Sa polyvalence lui permet d’être utilisé de plusieurs façons, car il est capable de s‘écarter, mais aussi d’être très efficace dans la raquette et même de faire jouer ses partenaires. Filipowski est un joueur intelligent qui donne beaucoup sur le terrain. Malgré tout, ses limitations athlétiques sont un vrai souci et on l’a trop souvent vu battu face aux guards adverses, avec en cause des grosses difficultés à tourner les hanches et à bouger latéralement. Son pourcentage à 3 points n’est pas satisfaisant non plus (28 %), vrai problème quand on évoque son profil offensif. S’il devrait finir une nouvelle fois parmi les meilleurs scoreurs de sa conférence, Kyle va devoir se montrer plus rassurant en défense et convaincant en attaque.

 

15 matchs / 4,27 points / 3,67 rebonds / 0,80 passe / 0,47 contre / 25% à trois points sur 17,1 minutes de moyenne par match.

 

Après une saison passée faussée par une sanction assez ridicule de la part de la NCAA, qui l’a empêché de débuter la saison en même temps que les autres, Baba Miller s’est retrouvé seulement 2 fois titulaire avec une quinzaine de matches seulement au compteur et du temps restreint. Compliqué d’intégrer une nouvelle équipe en cours de route, aussi mauvaise soit elle. Potentiel très alléchant, l’Espagnol n’a cependant pas su réellement profiter de ces matchs pour montrer son talent. Alors quoi de mieux qu’une compétition internationale pendant l‘été pour rappeler à tout le monde qu’il est un vrai prospect NBA. Avec son équipe espagnole, il a remporté les championnats du monde U19 en battant la France, où il aura su se montrer crucial notamment à 3 points. Joueur très grand, très long, Baba est capable de s’écarter du cercle, de shooter, de jouer sur pick and roll, de passer, de faire des contres. Sa longueur et sa mobilité laissent également imaginer une bonne versatilité en défense. Le joueur a tous les outils pour faire saliver un scout NBA, mais il va devoir montrer de la constance lors de la prochaine saison, améliorer ses % au shoot et montrer un bon niveau défensif. Si Florida State est connu pour développer des phénomènes physiques (Scottie Barnes, Jonathan Isaac, John Butler Jr), Baba Miller a encore beaucoup de chemin à faire pour être drafté et cela commence par avoir plus de temps de jeu.

 

37 matchs / 5,89 points / 2,57 rebonds / 0,73 passe / 0,59 interception / 36% FG sur 15,8 minutes de moyenne par match.

 

Ne vous fiez pas à ces stats, car si Rylan Griffen a dû se contenter de 15 minutes par match avec des pourcentages très faibles, il n'empêche qu’il reste un joueur au profil scoreur/défenseur polyvalent qu’il sera primordial d’observer cette saison. Lui qui a joué avec Cason Wallace au lycée, est arrivé dans une équipe qui visait le titre et avec un roster déjà bien complet. Après l‘échec en March Madness, et dans une équipe qui a dû se renouveler après les départs de Brandon Miller et Noah Clowney notamment, Griffen peut avoir l’opportunité de continuer à progresser. Joueur élégant, le joueur du Crimson Tide dispose d’un très beau shoot qu’il sera important de rendre efficace cette année. Pas vraiment un joueur explosif ou athlétique, il est plutôt un joueur crafty, à l’aise sur de nombreuses situations offensives (transition, spot up, création pour soi, mouvement off ball…) ce qui reste son plus gros point fort, et a montré de belles séquences en défense de manière régulière. Apprécié par son coach Nate Oats, il devrait avoir plus souvent le ballon dans les mains cette saison et s’imposer dans un 5 majeur d’Alabama aux côtés de Grant Nelson et Mark Sears dans une équipe toujours agréable à regarder. Cela devrait lui permettre d’augmenter ses pourcentages au shoot et de faire parler de lui de plus en plus. Attention breakout season.

 

34 matchs / 3,68 points / 2,50 rebonds / 0,56 passe / 0.65 interception / 25% trois points sur 13,9 minutes de moyenne par match.

 

Il faut le dire, la saison freshman de Terrance Arceneaux a un peu déçu. Lui aussi arrivé dans une équipe compétitive qui enchaîne les bonnes performances à la March Madness depuis plusieurs saisons, il a peiné à avoir des minutes avec les Cougars. Joueur encore très brut, il a les qualités athlétiques, la longueur, la mobilité, la verticalité, et l‘état d’esprit pour lui. Après les départs de Jarace Walker et de Marcus Sasser, partis tous deux à la Draft, et de Tramon Mark désormais à Arkansas, il aura très probablement plus de minutes et donc plus de lumière sur lui. Encore un joueur qui devrait monter ses % au shoot avec plus de minutes et de répétitions, d’autant plus que le shoot progresse malgré son 25 % en 2 tentatives de loin cette saison. Ses entrées en jeu ont souvent été impactantes et positives pour son équipe, car Arceneaux met toujours de l’intensité et sait souvent aider ses partenaires soit par une interception, soit par un shoot à 3 points, un gros rebond ou une bonne action défensive. Le Canadien est attendu cette saison du côté de Houston, car il présente tout ce que les équipes NBA recherchent chez un ailier ; de l’athlétisme, du shoot, de la versatilité en défense, du rebond et de l’énergie. Tant de qualités qui pourraient en faire un futur bon rôle player, mais la route est encore longue.

 

Autres sophomores sur les radars : Judah Mintz (Syracuse), Kel'el Ware (Indiana), Adem Bona (UCLA), Mark Mitchell (Duke), JJ Starling (Syracuse), Dillon Mitchell (Texas), Alex Karaban (Uconn), RJ Luis (St John's), Felix Okpara (Ohio State), Jevon Porter (Pepperdine), Ryan Dunn (Virginia), AJ Storr (Wisconsin), Tafara Gapare (Georgia Tech)...