La saison NCAA est quasiment écoulée, en G-League et Overtime Elite on s'approche tout doucement de la fin. Autant dire qu'en ce début mars, on a déjà une bonne idée du paysage prospectique à l'approche du printemps, alors il est temps de dévoiler notre premier Big Board, consensus des avis de 4 membres de l'équipe (Manu, Thomas, Hugues, Matthias). Qui sont les 15 meilleurs prospects de la draft NBA 2023, selon nous ? Réponse ci-dessous.

 

1 - Victor Wembanyama - 4 janvier 2004 - 2m20 (+) - 95kg (+) - Metropolitans 92 (France)

Il y a eu une mi-temps de suspense,la première du match entre la G-League Ignite et les Metropolitans 92, puis Victor Wembanyama a mis tout le monde d'accord. Il sera numéro 1 de la draft NBA 2023, sauf catastrophe majeure et non souhaitable, ou croissance express de Scoot Henderson à plus de 2m10 (et encore). Qu'est ce qui n'a pas été dit sur Victor Wembanyama ? Des tas de choses, c'est pour ça qu'on a une série de podcasts spéciaux chaque mois de la saison pour varier des banalités et aller plus loin que l'incontournable, "il est exceptionnel, on n'a jamais vu ça". Du physique au mental, il est un être absolument spécial, fascinant à observer, à écouter, à projeter. Grand et adroit ? Mobile et immense ? Intelligent et dur mentalement ? Oui, oui, et oui. Impossible à résumer surtout, allez écouter nos émissions.

 

2 - Scoot Henderson - 3 février 2004 - 1m93 (généreux) - 88kg - G League Ignite

À moi, qui écrit cet article, vous posez la question : "sur les cinq dernières draft, dans lesquelles Scoot Henderson n'est PAS premier". Je réponds, "maximum une (Luka Doncic)". L'ombre de Victor W est tellement immense que le talent de Scoot passe presque inaperçu, sous les radars médiatiques monopolisés par le Français, conséquence aussi du choix de la NBA de faire de Wemby son futur en termes de marketing. Pourtant, Scoot a choisi la Ignite, la voie royale, il joue déjà depuis deux saisons avec et contre des ex-joueurs BA, ou des draftés aspirants à y aller. La plupart du temps, il domine ces messieurs : 41% de AST/rate (taux de passes décisives, quand il est sur le terrain 41% des paniers de ses coéquipiers viennent d'une passe décisive de Scoot) pour seulement 13% (TO/100 possessions) de ballons perdus. Sachant que le passing était un "?", au-dessus de la tête de l'athlétique Scoot quand la saison a débuté. Le shot-making définira son futur de première option ou 2e option d'une équipe jouant le titre, on a du mal à voir un plafond plus bas.

 

3 - Cam Whitmore - 8 juillet 2004 - 1m99 - 95kg - Villanova Wildcats

En tant qu'observateur de prospects, les années passant, les moments d'étonnement se font de plus en plus rares. On ne s'émerveille plus vraiment d'un gars qui saute haut, car on a déjà vu très haut, pour schématiser. Cam Whitmore m'a donné, cette saison, un de mes rares moments d'émerveillement devant les capacités athlétiques d'un prospect. Un dunk, pas forcément le plus spectaculaire de la saison (à 48" dans cette vidéo) mais qui m'a totalement scotché au premier visionnage. La vivacité du départ en dribble, la puissance dégagée vers le cercle, drive main gauche, appui sur un pas (pied droit), dunk main droite. Il n'est pas compliqué d'envisager Cam dans une équipe NBA. Bien sûr, l'adresse est encore en chantier, mais on lui demandera surtout sur catch and shoot, catch and score, dans un premier temps. Ensuite, le développement en tant que ball handler déterminera son plafond.

 

4 - Amen Thompson - 30 janvier 2003 - 2m00 - 84kg - Overtime Elite

LE dilemme de cette draft. Saura-t-il shooter un jour, aura-t-il des mains, du toucher, de la précision, que ce soit dans les passes et, surtout le tir. Si Amen Thompson est un shooteur du niveau de Ja Morant (pas bon, mais parfois ça va), alors il mérite d'être drafté au niveau de Ja Morant (c'est-à-dire numéro 2, dans une draft sans top 2 de mutants). Le meilleur (supposément) des deux jumeaux est un freak athlétique complet. Je décrivais au-dessus le moment "wow" de Whitmore, mais avec Amen il y en a un par match. Problème, l'adresse est vraiment mauvaise de manière chronique, y compris en matière de toucher près du cercle. Overtime joue avec lui et son frère (quasiment) la crédibilité de son modèle alternatif à faire progresser les prospects dans ce championnat en vase-clos (ou presque). Mais l'intégration d'Amen, aussi talentueux soit-il, sera difficile s'il ne sait pas mettre le ballon dans le panier autrement que par un dunk.

 

5 - Brandon Miller - 22 novembre 2002 - 2m06 - 92kg - Alabama Crimson Tide

Pas de risque, upside correct. Voilà ce qui est écrit sur le poignet de Brandon Miller, un poignet doux et précis qui lui permet de tourner à 40% de loin sur plus de sept tentatives par match. Sachant que Miller ne donne pas sa part au chien quand il s'agit de tirer en sortie de dribble, qu'il est rarement laissé seul et confortable pour shooter, on est là sur un des meilleurs snipers de la cuvée. Ajoutez à cela une taille fort correcte, un physique long mais relativement solide au contact, une capacité à driver et à passer, que ce soit après décalage ou même pour gérer un pick'n roll, Brandon Miller s'est imposé comme un top 10 évident de la draft 2023, même s'il ne sera pas forcément un All-Star. Caillou dans sa chaussure, de taille, une enquête pour avoir livré une arme ayant servi à tuer une jeune femme de 20 ans, le 15 janvier dernier. Un ex-coéquipier (Davis) et un autre homme sont accusés de meurtre. Selon la police, Miller a avoué avoir apporté l'arme et avoir été présent au moment du coup de feu léthal, mais il n'est ni poursuivi ni suspendu par son université.

 

6 - Jarace Walker - 4 septembre 2003 - 2m07 - 100kg - Houston Cougars

Un gabarit NBA, des attitudes NBA, un plancher déjà présent d'ailier défenseur-finisseur, un plafond de créateur à définir. Le portrait de Jarace Walker est intéressant pour les investisseurs jouant à la draft (c'est cynique, mais c'est la vie de la NBA) car il présente un profil rare de low-risk / high-reward guy. Il est trop en place pour échouer, et si les choses "cliquent" il pourrait même avoir un fort potentiel. Évoluant dans une équipe très compétitive, un des candidats au titre NCAA, il est pourtant titulaire avec 27 minutes de moyenne par match - très rare pour un freshman. Athlétique, énorme défenseur sur l'homme ET d'équipe, en progression constante offensivement, Walker est du bon côté du tweener, celui qui a le choix entre deux positions (3/4) plutôt que celui qui n'est ni l'un ni l'autre. Aussi, on imagine très fort un futur de small ball five en playoffs en début de carrière ou plus tard, s'il n'a pas le développement offensif escompté.

 

7 - Ausar Thompson - 30 janvier 2003 - 2m00 - 86kg - Overtime Elite

Si vous avez du mal à différencier Amen de Ausar lorsqu'ils se tiennent debout l'un à côté de l'auttre, portant le même maillot, c'est normal. Dans le jeu, quelques nuances permettent d'avoir des indices. Ausar est un peu plus au sol, ce qui ne l'empêche pas d'être un phénomène athlétique à l'égal de son jumeau. Ausar créé moins avec le ballon, essaie moins de le faire aussi. Un tout petit peu plus discipliné qu'Amen en défense, un poil moins talentueux offensivement, son potentiel est néanmoins quasiment similaire, il ne devrait donc pas être drafté très loin d'Amen, même si les surprises existent. Les jumeaux sont déjà "vieux", mais il faudra pourtant leur laisser du temps, exercer sa patience pour entrevoir le potentiel immense qu'on imagine, là-haut dans les stratosphères des athlètes au Panthéon de l'extraordinaire.

 

8 - Jalen Hood-Schifino - 19 juin 2003 - 1m95 - 95kg - Indiana Hoosiers

Déjà, jouer chez les Hoosiers, bah ça claque, si vous connaissez un peu le sport universitaire US. Ce n'était que le premier domino d'un schéma conduisant à faire de JHS le chouchou de la rédaction d'Envergure. En pré-saison, après l'avoir vu au lycée, Thomas décrivait le prospect comme déjà solide défensivement et avec des flashs offensifs permettant d'avoir de l'espoir. Force est de constater que Hood-Schifino n'avait pas le temps pour une évolution tranquille, au sein d'une université qui sort très rarement des one and done. Les chiffres ne sont pas extraordinaires mais montrent déjà qu'il est en capacité de se créer lui même la majorité de ses tirs. La réussite reste moyenne, l'efficacité médiocre (TS% = 50), la propreté à améliorer (1,5 Ast/To). Mais son jeu intermédiaire est très bon, le film ne trompe pas sur sa maitrise de son corps, des angles, la manipulation et la lecture qu'il fait de la défense. Néanmoins, le fait qu'il soit projeté dans notre top 10 montre à quel point une partie des prospects de la classe ont déçu.

 

9 - Jett Howard - 14 septembre 2003 - 2m03 - 97kg - Michigan Wolverines

Le fils de Juwan Howard a complètement convaincu sous les ordres de papa cette saison. Labelisé shooteur, il a tenu ses promesses et termine actuellement un exercice historique (un peu moins que Brandon Miller) en termes d'efficacité et de volume au tir. Jett Howard mesure 2m03, sait manier le ballon, envoie du 37% de loin en étant surveillé de près, perd peu de ballons, peut lire le jeu, est suffisament discipliné, concentré et intelligent pour jouer 32 minutes par match dans une équipe au schéma assez difficile à décrypter. Néanmoins, il joue un peu plus petit que sa taille réelle, malgré une bonne envergure (2m08), notamment en prenant peu de rebonds et en provoquant peu de fautes. Indispensable offensivement à Michigan, il pourrait le devenir en NBA en étant juste correct en défense, sa diversité de tir étant un atout considérable.

 

10 - Keyonte George - 8 novembre 2003 - 1m93 - 84kg - Baylor Bears

On l'avait vu plus haut que ça en début d'année, peut-être la faute à un style flamboyant, une domination physique qui émerveillait aussi, la capacité de se créer soi-même des tirs. Keyonte n'a pas tout oublié, mais la saison n'a pas été la plus rose possible. Il a beaucoup le ballon entre les mains dans l'attaque de Baylor, ce qui signifie beaucoup de choses vu le pedigree de la fac' et du coach. Il est relativement efficace car réussit à provoquer des fautes, à battre son adversaire par un changement de rythme, une variation d'appuis, un handle avancé. Mais il perd beacoup de ballons (20/100 possessions), n'est pas non plus transcendant aux tirs (53% TS, 35% de loin, seulement 30% à mi-distance). Néanmoins, il est monté en puissance au cours de la saison, restant un de ceux étant vraiment capable de créer des décalages. Assez pour qu'on lui donne le ballon au niveau supérieur ?

 

11 - Dariq Whitehead - 1er août 2004 - 1m96 - 86kg - Duke Blue Devils

Depuis le début de ce top 15, il est le plus jeune joueur cité. Lui aussi a glissé un peu dans notre classement, la faute à un début de saison assez inquiétant concernant sa capacité à se remettre au niveau athlétique, suite à une fracture du pied. Il a cette capacité à rentrer des tirs difficiles, on notait dès la pré-saison son aptitude à trouver le coéquipier ouvert, sans pour autant être un génie du pick'n roll. Sa réussite de loin est en amélioration mois après mois (8/29 sur les deux premiers mois, 26/54 depuis), c'est son ticket d'entrée en NBA. Il est clairement l'un des prospects dont il faut observer les performances au lycée pour avoir une idée plus précise du potentiel. Est-ce que les conséquences de sa blessure l'empêchent de créer des différences aujourd'hui, d'être un vrai joueur d'impact en provoquant des fautes ? Ou bien est-il simplement un joueur de complément, avec un plafond en tant que 3e option d'une équipe qui gagne ?

 

12 - Nick Smith - 18 avril 2004 - 1m96 - 84kg - Arkansas Razorbacks

Il a le package technique et physique : Nick Smith était un de nos favoris avant la saison pour mener la course au top 3 de la draft. Mais Nick Smith n'a joué que 12 matchs cette saison, autant dire quasiment blanche. L'arrière extrêmement scoreur aperçu pendant les matchs de préparation en Europe est poussif, à cause de problèmes récurrents au genou. Inquiétant, ou bien se préserve-t-il pour la draft (il ne serait pas le premier) et ne prend aucun risque ? Sa capacité d'accès au cercle est pourtant, unanimement, la plus impressionante de la cuvée derrière le duo intouchable. Ses récentes belles performances face à Kentucky ou Alabama sont des motifs d'espoir, bien qu'il reste encore peu efficace (TS% = 49,9).

 

13 - Gradey Dick - 20 novembre 2003 - 2m00 - 88kg - Kansas Jayhawks

Le All-Name Teamer est surtout un shooteur prolifique, dans la même veine que Brandon Miller, mais avec moins de capacité de ball-handling, ce qui explique la différence au classement entre les deux joueurs. Mais 40,6% à trois points avec de la difficulté, du range, du volume (5,8 tentatives par match), c'est très fort. Encore plus fort, parvenir à avoir des minutes à Kansas en tant que freshman, dans une fac' ultra compétitive avec un coach qui hésite parfois à donner des responsabilités aux jeunes. Dick joue 32 minutes par match, il est un contributeur très solide dans une des meilleures équipes du paysage NCAA, témoignage de sa maturité et donc de sa "NBA readiness". Les instincts défensifs collectifs sont là, l'effort individuel aussi, l'attitude, l'intelligence offensive. Dick n'est pas un joueur à highlights, il est un prospect qu'on apprécie un peu plus à chaque visionnage. On l'imagine mal bust.

 

14 - Anthony Black - 20 janvier 2004 - 2m01 - 90kg - Arkansas Razorbacks

Coéquipier de Nick Smith à Arkansas, c'est lui qui porte l'équipe sur ses frêles épaules depuis le début de saison. Malgré son gabarit très fin, il parvient à manipuler les défenses, se frayant avec régularité un chemin vers le cercle (63% de réussite at the rim) et dans la raquette (4,2 AST / match). Il a encore du travail du côté du tir (70% aux LF, 32% à trois points), ce qui le rapproche ici de l'archétype Josh Giddey. S'il ne semble pas avoir le playmaking de l'Australien, il pourrait gagner ses minutes grâce à sa longueur et son excellent travail en défense, ce qui lui assurerait un temps de jeu minimum. Pas forcé d'avoir le ballon pour être utile à l'équipe, Anthony Black n'est pas loin d'être un plug and play, ce qui a toujours de la valeur, en dehors du top 7-8.

 

15 - Taylor Hendricks - 22 novembre 2003 - 2m06 - 95kg - UCF Knights

La surprise du chef. Il n'était attendu nulle part (ranké 67 par le site spécialisé 247 à sa sortie du lycée) et il explose tout le monde sur sa première année, grâce à un combo gagnant : taille-mobilité-adresse. Il shoote à 41% de loin tout en posant 1,7 blks de moyenne (5,9 blk%), déjà dans un moule d'intérieur pouvant protéger le cercle mais aussi s'écarter. Capable de poser le ballon au sol sur un ou deux dribbles pour aller finir au cercle (65% de réussite at the rim, seulement la moitié des paniers venant du'ne passe décisive), il manque parfois d'instincts dans ses déplacements, surtout défensifs. Mais avec cette taille, ce bras, ces capacités athlétiques, on le voit mal manquer complètement sa carrière, d'autant qu'il semble jouer avec un enthousiasme et une discipline qui n'augurent que du bon.

 

Mentions honorables : Brice Sensabaugh, top 15 chez 3 des 4 membres du jury, freshman hyper efficace d'Ohio State, un des meilleurs attaquants de toute la NCAA, peu attendu avant la saison à l'instar de Hendricks. Jordan Hawkins, top 20 dans trois des quatre classements, excellent shooteur, bon athlète, encore un peu fin physiquement.